Mais
Tout d'abord, j'avais l'impression d'avoir été vidée de mon contenu. C'est sans doute la raison pour laquelle je m'imaginais être un poisson hors de l'eau frétillant inutilement pour tenter de retrouver son habitat aquatique. Pour vous dire la vérité, je n'avais plus l'énergie, ni le goût de même tenter de me remettre dans le bassin. Je voulais simplement être vidée de mes entrailles une fois pour toutes afin de pouvoir goûter la paix d'esprit "méternelle", si tant est qu'elle existe bien évidemment. Ensuite, je me suis blessée au dos. Un disque déplacé. Je me suis retrouvée au repos forcé pour deux semaines. Une période qui m'a fait plonger au coeur du trou noir.
Je ne pouvais plus bénévoler. J'avais perdu subitement la mission que je m'étais trouvée lorsque j'ai pris ma retraite. J'étais pour un temps confinée à la maison, prise entre mes quatre murs de ménagère non accomplie. J'ai été aspirée par le fameux néant. J'ai paniqué en me voyant peut-être obligée d'abandonner pour de bon mes activités de bénévolat. "Qu'est-ce qui me restera si je ne peux plus m'occuper de la banque alimentaire, du service de dépannage, du brunch des aînés?", me répétais-je sans cesse, assise oisivement dans le fauteuil de mon salon en compagnie de mes deux félines fort heureuses, elles, de profiter de ma présence. Contrairement à plusieurs femmes de mon entourage, mes petits ont fait leur nid à une distance respectable du nid maternel. Impensable pour moi donc de les inviter à prendre un café ou un repas, impossible d'aller leur porter de la nourriture pour soulager leur quotidien de travailleur et d'étudiante. Je dois me contenter du téléphone. Et là, justement, que je vous parle de mes dernières peines de mère vidée de son contenu. L'Homme et moi avons décidé de faire un test pour mesurer le degré d'ennui de notre progéniture.
Je vous précise ici que l'Homme, quoique à un degré moindre, est aussi atteint du syndrome du néant maternel. C'était inévitable. Il a toujours, et il est encore, un véritable papa poule. Bref, nous avons opté pour le silence téléphonique. De toute façon, c'est toujours nous qui communiquons avec le Fils et la Fille pour nous enquérir de leurs projets et tenter ainsi, du mieux que nous pouvons, de continuer à partager un peu de leur quotidien. Hier, ça faisait une semaine que nous étions sans nouvelles. Pendant cette période, je ne sais combien de fois nous avons dû, chacun notre tour, encourager l'autre à ne pas s'emparer du combiné. Je sais, c'est pathétique. Plus encore que vous ne le croyez puisque l'Homme a même ironisé ce
Hier, donc, je n'ai pas pu résister. Je revenais de la Soupière où une gentille maman m'avait confié pour quelques minutes sa petite fille d'un an et demi pour lui permettre d'aller porter dans sa voiture les sacs d'épicerie que j'avais préparés pour elle. Il n'en fallait pas plus pour que les souvenirs reviennent à la vitesse de l'éclair. Ah! l'odeur unique des têtes de petits bébés, leurs grands yeux qui te fouillent l'âme, leurs menottes qui veulent tout attraper et, surtout, cet abandon envers les adultes dont ils dépendent totalement. J'ai appelé à l'appart du Fils et de la Fille sachant pertinemment qu'ils n'étaient probablement pas encore arrivés. J'ai laissé un message
Je ne sais pas si c'est mieux dit. Pour moi, au moins, c'est plus clair.
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