mercredi 15 janvier 2025

À question existentielle, réponse partielle

 



Vous savez quoi? C'est pas facile de gérer mon hamster. On est encore en janvier. Je n'ai donc pas abandonné ma résolution d'établir un lien plus zen avec la bibitte qui habite mon cerveau. Alors, dans un souci de m'aider à dompter l'indomptable, j'ai décidé de mettre en pratique un conseil de K., mon prof de yoga également animatrice de mon atelier de méditation, et de prendre au moins cinq minutes par jour pour débuter la journée en faisant Ohm. Je crois que je peux trouver ce temps dans mon carnet de bal quotidien pour me choisir et prendre contact avec moi.

Mais voilà! Qui s'invite précipitamment à ce moment privilégié de supposé calme? Oui, la bibitte. Elle m'apparaît systématiquement dès que je commence à respirer plus profondément. Et comment qu'elle se présente à moi? Toute énervée!! Je n'arrive pas à la suivre tellement elle bouge vite. Quand je m'imagine en train de l'arrêter, elle m'échappe à toute vitesse et se remet à danser comme une vraie folle! Souvent j'abandonne de la tranquilliser un peu. J'arrive parfois à négocier avec elle et à obtenir qu'elle prenne ça cool et qu'elle ne gâche pas ma journée avec ses envolées catastrophiques.

Ce matin, j'ai donc décidé de l'amener avec moi à l'atelier de méditation. Je me suis dit qu'elle serait peut-être gênée d'autant s'énerver devant des gens calmes à la recherche de la paix et de la sérénité. Je n'avais pas complètement tort. Au début, elle a reproduit son manège habituel puis, doucement, elle a décidé de s'asseoir dans mes mains placées judicieusement l'une sur l'autre pour mieux l'accueillir. Elle était drôle. Elle a d'abord essayé de s'installer en tailleur et elle n'y est pas parvenue à cause de ses trop petites pattes. Finalement, elle s'est couchée sur le dos, les quatre fers en l'air!

Ça s'est plutôt bien passé. J'ai réussi à me concentrer sur la voix de K. et à me connecter à ma respiration et rester dans le moment présent. J'ai juste accroché sur une phrase et je n'arrête pas d'y revenir. Quand K. a dit : "On est choyés d'expérimenter la vie", ma tête a immédiatement réagi par un véhément "pourquoi?".  Et je continue à m'interroger. Oui, à quoi ça sert d'écouter un film dont on connaît déjà la fin? Et plus on vieillit et plus on se demande avec angoisse (en tout cas moi je me le demande) de quoi elle va avoir l'air cette fameuse fin. On l'espère la plus douce possible mais y a aucune garantie là-dessus. On sait seulement qu'on s'en va vers le trou. 

Bon, je suis capable de reconnaître les belles choses de la vie. Par exemple, j'apprécie et je suis reconnaissante pour l'environnement où je me trouve, près de la nature que je peux contempler à tout moment de la journée juste en regardant dehors par les immenses fenêtres du condo. C'est un privilège et j'en suis consciente. Je peux également apprécier ma chance d'avoir l'Homme à mes côtés depuis 46 ans. C'est toute une aventure ça! Et que dire de ma famille et de mes amis, et de mes félins adorés!  

Malgré tout, j'ai constamment un serrement dans la poitrine (non, cher hamster, ce n'est pas une crise cardiaque en devenir). C'est un mal-être, une tristesse qui m'accompagne depuis longtemps. Cela m'empêche de commencer ma journée en rigolant. D'ailleurs, l'autre matin, en me rendant aux toilettes, j'ai pris le temps de me regarder dans le miroir et d'essayer de sourire. C'est un pauvre rictus que ma bouche a dessiné. Et comme j'avais l'air vieille! Même mes yeux étaient éteints. Je suis retournée dans ma chambre pour méditer et faire mes exercices de yoga. Quand je suis retournée à la salle de bain pour m'habiller, que vois-je dans le miroir? Une autre moi complètement. J'étais enfin capable d'avoir un magnifique sourire, un vrai, pas forcé pantoute! Et mes yeux brillaient. J'ai même pu me dire, à haute voix s'il vous plaît, que je m'aimais et que j'en valais la peine! 

