Église Saint-Dominique. Grande Allée. Québec. La messe commence bientôt. En attendant, on écoute l'artiste du jour, un violoniste, jouer une oeuvre de Bach. Tous les étés, depuis maintenant 34 ans, la grand'messe du dimanche à 10 h 30 permet aux fidèles de se recueillir accompagnés des notes des musiciens invités. Un très beau complément à l'acte de prier.
Assise sur mon banc en bois, je respire avec ravissement l'odeur des cierges et des restes d'encens. J'admire encore une fois le décor fabuleux de ce bâtiment avec les arches, les vitraux et les statues. Je respire profondément. Je savoure avec toute la conscience dont je peux faire preuve ce moment de recueillement, cette pause bienfaitrice de l'agitation quotidienne. Et là, les larmes montent. Le relâchement des tensions sans aucun doute. Le soulagement de me retrouver dans un refuge encore immuable.
Les souvenirs aussi montent, surtout qu'il y a beaucoup d'enfants aujourd'hui venus suivre un cours de catéchèse pendant la messe. Je me revois avec le Fils et la Fille à l'église Saint-Jean-Marie-Vianney au bout de la rue où nous habitions à Gatineau. C'était bien avant que l'archevêché la vende pour la transformer en logements. Faut c'qui faut quand nos églises sont désertées. Et je m'inclus dans cet exode massif.
Mais, avant, quand je trouvais que la vie était plus facile, nous allions à la messe tous les dimanches même avec les enfants. Quand ils étaient très jeunes, on s'installait en arrière pour ne pas trop déranger. Puis, avec le passage des années, on s'approchait de plus en plus de l'action. Je me souviens encore avec nostalgie du Fils qui prenait toujours le temps de lire avec moi les réflexions données à la fin du Prions en Église pour mieux vivre notre semaine. Encore maintenant, je cherche cette section pour la parcourir en pensant à toi mon Fils.
La journée où maman est décédée, la soeur Psy et moi avons quitté l'hôpital en état de choc. C'était les premières minutes de notre nouvelle vie sans notre mère adorée. On ne savait plus trop quoi faire, quoi dire, où diriger nos pas. Je me souviens que la soeur Psy s'est alors tournée vers moi pour me demander: "Où aimerais-tu aller?" Sur le coup, la seule chose qui m'est venue en tête c'est de vouloir me retrouver dans une église. C'est ce que nous avons fait. À Saint-Roch. Mon chagrin n'était pas moins grand mais il était maintenant contenu dans plus grand que moi. Les larmes pouvaient couler sans gêne. De toute façon, me disais-je, combien de personnes sont venues ici avant moi et combien d'autres viendront encore après moi verser toutes les larmes de leur corps pour tenter de soulager une peine incommensurable? Je me sentais entourée, accueillie, comprise par toutes ces statues qui me tendaient les bras en m'offrant leurs visages remplis d'amour. Il a bien fallu sortir à un moment pour poursuivre notre route mais nous avions maintenant un peu de baume sur nos coeurs meurtris.
J'ai arrêté de pratiquer sans trop savoir pourquoi. Ah! oui, l'église vendue. Il fallait dorénavant se rendre un peu plus loin de chez nous dans une autre église. La paroisse a aussi changé de nom. Et il fallait s'habituer à voir des personnes qui ne demeuraient pas dans les rues avoisinantes de notre maison. Il fallait aussi absolument prendre la voiture pour aller à la messe. Moi j'adorais marcher. Mais, bon, ce sont de pauvres excuses. J'ai donc arrêté de pratiquer. Pas tout d'un coup. Progressivement. Et puis, un jour, plus rien sauf à Noël. Des fois aussi pour des mariages ou des funérailles.
Je ne pratique plus mais je n'ai jamais arrêté de prier par contre. Je dirais même que je prie davantage avec les années. Tous les jours en fait. Je nourris ma foi autrement. Ainsi, j'ai écouté très longtemps l'émission La Victoire de l'Amour à la télé. Tous les matins à 5h30 avant d'aller travailler. Je trouvais que ça débutait bien mes journées. J'ai recommencé dernièrement à l'écouter mais je l'enregistre car je ne suis guère matinale depuis la retraite. Je lis aussi des textes sur la spiritualité pour me faire réfléchir et travailler à être la meilleure version de moi-même.
Cependant, tout cela ne me donne pas l'appartenance à une communauté. Ni le privilège de m'arrêter une heure pour penser à celles et ceux que j'aime et dont je me préoccupe, à prier avec toute la ferveur dont je suis capable pour mes soeurs et frères qui souffrent partout dans le monde et à demander au Seigneur de changer nos coeurs de pierre en coeur de chair.
Infiniment reconnaissante donc je suis pour ma foi estivale qui me permet de renouer avec mes racines les plus profondes et les plus solides.
Te ressembler chaque jour un peu plus
Te continuer dans nos maisons, nos rues
Être ton corps qui revit aujourd'hui
A chaque endroit où servent tes amis
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Devenir grand en se faisant petit
En s'abaissant pour mieux donner sa vie
En se penchant sur un malade ami
Sur un enfant qui pleure dans la nuit
Belle Nicole, tu fais tellement pour ta communauté, elle est là ta ''pratique " et dans ta . Dans ton accueil et dans ta réflexion journalière sur ta vie et la vie qui t'entoure.
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