dimanche 28 juin 2009

Les départs se suivent et se ressemblent

J'ai encore une fois le coeur chamboulé. Ce soir, c'était le retour du Fils à Montréal. Il n'y a maintenant plus d'oiseaux dans le nid... pour un moment du moins. En revenant de la gare d'autobus, l'Homme et moi étions absolument consternés. C'est la première fois en 22 ans, si l'on fait abstraction des quelques vacances prises à deux, que nous nous retrouvons seuls dans la maison. C'est une sensation nouvelle à apprivoiser.

Le plus difficile pour nous deux c'est d'éviter la nostalgie. L'Homme la pratique à tout vent et moi je m'y adonne à l'occasion. En partant, ce qui n'aide pas, c'est la maison comme telle. Nous l'avons achetée en pensant à la famille que nous étions pour y élever. Il y a donc partout des traces de nos moineaux : des jouets qui traînent encore au sous-sol, de vieux souliers dans le garde-robe d'entrée, de multiples photos sur les murs et, bien sûr, deux chambres vides encore habillées des couleurs du Fils et de la Fille. Soupir...

Et il y a aussi toutes les images mentales qui nous assaillent continuellement. Si je regarde dans la cour arrière, je vois le Fils et la Fille en train de jouer dans la neige, de construire un fort ou un bonhomme, de descendre en traîneau la petite côte qu'ils ont réussi tant bien que mal à former. Je détourne le regard et je nous vois tous les quatre dans la salle à manger, toujours assis au même endroit, le Fils à ma droite, l'Homme en face de moi et la Fille à ses côtés. Combien de moments forts nous avons fêté juste en famille parce que nous habitons loin du reste de la tribu. Baptêmes, premières communions, premiers jours d'école, début des vacances, la Saint-Valentin, Pâques, l'Halloween, Noël, tout s'est succédé si vite. Une année venait à peine de commencer qu'elle se terminait. Et nos petits grandissaient sans que nous nous en rendions vraiment compte... jusqu'au jour où le Fils nous a appris qu'il partait étudier à Montréal. Quel départ immensément difficile! La chambre vide le premier soir. Resoupir...

Alors, il paraît que les voyages, parce qu'ils sont synonymes de départs, forment la jeunesse. J'espère qu'ils peuvent aussi être sources de renouvellement pour les personnes âgées que nous sommes apparemment devenues selon la Fille. Les semaines à venir devraient nous donner une idée de ce que sera notre avant-dernier départ : la retraite. Cela aussi va arriver vite. D'ici là, profitons cet été de chacune des journées de liberté qui nous sont gracieusement offertes par la Fille pour nous gâter et vivre à un rythme de couple plutôt que de parents. Je vous le dis, pour l'Homme et moi, ce sera tout un défi à relever. Pour nous aussi, c'est donc un nouveau départ. Comme l'a déjà claironné un parti politique bien connu pour sa détermination à régler tous les problèmes : Nous sommes prêts!!!

samedi 27 juin 2009

Je n'aime pas les départs

Tout a commencé hier avec la dernière journée de travail de ma grande amie L. qui retourne dans son Liban natal. Depuis deux ans, nous étions devenues des inséparables au bureau. Nous prenions notre café ensemble tous les matins et nous partagions avec humour les hauts et les bas de nos vies familiales. Quand elle m'a annoncé son départ il y a quelques mois, je n'y croyais tout simplement pas. J'ai bien essayé de faire comme si le jour fatidique ne se présenterait jamais mais je n'ai pas réussi à éviter l'échéance fatale.

Je m'étonne encore de la vitesse à laquelle notre amitié s'est développée. C'est comme si, malgré le fait que nous ayons grandi à des milliers de kilomètres l'une de l'autre et dans des cultures très différentes, nous avions vécu plein de choses semblables. Nous sommes des soeurs de coeur. Je vais tellement m'ennuyer de sa grande intelligence. Elle a la même formation que l'Homme, soit sciences politiques et journalisme. J'adorais donc quand elle m'expliquait ce qui se passait au Moyen-Orient. Avec elle, c'était tellement facile à comprendre. Elle jonglait avec les idéologies et les multiples factions politiques avec une aisance déconcertante. Soudainement, grâce à elle, je comprenais. Et ses connaissances géographiques m'épataient littéralement. Je lui souhaite vraiment de pouvoir un jour travailler dans son domaine. Nous nous étions aussi rapidement trouvées une passion commune : la cuisine. Elle m'a appris à faire hommous et tabouleh de façon vraiment authentique. Moi je lui ai fait goûter aux raviolis chinois de la Fille et à mes nombreuses variétés de muffins et de pains. Mais, ce qui va le plus me manquer, c'est sa sensibilité, sa grandeur d'âme, sa bonté et sa foi inébranlable.

Tu me manques déjà, chère L. Quand tu m'as serrée dans tes bras avant de partir, tu as laissé l'odeur de ton parfum sur mon chandail. Crois-tu que je me suis foutue le nez dedans quand je l'ai enlevé hier soir? Je voulais sentir ta présence une dernière fois. On se revoit peut-être au Liban... si Dieu le veut!

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Et, aujourd'hui, c'était le départ de la Fille pour sa fameuse quête d'indépendance dans la vallée de l'Okanagan. Le Fils était venu de Montréal pour l'occasion. Et l'Ami nous a rejoint à la gare d'autobus. Nous étions tous là pour la saluer une dernière fois avant le début de la grande aventure.

