Il y a toutes ces journées où je ne peux plus tenir en place tellement j'ai besoin de marcher pour dépenser mon énergie. Et il y a aussi toutes les autres où je dois littéralement me botter le derrière pour enfiler mes espadrilles. Aujourd'hui, c'était une de ces journées coup-de-pied-au-cul.
Cela commence toujours de la même façon. Je sors du bureau. Je suis fatiguée. Et stressée. Je me dis que ça va me faire drôlement du bien de brûler ma rage et mon exaspération de fonctionnaire en pratiquant mon activité favorite. J'ai donc très hâte d'arriver à la maison. Je me rends à Place d'accueil pour attendre mon autobus. C'est là le mot clé : attendre. Souvent, j'attends passablement longtemps. Et à mesure que s'égrènent les minutes où je fais le pied de grue, disparaît graduellement ma motivation de bouger. Quand le car à bestiaux se pointe finalement le nez, je suis tellement fatiguée que je n'ai qu'une envie : dormir. C'est ce que je fais d'ailleurs dès que je pose les fesses sur un banc. Je dors jusqu'à mon arrêt. Et là, je dois retrouver une nouvelle dose de courage pour me lever, descendre de l'autobus et marcher jusqu'à la maison. Un petit trajet de moins de dix minutes. Nous sommes bien loin ici du Chemin de Compostelle mais ça me prend ce qui me reste de carburant pour arriver à bon port.
Et aujourd'hui, en plus, il y avait ce ciel menaçant qui n'encourageait pas outre mesure la Marcheuse urbaine à se lancer sur le macadam. J'ai soupesé le pour et le contre. En fait, j'ai surtout interrogé le ciel. Je voyais, me semblait-il, plus de parcelles bleues que de nuages. Et je me répétais ce que je me dis dans ces cas-là pour m'encourager à ne pas lâcher : "Je vais me limiter au trajet court et j'aurai au moins fait un peu d'exercice. Je vais aussi oublier les escaliers. Ce sera moins exigeant". Et sur ces bonnes paroles que je crois toujours, je suis partie.
J'ai fait le trajet long. J'ai aussi gravi les escaliers. Et je me suis fait mouiller. C'était absolument fantastique. Je me sentais totalement réconciliée avec la vie, prête pour la journée qui vient après le lundi. Allez, bonne nuit à tous et à toutes!
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