J'hésite à vous entretenir de mes émois des derniers jours. C'est que j'ai vécu des moments en dents de scie, des moments plus ou moins intéressants et, pour qui suit le blog un peu régulièrement, des moments où j'ai de nouveau brassé de vieilles affaires.
Ces
temps-ci, j'aime imputer mes états d'âme à mon identité de baderne. À mon âge avancé, les hormones ne jouent pas toujours aussi bien leur rôle.
Parlez-en à l'Homme qui endure depuis deux jours des crises de larme, des démonstrations d'euphorie et des déclarations d'amour intempestives. Il ne sait plus à quel saint (remarquez bien ici, jeunes produits de la réforme, l'orthographe du mot précédent. Il a un homonyme. Ce n'est pas de
celui-là dont je parle.) se vouer. S'il essaie de comprendre, je le rabroue. S'il ne parle pas, je pleure. S'il tente de me raisonner, je tente de l'assassiner. Bref, un véritable test pour le couple. Je vous annonce que nous avons survécu jusqu'à maintenant. L'Homme écoute un film de James Bond et... je blogue.
Pourquoi tant d'énervement de ma part? À cause de Noël, bien évidemment. Cette foutue période de l'année qui fait ressortir le meilleur et le pire de mon moi anxieux. Je suis constamment partagée entre la volonté de vivre de belles fêtes au présent et l'incapacité de faire fi des souvenirs. Je me hais quand je ne peux pas sortir une boule de la boîte des décorations de saison sans revoir le Fils et la Fille en train de nous aider à transformer la maison en royaume du kitsch de Noël. Pas grave. C'était beau parce que c'était fait en famille.
Tenez, cet
après-midi, je cherchais si, par hasard, la gommette n'avait pas été malencontreusement placée dans le banc de piano quand je suis tombée sur un dessin que la Fille m'avait offert à un Noël ancien. On y voyait par une fenêtre le traîneau du père Noël, un enfant en train de patiner et, bien sûr, un chat se promenant sur un banc de neige. À l'endos, un poème intitulé
Je t'aime. Sans doute que la Fille ne s'en souvient
peut-être même plus mais, dans le temps, elle disait aimer cuisiner avec moi, voir des spectacles ensemble, jouer du piano en duo. J'ai oublié instantanément mes résolutions de mère cool qui est contente de voir son enfant s'épanouir à l'étranger et j'ai éclaté en sanglots. Les chattes m'ont regardée et Mignonne a fait "Rourou". J'ai pleuré plus fort.
C'est pas tout ça, j'ai une crèche et un village à installer. Je suis d'ailleurs heureuse de signaler que j'ai réussi cette année à ne pas égarer
Saint-Joseph qui pourra occuper la place qui lui revient à côté de sa Vierge chérie. Pour ceux et celles intrigués par cette phrase, je vous encourage à lire le message du
18 décembre de l'année dernière,
Ne crèche pas qui veut dans mon salon, afin de constater les dégâts parfois occasionnés par l'écoute du métal. Alors, alors. Je sors les petites maisons, les personnages, le papier imitation roches grises et les lumières. Je m'installe dans le fauteuil pour visser les ampoules de ce jeu de lumières qui ne sont pas de l'ère moderne et que je serai sans doute incapable de remplacer lorsqu'elles décideront de s'éteindre. L'Homme dort dans le divan d'à côté. Il est venu là pour me tenir compagnie
m'a-t-il dit. C'est vrai. Il ne fait rien mais il est dans la même pièce que moi. Que
disais-je? Ah! oui, les lumières. Un souvenir refait brusquement surface. Encore un. Je pense au Fils dont c'était toujours la tâche, quand on faisait l'arbre, de tester les fameuses ampoules. Il les vissait toutes, puis il les branchait sur la prise de la cuisinière (qui nous venait de mes parents et qui était munie d'une prise sur le devant en plein milieu des boutons servant à allumer les ronds placés judicieusement à hauteur de la taille... un véritable danger pour des enfants mais cela ne posait pas problème autrefois. C'était avant qu'on bouche les prises électriques avec des couvercles de plastique, qu'on installe des dispositifs pour empêcher l'ouverture des portes d'armoire et qu'on écoute avec un moniteur les signes vitaux de nos angelots.). Le Fils remplaçait donc les douilles qui étaient brûlées avant de donner les jeux à l'Homme qui avait, lui, la responsabilité de les mettre dans l'arbre. Les chutes du Niagara coulent à flots dans ma face. Je réveille l'Homme avec mes hoquets. Il ne comprend plus rien... encore une fois. Qui saurait l'en blâmer? Je ne me comprends plus moi-même!
En tout cas, nous avons réussi à terminer les décorations intérieures et extérieures. Il pleuvait à scieaux dehors mais l'Homme a vaincu les éléments en furie. Il pleuvait à scieaux dans mon coeur mais la crèche est belle entourée de son petit village illuminé. Et tous ces personnages qui lui font prendre vie. Tout à gauche, la maison rouge avec une mangeoire d'oiseaux en arrière, c'est la nôtre, celle qui représente notre famille. Sur un banc, l'Homme et moi prenons en café en regardant le Fils et la Fille qui s'amusent à faire un bonhomme de neige.
S'cusez-moi... j'dois aller me moucher.
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