À cause d'une erreur administrative, je n'ai pratiquement pas eu le temps d'avoir la gorge serrée. À cinq minutes du départ de l'autobus qui devait la conduire à Sudbury, première étape du périple, nous étions encore en train d'argumenter avec les représentants du service à la clientèle pour tenter d'élucider le mystère qui entourait l'impossibilité d'imprimer son billet et celui de sa compagne de voyage. Pendant que j'insistais pour que les responsables s'activent à trouver une solution au problème de l'achat en ligne, l'Homme tentait de convaincre le chauffeur d'attendre encore quelques minutes pour l'embarquement de la Fille et le Fils, lui, courait mettre de l'argent dans le parcomètre.

Finalement, tout s'est vraiment réglé au dernier droit. La Fille a couru au quai d'embarquement. Elle a rapidement embrassé tout le monde et s'est engouffrée dans l'autobus. Quand je pense que je venais de tout faire pour qu'elle puisse partir comme elle l'avait prévu, je m'en suis soudainement voulue. Après les départs, je crois que ce sont les sentiments ambivalents que je déteste le plus. Me voilà pour les huit prochaines semaines aux prises avec la fierté toute légitime d'assister à l'éclosion de l'indépendance de la Fille et la culpabilité toute maternelle d'avoir permis à ma progéniture de se lancer dans un projet un peu fou. On se revoit le 20 août... je sais que Dieu le veut!

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Et j'ai mis un terme à ces deux jours chargés d'émotions en assistant à la projection de Departures, un film japonais qui a gagné l'Oscar du meilleur film étranger. On parle ici de départs définitifs puisqu'il s'agit d'une oeuvre traitant des rites funéraires au pays du soleil levant. C'était magnifique. J'ai pleuré un bon coup. Disons que cela a permis d'évacuer un trop-plein qui était en train de m'étouffer.

Je le répète, je n'aime pas les départs... quoique je commence à y discerner quelque chose qui peut amener du neuf, une vision autre, un doux espoir. Et puis, ne faut-il pas partir pour revenir?

dimanche 21 juin 2009

Je n'aime pas les hommes parfaits

À papa

C'est la fête des pères aujourd'hui. J'ai donc décidé de fouiller dans le tiroir des souvenirs paternels pour voir ce qui en émergerait. La première image que j'en ai sortie remonte à l'époque où j'étais ado, plus précisément lorsque toute la famille était réunie pour les repas. Papa était assis à un bout de la table et moi j'étais à sa droite. Outre les discussions animées qui meublaient parfois ces moments de la journée, je me souviens surtout du plaisir que j'éprouvais au moment du dessert à tremper, en cachette, mes biscuits dans le café de papa. Il disait toujours : "Je ne comprends pas pourquoi tu ne te sers pas simplement un café si tu aimes autant ça tremper tes biscuits dedans". C'est vrai, j'aurais pu le faire, mais ça n'aurait pas été aussi bon... ni aussi drôle. C'est que, voyez-vous, comme je le disais plus haut, mon plaisir c'était de rapidement tremper mon biscuit sans qu'il s'en aperçoive. J'attendais donc qu'il soit distrait par une de mes soeurs ou par ma mère pour accomplir mon exploit. Il fallait en effet tout un entraînement pour laisser le biscuit assez longtemps pour qu'il ramollisse comme je l'aimais mais pas trop pour qu'il se retrouve presque au complet dans la tasse de mon père. Parfois, je ratais lamentablement mon coup et je voyais, dépitée, la plus grosse partie de mon biscuit rester dans la tasse de papa. Il faut dire que c'est dans ces occasions que cela devenait drôle car papa, ne se doutant de rien, prenait une bonne gorgée de café et la recrachait presque en maugréant: "Mais qu'est-ce qu'il y a là-dedans, c'est tout grumeleux". Et moi je ne pouvais jamais m'empêcher d'éclater de rire en voyant sa tête. J'ai quand même souvent soupçonné qu'il faisait peut-être un tantinet exprès pour mettre autant d'expression dans sa réaction. Ça ne fait rien puisque c'était notre gag à nous!

Une deuxième image a ensuite surgi du tiroir. C'était plusieurs images en fait et elles portaient toutes sur le thème de la nature. Mon père aimait beaucoup entretenir son terrain. C'est lui qui nous a appris, mais pas à toutes avec le même succès (clin d'oeil ici au pouce vert de la soeur Psy), comment tondre la pelouse, tailler les arbustes, travailler dans les plates-bandes, faire un jardin, ramasser les feuilles, bref, tous les petits gestes à poser pour avoir un bel environnement paysager. Et il réussissait admirablement. J'adorais l'aider parce que, en même temps, nous jasions de tout et de rien. Il devenait plus accessible, plus calme, plus enjoué lorsqu'il s'activait à l'extérieur. Je crois que même si c'était éreintant, cela le relaxait et lui permettait de décompresser. Enfin... presque toujours. Quand j'ai parlé de jardin tout à l'heure, il faut que je précise que c'était une tâche ardue de faire pousser des légumes dans notre région nordique. Les voisins, qui étaient natifs de la place, se débrouillaient pas mal mieux que nous. Mais papa n'abandonnait pas facilement la partie. Découragé de ne jamais arriver à cueillir des tomates rouges avant la fin de l'été, il s'est décidé une année à partir ses plants de tomates très tôt à l'intérieur de la maison. Le printemps est arrivé, puis le début de l'été. C'était long, chez nous, avant que la terre soit assez chaude pour qu'on puisse y planter quelque chose sans risque de gel. Les plants ont donc poussé, poussé, poussé. Ça a été les plus gros plants de tomates de la rue mais ils n'ont produit aucun fruit!

