jeudi 1 août 2024

Ma Bibou

 


Elle s'appelait Irma mais moi, avec le temps, je lui avais donné le petit nom affectueux de Bibou. Ça faisait 16 ans qu'on se connaissait, Bibou et moi. Quand je l'ai rencontrée pour la première fois, elle avait déjà vécu plusieurs épreuves.  Féline abandonnée comme tant d'autres, elle essayait tant bien que mal de se débrouiller toute seule dans la nature. Elle a fini par aboutir dans un des plats de bouffe que je laissais dehors pour venir en aide aux itinérants à quatre pattes du quartier.

Irma était courageuse et débrouillarde. Lorsque j'ai commencé à la fréquenter, je me suis vite rendue compte qu'elle était une maman monoparentale. Une fois la confiance un peu établie, elle m'a amené ses rejetons. Dévastée devant le nombre de minets qui fréquentaient ma cour, j'ai décidé de trouver un foyer aux plus jeunes. J'ai finalement  réussi à rétablir un certain équilibre dans la population animale à secourir. Mais pas pour longtemps.

La vie de chatte sauvage n'est pas facile à gérer, surtout sans moyen de contraception. Bibou est évidemment redevenue enceinte. C'était l'été. Je me souviens encore de ses dernières semaines de grossesse, de sa bedaine rebondie et de sa difficulté à endurer la chaleur. Parfois, elle venait s'étendre de tout son long sur le balcon d'en avant au grand dam des voisins qui m'avertissaient qu'un chat errant occupait mon espace. Je la défendais, mais pas trop fort, car ils détestaient les "étranges" à quatre pattes qui venaient soi-disant gratter leurs plates-bandes! Mais je la protégeais au mieux des attaques en tentant de lui proposer d'autres endroits de repos.

Comme les fois d'avant, au moment de l'accouchement, elle disparut pendant plusieurs jours qui me parurent des semaines. J'étais tellement inquiète pour elle et ses bébés. J'avais peur que quelqu'un les trouve et leur fasse un mauvais sort. C'était sans compter sur l'intelligence de ma Bibou. Elle est revenue avec sa famille pour que je nourrisse tout ce beau monde. Soulagement. Mais aussi maux de tête car il fallait de nouveau trouver des foyers d'adoption. Tant bien que mal je réussis une autre fois à caser la famille. Pas ma Bibou, cependant, qui commençait de plus en en plus à me démontrer qu'elle, là, elle voulait que ce soit moi qui l'adopte. Je n'étais pas rendue là. Pas parce que je ne l'aimais pas, au contraire. Mais comme d'habitude, j'avais plus qu'un chat déjà dans la maison. Et puis, fallait aussi convaincre l'Homme qui, dans sa grande bonté et par amour pour moi, n'en finissait plus d'accepter de nouvelles bouches à nourrir.

Un après-midi, je regarde par la fenêtre de la salle à manger et j'aperçois ma Bibou couchée dans la plate-bande sous les cèdres. C'était un de ses endroits préférés pour flâner. Soudain, arrivé de nulle part, un gros matou se jette sur elle, l'empoigne solidement par le cou, et la viole, drette là sous mes yeux. Ça faisait à peine une semaine que j'avais placé le dernier bébé. Je suis devenue livide. J'étais révoltée. Je me suis dit que je ne pouvais plus faire semblant que ce n'était pas mon chat. J'ai appelé mon vet, j'ai pris des arrangements pour que je puisse lui amener Bibou un matin pour la faire stériliser. C'était un chic type d'accepter car, comme je le lui avais expliqué, rien ne garantissait que le matin dit, Bibou serait au rendez-vous. Après tout, c'était toujours un chat qui vivait dehors. Mais je connaissais suffisamment ses habitudes maintenant pour savoir que je pouvais y arriver. Restait la nécessité après l'intervention de la garder en sécurité au moins vingt-quatre heures avant de la relâcher dans la nature. Je ne pouvais pas la faire entrer dans la maison à cause des autres chats, je lui ai donc installé un nid douillet dans le garage. Tout s'est bien passé, l'opération et la convalescence ultra-rapide. Quand je suis allée voir comment elle était le lendemain dans le garage, elle a pris la fuite dès qu'elle en a eu la possibilité. Je me suis dit qu'elle était sans doute partie pour de bon écoeurée de constater que cette personne en qui elle avait mis sa confiance en avait profité pour faire don de ses organes! Je me consolais à l'idée qu'au moins, elle cesserait de procréer.