Peut-être, je dis bien peut-être, que la vie vaut la peine d'être vécue pour ces simples petits moments de sagesse où on pense avoir enfin compris quelque chose sur notre mission ici-bas. Peut-être, je répète peut-être, qu'à force d'accumuler des bonnes notes dans les tests de cette vie, on va pouvoir réussir l'examen final. Qui sait?


vendredi 10 janvier 2025

Réflexions de début d'année

Je n'avais pas vraiment pris de résolutions cette année. Bon, pour être franche, j'y pensais mais je procrastinais et puis, dois-je aussi avouer, j'en ai un peu assez de me forcer pour être la meilleure version de moi-même en me faisant sans cesse planter par tout un chacun. Juste être moi semble poser un véritable problème à certaines personnes. Habitée des meilleures intentions, je finis toujours par causer des malentendus, des malaises, des silences, des boudages, de l'évitement, bref, je termine seule dans mon coin en train de me demander encore une fois ce que j'ai bien pu faire pour obtenir un résultat aussi inconcevable. Selon la Fille, quand elle daignait encore essayer de m'améliorer, je ne réalise même pas ce que je fais. Elle doit avoir raison. Effectivement, je ne sais pas pourquoi tenter d'exprimer mes émotions, mon mal-être, mon inconfort, mon incompréhension devient soudainement une impossibilité, pire, un crime passible des pires châtiments.

Alors, je me disais encore cette semaine, à quoi bon essayer d'améliorer ce dont je n'ai même pas conscience? C'était avant l'anxiété qui s'est emparée de moi à la suite d'un rhume qui m'a fait trop tousser à mon goût et d'une crise d'urticaire venue brutalement me surprendre. La machine s'est emballée. Me voilà en train de vérifier l'état des urgences autour de chez moi. J'appelle pour un rendez-vous en privé. J'essaie de méditer étendue dans mon lit et je tousse ma vie. Je m'habille à 4 h du matin bien décidée à prendre un taxi pour me rendre finalement à l'urgence m'assurer que je ne suis pas en état de mort prochaine. Heu...reu...se...ment, j'ai réussi à respirer par le nez, à me calmer et à négocier avec le hamster fou. C'est là que je me suis dit qu'il me restait quand même quelque chose dont j'étais consciente et que je pouvais améliorer : mon rapport avec le hamster!

Cette année, je voudrais bien que ce lien qui nous unit soit plus zen et que le hamster ralentisse la cadence. L'ennui c'est que cette bibitte qui a mon âge, soit bientôt 70 ans bien sonnés, est beaucoup plus en forme que moi. Elle court toujours comme une folle. Rapide comme l'éclair, elle n'hésite pas à élaborer les scénarios les plus catastrophiques en un temps record. Incroyable quand même ce talent qui se perd! Elle pourrait écrire des polars, des scénarios de films et des séries télés où on pourrait même voir des araignées géantes envahir un hôpital...oups je crois qu'un cerveau habité d'un hamster aussi malade que le mien a déjà réalisé cette idée. En tout cas, je formule ardemment le voeu d'arriver à négocier plus facilement avec le hamster fou, bientôt sénile et à peu près hors d'état de nuire je l'espère.

Et voilà pour une première résolution. Une autre chose à laquelle j'ai pensé c'est que ce serait bien que je commence à me respecter davantage, tout en respectant les autres bien évidemment. Je ne suis pas habituée à me choisir, trop occupée que je suis à rechercher l'amour et la reconnaissance, à vouloir faire plaisir, à tenter de garder des liens familiaux forts et, mission impossible, à sauver le monde littéralement. Pas étonnant que je sois fatiguée et que je ne m'y retrouve plus. En tout cas, pour réaliser ce deuxième objectif, je veux m'aligner sur cette magnifique déclaration d'une participante à mon cours de yoga. J'admire totalement cette personne pour son franc parler. Ainsi, à l'invitation de notre prof qui nous demandait de réfléchir à un changement que nous aimerions apporter au cours de la prochaine année et de le partager avec le groupe, elle a répondu ceci : "Moi, je ne vois rien à changer. J'aime ma vie. J'aime la personne que je suis. Qui m'aime me suive et que ceux qui ne m'aiment pas me laissent sur le bord de la rue. De toute façon, il y aura bien quelqu'un d'autre pour me ramasser!".

C'est parfait. Rien à rajouter. Moi aussi je m'aime. Je sais ce que je vaux. Je connais mon coeur. Je suis un être humain imparfait certes, mais j'ai une belle âme et ne suis jamais animée de la moindre velléité de nuire ou de faire du mal. Je n'ai pas une once de méchanceté ou de rancune. J'ai l'excuse facile car je sais reconnaître mes torts. J'ai le pardon moins facile mais je travaille là-dessus tous les jours. Quand quelqu'un me fait du mal, je l'entoure de lumière et je lui envoie de l'amour. C'est moi ça. Celle qui sauve les insectes les plus minuscules, qui adopte les chats errants, qui aime sa famille au point de s'oublier elle-même, qui rend service autant qu'elle le peut, qui se révolte des injustices et des inégalités toujours prête à monter aux barricades. 

Cette année, je renvoie donc le miroir vers vous qui ne m'acceptez pas, qui me jugez, qui me faites de la peine et qui s'en balancez, qui ne me donnez même pas la chance de la rédemption. Moi aussi je préfère être abandonnée sur le coin de la rue et continuer mon chemin avec des personnes qui n'ont pas peur des vraies relations, qui sont animées d'empathie et de bienveillance, qui sont capables, par amour, d'accepter les maladresses et les erreurs parce qu'elles considèrent que le plus important c'est de  sauvegarder le lien.