La dernière image que j'ai sortie remonte à l'année du décès de maman. J'avais laissé l'Homme avec le Fils et la Fille à la maison pour aller retrouver mon père et mes soeurs pour le partage des objets personnels de maman. Triste, triste fin de semaine. Papa était venu me chercher à la gare d'autobus. Je n'oublierai jamais mon serrement de coeur en le voyant tout seul dans l'auto. Dans les moments de retrouvailles, maman se faisait tellement une joie de nous voir qu'elle ne l'aurait jamais laissé se rendre seul pour m'attendre. Papa et moi on s'est regardé un peu embarrassés, pas encore habitués à ce grand vide qui meublerait dorénavant nos vies. "En attendant tes soeurs, est-ce que ça te tenterait d'aller marcher le long du fleuve?". J'ai dit oui tout de suite en espérant que l'air du large nous aiderait à panser nos blessures. Une fois arrivés au début de la promenade, papa m'a dit, un peu taquin : "Si tu te rends jusqu'au bout du sentier, je te paye une crème glacée molle". Nous sommes allés jusqu'au bout du sentier. Papa a acheté deux crèmes glacées molles que nous avons mangées sur un banc en regardant le fleuve. Je ne me rappelle pas que nous ayons échangé de grandes paroles cet après-midi-là. Je me souviens seulement que je me sentais comme une fille avec son père et que c'était bon.

Pas besoin d'être parfait pour être un bon parent. Pas besoin de toujours avoir les mots justes, les comportements appropriés, les attitudes irréprochables. Il suffit d'aimer, c'est tout. Et je me considère privilégiée d'avoir grandi en sachant que j'étais aimée.

Je t'aime papa! XXXXX
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Je ne peux évidemment pas conclure cette chronique sans rendre hommage à l'Homme-Papa. Pour ce qui est de l'imperfection, il est pas mal bon pour ne pas toujours faire ou dire ce qu'il faut quand il faut. Mais côté coeur, alors, il n'y en a pas deux comme lui. Depuis le premier jour où il a tenu le Fils dans le creux de son bras en affirmant qu'il avait la forme exacte d'un ballon de football et le moment où il a prononcé sa fameuse déclaration avant de partir chercher la Fille en Chine criant haut et fort qu'elle ferait du jello avec lui, il a démontré un amour inconditionnel et un engagement total envers ses deux enfants. Dans ce cas, je me considère privilégiée d'avoir pu jouer mon rôle de mère en compagnie de quelqu'un qui a sans contredit permis au Fils et à la Fille de grandir en sachant qu'ils étaient aimés.

Je t'aime l'Homme! XXXXX

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Notes pédestres : Il faisait une chaleur torride pour marcher mais le pied était à son meilleur. En plus, j'avais bien calculé mon parcours. Juste comme j'arrivais dans le dernier droit, une petite pluie s'est mise à tomber. Une douche gratuite... que demander de plus!

mercredi 17 juin 2009

Quand l'éruption refait irruption

Bon, je venais tout juste de finir de me gratter que MM. Ignatieff et Harper s'amènent et aggravent mes bobos. Non, mais, quelle belle pièce de théâtre ils viennent de jouer! Il n'y avait pas beaucoup de suspense cependant dans ce mauvais mélo puisque l'on connaissait déjà la fin. Mais je suis prête quand même à donner le mérite aux acteurs d'avoir offert une bonne prestation. Encore une fois ils ont sorti leurs violons pour prétendre tous les deux qu'ils ont notre bien à coeur. C'est d'ailleurs pour cela, clament-ils, qu'ils se sont entendus pour qu'il n'y ait pas d'élection pendant l'été. Foutaise! Notre bien, c'est leur dernière préoccupation. Leur bien, il n'y a que ça qui compte.

Ignatieff savait pertinemment qu'il avait tout à perdre en déclenchant des élections. Les gens n'en peuvent plus de se traîner dans les "urinoirs". Penser les sortir de leurs chaises longues et de leur léthargie de vacanciers relevait de la pure utopie. Il fallait surtout sauver la face et nous faire croire qu'il s'occupait de nos intérêts. Il a donc conclu une entente avec Harper. Le manque d'isotopes? Pas de problème, on s'en occupe en faisant du triage entre les patients qui devront passer des tests. La réforme de l'assurance-emploi? On y apporte le remède-miracle de tout bon gouvernement qui se respecte en créant un comité d'experts pour étudier la question. Et un autre rapport qui pourra aller rejoindre la montagne des voeux pieux et recommandations bidons.

Ce qui provoque une éruption furieuse chez moi, c'est de constater à quel point ces hommes politiques sont loin du quotidien de ceux qu'ils sont supposés représenter. Nul doute que ce comité représente LA solution pour la personne qui se retrouve sans travail et sans droit d'accès à l'assurance-emploi. Vraiment, je vous souhaite bon été à tous les deux. Puissent les électeurs que vous rencontrerez dans les nombreux BBQ auxquels vous serez forcés d'assister pendant les vacances provoquer chez vous des rougeurs embarrassantes car vous devriez, en effet, avoir honte de vous moquer ainsi des citoyens.

Une nouvelle intéressante a apporté un baume sur mes plaies : des femmes se sont regroupées pour déposer un recours collectif contre le gouvernement du Québec qui savait trop bien ce qui se passait dans les laboratoires de pathologie. Je sais bien, et ces femmes aussi, que l'argent récupéré ne compensera jamais l'inquiétude ni les conséquences catastrophiques d'un mauvais diagnostic, mais le fait de demander des comptes illustre qu'elles ne sont pas dupes... et nous non plus.

