Tout a commencé hier avec la dernière journée de travail de ma grande amie L. qui retourne dans son Liban natal. Depuis deux ans, nous étions devenues des inséparables au bureau. Nous prenions notre café ensemble tous les matins et nous partagions avec humour les hauts et les bas de nos vies familiales. Quand elle m'a annoncé son départ il y a quelques mois, je n'y croyais tout simplement pas. J'ai bien essayé de faire comme si le jour fatidique ne se présenterait jamais mais je n'ai pas réussi à éviter l'échéance fatale.
Je m'étonne encore de la vitesse à laquelle notre amitié s'est développée. C'est comme si, malgré le fait que nous ayons grandi à des milliers de kilomètres l'une de l'autre et dans des cultures très différentes, nous avions vécu plein de choses semblables. Nous sommes des soeurs de coeur. Je vais tellement m'ennuyer de sa grande intelligence. Elle a la même formation que l'Homme, soit sciences politiques et journalisme. J'adorais donc quand elle m'expliquait ce qui se passait au Moyen-Orient. Avec elle, c'était tellement facile à comprendre. Elle jonglait avec les idéologies et les multiples factions politiques avec une aisance déconcertante. Soudainement, grâce à elle, je comprenais. Et ses connaissances géographiques m'épataient littéralement. Je lui souhaite vraiment de pouvoir un jour travailler dans son domaine. Nous nous étions aussi rapidement trouvées une passion commune : la cuisine. Elle m'a appris à faire hommous et tabouleh de façon vraiment authentique. Moi je lui ai fait goûter aux raviolis chinois de la Fille et à mes nombreuses variétés de muffins et de pains. Mais, ce qui va le plus me manquer, c'est sa sensibilité, sa grandeur d'âme, sa bonté et sa foi inébranlable.
Tu me manques déjà, chère L. Quand tu m'as serrée dans tes bras avant de partir, tu as laissé l'odeur de ton parfum sur mon chandail. Crois-tu que je me suis foutue le nez dedans quand je l'ai enlevé hier soir? Je voulais sentir ta présence une dernière fois. On se revoit peut-être au Liban... si Dieu le veut!
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Et, aujourd'hui, c'était le départ de la Fille pour sa fameuse quête d'indépendance dans la vallée de l'Okanagan. Le Fils était venu de Montréal pour l'occasion. Et l'Ami nous a rejoint à la gare d'autobus. Nous étions tous là pour la saluer une dernière fois avant le début de la grande aventure.
À cause d'une erreur administrative, je n'ai pratiquement pas eu le temps d'avoir la gorge serrée. À cinq minutes du départ de l'autobus qui devait la conduire à Sudbury, première étape du périple, nous étions encore en train d'argumenter avec les représentants du service à la clientèle pour tenter d'élucider le mystère qui entourait l'impossibilité d'imprimer son billet et celui de sa compagne de voyage. Pendant que j'insistais pour que les responsables s'activent à trouver une solution au problème de l'achat en ligne, l'Homme tentait de convaincre le chauffeur d'attendre encore quelques minutes pour l'embarquement de la Fille et le Fils, lui, courait mettre de l'argent dans le parcomètre.
Finalement, tout s'est vraiment réglé au dernier droit. La Fille a couru au quai d'embarquement. Elle a rapidement embrassé tout le monde et s'est engouffrée dans l'autobus. Quand je pense que je venais de tout faire pour qu'elle puisse partir comme elle l'avait prévu, je m'en suis soudainement voulue. Après les départs, je crois que ce sont les sentiments ambivalents que je déteste le plus. Me voilà pour les huit prochaines semaines aux prises avec la fierté toute légitime d'assister à l'éclosion de l'indépendance de la Fille et la culpabilité toute maternelle d'avoir permis à ma progéniture de se lancer dans un projet un peu fou. On se revoit le 20 août... je sais que Dieu le veut!
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Et j'ai mis un terme à ces deux jours chargés d'émotions en assistant à la projection de Departures, un film japonais qui a gagné l'Oscar du meilleur film étranger. On parle ici de départs définitifs puisqu'il s'agit d'une oeuvre traitant des rites funéraires au pays du soleil levant. C'était magnifique. J'ai pleuré un bon coup. Disons que cela a permis d'évacuer un trop-plein qui était en train de m'étouffer.
Je le répète, je n'aime pas les départs... quoique je commence à y discerner quelque chose qui peut amener du neuf, une vision autre, un doux espoir. Et puis, ne faut-il pas partir pour revenir?
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T'inquiète. Les départs engendrent toujours de nouvelles arrivés, de nouvelles rencontres ainsi que de nouvelles expériences. C'est certain que c'est touours difficile de passer au travaers mais une fois fait, il y a toujours de bien qui s'ensuis. Bon début de nouvelle aventure!
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