Mais c'était ne pas connaître le lien que j'avais réussi à établir avec ma Bibou. Elle est revenue ma chatte adorée. Commença ensuite le long processus d'adoption. Pas facile de faire abandonner sa vie d'errante à une chatte habituée à être dehors au grand air. Malgré mes efforts pour la faire entrer de temps en temps dans la maison, elle continuait de réclamer la porte avec insistance. L'hiver se pointait le nez. L'Homme fit appel à tous ses talents de bricoleur pour lui construire un abri isolé au max. On plaça l'habitation tout contre le mur de la maison,  à côté de la porte d'en arrière. Tous les matins, j'allais la nourrir et vérifier si elle ne souffrait pas d'engelures. Si elle voulait, je la faisais entrer un peu à l'intérieur pour se réchauffer. Le printemps est arrivé. Irma vivait pas mal toujours dans la cour. Elle adorait se prélasser sur les roches qui bordaient l'étang arrivant même une fois à sortir un des poissons de l'eau! Ah! la vilaine. Je la vois encore trottinant toute fière avec sa proie entre les dents. On ne se débarrasse pas non plus de ses réflexes de chasseur pour quêter un toit. Non, faut toujours être prête à se débrouiller.


Une fois l'automne arrivé, je déclarai à l'Homme qu'Irma ne passerait pas un autre hiver dehors. À force de la faire entrer régulièrement dans la maison pendant tout l'été, j'étais arrivée à lui faire accepter la vie de sédentaire. Elle prit rapidement sa place dans la meute, mais surtout dans mon coeur. Il y avait un lien particulier entre Irma et moi. J'adorais son indépendance et sa confiance. Elle savait y faire pour tasser ses frères et soeurs félins quand elle décidait qu'elle voulait mon attention et mes caresses. Elle n'était absolument pas agressive, juste très persistante. 

Depuis deux ans environ, elle avait développé une maladie cardiaque en plus de ses autres ennuis de santé. Sa démarche était devenue très lente et ses pattes d'en arrière traînaient un peu sur le plancher. Mais son état général était bon. Elle me suivait comme mon ombre. Elle écoutait la télé à côté de moi tous les soirs. Elle me suivait dans ma chambre au moment du dodo et elle s'installait sur ma bedaine pendant que je lisais. Quand je me couchais, elle venait frotter sa tête sur mon front et me lécher longuement les cheveux. Tous les matins, elle sautait dans le lit et miaulait pour que je me lève. Elle agaçait son frère Oscar qui voulait dormir encore un peu. Tous les jours, je lui donnais des milliers de baisers. Comme je le faisais depuis 16 ans. Et, depuis que j'avais perdu Mignonne, quand je l'avais sur moi, je la regardais droit dans les yeux et je lui répétais : "Ne pars pas, je t'en prie, je ne suis pas prête". Et, effectivement, je ne l'étais pas quand elle est morte ce mardi. 

Je pleure ma vie. Encore une fois. Oscar est maintenant chat unique. Tous les deux, on essaie de se consoler en cherchant notre Bibou adorée.

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Remerciements
Un merci bien spécial à tous les membres de l'équipe du Groupe vétérinaire Frontenac pour les bons soins prodigués à Irma et pour leur empathie envers sa maman. Et une pensée amicale et chaleureuse pour ma vet le Dr Imbeault, qui sait qu'un câlin vaut mille mots.

jeudi 27 juin 2024

Pleurer

 


Mercredi dernier. Le 19 juin. C'est la dernière journée où je t'ai dit je t'aime. Après 16 années ensemble à partager nos vies humaine et féline, le deuil est difficile à faire. Je te vois encore ce matin-là, que je ne soupçonnais pas être l'ultime, prendre le frais sur une des chaises de la terrasse. Tu humais l'air en écoutant les oiseaux qui piaillaient et tu semblais vraiment contempler la nature devant toi, surtout les cèdres où tu aimais aller te cacher. C'est d'ailleurs là que je t'ai retrouvée en fin de journée, couchée sur le côté, incapable de même répondre à mes appels, à part ce petit mouvement de ta queue que j'ai vue remuer faiblement, un cri à l'aide pour que je te retrouve. J'ai au moins pu t'offrir une fin respectable.

Ma Mignonne. Je t'ai trouvée bébé, cachée justement dans les buissons qui bordaient la maison à Gatineau. Tellement apeurée d'être seule, abandonnée, à la recherche désespérée de nourriture, de chaleur, d'un asile où reposer ton petit corps de chaton. Dès l'instant où j'ai pu te caresser après t'avoir enfin recueillie, tu as montré ta vraie nature : la bonté incarnée. Et cette nature profonde ne s'est jamais démentie. Devant les hissements désapprobateurs de la Reine-Marguerite, la grande soeur héritée (et irritée), lorsque tu tentais de t'approcher doucement d'elle, tu reculais tout simplement. Tu ne t'es jamais imposée. Tu as toujours attendu patiemment ton tour. Pour manger. Pour être toilettée. Pour recevoir des caresses. Je devais presque m'écrire une note pour me rappeler de te prendre et de te donner des becs. À constamment vouloir ne pas déranger et rester dans ton coin, tu ignorais ton besoin à toi aussi d'être reconnue comme membre à part entière de la meute féline. 