Je termine en vous apprenant que je me suis aperçue hier soir que mes bols de nourriture pour chats errants servaient également à sustenter... un gros raton laveur. Je l'ai d'ailleurs surpris en train de tremper ses pattes dans le bol d'eau dans un geste symbolique qui m'a rappelé Ponce Pilate, vous savez celui qui n'était jamais responsable de rien. Je cherche un nom pour mon raton. J'hésite entre Michael, Stephen, Jean ou même, pourquoi pas, Pauline.
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Notes pédestres : Il faisait chaud pour marcher. Encore une fois, heureusement qu'il y avait du vent. Le problème que j'ai maintenant avec mon pied, c'est que je peux difficilement lever mon gros orteil. J'imagine que c'est moins pire que ceux qui ne peuvent pas lever le petit doigt!

lundi 15 juin 2009

Crise d'urticaire

Je reçois un appel de l'Ami cet après-midi : "As-tu vu la manchette dans La Presse au sujet de la maltraitance des personnes âgées? C'est vraiment terrible ce qu'on y raconte". J'avais vu l'article effectivement mais j'avais décidé de ne pas le lire. Ça m'arrive des fois d'avoir envie de me déconnecter un peu des problèmes du monde. Pourquoi? Parce que je deviens tout simplement écoeurée de ne voir rien changer... ou si peu.

Des exemples? Je pourrais vous en citer mille. Commençons justement par les personnes âgées. Je n'ai pas lu l'article mais je ne suis pas du tout surprise d'apprendre le mauvais sort que l'on réserve à nos aînés. Est-ce qu'il n'y a pas eu une commission d'enquête à ce sujet il n'y a pas si longtemps? On y avait déjà appris des choses pas mal édifiantes sur le milieu. On y avait beaucoup pleuré aussi. Même la ministre Blais avait à quelques reprises laissé échapper des larmes en prenant connaissance notamment du fait que c'était très difficile pour un couple âgé de ne pas être séparé lorsque l'un des deux perd son autonomie. Comme c'était triste et comme il fallait faire quelque chose. Elle n'a pas tardé à donner suite aux recommandations en engageant des clowns. Il paraît que c'est bon pour le moral. Pas pour le mien en tout cas.

Hier, en parcourant le journal de dimanche, je lisais une lettre ouverte envoyée par une dame très engagée auprès des personnes atteintes de cancer. Elle lançait un vibrant appel à nos politiciens les enjoignant de faire preuve d'empathie et d'essayer de résoudre le problème des isotopes. J'étais d'accord avec tout ce qu'elle écrivait. Et c'est bien qu'elle ait pris le temps de dénoncer la situation sur la place publique. Mais, entre vous et moi, est-ce que vous croyez seulement une minute qu'un de nos politiciens, n'importe lequel, va se retrouver sur une liste d'attente s'il est gravement malade? Est-ce que vous croyez vraiment qu'il va se morfondre pendant des semaines avant de recevoir un diagnostic? Non, et c'est la même chose pour toute sa famille et son cercle d'amis. Et pourquoi? Parce que, maintenant, pour être soigné, ce qui compte ce n'est pas la gravité de la maladie mais bien la qualité des contacts. Un bon conseil : soignez vos contacts et vous aurez peut-être la chance d'être soigné lorsque le mauvais sort frappera et que vous devrez pénétrer dans l'antre de notre redoutable et redouté système de santé.

Et je continue. Dans le numéro d'aujourd'hui du journal Le Droit, on nous apprenait que le problème de la faim était plus criant que jamais dans la région de l'Outaouais. Il paraît que les gens continuent de manger après le 1er janvier! Vous aurez compris que l'on faisait ici allusion au fait que l'on se préoccupe de fournir des denrées aux personnes qui en ont besoin principalement et presque uniquement pendant la période des fêtes. Le reste de l'année, c'est bien connu, on peut vivre sur les excès de table que l'on a commis. Moi ça me révolte de savoir que des gens ont faim. Je trouve que c'est honteux d'accepter une telle situation et, pourtant, les banques alimentaires peinent à obtenir les ressources nécessaires pour fonctionner.

Et je termine avec l'exemple de l'environnement. Que dire de tous ces accords que l'on se plaît à ne pas respecter? De ces sables bitumineux dans lesquels on préfère s'enfoncer plutôt que de se tourner vers l'énergie propre? Encore là que des promesses que l'on ne peut pas tenir à cause des liens, que dis-je, des chaînes qui nous lient aux grandes pétrolières.

J'arrête là car c'est une chronique et pas un roman-fleuve. Vous pensez peut-être que je suis devenue tellement désabusée que je n'ai plus rien envie de faire? Détrompez-vous. J'ai simplement changé ma façon de réagir. J'ai délaissé les comités, les réunions et les palabres. Maintenant je travaille sur le terrain. Pas encore suffisamment à mon goût cependant.

Non, je veux encore et toujours monter aux barricades. Avec mon armure de metal et de béton. Ça devrait fesser!
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Notes pédestres : Le soleil s'est caché comme je commençais à marcher et je lui en sais gré étant donné qu'il était pas mal chaud aujourd'hui. Très bon entraînement. Je ne voulais plus m'arrêter. C'est signe que le pied tient le coup.

dimanche 14 juin 2009

De béton armée

J'ai arpenté les trottoirs de Montréal hier. J'étais en visite chez le Fils. Ça faisait drôle de retrouver mon parcours du mois de mars (voir Instantanés montréalais - chronique du 23 mars et Anonyme dans Montréal - chronique du 24 mars) mais sans la neige. Ce que j'ai surtout apprécié c'est de pouvoir utiliser la piste cyclable qui longe la Rivière-des-Prairies. Dire que ce merveilleux endroit est situé juste au bout de la rue du Fils et que ce dernier n'en profite à peu près jamais!

