Presque trois semaines maintenant que je côtoie la mer. Sur son rivage, j'y ai lu Zola, Troyat et Camus. Et aussi Delacourt, un auteur que la
soeur Psy m'a fait découvrir. J'entame aujourd'hui Jonasson, un auteur suédois qui va m'expliquer pourquoi un vieux ne voulait pas fêter son anniversaire.
Je ne peux pas dire que je m'ennuie lorsque je suis assise sur la plage devant un horizon infini. Non. En fait, je lis parce que je n'aime pas particulièrement me baigner. Me promener sur le rivage les pieds dans le sable avec les vagues qui viennent me caresser, ah! ça oui, j'aime bien. Alors, quand je suis fatiguée de la vie compliquée du
Docteur Pascal, des émois de
Viou, des interrogations philosophiques du narrateur de
La chute ou des déchirements d'une gagnante de la loto dans
La liste de mes envies, je quitte ma chaise, je laisse l'Homme et la
soeur Psy à leurs ébats aquatiques et je marche sur la plage. J'en profite pour respirer à pleines narines l'odeur iodée qui m'a toujours ravie. J'observe aussi les oiseaux, grands et petits, qui viennent ramasser leur repas. Je regrette un peu de ne pas avoir apporté un livre qui me permettrait de les identifier. C'est tellement incroyable de découvrir toute cette faune ailée. Je trouve particulièrement amusants les petits échassiers qui s'amusent à courir vite vite entre deux vagues pour tenter d'attraper un mollusque quelconque. On dirait qu'ils ne veulent pas se mouiller les pattes! Je ne peux m'empêcher de sourire quand je les vois aligner comme des soldats au
garde-à-vous en attente d'un ordre qui ne vient
pas :
Pour le moment, je suis retournée sur ma chaise. Je poursuis ma lecture mais, inévitablement, je quitte la page pour admirer le paysage en écoutant le bruit des vagues. Et j'en reviens au dilemme qui
m'habite : serais-je capable de rendre cette beauté dans un tableau? Bon, bon, n'allez surtout pas penser que ma récente visite au Musée des arts de
Fort Lauderdale m'a enflé la tête au point que je puisse maintenant croire que je possède le talent de l'artiste. Vous saurez que je songe à explorer mes talents de dessinatrice depuis plusieurs mois déjà. J'ai même demandé à l'Homme de donner une couche de fond sur un vieux
prie-dieu sur lequel je voudrais peindre éventuellement un paysage bucolique. Je le vois dans ma tête. Parfois, je tente de l'esquisser sur une feuille. J'avoue que le résultat n'est pas encore probant. J'ai même demandé conseil à la Fille qui m'a suggéré de viser l'art naïf. Ouais. C'est sûr que, dans mon cas, la naïveté est assurément de mise.
N'empêche. Voilà que sans même avoir réalisé un premier projet, je me laisse aller à en imaginer un autre. Je pourrais demander à l'Homme de recouvrir de peinture blanche le laminé du groupe métal
Linkin Park installé
au-dessus du bureau dans la chambre, juste en face de mon lit. Je n'écoute plus ce groupe et je me verrais très bien en train de contempler à leur place la mer et le ciel. Quand je regarde cette immense étendue d'eau et ce ciel à perte de vue, bleue sur bleu, je me dis que je peux au moins m'essayer.
Qu'est-ce que j'ai à perdre? Ma vision idyllique de la beauté du bord de mer. Mes illusions sur mon semblant de talent.
Qu'est-ce que j'ai à gagner? Le plaisir de tenter quelque chose de nouveau. Au pire, l'obligation de m'acheter un autre tableau. Allez, je me lance à l'eau!
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