Je me souviens d'un temps où je n'avais qu'une
hâte : prendre ma retraite. En fait, pour dire vrai, ce temps a commencé le premier jour où j'ai commencé à travailler. Je sais que je viens là d'en faire titiller
quelques-uns. Je n'y peux rien. Je n'ai jamais été une carriériste. J'ai aimé ma vie professionnelle parce que j'ai toujours eu la chance de faire ce pour quoi j'avais étudié et aussi parce que j'ai pu exercer mes talents dans des conditions fort enviables. Mais mon boulot, même intéressant, n'a jamais pris le dessus sur ma famille.
J'aurais ainsi été incapable de laisser mes enfants à la garderie
après 16 h pour faire des heures supplémentaires. Tant qu'à voyager dans l'allée des souvenirs (image malhabile qui se veut ici un rappel de l'expression anglaise
a trip down memory lane), je me rappelle très bien que, pendant des années, en partant le matin prendre mon autobus, je n'avais de cesse que de revenir au plus vite le soir retrouver le Fils et la Fille. D'ailleurs, si j'avais le malheur de croiser des enfants en faisant des courses le midi, je déprimais pour le reste de la journée. C'est sûr que mon attitude a fait en sorte que j'ai laissé passer quelques promotions et que j'ai parfois refusé de relever de nouveaux défis sous prétexte que j'aurais trop à sacrifier du point de vue maternel. M'en fous. J'avais la chance de partir tous les soirs la tête libre capable d'être présente pour mes deux amours qui, à défaut de me permettre de grimper dans l'échelle sociale, me remplissaient le coeur d'un bonheur incommensurable. Entre vous et moi, j'aime mieux avoir l'indice de bonheur élevé et rester sur le premier barreau de l'échelle de la
soi-disant réussite.
Pourquoi je vous parle de ça ce soir? Parce que je reviens du cours de
pré-retraite que je suis avec un petit groupe de cinq femmes qui réfléchit sur cet important passage de la vie. Je suis presque maintenant devant le fait accompli. La retraite arrivera cette année, en juin ou en août. Je n'ai pas l'intention de reculer. Et pourtant. Cette période que j'anticipais naguère avec fébrilité me cause en ce moment surtout de l'anxiété. J'avoue cependant que, depuis mes inquiétudes totonesques, je constate qu'il y a des choses plus épeurantes que ça qui peuvent nous arriver. C'est drôle notamment comme les soucis d'argent prennent le bord quand on pense qu'on va passer l'arme à gauche. Tout d'un coup, les REER, les placements, les fonds de pension et autres outils de planification se révèlent sous leur vrai
jour : de détestables empêcheurs de tourner en rond! Et si j'oubliais toute cette merde à propos du fric pour me concentrer sur le pur plaisir d'être enfin libre. C'est exaltant! Je veux respirer à pleins poumons l'air frais et cesser une fois pour toutes d'avoir l'air fou.
Yayy, bonheur:1, obligations:0!
RépondreSupprimerMoi aussi je crois qu'il ne faut pas chercher toujours autre chose, aller plus loin, etc. si c'est pas ça qui nous rend heureux. Quand j'avais à faire des voeux étant plus jeune, sur les gâteaux de fête ou dans les pots à voeux chinois, je n'osais rien demander, sinon le bonheur. Parce qu'on ne sait pas sous quel jour il va se présenter. On ne sait pas quel événement qu'on redoutait va nous apporter une nouvelle personne importante pour nous, ou une nouvelle paix intérieure. Il y a des gens qui trouvent le bonheur dans la réalisation professionnelle et ça en prend, mais il y a d'autres sources de bonheur que l'ambition. Et c'est bien comme ça.
Aussi, c'est un peu niaiseux, mais quand on dit que le bonheur c'est la santé, moi je pense que oui et non. C'est sûr que c'est plus facile d'être heureux quand on ne souffre pas, je suis la première à le dire, mais je crois que c'est deux choses différentes. On peut être en parfaite santé et malheureux. Ou on peut être généralement heureux dans la vie, pour x et y raisons, et ça rend même la maladie moins pénible, plus supportable.
C'est tautologique, mais le bonheur, c'est dans la tête! :)