Peu importe, moi j'y étais, et ce, dès 8 h. Et je n'étais pas toute seule. J'ai croisé moult cyclistes, marcheurs et amateurs de patins à roues alignées de tous âges et de toutes conditions physiques. Des fois je me faisais littéralement frôler par des cyclistes qui participaient sans doute à une course contre la montre. À d'autres moments, j'essayais de ne pas faire tomber la personne d'un âge certain qui déambulait tant bien que mal devant moi et que je devais doubler au risque d'avoir à prendre la journée entière pour parcourir quelques pas. J'ai l'air de me moquer. Mais ce n'est pas du tout le cas, car j'ai le respect le plus total pour toute la confrérie des actifs.

Depuis que j'ai joint cette secte pas du tout fermée, je sens que je fais partie d'un mouvement irrésistible, plus grand et plus fort que moi. Lorsque je rencontre des membres et que je leur parle de la passion que j'ai développée, je trouve évidemment tout de suite une oreille attentive et une compréhension totale de mon engouement. Je crois que ce sont les endorphines. Une fois qu'on y a goûté, on ne peut plus s'en passer.

Je manque de mots, encore une fois, pour vous dire à quel point j'étais bien sur mon trottoir montréalais. La rivière d'un côté, le parc de l'autre, un merveilleux soleil et les odeurs... ah! ça sentait l'été! Et le corps qui répond comme il est supposé le faire quand tout va pour le mieux. Une, deux, une, deux. Je marche vite. Je n'ai pas mal au pied. Et j'ai découvert une nouvelle chanson dans la sélection BBQ Urbain du Pusher de Metal : What Have You Done de Within Temptation. J'ai dû l'écouter cinq ou six fois de suite. Je vous le dis, allez sur YouTube pour entendre ça. Et ceux et celles qui craignent pour leurs oreilles peuvent eux aussi se risquer puisque ce n'est pas si metal que ça. Je soupçonne d'ailleurs le Pusher d'avoir l'âme sensible et le coeur tendre car chacune de ses livraisons comporte au moins une ou deux chansons, disons metallicoromantiques. J'aime assez ça cet autre côté du metal. Mais là aussi je me répète. Le metal, ce n'est pas nécessairement l'image que l'on s'en fait. Si le Pusher se décide un jour à écrire sa partie de chronique (message subtil), vous aurez une meilleure idée de ce que je veux dire.

Mais je m'éloigne de mon propos et de mon trottoir. J'ai pu confirmer quelque chose lors de cette sortie montréalaise. Comme je vous l'ai dit plus haut, la piste cyclable longe la rivière mais, à un moment donné, elle se divise en deux : d'un côté la piste asphaltée pour les vélos et, de l'autre, un genre de sentier qui s'enfonce plus en nature. Devinez le côté que j'ai choisi? Oui, l'asphalte. Je suis hors de tout doute une marcheuse urbaine.

J'adore le béton. C'est résistant. Ça a un peu de texture, mais pas trop. Ça a l'air uniformément gris, mais ça change de couleur sous la pluie. Ça dure même si ça perd des morceaux. En fait, j'aimerais beaucoup être de béton armée... il me semble que la vie ferait moins mal. Et même là, je n'en suis pas si certaine puisque le béton se lézarde. Je crois que c'est la couche de protection qui m'intéresse. Le béton, le metal, il m'en faut pour bâtir une carapace autour de ma sensibilité à fleur de peau... mais pas trop.

jeudi 11 juin 2009

Je n'ai pas peur du noir mais...

J'ai marché tard ce soir. De 21 h à 22 h. Pourquoi si tard, vous demandez-vous? Bof, grosse journée au bureau, douleur au pied. Mais la Fille veillait au grain. Elle a concocté le souper et nous a préparé, à l'Homme et à moi, une salade type niçoise à se rouler par terre. Et vous auriez dû voir la présentation. Digne des plus grands restaurants! Après ça, toute requinquée, j'ai attendu un petit deux heures et je me suis mise en route.

Ça faisait drôle d'être sur les trottoirs à la noirceur. Les fois où ça m'arrive, c'est plutôt en novembre et en décembre. Et il est tôt. Vers les 17 heures environ. Mais c'était agréable parce que la chaleur avait laissé la place à une légère brise. J'ai donc effectué mon parcours avec entrain... et inquiétude. On a beau dire qu'il ne faut pas avoir peur de son ombre, mais la nuit tous les chats sont gris. Je me rappelle pourtant une époque où la couleur des chats ne posait pas de problème.

Quand j'étudiais à l'université, à Québec, vers la fin des années soixante-dix, je prenais souvent l'autobus de 22 h ou même de 23 h le vendredi soir pour retourner à la maison la fin de semaine. J'arrivais aux environs de 1 h du matin. Le chauffeur me laissait à quelques coins de rue de chez mes parents et je marchais avec ma valise sans me soucier de rien. Je me souviens même combien j'aimais ce silence qui m'enveloppait, combien je trouvais rassurant toutes ces maisons endormies avec de temps à autre une lumière dans une fenêtre. Je n'hésitais même pas à emprunter un petit raccourci, en fait un simple sentier qui contournait l'arrière de deux ou trois maisons et qui permettait de rejoindre la rue qui me menait chez moi. Je marchais lentement en prenant tout mon temps car cela me permettait de reprendre contact avec mon chez-nous. C'était mon quartier. Je le connaissais depuis ma plus tendre enfance. Jamais il ne me serait venu à l'idée que je devais m'en méfier.

Comprenons-nous bien. Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y avait aucun acte de vandalisme ou de violence quand j'étais plus jeune. C'est juste qu'il semblait y en avoir moins ou qu'on en entendait moins parler. Maintenant on ne nous épargne rien. On nous rapporte la nouvelle et tous les faits sordides qui l'accompagnent. Pas étonnant ensuite qu'on devienne un peu plus craintif. Si on ajoute à cela l'âge qui s'aggrave, on obtient la combinaison parfaite de la paranoïa urbaine. Dans mon cas, il faut aussi compter avec mon imagination galopante.