Je termine avec une autre question de notre prof de yoga : quel rêve avez-vous pour la prochaine année? Me croirez-vous si je vous dis que j'ai été incapable sur le coup de penser au moindre petit rêve. C'est comme si j'étais déjà rendue au "terminus, tout le monde descend!". Faut dire que la dernière année a été particulièrement éprouvante. À défaut de rêves, j'ai assurément perdu beaucoup d'illusions. Des choses que je croyais acquises pour toujours parce que j'y avais non seulement investi une partie de ma vie, mais une partie de mon âme. Le choc a été brutal. Il l'est encore. Je me suis littéralement sentie éjectée de mon cercle familial et abandonnée sur le bord de la rue. Tout est dans tout. Ce n'est pas surprenant que cette phrase de ma compagne de yoga ait autant résonné en moi.

Un rêve? J'en ai trouvé un qui s'est vite imposé à mon esprit : écrire. Oui, continuer à écrire, plus régulièrement, pour me permettre de partager petits et grands bonheurs, pour poursuivre ma découverte de moi et des autres, mais surtout pour me faire plaisir. À très bientôt donc! 


dimanche 22 décembre 2024

Conte de Noël mais pas pour tous


C'est bientôt Noël. Depuis la fin octobre, j'ai écouté 32 films Hallmark racontant à peu près tous la même histoire : il neige, on fait des biscuits, il neige, on élève notre enfant seule ou seul, il neige, on décore le sapin ou on va patiner, il neige, on vit un drame familial ou un nouvel amour qui n'arrive pas à aboutir dans le bon sens, il neige, enfin on s'embrasse et c'est la fin.

J'aime encore ça écouter des films de Noël même dégoulinants de fausse magie et de faux flocons. Je rêve au bon vieux temps. Quand c'était moins compliqué et que j'attendais avec frénésie les retrouvailles familiales. Que de kilomètres parcourus dans des tempêtes furieuses pour finalement arriver à la maison de mon enfance et célébrer avec mes parents, mes soeurs et de plus en plus de monde à mesure que le cercle familial s'agrandissait! Que de souvenirs! L'Homme déguisé en Père Noël facilement démasqué par notre filleule aînée à cause du verre de rhum posé à côté de lui. Des temps plus faciles, je vous le disais! Des tablées à n'en plus finir, des rires à vous décrocher les mâchoires, des jeux de société où les filles affrontaient les gars dans des duels endiablés, des enfants fatigués parce qu'ils manquaient de sommeil, le plaisir de se rendre à pied à la messe de minuit pendant que les enfants étaient laissés aux bons soins de grand-maman. Des temps de vraies réjouissances!

Puis il y a eu nos propres souvenirs de famille. Le Fils et la Fille qui se levaient aux aurores munis de leurs lampes de poche pour aller voir ce que le père Noël leur avait apporté. Ils venaient ensuite dans notre chambre pour voir quand on était pour se lever et descendre déballer les cadeaux. On faisait toujours semblant de ne pas avoir entendu tout leur manège. Plus tard, on s'est retrouvé au Réveillon de la solidarité que j'organisais chaque année pour les personnes seules du quartier. Je ne compte plus le nombre d'amis du Fils et de la Fille qui sont venus nous prêter main-forte au fil des années sans compter la soeur Psy, ses enfants, notre filleule aînée et j'en oublie.

Avec la pandémie, le déménagement à Québec, c'est devenu plus compliqué. Avoir des vacances à Noël, c'est pas toujours possible. Et avoir du beau temps pour voyager, c'est pas évident non plus. L'Homme et moi en savons quelque chose. Alors, cette année, ce sont des fêtes différentes que nous vivrons à l'image de cette époque plus tourmentée qui est actuellement la nôtre. J'ai été triste un bout à l'idée de ne pas voir les enfants mais là je m'y fais. 

Nous avons prévu plein d'activités et de belles rencontres tout au long de la période des fêtes. Nous avons commencé le 18 décembre en allant au cinéma voir... un film de Noël! Nous avons passé du bon temps à notre café préféré, nous sommes allés visiter un ami à sa résidence, nous sommes allés déjeuner à notre resto favori. Nous poursuivrons ça avec une autre belle rencontre au resto avec des amis, puis nous vivrons le réveillon du 24 avec mon papa et mes soeurs. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai pu célébrer Noël avec juste ma famille. Ça doit faire au moins 30, 40 ans!! Ce sera merveilleux. Et on continuera les festivités avec la Popote roulante, d'autres bons repas avec famille et amis. On va se rendre jusqu'au 1er janvier, c'est sûr! 

