La première : Je pense que ma voisine est morte
Pendant que nous fêtions mon entrée dans le merveilleux monde de la retraite samedi dernier, ma pauvre voisine dont je vous avais parlé dans un autre blog était de nouveau transportée à l'hôpital. Ambulance et camion de pompier avaient été appelés en renfort et, comme la dernière fois, d'importuns spectateurs observaient la scène.
La semaine s'est écoulée avec un
va-et-vient constant dans la maison d'à côté. J'ai bien tenté d'intercepter mon voisin pour obtenir des nouvelles mais je n'ai pas osé trop m'avancer en voyant les enfants et les
petits-enfants se relayer auprès de lui. En même temps, j'ai pensé que toute cette circulation signifiait
peut-être que ma voisine avait passé l'arme à gauche.
L'Homme a parcouru les avis de décès du journal local pour confirmer ou infirmer nos soupçons. Pathétique, non?
La deuxième : La pauvreté me tord les boyaux... encore
Je n'avais pas écouté toute la série
Naufragés des villes. Je l'ai fait aujourd'hui. Je ne comprends toujours pas pourquoi ce documentaire extrêmement bien fait n'a pas connu une plus grande visibilité. Les statistiques énoncées sont choquantes. Les inégalités révélées sont troublantes. Les témoignages entendus sont touchants.
Il faut voir l'expression de Pierre, l'un des participants ayant accepté de jouer au prestataire de
bien-être social pendant deux mois, lorsqu'il retourne chez lui dans son bel appartement de Québec. Il ne sait plus quoi dire. Il regarde autour de lui et constate la propreté, la lumière, la dimension de son appartement. Quand il compare le luxe dont il jouit aux appartements
disons-le miteux qu'il a fréquentés au cours de son expérience, il n'a que cette
phrase : "J'apprécie."
Et moi aussi je pensais la même chose que lui. Je me sentais même un peu honteuse d'aller récupérer ma commande au Marché de solidarité. L'immense privilège de pouvoir manger des fruits et des légumes frais, de la viande bio, des produits d'excellente qualité, et ce, sans avoir à me préoccuper outre mesure du prix que je paye. Et plus grande richesse encore, celle d'être entourée d'une famille aimante et d'amis fidèles.
Je me suis dit que la retraite c'était aussi enfin l'occasion de me consacrer à moins chanceux que moi et que le temps était déjà venu de passer à l'action. J'ai donc envoyé un courriel à la responsable du dépannage alimentaire dans notre quartier pour lui offrir mes bras. Une place m'y attend à mon retour des Zuropes.
La troisième : L'amour... quelque chose d'inséparable qui se sépare
Cette phrase n'est pas de moi. Je l'ai tirée de la chronique de
Josée Blanchette dans
Le Devoir d'aujourd'hui. Elle y parlait de la rentrée et de sa difficulté de se séparer de son petit garçon de sept ans après tout un été passé ensemble à profiter simplement de la vie.
Quand je lisais son récit des beaux moments qu'ils avaient partagés, je ne pouvais m'empêcher de me revoir avec le Fils et la Fille en train de faire à peu près les mêmes
choses : aller à la bibliothèque et lire des histoires, se coucher et se lever tard,
pique-niquer, aller au cinéma, regarder la pluie tombée, faire du camping en famille. J'aurais voulu l'avoir là devant moi pour lui
crier : "Tu fais mieux d'en profiter au max, ma belle, et de te gaver jusqu'à plus faim de ce temps précieux qu'est l'enfance parce qu'il passe à la vitesse de l'éclair. Bien plus tôt que tu ne le voudras, sa main va lâcher la tienne et il va voguer sur sa propre mer. Tu auras encore le droit d'être à ses côtés mais tu ne pourras plus le toucher ou le bécoter comme tu aimais tant le faire. L'irréparable, l'irrévocable séparation aura eu lieu."
Pour moi, c'est le sacrifice suprême de l'amour.