Depuis trois ans, tu étais malade. Les reins. Malgré les visites chez la vet, les médicaments et la bouffe appropriée, tu vomissais souvent. Depuis deux mois, tu maigrissais aussi et ne mangeais presque plus. Mais tu continuais de vouloir aller te promener dehors et manger de l'herbe, puis de régurgiter la fameuse herbe en question. Tu étais devenue amie avec les voisins à deux terrasses de chez nous. Tu aimais boire dans les pots d'eau qu'ils gardaient dehors pour arroser leurs plantes. Heureusement, ils appréciaient beaucoup avoir ta visite. Tu n'avais aucune malice, aucune agressivité en toi. Tu étais notre petit ours noir comme l'Homme aimait t'appeler, un ours en peluche quoi!

Tu sais c'était quoi ma grande peur à moi? De ne pas être capable de t'accompagner jusqu'à la fin. J'ai un peu honte de ça mais je ne l'avais encore jamais fait pour aucun de mes compagnons félins. Dans mon temps de jeune propriétaire de chats (années 80), on parlait peu ou pas des sentiments que nos animaux pouvaient éprouver, des émotions qu'ils ressentaient eux aussi. Et de la tristesse et de l'incompréhension ressentis au dernier moment de leur vie quand leur maître adoré les abandonnait sur la table froide du vet sans plus d'attention. Tu vois, il y a quelques années, j'aurais été prête à accompagner la Reine-Marguerite mais c'était la fameuse pandémie et on ne pouvait même pas entrer dans la clinique. Alors, on oublie ça de tenir la patte de notre amie pour l'au revoir fatal. Je me souviens que l'Homme et moi avons dû attendre dans la voiture, devant la porte où on venait de lui remettre la cage, que la technicienne nous appelle pour confirmer que notre Maggie de 19 ans ne ferait plus dorénavant partie de nos vies. C'était pas humain, ça, non? Ou ce l'était... trop. Pendant la pandémie, on a perdu plusieurs fois les pédales.


Tout ça pour te dire, ma Ming, que ta magnifique âme m'a permis d'accomplir ce que je souhaitais le plus au monde : être là pour toi, jusqu'à la fin, comme tu avais été là pour moi. C'était paniquant de se retrouver à l'urgence vétérinaire. Pendant le trajet que je trouvais interminable, fidèle à ton habitude et à ton caractère, et malgré ta difficulté à respirer, tu avais posé ta tête doucement sur mon bras, enveloppée de ta doudou, pendant que l'Homme combattait son chagrin pour nous amener à bon port. À ce jour, je ne sais pas si j'ai bien fait ça. J'espère. Je t'ai parlé. Je t'ai flattée. Je t'ai donné des baisers en essayant de ne pas te faire mal. Le cathéter posé sur ta patte ne cessait de me rappeler qu'il fallait se dire adieu pour vrai. Est-ce que j'ai pris suffisamment le temps pour reconnaître l'extraordinaire amie que tu étais pour moi? Là encore, j'espère. Ce que je sais, par contre, c'est que tu as contribué à vaincre un peu ma peur de la mort par ta résilience et ta confiance. Je n'oublierai jamais tes beaux yeux verts qui n'ont jamais quitté les miens.

Quand je me suis retrouvée seule avec toi, immobile sur ta doudou, les larmes inondant mon visage, je t'ai dit : "j'espère que tu ne m'en veux pas". Et là, cadeau sublime, j'ai senti ton âme quitter cette vie et s'élever au-dessus de la table. Je t'ai revue toute petite ma Mignonne. Tu t'es dressée sur tes pattes arrières pour m'envelopper dans une magnifique caresse. Un peu de paix dans mon coeur attristé. Mais je n'arrête pas pour autant de pleurer.



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Note féline : Je viens de recevoir une carte de condoléances de la Clinique vétérinaire Frontenac signée par toute l'équipe avec plein de beaux mots d'encouragement. Cela ne sèche pas mes larmes mais cela démontre à quel point Mignonne était entre bonnes mains!

samedi 1 juin 2024

Heureux les coeurs purs


Tu voulais un chat. Parce que tu aimais les chats. Et aussi pour avoir un compagnon. Tu avais été dans un refuge mais tu n'avais pas trouvé félin à ton âme. Tu préférais attendre et choisir le bon. En même temps se posait la difficile question de ce qui allait arriver à ton minet si jamais... Ouais, si jamais le foutu cancer te donnait moins de temps que tu pensais pour apprendre à vivre avec ton coloc à quatre pattes. 

