lundi 6 avril 2009

Nostalgie quand tu nous tiens

Rocco Morabito est mort hier à l'âge de 88 ans. Qui est-il vous demandez-vous sans doute comme je l'ai fait ce matin en prenant connaissance de la nouvelle sur le blog de Patrick Lagacé sur Cyberpresse? Eh! bien, figurez-vous qu'il s'agit d'un photographe américain couronné du Prix Pulitzer en 1968 pour la photographie tout à fait extraordinaire qu'il a prise d'un monteur de ligne en train de donner le bouche-à-bouche à un collègue foudroyé par une décharge électrique. Voici le lien si cela vous intéresse de voir la photo en question : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70722722.

En prenant connaissance de sa biographie, je me suis retrouvée littéralement plongée dans l'Amérique de Papa a raison (je vous avertis tout de suite, c'est une chronique de vieux. Les autres, je vous invite à faire un peu de recherche sur Google). Ce monsieur a eu trois enfants, il a fait la Deuxième Guerre, il a travaillé pendant 42 ans pour le même journal et il a joué au golf. Bon, bon, je raccourcis un peu mais ça m'a donné un coup de nostalgie pour la journée. Ça m'a ramené tout droit aux années 60 et 70, celles qui ont bercé mon enfance. Je me suis même surprise à me dire que tout semblait tellement plus simple dans ces années-là. Je sais, l'Ami, j'entends déjà ta voix qui me dit qu'il ne faut pas rester accroché au passé et que les choses, à cette époque-là, étaient différentes mais pas mieux ni pires qu'aujourd'hui.

Peut-être... mais chez nous, à Arvida, au Saguenay, sur la rue Bergeron où j'habitais, la vie s'écoulait pas mal pareille d'une saison à l'autre. Et là, au printemps, c'était le temps de l'année où on sortait les cordes à danser, les balles bleu-blanc-rouge, les bicyclettes, et où on jouait dehors des heures durant. On s'ennuyait rarement car il y avait toujours des amis pas loin. Une famille de trois enfants, comme la nôtre, c'était pas mal ce qui se faisait de plus petit!

La plupart du temps on jouait gars et filles ensemble. Les gars acceptaient de tourner nos cordes à danser et ils se risquaient même parfois à nous accompagner dans nos "sauteries". On faisait des rondes et on chantait "Trois fois passera, la première ou la dernière, trois fois passera, la dernière y restera". On jouait à la cachette et on utilisait le lampadaire du rond-point pour compter. Jouer dans la rue ne posait aucun problème puisqu'il n'y avait à peu près aucune circulation dans le cul-de-sac où nous habitions. Je me souviens qu'on avait le droit de jouer dehors jusqu'à ce qu'il fasse noir. Et la règle à suivre, pour l'heure de la rentrée, était sensiblement la même pour toutes les familles : il fallait se pointer à la maison dès qu'on voyait la lumière de la galerie s'allumer.

Nous adorions le printemps car il annonçait les vacances prochaines. Il n'y avait plus que deux mois à patienter et c'était la liberté totale jusqu'en septembre. Dans ce temps-là, les camps d'été et les vacances organisées ce n'étaient pas la mode car nos mères restaient à la maison. On pouvait donc se lever tard le matin et niaiser ensuite toute la journée si on voulait. Mais, en général, on savait s'occuper. De toute façon, une fois qu'on était sorti de la maison, nos mères ne voulaient plus vraiment nous voir avant le souper!

Je me rappelle qu'on se faisait des pique-nique qu'on allait manger dans les petits boisés ou dans les parcs des alentours. On cueillait des bleuets et des framboises, parfois aussi de petites fraises des champs. Et on allait aux noisettes. Ça c'était une expédition qu'on faisait le plus souvent avec les gars car il fallait aller dans le bois et savoir où étaient les "talles" à noisettes. Il fallait aussi porter des gants pour ne pas revenir les mains toutes écorchées et des vêtements longs. Enfin, c'était important d'avoir des sacs de patates en jute pour ramener notre butin. Pour manger les noisettes, il fallait d'abord les abattre, c'est-à-dire frapper le sac en jute sur le sol avec vigueur pour briser l'écorce piquante. On faisait ça dans la rue et c'est là aussi qu'on les nettoyait assis sur les chaînes de trottoir. C'était long nettoyer des noisettes! Je me souviens que, lorsqu'on rentrait à la maison avec notre bocal rempli, papa était toujours un des premiers à goûter à ces petits délices. Les mères de mes amis, qui cuisinaient plus que la mienne, faisaient souvent du sucre à la crème avec des noisettes. C'était délicieux... et bio!

Je pourrais aussi vous parler du plaisir qu'on avait à jouer à la marelle, qu'on appelait chez nous "carré à vitre". Encore une fois, on dessinait le carré directement dans la rue en utilisant, en guise de craies, des morceaux de gyproc qu'on ne sortait de je ne sais trop où. On a passé aussi des étés à jouer au tennis (il y avait plusieurs terrains tout près de chez nous), au ballon-volant et au badminton (papa nous avait installé un filet dans le parterre en arrière de la maison).

Mais pour moi, les vacances, c'était principalement un temps privilégié pour lire avec avidité. Je me rappelle que je lisais parfois toute la nuit avec comme unique bruit de fond les cigales qui chantaient dans le champ en arrière de la maison. Des fois maman se levait pour aller aux toilettes, comme je le fais maintenant à mon tour, et, en voyant la lumière encore allumée dans ma chambre, elle entrouvrait la porte pour me dire : "Tu devrais te coucher là, il commence à être tard". Et elle repartait. Elle avait fait son devoir de mère. Elle ne revenait jamais une deuxième fois. J'étais en vacances après tout.

Ça sentait tellement bon l'insouciance de ma jeunesse... c'est un parfum que je n'oublierai jamais.

1 commentaire:

  1. Wow, même pour les jeunes, ça fait nostalgique un peu aussi! Et notre enfance n'est pas si loin! J'aime particulièrement la fin avec la lecture toute la nuit... C'était pareil pour moi! Maintenant plus personne ne me dit qu'il est assez tard ;)

    RépondreSupprimer