Il n'y a plus de doute possible. Lorsqu'on ramasse les feuilles par centaines et qu'on vide des pots remplis de fleurs toutes plus mortes et gelées les unes que les autres, c'est que l'hiver est à nos portes. C'est ce à quoi nous nous sommes employés l'Homme et moi hier
après-midi. Il y avait quand même du soleil. Ça rendait la tâche plus agréable mais non moins triste pour autant.
Je ne sais pas si c'est l'âge mais je trouve de plus en plus difficile de voir arriver les temps froids. Lorsque le mercure commence à baisser un peu trop, il me passe un frisson dans le dos. Et il n'est pas toujours imputable au givre qui décore les
pare-brises des voitures le matin. Non, c'est plutôt comme si je réalisais davantage tout ce que cela représente cette nature morte qui va un jour revivre. Même si je sais pertinemment, pour avoir vécu de nombreux printemps, que ce passage obligé conduit inévitablement au renouveau, j'entends une petite voix intérieure qui me souffle que mon hiver va venir moi aussi et que ce sera à mon tour d'expérimenter la dormance avant le grand réveil. Pas trop réjouissantes ces réflexions, n'est-ce pas?
Mais j'en ai eu d'autres, des réflexions, en fin de semaine. Par exemple, le journal
La Presse titrait : "Pourquoi fait-on des enfants?". En partant du
mini-boom des naissances que le Québec connaît actuellement, on s'interrogeait sur les raisons qui poussent les gens à avoir des enfants. En lisant les motifs de chacun, j'en suis évidemment venue à réfléchir sur mon propre cheminement. Je dois avouer que, comme dans le cas de tous mes choix de vie, j'ai pris une décision avec mon coeur et c'est tout. Je me suis à peine arrêtée à la question de l'argent. Si j'avais été en mesure de procréer moi-même, je suis certaine que je n'aurais pas davantage éprouvé de réticences à mener à bien mon projet malgré la pollution, malgré la pauvreté, malgré la fin du monde toujours imminente. Je me souviens seulement que l'Homme et moi voulions fonder une famille. Je me rappelle du besoin que nous avions de partager avec des enfants notre grand bonheur d'être ensemble. Et c'est ce que nous avons fait. Et nous n'avons jamais regretté notre décision. Je dois ajouter que ce sont les deux projets dont je suis le plus fière parce que, dans les deux cas, j'ai simplement plongé et j'ai fait confiance à la vie. Elle ne m'a pas déçue!
Pendant ce temps au Liban...Ceux qui me lisent régulièrement se rappelleront que ma grande
amie L. est retournée dans son Liban natal au mois de juin dernier. Depuis, j'essaie de la convaincre de participer à mon blog car je sais qu'elle vit là-bas une expérience absolument unique. Elle n'a pas encore accepté de me livrer une chronique, un peu comme je fais de temps à autre avec le Pusher, mais elle est d'accord pour que je vous fasse part de ses observations. Je commence donc ce soir parce que son courriel d'aujourd'hui parlait justement de la température et des enfants :
"Tu me dis que vous êtes en train de vider les pots de fleurs alors que moi je suis en train de planter des fleurs et d'organiser le jardin. Ça fait deux jours qu'on étouffe sous une chaleur de 35 degrés Celsius avec beaucoup d'humidité. Il y a un proverbe libanais qui dit qu'entre octobre et novembre, il y a un autre été. Je vis donc mon deuxième été."
"Tu m'as demandé d'écrire dans ton blog et j'aimerais bien le faire parce que j'ai tant de choses à dire sur ce pays. Par exemple, chaque fois que je suis en voiture, je vois des choses étranges et bouleversantes. Aujourd'hui même, en arrêtant à un feu rouge à Beyrouth, un petit garçon d'environ 6 ans, sale, qui faisait pitié, s'est approché de la fenêtre de ma voiture pour me demander de l'argent pour manger. Je me suis dit si Nicole était à côté de moi, elle aurait eu les larmes aux yeux et aurait suggéré de l'adopter. C'est une scène que je vois tous les jours dans certaines rues de Beyrouth, des enfants mendiants."
Ce n'est certainement pas pour ça qu'on fait des enfants. Et c'est bien triste de constater qu'au Liban, comme ici, des enfants et des parents se retrouvent trop souvent démunis. Merci ma chère L. pour ce premier partage.
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