Tu m'avais confié ce désir comme tu me confiais souvent de petites bribes de ta vie lorsque j'allais te porter la Popote roulante. Sur le seuil de ta porte, on parlait de nos enfants, de nos familles, de nos joies et de nos peines. Je t'apportais des muffins que j'avais cuisinés pour toi parce que tu trouvais que c'était une bonne collation quand la faim te prenait... Ouais, la faim n'était pas toujours au rendez-vous ou, à tout le moins, elle se faisait de plus en plus capricieuse.

Tu me parlais de tes cours de yoga en ligne. On partageait cette passion toutes les deux. On échangeait sur les bienfaits que nous ressentions dans notre corps et dans notre tête quand on faisait "Om" et qu'on s'étirait les muscles et le cerveau. On se disait que voilà un exercice complet et tellement réparateur pour les corps blessés... Ouais, ton corps, il te lâchait parfois et tu ne pouvais pas faire ta session. Tu m'en parlais et me faisais part de ta déception de voir qu'il ne voulait plus toujours suivre. Mais on s'encourageait. On se disait que c'était une mauvaise semaine, c'est tout. Et on reprenait courage. Je dis "on", mais c'était toi qui avais le plus de courage.

Puis, une semaine il n'y a pas longtemps, on m'a dit de ne pas aller livrer chez toi. Tu étais à l'hôpital. Comme avec le temps on était devenu des amies, j'ai vite composé ton numéro de téléphone pour savoir ce qui t'arrivait. Ouais, c'était ce qu'on ne voulait pas ni l'une ni l'autre. La mauvaise nouvelle du retour en force de ton ennemi numéro un. Qu'à cela ne tienne, tu allais prendre encore une fois les armes. "Je veux vivre moi", que tu m'as lancé lors de l'une de mes visites. "Je veux voir l'été et fêter mon anniversaire", que tu as rajouté. Oui, oui, que je te disais car je voulais y croire moi aussi même si je voyais bien que tes yeux s'enfonçaient de plus en plus dans leurs orbites et que ta peau avait la couleur des murs de ta chambre d'hôpital (ce qui n'est jamais bon signe quand on sait à quel point le décorateur gouvernemental est passionné du beige jaunâtre).

Je suis allée te visiter quelques fois. Je t'ai apporté des muffins. Tu disais que c'était la seule chose que tu arrivais à digérer parce qu'ils avaient comme ingrédient principal tout l'amour que j'y avais mis. Tu en prenais de petites bouchées le soir quand la fameuse faim capricieuse décidait de venir tenailler ton pauvre estomac. 

Ces visites me stressaient. Je voulais tellement te voir et te parler encore, t'entendre me dire le "mets-en" dont tu ponctuais régulièrement tes phrases. Mais j'avais peur. Peur de ne pas être à la hauteur. Peur de ne pas pouvoir te dire les mots réconfortants dont tu avais tant besoin. Je bravais ma peur pour toi, ma douce et lumineuse amie. Devant l'incompréhensible, j'ai utilisé la foi. Ça tombait bien parce que c'est une autre chose que nous partagions. Je t'ai apporté une prière que j'adore et qui m'aide beaucoup dans les bons et moins bons moments. Tu l'as adoptée toi aussi. Une nourriture céleste. Ça change des muffins mais c'est aussi très nourrissant.

Puis, je suis partie en vacances pour une semaine. Toi, tu es partie dans une maison où des anges allaient t'accompagner pour le voyage qui approchait. On communiquait encore par textos. Tu étais contente de ton déménagement. Tu voulais tellement voir le ciel, les arbres, la nature. C'était pas mal mieux que le gros cylindre en aluminium qui bloquait la plus grande partie de la fenêtre de ta chambre à l'hôpital où tu pouvais juste apercevoir un petit bout de ciel bleu. On s'est parlé juste une fois à mon retour. Ça n'allait pas du tout. Alors j'ai décidé de continuer à t'envoyer un message par jour pour t'accompagner du mieux que je pouvais. Tu les lisais sans répondre. Je comprenais sans les mots. Et, ce matin, voyant bien que tu n'avais pas regardé mon dernier message qui datait de quelques jours, j'ai décidé de faire une recherche sur la Grande Toile. J'ai tapé "Avis de décès et ton nom".

Tu es morte mardi. Je pleure depuis ce matin. J'ai décidé de te dédier mon été. Je vais le vivre pour nous deux. 

En mémoire de JA

dimanche 19 mai 2024

Ce que j'aurais voulu

 Alors, les mamans, c'est finalement passé cette foutue Fête des mères instituée par des capitalistes finis toujours désireux de s'en mettre plein les poches!! Vous, oui vous les commerçants qui n'avez de cesse d'engranger des profits, savez-vous seulement ce que ça veut dire la Fête des mère pour les mamans que je connais, y compris bibi? Ça veut dire angoisse, attente et espoir déçu assurés dans la majorité des cas. J'ai été une journée à espérer un appel, un texto, un signe de vie d'une partie de ma progéniture tout en me répétant que ce n'était pas nécessaire ni probable que je reçoive cette attention. Je me suis réveillée lundi matin avec quand même un serrement au coeur : je n'ai effectivement pas eu droit à cette marque de considération.