Ça fait que... j'ai marché vite. J'ai fait un arrêt à un certain coin de rue avant d'entamer une partie de mon parcours dans le parc de l'école, là où ce n'est à peu près pas éclairé. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai foncé sans demander mon reste. Heureusement, ce soir, il n'y avait pas de flâneurs près des tables de pique-nique ou des balançoires. Ensuite j'ai retrouvé la lumière du boulevard. Et j'ai continué jusqu'à l'entrée d'un autre sentier qui s'enfonce dans le parc. J'ai littéralement stoppé pour évaluer la situation. Aucune lumière en vue. Le sentier semblait s'étirer à n'en plus finir. J'ai modifié mon parcours. Non, vraiment, je ne veux pas m'empêcher de faire certaines choses, comme marcher un peu tard le soir dans un quartier que je considère sécuritaire, mais j'ai décidé que je n'étais pas obligée de me mettre moi-même dans le pétrin. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, dit-on. Je ne vois là aucun problème pour moi car à quoi bon les médailles de bravoure si on les reçoit à titre posthume?

mardi 9 juin 2009

Chronique cinéphile

Ça fait deux jours que je ne marche pas. Un peu par choix. Un peu par obligation aussi. Oserais-je dire, au risque de me répéter, que j'éprouve une certaine douleur au pied et une lassitude certaine à en parler? Alors, passons à un autre appel.

Ce soir, je suis allée au cinéma avec la Fille. Nous avons été voir Là-haut/Up, le plus récent film d'animation de Pixar. Je vous le recommande fortement. J'ai beaucoup pleuré. Et j'ai aussi beaucoup ri. C'est donc touchant et amusant. Les personnages sont vraiment attachants, soit un vieil homme grincheux et un jeune boy-scout grassouillet. Il y a aussi un oiseau pas mal bizarre et un chien qui parle.

Les thèmes abordés sont traités de façon intelligente. On y parle notamment des rêves qu'on ne réalise pas ou qu'on reporte toujours à plus tard parce qu'on n'a pas le choix. Et aussi des rêves qui se réalisent sous une autre forme que celle à laquelle on s'attendait et qui se révèlent, ma foi, peut-être encore plus beaux que ce qu'on avait prévu. On discute aussi des relations parents-enfants, des promesses non tenues, du vieillissement, de la mort. Comme vous voyez, il y en a pour tous les goûts.

Pourquoi j'ai pleuré? À cause de la très belle relation entre Carl (le vieil homme) et Ellie (sa femme), relation qui pousse Carl à vouloir réaliser le rêve qu'il entretenait avec sa femme depuis le début de leur rencontre, et ce, même après la mort de celle-ci.

Pourquoi j'ai ri? À cause de la détermination mise par Russell (le jeune garçon) à vouloir venir en aide à une personne âgée pour obtenir un écusson afin de gravir un autre échelon dans sa meute de scouts. Cela l'amène finalement à suivre Carl dans sa folle aventure.

J'espère vous en avoir assez dit pour que vous ayez envie, à votre tour, d'aller voir Là-haut. Vous y verrez la vie d'un autre point de vue!

dimanche 7 juin 2009

Doublement heureuse de mon dimanche

Marche et jardinage : c'est mon nirvana à moi pendant l'été. Et c'est ce que j'ai fait aujourd'hui.

À 8 h, j'enfilais mes espadrilles, me huilais la peau de crème solaire (eh! il y avait déjà du soleil), m'installais les poids autour des poignets (je suis toujours déterminée à me sculpter les biceps), me branchais sur le metal (j'avais choisi de débuter avec In Flames et Alias - Don't tell me, Tell my ghost, Cause I blame him, For all I don't want to know) et me lançais avec ardeur sur les trottoirs déserts. Le pied continue de tenir le coup. C'est bien! La température était idéale : fraîche avec une légère brise. Je me suis donnée à fond.

Avant de partir, j'avais demandé à l'Homme de préparer le café. J'adore penser à l'odeur du café qui m'attend pendant que je marche. Est-ce que cela m'enlève un peu de mérite sportif? J'imagine... au regard des vrais de vrais. Mais qui s'en soucie vraiment? Le café était rudement bon.

Pour le reste de la journée, disons que j'ai un peu beaucoup convaincu l'Homme d'aller à Ottawa dans un petit magasin dont je ne me souviens jamais du nom mais où je trouve souvent des choses originales pour mettre dans la cour. Cette fois-ci, j'ai jeté mon dévolu sur deux pots absolument mignons faits en ciment. J'aime leur fini qui ressemble à s'y méprendre à celui que le Pusher de metal est en train d'appliquer sur la galerie d'en avant. C'est sûr qu'après avoir fait cet achat, je n'avais plus le choix de retourner à la pépinière me trouver des plantes... au grand désespoir de l'Homme qui voulait terminer les travaux qu'il avait entrepris la veille. Pendant que j'y étais, je n'ai pas pu m'empêcher d'acheter une astilbe pour remplacer les deux vivaces que j'ai finalement mises dans la plate-bande du Petit Muret dont je vous parlais hier (me suivez-vous au moins??). Je considère maintenant, à trois caissettes de fleurs près, avoir terminé mon aménagement de cette année.

Cela me rend triste. C'est la partie que je préfère : nettoyer les plates-bandes et les recouvrir de paillis, tracer les bordures, concevoir les pots, créer de nouveaux aménagements, courir les pépinières pour découvrir des plantes inconnues. Après, c'est sûr que j'aime voir pousser ma petite forêt vierge. Ainsi, ce matin, le pavot se pavanait fleur toute grande ouverte. Mais je réussis moins bien quand les chaleurs arrivent, quand les bibittes attaquent, quand le manque d'eau ou l'abondance de pluie déséquilibre mon fragile habitat. Des fois je me décourage et je laisse aller même si, chaque année, je prends la résolution d'être une jardinière attentive et passionnée jusqu'à la fin.

