mercredi 15 janvier 2025

À question existentielle, réponse partielle

 



Vous savez quoi? C'est pas facile de gérer mon hamster. On est encore en janvier. Je n'ai donc pas abandonné ma résolution d'établir un lien plus zen avec la bibitte qui habite mon cerveau. Alors, dans un souci de m'aider à dompter l'indomptable, j'ai décidé de mettre en pratique un conseil de K., mon prof de yoga également animatrice de mon atelier de méditation, et de prendre au moins cinq minutes par jour pour débuter la journée en faisant Ohm. Je crois que je peux trouver ce temps dans mon carnet de bal quotidien pour me choisir et prendre contact avec moi.

Mais voilà! Qui s'invite précipitamment à ce moment privilégié de supposé calme? Oui, la bibitte. Elle m'apparaît systématiquement dès que je commence à respirer plus profondément. Et comment qu'elle se présente à moi? Toute énervée!! Je n'arrive pas à la suivre tellement elle bouge vite. Quand je m'imagine en train de l'arrêter, elle m'échappe à toute vitesse et se remet à danser comme une vraie folle! Souvent j'abandonne de la tranquilliser un peu. J'arrive parfois à négocier avec elle et à obtenir qu'elle prenne ça cool et qu'elle ne gâche pas ma journée avec ses envolées catastrophiques.

Ce matin, j'ai donc décidé de l'amener avec moi à l'atelier de méditation. Je me suis dit qu'elle serait peut-être gênée d'autant s'énerver devant des gens calmes à la recherche de la paix et de la sérénité. Je n'avais pas complètement tort. Au début, elle a reproduit son manège habituel puis, doucement, elle a décidé de s'asseoir dans mes mains placées judicieusement l'une sur l'autre pour mieux l'accueillir. Elle était drôle. Elle a d'abord essayé de s'installer en tailleur et elle n'y est pas parvenue à cause de ses trop petites pattes. Finalement, elle s'est couchée sur le dos, les quatre fers en l'air!

Ça s'est plutôt bien passé. J'ai réussi à me concentrer sur la voix de K. et à me connecter à ma respiration et rester dans le moment présent. J'ai juste accroché sur une phrase et je n'arrête pas d'y revenir. Quand K. a dit : "On est choyés d'expérimenter la vie", ma tête a immédiatement réagi par un véhément "pourquoi?".  Et je continue à m'interroger. Oui, à quoi ça sert d'écouter un film dont on connaît déjà la fin? Et plus on vieillit et plus on se demande avec angoisse (en tout cas moi je me le demande) de quoi elle va avoir l'air cette fameuse fin. On l'espère la plus douce possible mais y a aucune garantie là-dessus. On sait seulement qu'on s'en va vers le trou. 

Bon, je suis capable de reconnaître les belles choses de la vie. Par exemple, j'apprécie et je suis reconnaissante pour l'environnement où je me trouve, près de la nature que je peux contempler à tout moment de la journée juste en regardant dehors par les immenses fenêtres du condo. C'est un privilège et j'en suis consciente. Je peux également apprécier ma chance d'avoir l'Homme à mes côtés depuis 46 ans. C'est toute une aventure ça! Et que dire de ma famille et de mes amis, et de mes félins adorés!  

Malgré tout, j'ai constamment un serrement dans la poitrine (non, cher hamster, ce n'est pas une crise cardiaque en devenir). C'est un mal-être, une tristesse qui m'accompagne depuis longtemps. Cela m'empêche de commencer ma journée en rigolant. D'ailleurs, l'autre matin, en me rendant aux toilettes, j'ai pris le temps de me regarder dans le miroir et d'essayer de sourire. C'est un pauvre rictus que ma bouche a dessiné. Et comme j'avais l'air vieille! Même mes yeux étaient éteints. Je suis retournée dans ma chambre pour méditer et faire mes exercices de yoga. Quand je suis retournée à la salle de bain pour m'habiller, que vois-je dans le miroir? Une autre moi complètement. J'étais enfin capable d'avoir un magnifique sourire, un vrai, pas forcé pantoute! Et mes yeux brillaient. J'ai même pu me dire, à haute voix s'il vous plaît, que je m'aimais et que j'en valais la peine! 

Peut-être, je dis bien peut-être, que la vie vaut la peine d'être vécue pour ces simples petits moments de sagesse où on pense avoir enfin compris quelque chose sur notre mission ici-bas. Peut-être, je répète peut-être, qu'à force d'accumuler des bonnes notes dans les tests de cette vie, on va pouvoir réussir l'examen final. Qui sait?


vendredi 10 janvier 2025

Réflexions de début d'année

Je n'avais pas vraiment pris de résolutions cette année. Bon, pour être franche, j'y pensais mais je procrastinais et puis, dois-je aussi avouer, j'en ai un peu assez de me forcer pour être la meilleure version de moi-même en me faisant sans cesse planter par tout un chacun. Juste être moi semble poser un véritable problème à certaines personnes. Habitée des meilleures intentions, je finis toujours par causer des malentendus, des malaises, des silences, des boudages, de l'évitement, bref, je termine seule dans mon coin en train de me demander encore une fois ce que j'ai bien pu faire pour obtenir un résultat aussi inconcevable. Selon la Fille, quand elle daignait encore essayer de m'améliorer, je ne réalise même pas ce que je fais. Elle doit avoir raison. Effectivement, je ne sais pas pourquoi tenter d'exprimer mes émotions, mon mal-être, mon inconfort, mon incompréhension devient soudainement une impossibilité, pire, un crime passible des pires châtiments.