En même temps, c'est tellement arbitraire cette journée inscrite au calendrier qui force enfants et parents à célébrer une personne qui devrait être reconnue sans que l'on ait à sortir tambours et  trompettes pour le faire. J'en ai assez de voir les mamans autour de moi souffrir dans l'attente d'une reconnaissance qui ne vient pas toujours ou encore qui vient mais pas la bonne journée. C'est juste fou. Certaines décident de se célébrer elles-mêmes évitant ainsi l'humiliation et la peine d'être ignorées. 

Pourquoi est-ce si difficile de faire fi une fois pour toutes de cette tradition dépassée? Si on oublie les profits amassés par les restos et les magasins, pourquoi diable a-t-il fallu instaurer une journée pour reconnaître les mamans? Était-ce juste une question d'argent? J'ose l'espérer car je me refuse à penser que, sans cette journée, il n'y aurait aucun effort mis pour embrasser celle qui t'aime plus que tout au monde.

Alors, je vous partage aujourd'hui un texte écrit il y a un an, mais pas à la Fête des mères. Je veux simplement illustrer ici l'importance que nous, les mamans, accordons à la présence de nos enfants adorés. Nous comprenons l'envol des oiseaux du nid familial (n'est-ce pas après tout notre mission sacrée), mais maudit que c'est dur de vous voir partir!

Tout d'abord, j'aurais voulu ce tressaillement de joie à l'annonce de ta visite prochaine. Ayant presque toujours vécu loin de ma famille, je ne me suis jamais tout à fait habituée à ce serrement de mon coeur qui se présente toutes les fois où je sais que je vais être réunie avec des êtres aimés. Difficile à décrire parce que quand même discret, du moins en apparence, mais quel bouleversement interne il suscite par ailleurs! Me voilà embarquée pour des jours de félicité jusqu'à ton arrivée.

Ensuite, j'aurais voulu ce stress de tout avoir à préparer pour ta venue. L'énervement des tâches ménagères et de leur planification pour que tout soit prêt à temps. Et le plaisir de fouiller dans les livres de recettes pour te préparer un festin, pour tuer le "veau gras" comme dit l'Homme depuis que tu as quitté la maison et qu'il me voit capoter chaque fois que tu reviens y séjourner. Même si je ne savais rien encore de tes intentions, j'avais cuisiné une chaudrée de maïs cette semaine et l'avais fait congeler juste au cas où. J'aurais voulu que tu goûtes à ma nouvelle recette de muffins aux framboises avec du millet. J'en avais gardé quelques-uns au congélo au cas où. J'avais déniché de l'agneau haché pour préparer ce plat que je ne fais vraiment pas souvent et que je garde pour les grandes occasions parce que ça prend du temps à faire.

C'est sûr que j'aurais voulu te montrer mon micro-jardin sur la terrasse. Je suis tellement fière de mes tomates. Ce sont les premières que j'arrive à cultiver depuis que nous avons quitté la maison. J'aurais voulu que tu y goûtes assurément pour te prouver à quel point j'ai réussi à retrouver mes talents de jardinière. À cet égard, j'aurais voulu que tu puisses admirer avec quel trésor d'imagination j'ai réussi à exploiter mon petit espace littéralement envahi de fleurs et de légumes.

J'aurais peut-être voulu qu'on aille se baigner dans cette piscine que nous avons maintenant à notre disposition et où tu n'as pas encore eu l'occasion de plonger. On aurait pu essayer les spas qui se trouvent sur les côtés et tremper nos vieux et jeunes os dans une eau chauffée à 90 degrés!

J'aurais probablement voulu que tu vois d'autres membres de la famille élargie ou des amis. J'aurais voulu entendre nos conversations autour d'une bonne bouffe, nos rires aussi, et m'informer de tous tes projets, de comment ça se passe au travail et dans ta vie en général. On se parle toutes les semaines au téléphone, mais le présentiel, c'est vraiment pas la même chose.

J'aurais surtout voulu te prendre dans mes bras même si tu es un adulte maintenant et te serrer très fort pour faire le plein de ton odeur jusqu'à la prochaine fois. J'aurais voulu te dire ce que tu m'entends te répéter ad nauseam : je m'ennuie de toi. 

Mais je ne pourrai pas. 

Je voudrais donc apprendre à te saluer de l'autre côté de la rive puisque je dois changer de place. Je voudrais savoir attendre sans rien demander, sans rien espérer. Je voudrais juste pouvoir laisser aller, détacher le cordon qui me lie encore à toi. J'espère y arriver sans me noyer.