Allez, la saison est jeune. Je prête serment, la main sur la bêche : jurez-vous de prêter assistance aux plantes en détresse et de ne pas les laisser lâchement tomber avant le mois de septembre? Je le jure!

samedi 6 juin 2009

Essai timide à la zolienne (très timide)

Je manque de mots ou, plutôt, je n'arrive pas à trouver les bons. Ça m'arrive rarement, mais ça m'arrive. Ainsi, quand je vis quelque chose de très intense et de totalement nourrissant, je deviens complètement absorbée par mes sensations intérieures et mon désir d'imprimer le plus d'images possible dans mon cerveau. Si je veux ensuite partager le tout, je me retrouve devant un écran noir, version moderne de l'angoisse de la page blanche.

C'est effectivement difficile de décrire les choses simples du quotidien parce qu'elles ne semblent pas de prime abord présenter d'intérêt. Pourtant ce sont elles qui nous permettent, justement à cause de leur constance, d'apprécier le moment présent. Comment? En nous libérant de l'obligation d'avoir à noter des choses nouvelles, elles nous offrent le luxe suprême de la pleine contemplation.

C'est ce que j'ai fait aujourd'hui en me rendant au Marché By pour petit déjeuner et jaser fleurette. Je vais régulièrement au Marché. Je connais les étals. J'ai mes contacts avec certains marchands que j'apprécie plus particulièrement en raison de leur bonne humeur et de leur absolue gentillesse. C'est un endroit familier. Je me suis donc juste laissée vivre. Les gens étaient souriants à cause du soleil qui avait finalement percé les nuages. Il y avait des fleurs partout qui créaient de superbes mosaïques et les fines herbes embaumaient l'air. Si je faisais une Zola de mon moi-même, je pourrais étirer sur plusieurs centaines de lignes la description des effluves de basilic, de menthe ou de romarin, et vous gaver jusqu'à satiété des caractéristiques horticoles des nombreuses espèces de plantes qui étaient représentées. Mais je n'ai malheureusement pas le talent de Zola pour décrire tellement bien les choses que l'on se prend parfois à sentir un parfum ou à goûter une épice. Je peux juste vous dire que c'était formidable d'acheter mes plants de tomates et ce que j'espère être les dernières annuelles et vivaces dont j'aurai besoin cette année pour remplir mes plates-bandes.

Après avoir terminé mes achats, je n'avais qu'une hâte : me retrouver justement dans mes plates-bandes pour mettre en terre mes végétaux tout neufs. C'est ce que j'ai fait tout l'après-midi sous une lumière radieuse et une brise moyennement légère. Le quartier était en plus étonnamment tranquille. C'est comme si l'Homme et moi étions les seuls à profiter de cette merveilleuse journée. J'ai terminé mes boîtes à fleurs pour la galerie avant, j'ai étendu du paillis de cèdre (ah! encore une fois une odeur à se mettre sous le nez!), et j'ai refait pour la troisième fois l'aménagement des plantes qui se trouvent au-dessus du Petit Muret de Gatineau. J'espère que je suis finalement arrivée à concevoir la combinaison gagnante quoique... j'ai eu l'idée tout à l'heure d'y transplanter demain deux vivaces qui végètent à l'ombre dans la cour arrière et de me procurer une autre astilbe.

Enfin, pendant que l'Homme s'affairait à la cuisson sur barbecue, je suis allée m'asseoir au soleil au bout du Petit Muret en sirotant mon verre de vin. Je m'y suis fait chauffer la couenne comme un lézard. J'aurais voulu que la journée ne finisse jamais. Pour me consoler, je me suis dit que c'était là la beauté du quotidien. Revenir, encore et encore.

vendredi 5 juin 2009

Mon Dieu, quel bonheur, d'avoir un mari bricoleur!

À l'Homme

Imaginez-vous que le titre de cette chronique est tirée d'une chanson de Georges Brassens interprétée par Patachou. Voilà qui ne nous rajeunit pas! C'est l'Ami qui me l'a fait connaître il y a quelques années lors d'une de ces nombreuses fois où je me plaignais des talents de bricoleur de l'Homme ou, plutôt, de ses faiblesses en bas de la ceinture à outils.

L'Homme, comme la plupart des hommes, veut bien faire. Et je pense qu'il considère qu'il en va de sa virilité même de faire la preuve qu'il peut tout réparer dans la maison. Mais l'Homme se bute à deux obstacles de taille : son manque d'intérêt pour la chose et sa propension à la procrastination crasse. Cette équation toute simple démontre en partant que l'Homme ne franchira jamais facilement le Rubicon de l'art de la bricole.

Ce n'est pas faute de s'essayer. L'Homme s'est un jour improvisé bijoutier et il a décidé de réparer un de mes bracelets en le soudant lui-même. Le résultat : les mailles ont bien été soudées mais elles ont aussi fondu sous la chaleur de l'outil un peu trop puissant utilisé par l'Homme.

Une autre fois, il a décidé de devenir maçon pour empêcher les écureuils d'entrer par la cheminée du garage. Sa solution : il a décidé de condamner la cheminée en y introduisant une sorte de mousse isolante dont il a abusé et qui a formé un chapeau jaune pas très esthétique au-dessus de la cheminée. Il a fallu éventuellement qu'il scie la mousse en question. Il a récidivé avec la même mousse pour obturer une fissure sur le balcon de ciment en avant de la maison et a obtenu de grosses bulles qui sortent des côtés du balcon. Encore là, pas très joli à regarder tout ça.

