Eh! oui, nous voilà embarqués dans une autre année! Avez-vous vraiment vécu la dernière? Je vous le souhaite ardemment car, de mon côté, je n'ai rien vu, ou si peu. Faut dire qu'à mon âge, le temps file à une vitesse vertigineuse. C'est sans doute la raison pour laquelle je digère si mal la période des fêtes. Me semble qu'après avoir brièvement triomphé de deux ou trois tempêtes de neige, planté quelque dizaines de fleurs, ramassé je ne sais combien de sacs de feuilles mortes, voilà que je me retrouve encore une fois en train d'installer mon petit village, de cuisiner des beignes et, surtout, de me remémorer tous les Noëls passés. Et là, immanquablement, la nostalgie s'empare de moi. Ce n'est pas beau la nostalgie. Et ce n'est pas sain. J'ai déjà pensé que vouloir revivre dans ma tête les bons moments vécus en famille, ça mettait du baume à l'âme. Absolument pas. Ça me rend seulement infiniment triste, particulièrement après avoir eu la chance de fêter entourée de l'Homme, du Fils et de la Fille, de ma famille et de mes amis. Vous ne comprenez pas mon désarroi? C'est que la maison est grande et silencieuse après qu'ont résonné les rires des retrouvailles. Pour moi, une maison c'est fait pour être remplie, et là, elle est uniquement remplie de souvenirs. Ça parle pas fort un souvenir. Ça ne bouge pas trop non plus. Et ça vous reste en travers de la gorge quand il a été agréable.
Alors, fallait que je me secoue. Ça m'a pris trois jours.
Peut-être même un peu plus puisque je ne suis pas capable de vous en parler sans verser encore quelques larmes. Enfin, bref, pour me sortir de ma léthargie - provoquée également par le fait que je m'étais littéralement transformée en patate télévisuelle à cause que le Fils nous avait montré comment personnaliser le choix de nos chaînes pendant sa visite de saison - j'ai décidé de reprendre en main mes trottoirs. La première journée, il faisait beau soleil. Une parfaite journée d'hiver, une journée où on pourrait rester dehors pendant des heures tellement l'air est vivifiant, la lumière, resplendissante et le soleil, chaleureux. Seule ombre au
tableau : j'étrennais de nouvelles orthèses. Maudit que ça fait matante de dire ça! N'empêche que j'ai dû effectuer mon parcours avec des douleurs assez prononcées dans les hanches et la jambe droite. Là, j'étais prête à creuser
moi-même mon trou dans le cimetière où je suis arrêtée pour me prouver que j'étais toujours en vie et non pas en état de décrépitude avancée. Qu'importe. Je suis quand même revenue à la maison dans de meilleures dispositions. La brume commençait à se lever.
Ma deuxième sortie s'est passée sous un paysage féérique. De gros flocons blancs tombaient doucement sur le sol. Le silence m'a complètement enveloppée. Je me suis arrêtée plusieurs fois juste pour l'écouter. C'était savoureux. Et j'avais aussi moins mal aux pieds. Aujourd'hui, le soleil était de nouveau de la partie. La température était plus froide mais elle ne faisait que revigorer davantage la marcheuse en quête de sens. Pour tout vous dire, c'est en côtoyant encore la mort que j'ai réussi à raccrocher. Ce n'était pas au cimetière cette fois mais plutôt dans une église où l'on célébrait des funérailles, celles d'une maman de dix enfants. Une phrase m'est
restée : "On cherche toute sa vie un sens à son passage
ici-bas jusqu'à ce que l'on comprenne que tout se résume à l'amour. Quand on part, on emporte rien. Seul reste l'amour qu'on a donné."
Comme ça tombe bien. Je recommence justement demain à bénévoler. Je laisse derrière moi la maison et les souvenirs, la nostalgie de mes enfants devenus grands. Et je pars vers les autres pour leur donner tout l'amour que j'ai encore à offrir.
Yé! On n'a toujours pas eu les photos promises dans le dernier billet, mais je suis contente que tu te sois remise à écrire!
RépondreSupprimerPour le côté matante, sache que tu n'es pas toute seule à te balader avec des orthèses (et un sac à pilules)... pas besoin d'être une vieille croûte!