Je t'aime et t'aimerai toujours.  





samedi 18 mai 2024

Si le grain ne meurt

 


Je suis fascinée par le pouvoir de la nature. C'est sûr qu'au printemps, cette force vitale est encore plus visible. Comment imaginer que des plantes ensevelies dans la neige pendant des mois se réveillent soudainement et commencent à pointer le bout de leur nez? Comment les arbres font-ils pour savoir que c'est le temps d'envoyer à leurs bourgeons, déjà prêts, le signal de se développer et de se transformer en feuilles? Évidemment, c'est parce que nous vivons dans un climat comme le nôtre que je peux constater ces changements aussi étonnants et merveilleux. 

Vous savez quoi... quand je regarde ces images affreuses de la guerre qui sévit un peu partout dans le monde ces temps-ci, je vois quelquefois, en plus de l'horreur des morts de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, les quelques arbres qui ont échappé à la destruction et qui tentent de survivre eux aussi. Des fois, quand on nous montre une ville dévastée et que mon oeil s'accroche à ce que je peux facilement imaginer avoir été une allée de palmiers avant que l'humain se déshumanise, je pleure sur cette vie qui devait être belle, sur ces rues où il devait faire bon se promener en écoutant le vent et en sentant le soleil sur sa peau. 

Il m'en faut de la foi pour continuer. Oui, même si je ne suis pas victime d'un de ces horribles conflits. "La guerre, la guerre, c'est pas une raison pour se faire mal", comme disait les jeunes héros de La guerre des tuques. Et la guerre, elle ne se joue pas toujours à coups de canons. Non, la guerre, elle est souvent près de nous. Dans nos familles, par exemple. C'est subtil. Mais déchirant. Comme la vraie guerre quand les belligérants refusent obstinément de trouver un terrain d'entente et de faire la paix. Ils s'entêtent. Et c'est bien triste quand l'un d'eux voudrait faire la paix mais qu'il n'y a aucune écoute de l'autre bord. Quoi faire pour exprimer sa bonne foi? Quoi dire pour démontrer que notre coeur n'est pas si mauvais? Comment obtenir un début de pardon et de réconciliation si la porte est fermée à double tour? Est-ce qu'on peut avoir droit à l'erreur? Mais, surtout, est-ce que l'on peut recommencer sur de nouvelles bases?

Finalement, ces guerres, qui ne sont pas des batailles proprement dites, n'en n'ont pas moins des effets collatéraux semblables. Le dialogue est interrompu. Le conflit perdure car tout le monde reste campé sur ses positions. Y a-t-il des victimes? Mais oui. Ce sont les coeurs plus tendres qui, au bout d'un moment, se disent que c'est assez cette folie. Que ça n'a pas de sens que des gens qui, à défaut de s'aimer, se respectent, en arrivent là. Hélas pour eux, leur désir de paix n'est pas accueilli. Alors, ils pleurent souvent sur ce qui a été et qui, "si la tendance se maintient", ne reviendra pas.

C'est là qu'intervient ma foi. Celle qui me réconforte en me disant qu'il faut que le grain meurt pour que la vie se pointe de nouveau. Celle qui m'invite à traverser peut-être un long hiver. Celle qui me console en me disant de m'accrocher à l'amour que j'ai donné et qui ne peut juste pas ne pas avoir laissé de traces. Celle qui me permet de prier pour les personnes qui sont près de moi, et pour toutes les autres un peu partout dans le monde qui, chaque jour, vivent une souffrance intolérable. C'est l'espoir qui fait vivre. C'est l'espoir qui permet de voir, dans la plus minuscule graine, toute la vie qui s'y trouve.



samedi 20 avril 2024

Quand on a faim de nourrir le monde

 


J'attends que la prochaine plaque de biscuits soit prête à sortir du four. C'est samedi biscuits! Des biscuits d'allaitement (habilement rebaptisés "biscuits énergie" pour éviter que certains pensent vivre une montée lactifère après y avoir goûté), biscuits donc que je cuisine régulièrement pour des mamans de mon entourage. Et toute autre personne que je décide de nourrir comme ça, parce que je ne peux tout simplement pas m'en empêcher.

Je ne sais plus trop quand j'ai commencé cette habitude de vouloir nourrir le monde. Peut-être quand le Fils est parti pour l'université? Oui, je pense que c'est là que tout a débuté. Je voulais tellement qu'il mange "santé" et je savais trop bien que, même s'il était un bon cuisinier, il n'aurait pas de temps à consacrer aux fourneaux. Alors, je congelais tout : soupes et potages, plats cuisinés, muffins et biscuits. Quand nous allions le visiter à Montréal, je remplissais littéralement son congélo. L'Homme se moquait gentiment de moi en me regardant accumuler avec frénésie petits et grands plats. Mais, bon, ça me faisait du bien de savoir que je contribuais à sa réussite scolaire en lui permettant d'avoir toujours un repas nourrissant à faire réchauffer.`

Même après la fin de ses études, j'ai continué à faire congeler des muffins pour le Fils. Il y en a eu aussi pour la Fille quand ce fut son tour de quitter la maison. J'aimais ça quand ils venaient nous rendre visite les voir repartir avec leurs petits sacs de muffins. Je réalise maintenant qu'ils emportaient ainsi un peu de moi. Cela m'a pris du temps mais j'ai bien dû me rendre à l'évidence à un moment donné : mes muffins ne suscitaient plus grand intérêt auprès de ma progéniture. Mais moi, j'avais toujours envie de cuisiner et de faire plaisir. Alors, le bénévolat est venu à ma rescousse.

