jeudi 15 octobre 2009

Une goutte d'eau dans l'espace

Est-ce que j'ai vraiment envie de blogger sur notre clown de l'espace? Hélas, il semble bien que mon côté zen n'aura pas le dessus encore une fois. J'ai résisté tout le temps où l'on nous a montré son nez rouge en apesanteur même si je ressentais un malaise qui allait en s'aggravant. C'est que... j'étais partagée. Comment pouvais-je me poser en ennemie du bon droit et des nobles intentions? Après tout, Monsieur le Clown s'est donné comme mission de sensibiliser les gens du monde entier à la pénurie d'eau qui menace la planète. Et pour réaliser ce projet, il ne fait rien de moins que de s'envoyer en l'air en participant à un voyage spatial pour la modique somme de 35 millions de dollars. C'est vrai, il a de l'argent. Une tonne d'argent. Et il a assurément le droit de le dépenser comme il l'entend. Ce n'est pas ce qui me dérange.

Deux choses en fait me font dresser les poils sur les bras. D'abord, tout le battage médiatique qui a entouré son séjour en l'air m'a déplu profondément. Je sais bien qu'il en a profité pour organiser un spectacle poétique destiné à nous sensibiliser tous à la mission qu'il s'est donnée mais j'aurais quand même préféré qu'il opte plutôt pour la discrétion et qu'il satisfasse simplement son fantasme sans nous le faire partager à la minute près.

Ensuite, c'était le parallèle que je ne pouvais m'empêcher d'établir entre la somme d'argent qu'il a engloutie pour s'envoyer en l'air et la somme des projets qu'il aurait pu réaliser pour faire avancer sa cause. Comment en effet ne pas se sentir un peu à l'étroit dans ses souliers quand on voit aux nouvelles le clown millionnaire riant comme un enfant à l'intérieur de sa fusée et les visages tristes, amaigris et malades de personnes qui font la file pour remplir un récipient d'un liquide à l'apparence douteuse dans l'une des nombreuses régions du monde frappées par le manque d'eau?

Mais je n'ai pas voulu être injuste envers l'amuseur public et je me suis rendue sur le site Web de la Fondation One Drop. C'est sûr qu'en ce moment presque tout le site ne sert qu'à faire la promotion du voyage du clown aquatique dans l'espace sidéral. On y trouve cependant un onglet intitulé "Carte des projets". Lorsqu'on clique dessus, on voit apparaître une carte du monde sur laquelle un drapeau de couleur bleue (bien évidemment) indique l'endroit des projets en cours de réalisation. Je ne sais pas pourquoi mais j'espérais que ma visite me ferait mentir et que je découvrirais une carte avec tout plein de petits drapeaux. Je fus déçue. Pour le moment, il y en a seulement trois, dont un est planté au Québec car l'activité se déroule... au Centre des sciences de Montréal. Vous aurez compris que, dans ce cas, il s'agit d'une exposition et non pas d'un creusage de puits. Les deux autres touchent le Honduras et le Nicaragua.

C'est quand même mieux que rien, me direz-vous. Et vous avez sans doute raison. N'empêche que 35 millions de dollars, c'est beaucoup, beaucoup d'argent. Les deux projets qui figurent actuellement sur la carte de la Fondation et qui concernent directement les victimes du manque d'eau coûtent chacun 5 millions. Je ne suis pas comptable mais je sais diviser pour mieux multiplier les drapeaux bleus. Est-ce que ce n'aurait pas été mieux d'en planter 7 autres? Je vous laisse tirer vos propres conclusions.
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Notes pédestres : Brr... Il fait froid. J'ai revêtu mes pantalons de nylon pour la première fois et j'ai ajouté une pelure sous mon manteau. C'était quand même super bien à cause des couleurs, de la lumière, de l'air vivifiant et, c'est sûr, du metal!

1 commentaire:

  1. Je partage entièrement ton avis à ce sujet. 35 millions auraient pu être mieux investis afin de procurer de l'eau aux gens en besoin. Il y a des choses difficles à comprendre parfois!

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