Je suis en vacances. J'ai tout mon temps. Mais je n'ai pas de patience. Et je ne sais pas pourquoi. Je m'essaie à une vaine tentative
d'explication : c'est parce que je fais maintenant partie du club 5/15. Oui, il semble que je suis entrée dans ce club sélect le
13 septembre dernier, jour où j'ai atteint l'âge vénérable de
55 ans (
permettez-moi ici de reprendre une joke irrésistible de l'Homme - Oui! ça vit vieux un singe!). J'attends que les rires s'éteignent et je reprends mon propos.
Alors, selon le compagnon de la Soeur du milieu, j'ai donc joint les rangs des privilégiés de la société qui peuvent affirmer sans ambages, de préférence à leur employeur, la tonnante vérité
suivante : "Tu m'écoeures
5 minutes et j'suis partie dans 15!". J'adore. En même temps, force m'est de constater que cette maxime ne laisse pas beaucoup de place à la tolérance. C'est clair. Ça signifie que les minutes passées à entendre des discours insignifiants et de belles paroles inutiles sont maintenant comptées. Et elles ne s'éternisent pas. Je compte jusqu'à cinq et je crisse mon camp!
Bon, bon. L'Homme n'aime pas quand je sacre. Ça ne fait pas dans la distinction
paraît-il. Peut-être mais ça soulage en maudit par exemple! Voilà que je m'emporte à nouveau. Vous voyez ce que je voulais dire en vous avouant plus haut mon impatience nouvelle. Chus pu capable. Je me sens comme un prisonnier qui a inscrit sur son mur des centaines et des centaines de traits pour indiquer la durée de sa sentence. Et là, il s'apprête à tracer ses derniers bâtonnets. Pourtant il lui semble qu'il n'y arrivera pas. Il est devenu vieux. Et fatigué. Le doute l'étreint parfois et il se demande ce qu'il va faire de cette liberté qu'il a tant espérée. C'est ça qui arrive quand tu as été soumis pendant de longues années à un horaire qui n'est pas le
tien : tu t'habitues à fonctionner selon les besoins des autres. Tu en viens même à ne plus savoir que toi aussi tu as des besoins. Pas le temps. Plus tard. Un jour.
Et là, le jour arrive. Tu ne pensais plus le voir poindre à ton horizon. Wow! C'est beau. Et épeurant. Va falloir que tu te grouilles et que tu consultes les innombrables listes que tu as dressées au fil des années afin de trouver très vite ce que tu voulais tant faire une fois que tu aurais du temps pour toi. Quoi? Tu as oublié!
Arrête-moi ça tout de suite. C'est surtout pas le moment d'être atteint d'Alzheimer. Tu me tapes sur les nerfs avec ton amnésie soudaine. Ça ne devrait pas être si difficile que ça de ramener à ton esprit les merveilleux projets que tu comptais réaliser une fois que tu serais libre. Tu ne voulais pas voyager? Me semble que tu avais parlé de la possibilité de te mettre enfin à l'écriture? Non, non, tu voulais te dévouer pour tes semblables et faire du bénévolat. À moins que je confonde avec la fois où tu mentionnais ton envie de juste rien faire et de te laisser vivre.
Qu'importe ce que tu vas décider. Le chronomètre est parti. Tu as un peu plus de 5 minutes... mais pas vraiment beaucoup plus.
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