J'essaie de ne pas être nostalgique inutilement. Ni d'être morose tout le temps. En fait, je suis plutôt heureuse de pouvoir souligner les fêtes avec autant de gens que j'aime et qui comptent pour moi. Cette année, ce sera le Noël qu'on peut. Et c'est très bien comme ça.

Je vous souhaite tout l'amour du monde. Et, comme on disait dans le temps, le paradis à la fin de vos jours!

jeudi 1 août 2024

Ma Bibou

 


Elle s'appelait Irma mais moi, avec le temps, je lui avais donné le petit nom affectueux de Bibou. Ça faisait 16 ans qu'on se connaissait, Bibou et moi. Quand je l'ai rencontrée pour la première fois, elle avait déjà vécu plusieurs épreuves.  Féline abandonnée comme tant d'autres, elle essayait tant bien que mal de se débrouiller toute seule dans la nature. Elle a fini par aboutir dans un des plats de bouffe que je laissais dehors pour venir en aide aux itinérants à quatre pattes du quartier.

Irma était courageuse et débrouillarde. Lorsque j'ai commencé à la fréquenter, je me suis vite rendue compte qu'elle était une maman monoparentale. Une fois la confiance un peu établie, elle m'a amené ses rejetons. Dévastée devant le nombre de minets qui fréquentaient ma cour, j'ai décidé de trouver un foyer aux plus jeunes. J'ai finalement  réussi à rétablir un certain équilibre dans la population animale à secourir. Mais pas pour longtemps.

La vie de chatte sauvage n'est pas facile à gérer, surtout sans moyen de contraception. Bibou est évidemment redevenue enceinte. C'était l'été. Je me souviens encore de ses dernières semaines de grossesse, de sa bedaine rebondie et de sa difficulté à endurer la chaleur. Parfois, elle venait s'étendre de tout son long sur le balcon d'en avant au grand dam des voisins qui m'avertissaient qu'un chat errant occupait mon espace. Je la défendais, mais pas trop fort, car ils détestaient les "étranges" à quatre pattes qui venaient soi-disant gratter leurs plates-bandes! Mais je la protégeais au mieux des attaques en tentant de lui proposer d'autres endroits de repos.

Comme les fois d'avant, au moment de l'accouchement, elle disparut pendant plusieurs jours qui me parurent des semaines. J'étais tellement inquiète pour elle et ses bébés. J'avais peur que quelqu'un les trouve et leur fasse un mauvais sort. C'était sans compter sur l'intelligence de ma Bibou. Elle est revenue avec sa famille pour que je nourrisse tout ce beau monde. Soulagement. Mais aussi maux de tête car il fallait de nouveau trouver des foyers d'adoption. Tant bien que mal je réussis une autre fois à caser la famille. Pas ma Bibou, cependant, qui commençait de plus en en plus à me démontrer qu'elle, là, elle voulait que ce soit moi qui l'adopte. Je n'étais pas rendue là. Pas parce que je ne l'aimais pas, au contraire. Mais comme d'habitude, j'avais plus qu'un chat déjà dans la maison. Et puis, fallait aussi convaincre l'Homme qui, dans sa grande bonté et par amour pour moi, n'en finissait plus d'accepter de nouvelles bouches à nourrir.

Un après-midi, je regarde par la fenêtre de la salle à manger et j'aperçois ma Bibou couchée dans la plate-bande sous les cèdres. C'était un de ses endroits préférés pour flâner. Soudain, arrivé de nulle part, un gros matou se jette sur elle, l'empoigne solidement par le cou, et la viole, drette là sous mes yeux. Ça faisait à peine une semaine que j'avais placé le dernier bébé. Je suis devenue livide. J'étais révoltée. Je me suis dit que je ne pouvais plus faire semblant que ce n'était pas mon chat. J'ai appelé mon vet, j'ai pris des arrangements pour que je puisse lui amener Bibou un matin pour la faire stériliser. C'était un chic type d'accepter car, comme je le lui avais expliqué, rien ne garantissait que le matin dit, Bibou serait au rendez-vous. Après tout, c'était toujours un chat qui vivait dehors. Mais je connaissais suffisamment ses habitudes maintenant pour savoir que je pouvais y arriver. Restait la nécessité après l'intervention de la garder en sécurité au moins vingt-quatre heures avant de la relâcher dans la nature. Je ne pouvais pas la faire entrer dans la maison à cause des autres chats, je lui ai donc installé un nid douillet dans le garage. Tout s'est bien passé, l'opération et la convalescence ultra-rapide. Quand je suis allée voir comment elle était le lendemain dans le garage, elle a pris la fuite dès qu'elle en a eu la possibilité. Je me suis dit qu'elle était sans doute partie pour de bon écoeurée de constater que cette personne en qui elle avait mis sa confiance en avait profité pour faire don de ses organes! Je me consolais à l'idée qu'au moins, elle cesserait de procréer.

