Ouais... je suis assez silencieuse ces
jours-ci. C'est que je suis encore dans l'attente. Cette fois, c'est pour me faire transpercer et aplatir le toton. Comme vous voyez, rien de très réjouissant en perspective. Et toujours l'angoisse comme toile de fond. Avouez que tout ça fait dans le mélodrame de bas étage.
Mais, mais je continue envers et contre toute adversité à préparer ma retraite. Si je ne m'enterre pas
moi-même à force de désespoir, je devrais éventuellement jouir d'un repos bien mérité, vous savez celui qui précède le repos éternel. Bon, j'accepte de laisser les idées noires quelques minutes pour vous parler du devoir que je dois faire avant mon prochain cours de
pré-retraitée. Il s'agit d'imaginer la journée de retraite idéale et, ensuite, de décrire ce qui pourrait constituer une semaine à la retraite. Vous trouvez que c'est facile? Moi aussi c'est ça que je pensais avant de commencer sérieusement à me pencher sur la question.
Permettez-moi donc de remueméninger en votre compagnie.
Premier constat, et il est de
taille : il y a beaucoup d'heures dans une journée. Je sais, je sais. Il ne devrait pas y en avoir plus à la retraite qu'il y en a pendant notre vie au travail. Pourtant... me semble quand même qu'elles excèdent la limite permise. Je ne peux toujours pas passer la moitié de la journée à dormir. Encore moins à marcher. Et que dire de dévaliser le frigo aux dix minutes. Je n'ai pas l'intention non plus de devenir une Martha à plein temps et de me mettre à obtenir jouissance en admirant mon plancher propre. Nenni!
Il y a bien mes deux félines préférées que je pourrai caresser davantage. Là encore, je vois que je ne pourrai y consacrer des heures entières. Après une semaine de ce régime, elles seront toutes les deux chauves ou bedon complètement terrifiées et tapies dans le fond de la cave en train d'espérer secrètement un retour rapide à la normale,
c'est-à-dire moi au bureau et elles se prélassant au soleil sur le bord de la fenêtre ou ronronnant sous les couvertures de mon lit. Ce qui m'amène à un deuxième
constat : mes chattes adorées n'auront jamais besoin de planifier leur retraite puisqu'elles la vivent tous les jours.
Ces observations, bien que fort intéressantes, ne me permettent pas de remplir mon carnet de bal de vacancière à long terme. En réfléchissant sur ce que j'aimerais accomplir quand je serai enfin libre, j'ai décidé entre autres que je me mettrais à l'écriture de façon plus systématique, genre m'asseoir à l'ordinateur une à deux heures par jour. J'ai bien quelques projets en tête que je pourrais mener à terme. Même si ça ne va pas plus loin que de ressentir le plaisir d'avoir créé quelque chose et d'y avoir travaillé jusqu'à son aboutissement, ce sera déjà suffisant pour moi. Cela m'entraîne vers un troisième
constat : c'est ben le fun de jouer à l'écrivaine en herbe mais je vais rapidement manquer de jus si je ne m'abreuve pas à la fontaine du vrai monde.
Je suis une fille qui a besoin d'être en relation. L'intériorité. Le calme. La zénitude. Tous des concepts qui m'attirent et que je tente d'apprivoiser pour les faire miens éventuellement. Quand je serai dans mon urne de sable, par exemple. Pour le moment, j'ai encore une folle envie de bouger, de parler, de rire, d'échanger. Cela m'enrichit. Cela m'anime. Cela me garde vivante. Donc, quatrième
constat : va falloir que je me trouve une jobine ou que j'agrandisse mon cercle d'amis si je ne veux pas me dessécher comme une vieille plante.
Je vous l'avais dit. C'est pas évident de trouver un équilibre entre les heures passées à flâner, à lire, à profiter du moment sans avoir rien d'autre en tête, et les autres minutes remplies de belles rencontres ou utilisées pour jardiner, marcher, yogiser. Je ne m'avoue pas vaincue aussi vite. Surtout pas avant que la bataille ne commence. Battre en retraite? Très peu pour moi. Battre la retraite, c'est ça mon but!
Battre la retraite ou battre la chamade!!! J'espère bien que votre coeur le fera à la retraite, comme il l'a fait à l'adolescence. L'âge de la liberté enfin trouvée, puis l'âge de la liberté enfin retrouvée! Yes Sir!
RépondreSupprimerAussi, bravo pour votre question très révélatrice de notre époque : ne vaudrait-il pas descendre dans la rue pour des causes plus nobles qu'un amphithéâtre?
L'amie yogini