vendredi 5 février 2010

M'écoutes-tu?

Ah! les parents. Nos élites gouvernementales peuvent bien se sentir obligées de fabriquer des commerciaux pour les inciter à être davantage présents à leurs enfants. Voici deux observations recueillies aujourd'hui.

Je suis dans la salle d'attente de la clinique médicale. À côté de moi, un papa, une maman et leur petit garçon d'environ six ans. Ça fait un bout de temps qu'ils sont là. Le petit garçon a quand même été patient, je trouve, en demeurant assis bien sagement sur sa chaise. À un moment donné, il enlève une de ses bottes d'hiver et dit à sa mère : "J'sais pas c'qui se passe avec ma botte. Ça me fait mal des fois quand je mets mon pied dedans. On dirait qu'y a k'chose qui me pique". La mère demeure imperturbable. Le petit se tient maintenant devant elle et la regarde espérant sans doute qu'elle lui propose une explication quelconque ou, à tout le moins, qu'elle s'intéresse à la chose. Finalement, la mère semble se rendre compte de la présence de son fils et lui répond : "Veux-tu bien remettre ta botte dans ton pied et l'attacher tout de suite". C'était sans réplique. Et le petit garçon n'a eu d'autre choix que de remettre sa botte sans même que son problème soit reconnu.

Je suis dans la salle d'attente du Sondeur d'âme. À mes côtés, un ado d'environ quinze ou seize ans et son père. Les deux lisent, le premier un magazine, le second son journal. Tout d'un coup, l'ado laisse tomber son magazine et, regardant son père assis en face de lui, commence à lui faire part de son opinion au sujet de l'article qu'il vient de parcourir. "Tu sais, c'est drôlement intéressant ce qui est dit ici. On propose de cesser de parler de l'adolescent et d'utiliser plutôt l'expression jeune adulte". Le père poursuit sa lecture. Il ne relève même pas la tête. Mais l'ado continue : "Dans l'article, on a interviewé une jeune fille qui dit que les parents préfèrent ne pas savoir la vérité sur la vie sexuelle de leurs enfants en préférant par exemple qu'ils couchent avec leurs chums ou leurs blondes chez des amis. Comme ça, si ça ne se passe pas chez eux, c'est comme si ça n'existait pas". Toujours aucune réaction, même infime, de la part du père. L'ado ne lâche pas : "Après ça, les parents s'étonnent d'apprendre par d'autres que leurs enfants ont une vie sexuelle active". Là, c'est moi qui ai lâché mon livre pour l'écouter. Je trouvais que la conversation devenait intéressante. Pas le père. Il ne bronchait toujours pas. J'en étais à me demander si je ne devrais pas échanger avec cet ado allumé quand leur Sondeur d'âme s'est présenté pour les inviter à passer dans son bureau. En fait, c'est à l'ado qu'il s'adressait. Mais le père s'est levé et a dit au Sondeur d'âme : "Je vais y aller pour quelques minutes. Je veux savoir comment il va". Pourquoi attendre de demander à quelqu'un d'autre ce qu'il aurait sans doute pu savoir lui-même s'il avait seulement écouté son fils?

Je sais que les parents sont pris avec leurs problèmes et que la vie va trop vite. Mais justement, parce que la vie passe si vite, est-ce que ce n'est pas encore plus important de prendre le temps d'écouter les enfants pendant qu'ils sont là et qu'ils ont besoin de nous? Il vient bien assez tôt le jour où l'on n'entend plus résonner les mots : "Maman, maman, il faut que j'te parle".

2 commentaires:

  1. Wow, j'adore vraiment l'ironie! C'est vrai que c'est n'importe quoi... Mais pour ce qui est des commerciaux, moi je trouve ça cool qu'on soit rendus là en tant que société. Qu'on ait fait ce constat et qu'on essaie d'améliorer la situation dans ce sens, je trouve que c'est signe qu'on fait des choix réfléchis. Je ne dirai jamais assez à quel point la famille est importante dans le développement et combien certains d'entre nous sont choyés! Il faut en profiter :)

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  2. Moi c'est drôle mais, contrairement à toi, je trouve ça plutôt triste qu'on soit rendu là. Il me semble justement que dans une société où l'on ne cesse de prôner l'importance de prendre soin de soi, d'être attentif aux autres, de se garder en bonne santé, de pratiquer une activité physique, on ne devrait pas avoir à rappeler l'importance du rôle joué par les parents. Mais comme ceux-ci sont de plus en plus occupés à répondre à leurs propres besoins, ils délaissent ceux de leurs enfants. Je trouve ça très égoïste. Un enfant, ce n'est pas un meuble que tu achètes un jour et dont tu te débarrasses à un moment donné parce qu'il ne "fitte" plus dans le décor. Pourtant, c'est ce que beaucoup de jeunes vivent de nos jours. Alors, encore une fois, c'est l'État-providence qui doit venir à la rescousse pour nous rappeler que nos enfants ont besoin de nous. Triste, triste constat d'une société centrée sur son petit nombril!

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