Mais c'était ne pas connaître le lien que j'avais réussi à établir avec ma Bibou. Elle est revenue ma chatte adorée. Commença ensuite le long processus d'adoption. Pas facile de faire abandonner sa vie d'errante à une chatte habituée à être dehors au grand air. Malgré mes efforts pour la faire entrer de temps en temps dans la maison, elle continuait de réclamer la porte avec insistance. L'hiver se pointait le nez. L'Homme fit appel à tous ses talents de bricoleur pour lui construire un abri isolé au max. On plaça l'habitation tout contre le mur de la maison,  à côté de la porte d'en arrière. Tous les matins, j'allais la nourrir et vérifier si elle ne souffrait pas d'engelures. Si elle voulait, je la faisais entrer un peu à l'intérieur pour se réchauffer. Le printemps est arrivé. Irma vivait pas mal toujours dans la cour. Elle adorait se prélasser sur les roches qui bordaient l'étang arrivant même une fois à sortir un des poissons de l'eau! Ah! la vilaine. Je la vois encore trottinant toute fière avec sa proie entre les dents. On ne se débarrasse pas non plus de ses réflexes de chasseur pour quêter un toit. Non, faut toujours être prête à se débrouiller.


Une fois l'automne arrivé, je déclarai à l'Homme qu'Irma ne passerait pas un autre hiver dehors. À force de la faire entrer régulièrement dans la maison pendant tout l'été, j'étais arrivée à lui faire accepter la vie de sédentaire. Elle prit rapidement sa place dans la meute, mais surtout dans mon coeur. Il y avait un lien particulier entre Irma et moi. J'adorais son indépendance et sa confiance. Elle savait y faire pour tasser ses frères et soeurs félins quand elle décidait qu'elle voulait mon attention et mes caresses. Elle n'était absolument pas agressive, juste très persistante. 

Depuis deux ans environ, elle avait développé une maladie cardiaque en plus de ses autres ennuis de santé. Sa démarche était devenue très lente et ses pattes d'en arrière traînaient un peu sur le plancher. Mais son état général était bon. Elle me suivait comme mon ombre. Elle écoutait la télé à côté de moi tous les soirs. Elle me suivait dans ma chambre au moment du dodo et elle s'installait sur ma bedaine pendant que je lisais. Quand je me couchais, elle venait frotter sa tête sur mon front et me lécher longuement les cheveux. Tous les matins, elle sautait dans le lit et miaulait pour que je me lève. Elle agaçait son frère Oscar qui voulait dormir encore un peu. Tous les jours, je lui donnais des milliers de baisers. Comme je le faisais depuis 16 ans. Et, depuis que j'avais perdu Mignonne, quand je l'avais sur moi, je la regardais droit dans les yeux et je lui répétais : "Ne pars pas, je t'en prie, je ne suis pas prête". Et, effectivement, je ne l'étais pas quand elle est morte ce mardi. 

Je pleure ma vie. Encore une fois. Oscar est maintenant chat unique. Tous les deux, on essaie de se consoler en cherchant notre Bibou adorée.

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Remerciements
Un merci bien spécial à tous les membres de l'équipe du Groupe vétérinaire Frontenac pour les bons soins prodigués à Irma et pour leur empathie envers sa maman. Et une pensée amicale et chaleureuse pour ma vet le Dr Imbeault, qui sait qu'un câlin vaut mille mots.

jeudi 27 juin 2024

Pleurer

 


Mercredi dernier. Le 19 juin. C'est la dernière journée où je t'ai dit je t'aime. Après 16 années ensemble à partager nos vies humaine et féline, le deuil est difficile à faire. Je te vois encore ce matin-là, que je ne soupçonnais pas être l'ultime, prendre le frais sur une des chaises de la terrasse. Tu humais l'air en écoutant les oiseaux qui piaillaient et tu semblais vraiment contempler la nature devant toi, surtout les cèdres où tu aimais aller te cacher. C'est d'ailleurs là que je t'ai retrouvée en fin de journée, couchée sur le côté, incapable de même répondre à mes appels, à part ce petit mouvement de ta queue que j'ai vue remuer faiblement, un cri à l'aide pour que je te retrouve. J'ai au moins pu t'offrir une fin respectable.

Ma Mignonne. Je t'ai trouvée bébé, cachée justement dans les buissons qui bordaient la maison à Gatineau. Tellement apeurée d'être seule, abandonnée, à la recherche désespérée de nourriture, de chaleur, d'un asile où reposer ton petit corps de chaton. Dès l'instant où j'ai pu te caresser après t'avoir enfin recueillie, tu as montré ta vraie nature : la bonté incarnée. Et cette nature profonde ne s'est jamais démentie. Devant les hissements désapprobateurs de la Reine-Marguerite, la grande soeur héritée (et irritée), lorsque tu tentais de t'approcher doucement d'elle, tu reculais tout simplement. Tu ne t'es jamais imposée. Tu as toujours attendu patiemment ton tour. Pour manger. Pour être toilettée. Pour recevoir des caresses. Je devais presque m'écrire une note pour me rappeler de te prendre et de te donner des becs. À constamment vouloir ne pas déranger et rester dans ton coin, tu ignorais ton besoin à toi aussi d'être reconnue comme membre à part entière de la meute féline. 

Depuis trois ans, tu étais malade. Les reins. Malgré les visites chez la vet, les médicaments et la bouffe appropriée, tu vomissais souvent. Depuis deux mois, tu maigrissais aussi et ne mangeais presque plus. Mais tu continuais de vouloir aller te promener dehors et manger de l'herbe, puis de régurgiter la fameuse herbe en question. Tu étais devenue amie avec les voisins à deux terrasses de chez nous. Tu aimais boire dans les pots d'eau qu'ils gardaient dehors pour arroser leurs plantes. Heureusement, ils appréciaient beaucoup avoir ta visite. Tu n'avais aucune malice, aucune agressivité en toi. Tu étais notre petit ours noir comme l'Homme aimait t'appeler, un ours en peluche quoi!

Tu sais c'était quoi ma grande peur à moi? De ne pas être capable de t'accompagner jusqu'à la fin. J'ai un peu honte de ça mais je ne l'avais encore jamais fait pour aucun de mes compagnons félins. Dans mon temps de jeune propriétaire de chats (années 80), on parlait peu ou pas des sentiments que nos animaux pouvaient éprouver, des émotions qu'ils ressentaient eux aussi. Et de la tristesse et de l'incompréhension ressentis au dernier moment de leur vie quand leur maître adoré les abandonnait sur la table froide du vet sans plus d'attention. Tu vois, il y a quelques années, j'aurais été prête à accompagner la Reine-Marguerite mais c'était la fameuse pandémie et on ne pouvait même pas entrer dans la clinique. Alors, on oublie ça de tenir la patte de notre amie pour l'au revoir fatal. Je me souviens que l'Homme et moi avons dû attendre dans la voiture, devant la porte où on venait de lui remettre la cage, que la technicienne nous appelle pour confirmer que notre Maggie de 19 ans ne ferait plus dorénavant partie de nos vies. C'était pas humain, ça, non? Ou ce l'était... trop. Pendant la pandémie, on a perdu plusieurs fois les pédales.


Tout ça pour te dire, ma Ming, que ta magnifique âme m'a permis d'accomplir ce que je souhaitais le plus au monde : être là pour toi, jusqu'à la fin, comme tu avais été là pour moi. C'était paniquant de se retrouver à l'urgence vétérinaire. Pendant le trajet que je trouvais interminable, fidèle à ton habitude et à ton caractère, et malgré ta difficulté à respirer, tu avais posé ta tête doucement sur mon bras, enveloppée de ta doudou, pendant que l'Homme combattait son chagrin pour nous amener à bon port. À ce jour, je ne sais pas si j'ai bien fait ça. J'espère. Je t'ai parlé. Je t'ai flattée. Je t'ai donné des baisers en essayant de ne pas te faire mal. Le cathéter posé sur ta patte ne cessait de me rappeler qu'il fallait se dire adieu pour vrai. Est-ce que j'ai pris suffisamment le temps pour reconnaître l'extraordinaire amie que tu étais pour moi? Là encore, j'espère. Ce que je sais, par contre, c'est que tu as contribué à vaincre un peu ma peur de la mort par ta résilience et ta confiance. Je n'oublierai jamais tes beaux yeux verts qui n'ont jamais quitté les miens.

Quand je me suis retrouvée seule avec toi, immobile sur ta doudou, les larmes inondant mon visage, je t'ai dit : "j'espère que tu ne m'en veux pas". Et là, cadeau sublime, j'ai senti ton âme quitter cette vie et s'élever au-dessus de la table. Je t'ai revue toute petite ma Mignonne. Tu t'es dressée sur tes pattes arrières pour m'envelopper dans une magnifique caresse. Un peu de paix dans mon coeur attristé. Mais je n'arrête pas pour autant de pleurer.



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Note féline : Je viens de recevoir une carte de condoléances de la Clinique vétérinaire Frontenac signée par toute l'équipe avec plein de beaux mots d'encouragement. Cela ne sèche pas mes larmes mais cela démontre à quel point Mignonne était entre bonnes mains!

samedi 1 juin 2024

Heureux les coeurs purs


Tu voulais un chat. Parce que tu aimais les chats. Et aussi pour avoir un compagnon. Tu avais été dans un refuge mais tu n'avais pas trouvé félin à ton âme. Tu préférais attendre et choisir le bon. En même temps se posait la difficile question de ce qui allait arriver à ton minet si jamais... Ouais, si jamais le foutu cancer te donnait moins de temps que tu pensais pour apprendre à vivre avec ton coloc à quatre pattes. 

