J'ouvre les yeux. Elle est là. Déjà. Elle me regarde. Ou plutôt elle entre en moi et je sais que ma journée vient de mal commencer. J'ai le coeur qui se serre. Je sens un immense poids sur ma poitrine. Le découragement m'envahit. Mon ennemie ne me lâche pas et pourquoi diable le
ferait-elle? Je suis une proie tellement facile. Nul besoin pour elle de déployer des trésors d'imagination pour m'embarquer dans ses délires les plus abracadabrants puisqu'il lui suffit d'exercer une légère pression sur ma gorge pour que je cesse de fonctionner normalement. Parfois même elle joue à s'emparer de mon esprit et elle m'envoie alors des messages à une vitesse si affolante que je ne sais plus où donner de la tête.
En ce beau lundi matin ensoleillé, elle a choisi de me couper la respiration. Il est encore tôt. À peine
six heures. J'essaie bien de me rendormir mais je n'y arrive pas. Je suis prise dans les filets de l'anxiété. Elle m'occupe pas mal trop ces
temps-ci ne me laissant que peu de répit pour retrouver mes moyens. Évidemment c'est sa force de s'installer, de s'incruster, de coller à la peau du monde! Au bout d'un moment, je me rends à l'évidence que je ne retrouverai pas le sommeil. J'ai le
choix : je reste là à sentir la bête prendre toute la place en moi ou je me secoue et me précipite sur mes trottoirs chéris. Justement une amie me disait hier qu'elle était tombée sur un poste de radio qui faisait jouer du métal et qu'elle avait pensé à moi en faisant sa vaisselle et son ménage sur les rythmes endiablés des headbangers. Ça fait une mèche que je n'ai pas marché en écoutant ma musique préférée. Me semble que cela me ferait le plus grand bien de marteler mon désarroi en me faisant brasser les tripes! C'est décidé, je sors prendre l'air.
Je dois maintenant prendre le temps de choisir judicieusement mon remède. J'opte pour le groupe
Times of Grace. Ça fait déjà un bout que le Pusher de métal me l'a fait découvrir mais les vieux classiques, ça ne se démode pas. Après la première chanson, je sais que je ne me suis pas trompée. J'entends les paroles dont j'ai besoin et j'entre dans ma bulle. Le rythme rapide me permet de dépenser dès le début de mon parcours la mauvaise énergie qui m'habite. Je me donne à fond. Je grimpe et descends les escaliers une dizaine de fois. J'ai tellement l'air déterminée qu'un monsieur décide même de grimper dans l'herbe plutôt que de se frotter à moi dans les marches. Tant pis! Je demeure totalement concentrée sur la musique. Je me permets un petit jogging sur la pente de l'église. Je sens l'étau qui se relâche. Finalement, le miracle arrive comme toujours quand j'écoute du métal.
J'ai expliqué plusieurs fois dans ce blog l'extraordinaire richesse de cette musique qui me touche toute entière. Elle vient chercher en moi la rage, la révolte, le désespoir, mais elle ranime surtout ma petite flamme de rebelle, cette lumière qui ne veut pas mourir et que j'oublie trop souvent d'alimenter parce que je cesse de croire qu'elle est là. J'ai pleuré quand je suis arrivée à la dernière chanson. Aujourd'hui, c'est comme si elle avait été écrite pour moi. Lisez ou
écoutez :
Fall from Grace
At the end of your rope
Hanging by a thread
He'd give anything for this to just go away
This grip is only so strong
I try to hold on tightly
But it's all slipping through my fingers
And I feel a moment, aspirations betray
Eyes that once beamed with hope now only stare in remorse
Even through this pain
I will feel again
Even through these tears
I will love again
Even through this pain
I will feel again
Even through these tears
I will love again
There will be no pity
There will be no sorrow
For today these hands may tremble
But this heart will never give in
Even through this pain
I will feel again
Even through these tears
I will love again
Even through this pain
I will feel again
Even through these tears
I will love again
And I will not fall
Fall from grace
And I will not fall
I will feel again
You're at the end of your rope
I will love again
Vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=N8gi2eQMLJU
J'ai terminé ma marche les bras ouverts pour accueillir la vie. Me semble que c'est là que j'ai laissé échapper la boule noire. Va te faire foutre, je ne tomberai pas!
très amusant ce petit texte :) j'aime bien le style de la narration
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