Mais
Il insiste sur le plaisir de se laisser étonner, déstabiliser et remis en question. Du même souffle, il nous exhorte à nous engager envers nous-même tout en acceptant d'ouvrir notre pensée et nos
J'ai été une personne rigide. J'ose espérer que cette période est définitivement derrière moi. Pour la partie de ma vie où j'ai été plus souvent juge qu'arbitre, je peux sans doute m'attribuer l'excuse de la jeunesse qui nous porte parfois à voir seulement en noir et blanc. Et pour expliquer ma plus grande facilité à tourner les coins ronds plutôt qu'en angles pointus, je peux invoquer la vieillesse qui nous permet d'ajouter des nuances à nos pensées et à nos idées. Mais ceci n'est pas uniquement la raison de cela.
La rigidité me rendait profondément malheureuse. Les jugements durs que je prononçais pour les autres, je les appliquais aussi à mon propre cas. Je n'avais guère de pitié pour moi. En même temps, j'avais peur de la créativité qu'il y avait en moi car je la voyais comme quelque chose de négatif parce qu'impossible à maîtriser, à solidifier. La force inspiratrice ne voulait pas être contenue dans un barrage. C'était un torrent. Elle m'envahissait totalement. Je la détestais parce qu'elle refusait encore et toujours d'entrer dans le moule. Et quand j'ai continué à vouloir à tout prix l'ensevelir au plus profond de moi, elle s'est manifestée puissamment. Panique. Anxiété. Dépression. Elle n'a eu de cesse que lorsque j'ai accepté de la regarder en face. De la reconnaître. De lui laisser sa place. Sa juste place. Et le miracle s'est produit. Elle ne voulait pas me détruire. Elle voulait exister. Ce qui est bien différent.
Je me remercie pour cet engagement envers moi-même. Il est arrivé assez tôt dans ma vie pour que je puisse laisser mes enfants s'enrouler autour de la branche comme le boa. J'ai pu ainsi me laisser étonner, surprendre, émerveiller. Et c'est encore ce qui se passe aujourd'hui. Je suis moi aussi dans l'arbre et je m'amuse comme une folle sur ma branche. Je sais que je peux expérimenter de nouvelles figures à tout moment. Et ça m'anime. Et ça entretient ma passion. Mon souffle créateur.
Je laisse le mot de la fin à Wajdi : "Demeurez des boas constrictors. Dans les objets, dans la langue, dans le regard. Dévorez tout cru les oeuvres qui s'avancent vers vous. Ne laissez personne ni rien regarder à votre place à travers vos propres yeux. Vos yeux sont à vous."
Comme lui, je vous embrasse. XXX
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