Tu m'avais confié ce désir comme tu me confiais souvent de petites bribes de ta vie lorsque j'allais te porter la Popote roulante. Sur le seuil de ta porte, on parlait de nos enfants, de nos familles, de nos joies et de nos peines. Je t'apportais des muffins que j'avais cuisinés pour toi parce que tu trouvais que c'était une bonne collation quand la faim te prenait... Ouais, la faim n'était pas toujours au rendez-vous ou, à tout le moins, elle se faisait de plus en plus capricieuse.

Tu me parlais de tes cours de yoga en ligne. On partageait cette passion toutes les deux. On échangeait sur les bienfaits que nous ressentions dans notre corps et dans notre tête quand on faisait "Om" et qu'on s'étirait les muscles et le cerveau. On se disait que voilà un exercice complet et tellement réparateur pour les corps blessés... Ouais, ton corps, il te lâchait parfois et tu ne pouvais pas faire ta session. Tu m'en parlais et me faisais part de ta déception de voir qu'il ne voulait plus toujours suivre. Mais on s'encourageait. On se disait que c'était une mauvaise semaine, c'est tout. Et on reprenait courage. Je dis "on", mais c'était toi qui avais le plus de courage.

Puis, une semaine il n'y a pas longtemps, on m'a dit de ne pas aller livrer chez toi. Tu étais à l'hôpital. Comme avec le temps on était devenu des amies, j'ai vite composé ton numéro de téléphone pour savoir ce qui t'arrivait. Ouais, c'était ce qu'on ne voulait pas ni l'une ni l'autre. La mauvaise nouvelle du retour en force de ton ennemi numéro un. Qu'à cela ne tienne, tu allais prendre encore une fois les armes. "Je veux vivre moi", que tu m'as lancé lors de l'une de mes visites. "Je veux voir l'été et fêter mon anniversaire", que tu as rajouté. Oui, oui, que je te disais car je voulais y croire moi aussi même si je voyais bien que tes yeux s'enfonçaient de plus en plus dans leurs orbites et que ta peau avait la couleur des murs de ta chambre d'hôpital (ce qui n'est jamais bon signe quand on sait à quel point le décorateur gouvernemental est passionné du beige jaunâtre).

Je suis allée te visiter quelques fois. Je t'ai apporté des muffins. Tu disais que c'était la seule chose que tu arrivais à digérer parce qu'ils avaient comme ingrédient principal tout l'amour que j'y avais mis. Tu en prenais de petites bouchées le soir quand la fameuse faim capricieuse décidait de venir tenailler ton pauvre estomac. 

Ces visites me stressaient. Je voulais tellement te voir et te parler encore, t'entendre me dire le "mets-en" dont tu ponctuais régulièrement tes phrases. Mais j'avais peur. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ne pas pouvoir te dire les mots réconfortants dont tu avais tant besoin. Je bravais ma peur pour toi, ma douce et lumineuse amie. Devant l'incompréhensible, j'ai utilisé la foi. Ça tombait bien parce que c'est une autre chose que nous partagions. Je t'ai apporté une prière que j'adore et qui m'aide beaucoup dans les bons et moins bons moments. Tu l'as adoptée toi aussi. Une nourriture céleste. Ça change des muffins mais c'est aussi très nourrissant.

Puis, je suis partie en vacances pour une semaine. Toi, tu es partie dans une maison où des anges allaient t'accompagner pour le voyage qui approchait. On communiquait encore par textos. Tu étais contente de ton déménagement. Tu voulais tellement voir le ciel, les arbres, la nature. C'était pas mal mieux que le gros cylindre en aluminium qui bloquait la plus grande partie de la fenêtre de ta chambre à l'hôpital où tu pouvais juste apercevoir un petit bout de ciel bleu. On s'est parlé juste une fois à mon retour. Ça n'allait pas du tout. Alors j'ai décidé de continuer à t'envoyer un message par jour pour t'accompagner du mieux que je pouvais. Tu les lisais sans répondre. Je comprenais sans les mots. Et, ce matin, voyant bien que tu n'avais pas regardé mon dernier message qui datait de quelques jours, j'ai décidé de faire une recherche sur la Grande Toile. J'ai tapé "Avis de décès et ton nom".

Tu es morte mardi. Je pleure depuis ce matin. J'ai décidé de te dédier mon été. Je vais le vivre pour nous deux. 

En mémoire de JA

dimanche 19 mai 2024

Ce que j'aurais voulu

 Alors, les mamans, c'est finalement passé cette foutue Fête des mères instituée par des capitalistes finis toujours désireux de s'en mettre plein les poches!! Vous, oui vous les commerçants qui n'avez de cesse d'engranger des profits, savez-vous seulement ce que ça veut dire la Fête des mère pour les mamans que je connais, y compris bibi? Ça veut dire angoisse, attente et espoir déçu assurés dans la majorité des cas. J'ai été une journée à espérer un appel, un texto, un signe de vie d'une partie de ma progéniture tout en me répétant que ce n'était pas nécessaire ni probable que je reçoive cette attention. Je me suis réveillée lundi matin avec quand même un serrement au coeur : je n'ai effectivement pas eu droit à cette marque de considération.