J'ai commencé à cuisiner d'abord pour les employés et les bénévoles de la Soupière de l'amitié. Grand succès, évidemment. Mais comme j'étais dans cet organisme pour aider les personnes démunies du quartier, j'ai vite décidé que c'était là que je devais plutôt consacrer mes efforts. Pendant un bon bout de temps, j'ai fait des desserts pour Itinérance Zéro : 60 muffins toutes les deux semaines! J'avais choisi les muffins parce que je trouvais que c'était plus facile d'avoir ainsi des portions équilibrées. Couper un gâteau de belle façon, ce n'était pas dans mes talents. Pendant cette période, j'ai essayé toutes sortes de recettes ne voulant pas constamment refaire les mêmes. J'ai dû entre autres me perfectionner dans les muffins et les desserts aux bananes car Itinérance Zéro en recevait des caisses! Je mettais les fruits dans des sacs au congélo et je partais à la recherche d'une autre façon de les transformer en petits gâteaux, carrés ou biscuits. 

J'ai toujours essayé de cuisiner selon les saisons et je le fais encore. Alors, il y a des périodes où je me consacre aux fraises, aux bleuets, aux framboises, aux courgettes, aux carottes, etc. À l'automne, c'est sûr que je prépare ma purée de citrouille. Pas question d'utiliser un mélange tout fait!! De toute façon, ça ne goûte pas aussi bon. J'essaie toujours de découvrir de nouveaux ingrédients en plus des nouvelles recettes. L'année dernière, j'ai eu un coup de coeur pour le millet après avoir savouré un pain au citron qui en contenait. Je me confesse : je ne connaissais pas du tout le millet dans la cuisine. J'ai donc reproduit la recette qui m'avait séduite et j'ai rapidement trouvé une recette de biscuits aux framboises avec du millet. Un vrai délice! 

Plus récemment, grâce aux nouvelles mamans, j'ai découvert la levure de bière, ingrédient essentiel dans les biscuits d'allaitement. J'aime ça répondre à la demande. Et aussi, j'aime provoquer la demande. Rien ne me fait davantage plaisir que de trouver un nouveau client. À la Popote roulante, je gâte les bénévoles tous les mardis lesquels sont maintenant désignés comme étant les "Mardis Merveilleux Muffins" ou, plus simplement, les MMM. L'Homme me trouve parfois intense quand je recrute des adeptes. C'est que je veux tellement apporter du bonheur autour de moi. Alors, je garde l'oeil et le coeur ouverts et j'offre mes créations à des personnes moins nanties et pas équipées pour cuisiner, à d'autres qui sont seules ou malades, à certaines qui travaillent fort et ne sont pas toujours remarquées, bref, à tout le monde à qui je peux faire plaisir.

Ce que je trouve difficile c'est quand on arrive à me faire sentir coupable de cuisiner des desserts. Je sais que ce n'est pas nécessairement le meilleur aliment pour la santé bien que je m'efforce d'utiliser les ingrédients les plus naturels possibles. Je n'hésite pas à inclure de la farine de blé entier, de la farine d'avoine, des graines de lin ou de tournesol, des noix, des fruits. Mais c'est sûr que ce ne sont pas des muffins qui respectent les standards "diététiques" de la bonne alimentation. En même temps, je ne force la main (ni la bouche) de personne. Et je comprends parfaitement que l'on préfère passer outre pour éviter d'ingérer des calories inutiles. 

Je m'inquiète quand même parfois de ce désir intense de donner de la nourriture. On dirait qu'il augmente avec le temps qui passe. De fait, je constate que plus ça va mal dans le monde, plus je cuisine. Je pense que c'est ma façon de gérer l'anxiété qui me ronge devant les images horribles de la guerre et l'absence totale d'empathie de ceux qui pourraient changer le cours des choses. Je ne suis pas un travailleur humanitaire, loin de là, mais c'est ma manière de panser des blessures et d'apporter un peu de réconfort aux gens que je croise. 

Quand j'offre un muffin, je donne une partie de mon coeur et je viens témoigner de l'amour que je porte au monde. Oui j'ai faim de partage et de solidarité. Alors, comment arriver à nourrir un monde qui s'enlise toujours plus dans la violence et la cruauté? Pour moi, c'est un muffin à la fois.




samedi 20 janvier 2024

C'est assez!