Alors, je me disais encore cette semaine, à quoi bon essayer d'améliorer ce dont je n'ai même pas conscience? C'était avant l'anxiété qui s'est emparée de moi à la suite d'un rhume qui m'a fait trop tousser à mon goût et d'une crise d'urticaire venue brutalement me surprendre. La machine s'est emballée. Me voilà en train de vérifier l'état des urgences autour de chez moi. J'appelle pour un rendez-vous en privé. J'essaie de méditer étendue dans mon lit et je tousse ma vie. Je m'habille à 4 h du matin bien décidée à prendre un taxi pour me rendre finalement à l'urgence m'assurer que je ne suis pas en état de mort prochaine. Heu...reu...se...ment, j'ai réussi à respirer par le nez, à me calmer et à négocier avec le hamster fou. C'est là que je me suis dit qu'il me restait quand même quelque chose dont j'étais consciente et que je pouvais améliorer : mon rapport avec le hamster!

Cette année, je voudrais bien que ce lien qui nous unit soit plus zen et que le hamster ralentisse la cadence. L'ennui c'est que cette bibitte qui a mon âge, soit bientôt 70 ans bien sonnés, est beaucoup plus en forme que moi. Elle court toujours comme une folle. Rapide comme l'éclair, elle n'hésite pas à élaborer les scénarios les plus catastrophiques en un temps record. Incroyable quand même ce talent qui se perd! Elle pourrait écrire des polars, des scénarios de films et des séries télés où on pourrait même voir des araignées géantes envahir un hôpital...oups je crois qu'un cerveau habité d'un hamster aussi malade que le mien a déjà réalisé cette idée. En tout cas, je formule ardemment le voeu d'arriver à négocier plus facilement avec le hamster fou, bientôt sénile et à peu près hors d'état de nuire je l'espère.

Et voilà pour une première résolution. Une autre chose à laquelle j'ai pensé c'est que ce serait bien que je commence à me respecter davantage, tout en respectant les autres bien évidemment. Je ne suis pas habituée à me choisir, trop occupée que je suis à rechercher l'amour et la reconnaissance, à vouloir faire plaisir, à tenter de garder des liens familiaux forts et, mission impossible, à sauver le monde littéralement. Pas étonnant que je sois fatiguée et que je ne m'y retrouve plus. En tout cas, pour réaliser ce deuxième objectif, je veux m'aligner sur cette magnifique déclaration d'une participante à mon cours de yoga. J'admire totalement cette personne pour son franc parler. Ainsi, à l'invitation de notre prof qui nous demandait de réfléchir à un changement que nous aimerions apporter au cours de la prochaine année et de le partager avec le groupe, elle a répondu ceci : "Moi, je ne vois rien à changer. J'aime ma vie. J'aime la personne que je suis. Qui m'aime me suive et que ceux qui ne m'aiment pas me laissent sur le bord de la rue. De toute façon, il y aura bien quelqu'un d'autre pour me ramasser!".

C'est parfait. Rien à rajouter. Moi aussi je m'aime. Je sais ce que je vaux. Je connais mon coeur. Je suis un être humain imparfait certes, mais j'ai une belle âme et ne suis jamais animée de la moindre velléité de nuire ou de faire du mal. Je n'ai pas une once de méchanceté ou de rancune. J'ai l'excuse facile car je sais reconnaître mes torts. J'ai le pardon moins facile mais je travaille là-dessus tous les jours. Quand quelqu'un me fait du mal, je l'entoure de lumière et je lui envoie de l'amour. C'est moi ça. Celle qui sauve les insectes les plus minuscules, qui adopte les chats errants, qui aime sa famille au point de s'oublier elle-même, qui rend service autant qu'elle le peut, qui se révolte des injustices et des inégalités toujours prête à monter aux barricades. 

Cette année, je renvoie donc le miroir vers vous qui ne m'acceptez pas, qui me jugez, qui me faites de la peine et qui s'en balancez, qui ne me donnez même pas la chance de la rédemption. Moi aussi je préfère être abandonnée sur le coin de la rue et continuer mon chemin avec des personnes qui n'ont pas peur des vraies relations, qui sont animées d'empathie et de bienveillance, qui sont capables, par amour, d'accepter les maladresses et les erreurs parce qu'elles considèrent que le plus important c'est de  sauvegarder le lien.

Je termine avec une autre question de notre prof de yoga : quel rêve avez-vous pour la prochaine année? Me croirez-vous si je vous dis que j'ai été incapable sur le coup de penser au moindre petit rêve. C'est comme si j'étais déjà rendue au "terminus, tout le monde descend!". Faut dire que la dernière année a été particulièrement éprouvante. À défaut de rêves, j'ai assurément perdu beaucoup d'illusions. Des choses que je croyais acquises pour toujours parce que j'y avais non seulement investi une partie de ma vie, mais une partie de mon âme. Le choc a été brutal. Il l'est encore. Je me suis littéralement sentie éjectée de mon cercle familial et abandonnée sur le bord de la rue. Tout est dans tout. Ce n'est pas surprenant que cette phrase de ma compagne de yoga ait autant résonné en moi.

Un rêve? J'en ai trouvé un qui s'est vite imposé à mon esprit : écrire. Oui, continuer à écrire, plus régulièrement, pour me permettre de partager petits et grands bonheurs, pour poursuivre ma découverte de moi et des autres, mais surtout pour me faire plaisir. À très bientôt donc!