En même temps, c'est tellement arbitraire cette journée inscrite au calendrier qui force enfants et parents à célébrer une personne qui devrait être reconnue sans que l'on ait à sortir tambours et  trompettes pour le faire. J'en ai assez de voir les mamans autour de moi souffrir dans l'attente d'une reconnaissance qui ne vient pas toujours ou encore qui vient mais pas la bonne journée. C'est juste fou. Certaines décident de se célébrer elles-mêmes évitant ainsi l'humiliation et la peine d'être ignorées. 

Pourquoi est-ce si difficile de faire fi une fois pour toutes de cette tradition dépassée? Si on oublie les profits amassés par les restos et les magasins, pourquoi diable a-t-il fallu instaurer une journée pour reconnaître les mamans? Était-ce juste une question d'argent? J'ose l'espérer car je me refuse à penser que, sans cette journée, il n'y aurait aucun effort mis pour embrasser celle qui t'aime plus que tout au monde.

Alors, je vous partage aujourd'hui un texte écrit il y a un an, mais pas à la Fête des mères. Je veux simplement illustrer ici l'importance que nous, les mamans, accordons à la présence de nos enfants adorés. Nous comprenons l'envol des oiseaux du nid familial (n'est-ce pas après tout notre mission sacrée), mais maudit que c'est dur de vous voir partir!

Tout d'abord, j'aurais voulu ce tressaillement de joie à l'annonce de ta visite prochaine. Ayant presque toujours vécu loin de ma famille, je ne me suis jamais tout à fait habituée à ce serrement de mon coeur qui se présente toutes les fois où je sais que je vais être réunie avec des êtres aimés. Difficile à décrire parce que quand même discret, du moins en apparence, mais quel bouleversement interne il suscite par ailleurs! Me voilà embarquée pour des jours de félicité jusqu'à ton arrivée.

Ensuite, j'aurais voulu ce stress de tout avoir à préparer pour ta venue. L'énervement des tâches ménagères et de leur planification pour que tout soit prêt à temps. Et le plaisir de fouiller dans les livres de recettes pour te préparer un festin, pour tuer le "veau gras" comme dit l'Homme depuis que tu as quitté la maison et qu'il me voit capoter chaque fois que tu reviens y séjourner. Même si je ne savais rien encore de tes intentions, j'avais cuisiné une chaudrée de maïs cette semaine et l'avais fait congeler juste au cas où. J'aurais voulu que tu goûtes à ma nouvelle recette de muffins aux framboises avec du millet. J'en avais gardé quelques-uns au congélo au cas où. J'avais déniché de l'agneau haché pour préparer ce plat que je ne fais vraiment pas souvent et que je garde pour les grandes occasions parce que ça prend du temps à faire.

C'est sûr que j'aurais voulu te montrer mon micro-jardin sur la terrasse. Je suis tellement fière de mes tomates. Ce sont les premières que j'arrive à cultiver depuis que nous avons quitté la maison. J'aurais voulu que tu y goûtes assurément pour te prouver à quel point j'ai réussi à retrouver mes talents de jardinière. À cet égard, j'aurais voulu que tu puisses admirer avec quel trésor d'imagination j'ai réussi à exploiter mon petit espace littéralement envahi de fleurs et de légumes.

J'aurais peut-être voulu qu'on aille se baigner dans cette piscine que nous avons maintenant à notre disposition et où tu n'as pas encore eu l'occasion de plonger. On aurait pu essayer les spas qui se trouvent sur les côtés et tremper nos vieux et jeunes os dans une eau chauffée à 90 degrés!

J'aurais probablement voulu que tu vois d'autres membres de la famille élargie ou des amis. J'aurais voulu entendre nos conversations autour d'une bonne bouffe, nos rires aussi, et m'informer de tous tes projets, de comment ça se passe au travail et dans ta vie en général. On se parle toutes les semaines au téléphone, mais le présentiel, c'est vraiment pas la même chose.

J'aurais surtout voulu te prendre dans mes bras même si tu es un adulte maintenant et te serrer très fort pour faire le plein de ton odeur jusqu'à la prochaine fois. J'aurais voulu te dire ce que tu m'entends te répéter ad nauseam : je m'ennuie de toi. 

Mais je ne pourrai pas. 

Je voudrais donc apprendre à te saluer de l'autre côté de la rive puisque je dois changer de place. Je voudrais savoir attendre sans rien demander, sans rien espérer. Je voudrais juste pouvoir laisser aller, détacher le cordon qui me lie encore à toi. J'espère y arriver sans me noyer.

Je t'aime et t'aimerai toujours.