La Croix-Rouge avait organisé une collecte de sang cette semaine au centre commercial. Comme je déambulais devant les installations vampiresques (ou
devrais-je dire "twilightesques" pour être au goût du jour), j'avais l'envie quasi irrésistible de demander aux cueilleurs de globules si, en échange de liquide rouge, ils accepteraient de me donner le vaccin contre la grippe bingo. Cela me semblait un marché honnête où tout le monde gagne : ça sort d'un bras et ça rentre de l'autre. Mais je n'ai pas osé. Je ne sais pas pourquoi j'hésite toujours à provoquer quelqu'un qui est armé... encore plus lorsqu'il est en possession d'un objet à la pointe acérée.
La même journée, toujours au centre commercial, je suis allée à une petite boutique de couture pour faire faire le bord de mon pantalon. Il y avait une de ces files! Cela faisait
peut-être cinq minutes que j'attendais quand la patronne, une femme énergique et autoritaire, a laissé sa machine à coudre pour venir se planter devant nous et, en deux temps trois mouvements, elle a orchestré le désordre. "Vous,
est-ce que vous venez pour chercher quelque chose? Oui, eh! bien,
mettez-vous ici à droite du comptoir. Et vous? C'est pour essayer. Alors,
installez-vous à gauche". Et elle a continué comme ça à nous trier selon nos besoins. Ensuite, elle est venue prêter main forte à l'employée qui se trouvait au comptoir. Elle prenait les bords des pantalons, remplissait les factures et négociait le temps alloué pour exécuter les travaux. "Vous voulez ça pour dans une heure? Pas question. Ce sera prêt à la fin de la journée. C'est à prendre ou à laisser". En la voyant aussi efficace, je me sentais tellement désolée de ne pas être un gestionnaire de notre merveilleux système de santé. Je l'aurais embauchée illico pour l'assigner à une clinique de vaccination où je l'imaginais avec délectation en train de policer les cohues récalcitrantes. Avec elle, c'est sûr que ceux qui se pensent plus importants que les autres n'auraient qu'à bien se tenir!
En parlant de ceux qui se prennent pour d'autres, j'ai lu ce matin dans le journal
La Presse cette citation suave de Noémie, une candidate déchue de la brillante émission
Occupation double : "Je croise mes doigts pour que ce soit pas la chambre avec Guillaume que le Québec va se souvenir de moi." Je crois, chère Noémie, que ce devrait être là le moindre de tes soucis et que tu devrais plutôt t'inquiéter entre autres de la piètre qualité de ton français parlé. Et je ne veux même pas penser ici au niveau de ton expression écrite. Ni à celui de beaucoup de tes congénères d'ailleurs.
Il y a eu plusieurs articles cette semaine sur le taux élevé d'échec des élèves du Cégep aux examens de français. Et l'on a parlé encore une fois de notre système d'éducation et de sa peur viscérale de faire échouer les élèves. Depuis quelques années, c'est la réussite à tout prix qui est prônée au détriment de l'acquisition des connaissances de base, notions indispensables sur lesquelles se fondent ensuite tout l'apprentissage. Et la maîtrise de notre langue, en l'occurrence le français, est de plus en plus galvaudée. C'est l'expression des idées qui compte peu importe la façon bâtarde dont elles sont présentées (si vous avez encore besoin d'être convaincu de l'état désastreux de la chose, relisez le paragraphe ci-dessus). Je ne suis pas une spécialiste du monde de l'enseignement mais j'ai fréquenté les bancs d'école quand c'était encore la mode de faire des dictées tous les jours, de copier et de recopier les mots que l'on apprenait, d'analyser les structures de phrases pour mieux comprendre comment articuler nos idées, de rédiger des "compositions" et, surtout, de LIRE. Ah! oui, j'oubliais. Si on avait trop de fautes, on pouvait avoir zéro et on devait parfois, selon les exigences du prof, récrire tout le texte plusieurs fois. Je sais, je sais. Les cheveux vous dressent sur la tête et vous pleurez sur le sort des pauvres chérubins maltraités obligés de faire des efforts.
Effort. Effort. EFFORT, c'est la clé de la réussite. À l'école et dans la vie!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire