mardi 29 mars 2011

Histoires de bêtes

J'ai rencontré mon voisin ce matin en me rendant prendre l'autobus. Il promenait son chien, un caniche royal prénommé Ben. Alors, je suis là, à l'arrêt, avec Ben et son maître, et nous devisons. Pourquoi nous en sommes venus à parler des gens qui nourrissent les chats errants, je ne m'en souviens plus trop. Mais je me rappelle parfaitement, par contre, le ton de reproche de mon voisin qui connaît trop bien mon penchant de protectrice de la faune tant ailée que poilue. "Tu sais que la Ville vient de passer un nouveau règlement pour éliminer les chats errants en interdisant aux gens de leur donner à manger?", qu'il me lance. Et, du même souffle, il ajoute sans pitié que je contribue par mon comportement délinquant à augmenter la population féline en permettant notamment aux bébés chats de survivre.

Tiens donc. C'est que je n'éprouve aucune culpabilité pour mes actes illégaux. Je lui ai donc répondu vivement : "Quelle bonne idée de fesser encore une fois sur des animaux qui n'ont pas du tout cherché leur vie d'itinérance! J'ai hâte qu'on s'en prenne plutôt aux soi-disant êtres humains qui les maltraitent, les abandonnent et ne prennent pas leurs responsabilités en n'allant jamais chez le vet pour les faire stériliser." Ben opinait du bonnet. Je crois que, par solidarité, il était d'accord avec moi quitte à renier ses instincts canins. L'autobus est arrivé. J'ai laissé là maître et chien.

En arpentant le trottoir menant au bureau, j'ai croisé un moineau qui picorait je ne sais trop quoi de pas vraiment comestible. Je venais de m'acheter un muffin. J'ai vite plongé ma main dans mon sac pour en prendre une partie que j'ai réduite en miettes pour les lancer à côté de mon petit ami. J'étais contente parce qu'il ne s'est pas sauvé. Il s'est plutôt précipité sur le déjeuner impromptu qui venait d'atterrir à ses pattes. Il a quand même pris le temps de tourner sa tête vers moi pour me faire un clin d'oeil. J'ai repris ma route, le coeur tellement plus joyeux.

Je dois vous dire en terminant que Mimi était de retour ce matin. Elle se trouvait dans le sac de garnottes des chattes. Encore une fois, je n'ai pas su lire le comportement de Mignonne qui s'est mise à renifler et à examiner attentivement l'objet en question dès que j'ai ouvert la porte du garde-robe. C'est juste en mettant ma main dans le sac pour prendre le contenant de plastique qui me sert à nourrir les félines que j'ai senti un léger chatouillement. J'ai sursauté. J'ai reculé. Puis je me suis avancée pour regarder dans le sac. Mimi était bien là, avec une pancarte, sur laquelle étaient inscrits ces mots : "Parlons QC". Avouez que voilà une habile façon d'insérer le thème choisi par le Bloc Québécois pour la campagne électorale qui s'amorce!

Mais, pour Mimi, "Qc" n'avait ici rien à voir avec un éventuel pays et signifiait en fait "Quelles connes!" pour désigner les deux mimines carnivores qui devraient normalement être suffisamment assoiffées de sang pour vouloir l'éliminer une fois pour toutes. C'est donc en riant et en promettant de revenir qu'elle s'est de nouveau retrouvée sur le balcon grâce aux bons soins de l'Homme qui avait répondu présent à mon appel de prétendue femme du sexe faible.

Quand je m'arrête deux minutes pour réfléchir à mes actes de pourvoyeuse, je trouve que je fais oeuvre utile en nourrissant les chats errants. Après tout, si on se fie aux dures lois de la chaîne alimentaire, Mimi devrait statistiquement passer l'arme à gauche très bientôt. Je détecte cependant comme un début de soupçon de faille dans mon plan. Il y a certainement un trou, en tout cas, que Mimi a de toute évidence repéré.

1 commentaire:

  1. Ah! Quelle finale! Je n'en aurais pas trou-vée de meilleures.

    Mon chum nourrit tout ce qui bouge dans la nature, et je suis son exemple avec un grand plaisir. C'est comme ça que j'ai découvert que les écureuils raffolent des M&M et que lorsqu'on nourrit des poissons en émiettant sa barre tendre sous l'eau, on risque de voir son pouce avalé tout rond. Mieux vaut s'en tenir aux minets!

    L'amie yogini

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