Je marche avec mes yeux qui voient
Des oeuvres d'art en bois
Elles se sont autocréées
Avec la seule matière à leur disposition
Des restes des saisons passées, que dis-je, des longues années écoulées
Depuis l'abandon de la propriété
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C'est beau et c'est triste à la fois
En tout cas, ça me permet de méditer
Sur ce qui reste malgré tout
Mais qui s'efface lentement, vraiment lentement
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J'avance toujours avec ma mélancolie dans le coeur
Cette maudite sensation de tristesse impossible à déloger
Elle s'accroche à moi telle une sangsue, m'empêche des fois de respirer
Elle a tout gobé mon amour
Tout avalé ce que j'avais à donner
Il ne me reste rien de mes belles illusions
J'ai l'impression d'avoir raté l'essentiel
Je continue à marcher en m'accrochant aux restes qui croisent mes pas
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Une courbe au travers d'une prairie dévastée
Une façon de traverser plus vite de l'autre côté
Pour éviter les écueils peut-être, les malentendus, les incompréhensions
Surtout la peine
Je n'ai plus de larmes, je suis aussi sèche que ces pauvres morceaux de bois
Délaissée comme eux par des bouleversements de toutes sortes
Qui aurait dit que ce qui était sans doute une sorte de jardin d'Eden
Serait ainsi bafoué et voué aux affres de la dévastation
Oui, qui aurait dit que le château de cartes s'écroulerait
Qu'une maternité ardemment souhaitée, maintes fois refusée, puis finalement accordée
Deviendrait mon plus grand péché
J'ai juste voulu aimer
Comme quoi animée des meilleures intentions on peut quand même fauter
Vite une courbe pour passer de l'autre côté du malheur
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J'en reviens juste pas
La vie, c'est vraiment fort
Tu vois pas qu'y a pu rien autour de toi
Que des ruines, que du vide
Plus personne ne s'occupe de toi
Plus personne ne vient t'arroser, te bêcher, t'engraisser, t'admirer
Et pourtant tu t'entêtes, accroché à ton mur de briques, ton nouveau tuteur protecteur
Cette année encore tu as réussi à fleurir malgré tout
À charmer les fins observateurs de ta mauve beauté
Attirant d'abord leur attention par tes effluves marqués
À cause de toi, je pleure les printemps passés
Le souvenir du lilas de la maison familiale revient me hanter
Tu es sans doute pour certains un reste pathétique d'une grandeur passée
Une mauvaise herbe qu'il faudra arracher
Quand ce jour viendra je pleurerai une nouvelle fois
Même si je sais que la vie est plus forte que la mort
Je sais aussi les montagnes à déplacer avant de la voir triompher
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Merci Jean-Christophe Réhel pour l'inspiration