Depuis quelques années, sur la suggestion de ma psy, je bricole des résolutions de Nouvel An. En fait, ce ne sont pas vraiment des résolutions réfléchies mûrement et longuement mais plutôt des idées qui émergent à la suite d'un exercice combinant la recherche d'images et de mots qui me parlent. Tout ça, évidemment, en me laissant guider uniquement par mon intuition. Le résultat est, ma foi, étonnant et très révélateur.
Voici donc le bricolage de l'année 2022. Je ne sais pas trop si mes qualités de photographe vous permettront de vraiment l'apprécier mais la suite de l'exercice nécessite maintenant que je réflexionne sur l'affiche ainsi créée. Et j'ai décidé cette année de réflexionner "public", c'est très tendance paraît-il.
Première observation : j'adore l'oiseau sur la branche. Je l'ai choisi pour illustrer le "regard neuf". Je ne sais pas si c'est réussi mais l'air un peu étonné du volatile sur sa branche posé me fait beaucoup sourire. En plus, il observe tellement fixement, trop peut-être. C'est peut-être ça mon problème. À trop regarder, on ne voit plus rien. Faut plutôt se garder prêt à être surpris par ce qui se passe sans avoir le "fixe". Car les changements se multiplient à une vitesse si effrénée qu'on a peine à suivre. La pandémie qui s'étire nous donne bien de la matière à cet égard. Je dois dire que je commence à ressentir une petite fatigue et la nécessité de constamment s'adapter m'épuise. En même temps, force m'est d'admettre que lorsque je réussis à comprendre et à maîtriser une des trop nombreuses consignes sanitaires, souvent à la fois contradictoires et abracadabrantes du Dr Arruda et compagnie, je me dis que je suis pas mal résiliente et que je devrais aller m'acheter un billet de loto! Et puis, si un jour je n'arrive pas à renouveler ma façon de penser, j'aurai au moins comme l'oiseau éberlué le loisir de passer à une autre branche.
Ensuite, la petite fille qui jardine m'a tout de suite charmée. Elle me rappelle la nature que j'aime tant, et le jardinage bien sûr. J'ai décidé qu'elle cultiverait les mots que j'avais découpés car ils illustrent à merveille ce que je voudrais absolument récolter cette année : la santé, la vitalité (et à Québec, ma nouvelle ville d'adoption, c'est encore plus facile!), l'espoir au bout du chemin qui aura été long et ardu depuis les derniers mois, et, enfin, une longue vie, je l'espère de tout coeur.
Enfin, le mot "fleurir" est le premier que j'ai découpé. Pour moi, il est synonyme d'épanouissement, de renouveau, de changement, d'espérance, de beauté, d'émerveillement. Je me souhaite donc, en 2022, de fleurir une place à moi. Je devrai d'abord réussir à aménager ma petite terrasse pour la transformer en écrin de verdure et en oasis de paix. Tout un défi que je me sais toutefois capable de relever avec tout l'enthousiasme de la jardinière passionnée que je suis! Mais je veux aussi fleurir un coin de mon âme pour y trouver le calme et l'apaisement. Là j'entre dans un terrain moins connu mais que je tiens absolument à explorer. Je crois que, sans le savoir, je l'ai illustré avec le vide qui se trouve à droite de l'affiche.
En fait, c'est ce que j'ai trouvé le plus difficile à faire : résister à l'envie de découper autre chose pour combler le vide. Je me disais : "ben, voyons, me semble qu'il manque quelque chose". J'ai même repris quelques-uns des magazines déjà feuilletés pour tenter de trouver le ou les éléments manquants. Je ne trouvais rien qui me parlait ou qui me semblait nécessaire d'ajouter. J'ai ressenti un grand soulagement en me rendant compte que ce n'était pas obligatoire de tout remplir. Que je pouvais attendre. Que je pouvais aussi ne rien mettre et juste jouir du vide. Que je pouvais simplement profiter de ce qui était et apprécier au moment opportun ce qui sera. Comme se plaisait à le répéter un vieux curé de mon enfance du haut de sa chaire à la fin de chacun de ses sermons : "C'est la grâce que je vous souhaite de tout mon coeur mes biens chers frères (pas de iel à cette époque)". Et c'est assurément la grâce que je me souhaite. De tout mon coeur.