J'ai tenté de l'initier aux travaux de jardinage. Peine perdue : l'Homme ne fait pas la différence entre une vivace et une mauvaise herbe. Je lui ai déjà confié la tâche de tailler les arbustes avec son nouveau sécateur électrique. Quand j'ai réussi à l'arrêter, il les avait transformés en bonsaï!

L'Homme a aussi tâté de la plomberie. Par exemple, si le robinet laisse échapper quelques gouttes, l'Homme s'acharne à le rendre totalement étanche... au point où il devient impossible de l'ouvrir sans utiliser des pinces-monseigneur. Il se méfie par contre de l'électricité (heureusement!) et, dans ce cas, lorsqu'il hésite en regardant les fils, il prend le temps de demander conseil. C'est sûr qu'il s'essaie quand même un petit peu. Devant mon désir d'avoir un projecteur avec détecteur de mouvement pour l'entrée de la maison, par exemple, il a décidé de procéder lui-même à l'installation. Cela a fonctionné quelques jours. Mais l'Homme devait sans cesse apporter des ajustements parce que le projecteur soit ne s'allumait pas ou soit refusait de s'éteindre. J'attends toujours que le problème soit réglé. Pour le moment, c'est la noirceur la plus totale.

Exaspérée de la procrastination de l'Homme, j'ai embauché récemment le Pusher de metal pour effectuer quelques travaux, dont le Petit Muret de Gatineau et le resurfaçage du balcon de ciment. Ce matin, l'Homme trouvait que tout allait trop vite pour lui!! Après cinq ans d'attente, nous avons enfin une nouvelle marche de ciment pour remplacer celle qui avait été détruite lors de la pose de l'asphalte dans l'entrée. Pour moi qui croyais être obligée de quitter la maison dans quelques années parce que je n'arriverais plus à grimper les blocs de béton que l'Homme avait installés provisoirement(!) pour servir de marche, je ne trouve pas que cela va trop vite. En fait, cela ne sera jamais assez vite à mon goût.

Non, vraiment, le bonheur n'est pas tant d'avoir un mari bricoleur qu'un mari qui n'est pas bricoleur et qui s'assume en tant que tel. C'est quoi le proverbe déjà? Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Dans notre cas je dirais : chacun son métier et notre ménage sera sauvé!
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Notes pédestres : Mon pied a retrouvé sa jeunesse d'antan. Pas de douleur à la cheville non plus. Vraiment, un entraînement comme je les aime.

jeudi 4 juin 2009

Deux chroniques pour le prix d'une

Ça y est. La Marcheuse urbaine parcourt à nouveau les trottoirs. J'avais tellement hâte d'essayer mon nouveau pied. J'ai donc décidé ce soir de mettre fin à ma convalescence et je me suis jetée avec délectation dans les rues du quartier. Je ne peux pas dire, cependant, que mon pied a retrouvé son état de jeunesse. Étrangement, c'est la cheville qui m'a fait le plus souffrir. Et la douleur sous mon pied s'est transportée... de l'autre côté!

Qu'importe. Je me fous de tout ça. J'ai décidé de continuer à marcher jusqu'à ce que je m'écroule. Je vais marcher jusqu'à devenir cul-de-jatte. Ça aura au moins l'avantage de me coûter moins cher d'espadrilles! Je persiste et je signe. Je dois marcher si je ne veux pas devenir folle. Ainsi, pendant mes quelques jours d'arrêt forcé, je me suis soudainement rendue compte à quel point il était essentiel que je marche pour gérer mon stress quotidien, à quel point l'exercice jouait un rôle important dans mon équilibre psychologique. Je sais qu'il s'agit là d'un thème que j'ai maintes fois abordé, mais il me semble que je ne vous ai jamais dit que mon cerveau s'était littéralement reprogrammé.

Au cours de ma journée de travail, par exemple, il m'arrive souvent d'éprouver, dans l'ordre ou le désordre, frustration, exaspération, découragement, déprime et désespoir. Spontanément, après avoir encaissé durement toutes ces émotions à la fois, mon cerveau m'envoie le message suivant : "C'est parfait... ce soir, tu pourras t'envoyer quelques tounes de metal bien senties et enfoncer sous tes pas déterminés toutes les bibittes qui sont venues t'écoeurer aujourd'hui". Et j'affiche automatiquement un sourire béat en pensant au plaisir que j'éprouverai à ouvrir les fenêtres pour aérer le deuxième étage et chasser les araignées du plafond!

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Saviez-vous que, depuis hier, il existe une autre structure humaine que l'on peut apercevoir de l'espace? Oui, oui, après la Grande Muraille de Chine, c'est le Petit Muret de Gatineau, appellation contrôlée trouvée par l'Ami pour se moquer gentiment de mes talents d'architecte, qui fait valoir sa présence sur les écrans radar. C'est avec la complicité (ou devrais-je plutôt dire les bras) du Pusher de metal et d'Athos, un autre ami du Fils, que s'est érigé le Petit Muret de Gatineau. J'avais pris congé expressément pour superviser les travaux. Les gars ont adoré travailler sous mes ordres et, surtout, sous mes balbutiements comme l'a fait remarquer Athos à un moment donné parce qu'il était exaspéré de mes commentaires et qu'il voulait quand même rester poli. Je lève d'ailleurs ma pelle à leur savoir-vivre exemplaire.

Si j'avais les talents photographiques de Marf (si je savais surtout comment faire pour utiliser un appareil numérique), je vous mettrais une image en pleine face et cela m'éviterait d'avoir à écrire mille mots pour vous parler de cette nouvelle merveille du monde.

Allez, je vous embrasse tous, amis lecteurs, et vous dis TGIFF même si moi je suis en congé demain!!