Comme je le fais depuis quelques années déjà, j'ai feuilleté des magazines pour découvrir les mots ou les images qui me parlent en ce début de 2024. Je les utilise ensuite pour faire un collage en lieu et place des traditionnelles résolutions. C'est un truc de psy et je trouve que ça fonctionne super bien. C'est très révélateur en fait. Par exemple, j'ai immédiatement découpé C'est assez! Deux mots et un point d'exclamation. Ils me collent à la peau. Ils me hantent la tête. Pourquoi? Oui, assez de quoi au juste? Cela me turlupine depuis plus d'une semaine. 

Autour de ces deux mots que j'ai collés en plein milieu de mon carton rose, j'ai ajouté deux phrases : Je me renforce de l'intérieur et Je me mets sur pause. Si je comprends bien, je travaille à m'améliorer mais... en relaxant. On va dire plutôt en prenant soin de moi. En y allant mollo. Faut dire que ça prend du temps pour se construire des bases solides, pour se sentir en confiance, pour être forte dans l'adversité, pour savoir se respecter et prendre des décisions en fonction de ses valeurs. Ouais, des valeurs qui, à raison, ne sont pas nécessairement et j'ajouterais rarement celles des autres. Nos valeurs nous sont propres. Des fois, elles rejoignent l'air du temps mais vraiment pas toujours. Alors, faut se tenir debout, expliquer des fois, se justifier (je déteste), pleurer (je déteste encore plus) et se mettre sur pause pour prendre un pas de recul et réfléchir.

Sur mon carton, il y a aussi des aînés qui se tiennent par les épaules et des mains empilées les unes sur les autres en signe de solidarité et de partage. Les aînés regardent en avant, ils sont debout, tournés vers ce qui s'en vient. Parce que je fais partie du lot maintenant, je suis davantage à l'écoute de ce besoin que je ressens plus viscéralement d'être unis pour affronter le "bel âge", expression souverainement détestée par maman qui ne voyait pas ce qu'il y avait de beau à tomber en décrépitude. J'avoue que je partage souvent son point de vue. Même quand la santé est au rendez-vous, il y a quand même toujours des morceaux qui grincent. D'où l'importance de fréquenter régulièrement, mais pas exclusivement, des modèles de notre âge. En effet, cela permet notamment de vérifier la véracité du vieil adage qui prétend que quand on se compare, on se console! Je rigole un peu là. Pour dire les choses comme elles sont, cela me rassure et me fait un bien immense d'échanger avec des gens qui ont des repères semblables aux miens. Tout d'un coup, je ne suis plus cette vieille chose qui ne comprend rien à l'intelligence artificielle et je deviens une rebelle qui persiste et signe à lire un journal en papier!! Voilà que je ne suis plus une mère qui n'arrive pas à se remettre du nid vide mais plutôt une femme qui a aimé de tout son coeur et qui se languit de sa progéniture. Ben oui, je suis comprise. Je me retrouve avec des gens qui partagent le même langage que moi. Maudit que c'est trippant ce merveilleux sentiment de ne plus être considérée juste comme une fatigante mais comme une personne qui a encore des projets et qui rêve toujours d'un monde plus juste où règnent la solidarité, le partage, la douceur et la joie.

Parlant de monde, à la gauche de mon carton, j'ai collé une image de notre pauvre vieille Terre entourée de ruines avec au-dessus le mot Survivre. Voilà tout un défi pour une époque pas joyeuse du tout. J'ai un malaise persistant, né pendant la pandémie, d'assister à la fin du monde. Des fois je me sens presque soulagée à la pensée que je vais mourir avant de voir notre Terre bafouée, défigurée, détruite à tout jamais. Et puis, je suis fatiguée d'entendre les mêmes discours, les cassettes répétées à l'infini, les fausses promesses, les semblants de vérités, les explications boiteuses, les excuses pas sincères du tout et je n'en peux plus d'être prise littéralement pour une conne. Comme si je n'avais pas déjà entendu tout ça des milliers de fois en soixante-huit ans de vie. J'attends encore des résultats. Dans le fond, pourquoi vouloir à tout prix survivre à ça? Je ne sais même plus pourquoi je m'entête à me tenir au courant des actualités. J'espère vainement voir se réaliser au moins un projet, être témoin d'au moins une chose qui fonctionne bien. Hélas, cela semble peine perdue.

Alors, il devient plus clair mon cri de ras-le-bol. C'est assez d'attendre d'être acceptée pour ce que je suis. Et c'est assez d'attendre que les choses s'améliorent dans notre société égocentrique. Je me souhaite donc, pour 2024, de m'aimer inconditionnellement (qui m'aime me suive) et de continuer à prendre soin des autres. Du mieux que je peux. Tout ça en poussant, mais en poussant égal.