Je suis inadéquate. Une mésadaptée de la vie. Tout le monde est à l'heure olympique, sauf moi. Je ne veux surtout pas déprécier les efforts déployés par les athlètes pour se rendre au podium. C'est juste que ça ne m'intéresse pas vraiment, pour ne pas dire pas pantoute.
Alors, qu'est-ce que vous pensez? Toute la journée, je me suis sentie comme une
extra-terrestre qui essaie d'intégrer ses trois bras et ses cinq pieds dans une société qui ne veut soudainement plus rien savoir du multiculturalisme ni de l'ouverture aux autres. Non. Pour les prochaines semaines, il faut être comme tout le monde. Et vibrer uniquement aux performances, aux exploits, aux réussites, à l'excellence, au dépassement de soi, à la PERFECTION! Je m'excuse mais j'aimerais passer à autre chose.
Impossible. Je vais à une réunion ce matin. Avant même que l'on se mette à attaquer le vif du sujet qui nous avait tous réuni dans une minuscule salle, il a fallu bien évidemment discuter des Jeux olympiques! Si ce n'avait été de la
soeur Psy qui m'avait appris hier soir
qu'Alexandre Bilodeau avait gagné une médaille d'or, j'aurais eu l'air d'une véritable...
extra-terrestre! Ça s'est donc mis à raconter de long en large l'entier déroulement de la cérémonie d'ouverture. Puis ça s'est enchaîné avec les mérites d'un pays par rapport à un autre. Et ça s'est poursuivi avec des plaintes genre "À la fin des Jeux, on va être complètement mort. Faut se coucher tellement tard si on veut tout voir!" et "C'est donc ben plate qu'il ne fasse pas beau à Vancouver. Y on pas de neige, c'est épouvantable!" Une chance que ça s'est arrêté là. J'étais sur le point de vomir.
Vous trouvez que j'exagère.
Détrompez-vous! Que voit-on à la une de tous les journaux depuis que le cirque a commencé? Uniquement des articles sur la préparation mentale des athlètes, des statistiques sur chacune des disciplines sportives, des analyses de probabilité sur nos chances de remporter ou non une médaille, et j'en passe. La Terre a arrêté de tourner et, on l'espère, de trembler. Que les habitants de Haïti montent leurs tentes tout seuls. Nous, on n'a plus le temps. On skie, on patine, on glisse, on joue au hockey.
Comme si ce n'était pas suffisant. Il faut en plus digérer l'infecte sauce rouge et blanche dans laquelle les Jeux baignent.
Que dis-je... dans laquelle ils surnagent. Je n'en peux plus d'entendre parler de fierté nationale, d'occasions à saisir pour faire connaître notre beau pays, de la chance incroyable qui nous est donnée d'accueillir le monde chez nous, de la nécessité de présenter une vision idyllique des peuples fondateurs, bref de l'hypocrisie. La visite est là... il faut se mettre sur notre 36!
En tout cas, le grand César avait bien compris la nature humaine : "Du pain et des jeux, et le peuple sera content!" Moi, j'suis pas contente.
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Notes pédestres : Le soleil couchant, ce spot de lumière, était orangé ce soir. Ma mère disait que c'était signe de beau temps. On va voir ça demain!
Haha, moi non plus je ne suis pas les olympiques... Et elle est où la fierté nationale? Le pays qui a engouffré le plus d'argent pour ses athlètes? Et tout ce qui n'est pas l'argent, ce sont les athlètes eux-mêmes qui l'ont déboursé, et sans doute pas dans le but d'enorgueillir leur pays, mais plutôt par objectif personnel. Que je ne comprends dailleurs pas... mais je ne suis pas un exemple, moi et le sport...!
RépondreSupprimerJe trouve ridicule de financer ses jeux et ses athlètes, ses cérémonies frivoles et toutes ses ribambelles pour simplement se faire valoriser face aux autres pays. A-t-on si peu d'estime de notre propre pays qu'on doit patiner plus vite que les autres pour être fier d'être canadien? C'est mieux que la guerre, mais le nationalisme est une idée du passé.
RépondreSupprimerN'empêche pas que j'écouterai les matchs de l'équipe canadienne de hockey pour voir les équipes les plus puissantes au monde s'affronter.