Je trottine donc en direction de mon chez moi quand, au loin, j'aperçois les feux clignotants d'une ambulance stationnée, me
Mon autre hypothèse, c'était notre voisine. J'aurais dû me douter qu'il s'agissait là d'une situation plus réaliste. Cette pauvre dame est très malade, branchée continuellement à une bonbonne d'oxygène. Confinée à son fauteuil, elle mange trop. C'est en fait sa seule occupation. Elle a donc pris beaucoup de poids ces dernières années. J'ai pensé que la chaleur l'avait incommodée. En tout cas, l'ambulance avait été appelée pour elle.
Je suis arrivée à la maison en même temps que l'Homme. Soucieux tous les deux de ce qui se passait à côté ou, plutôt, de l'état d'esprit de notre voisin que nous aimons bien et qui joue le rôle d'aidant naturel au péril de sa propre santé, nous nous tenions aux aguets. Nous ne voulions pas non plus nous transformer en écornifleux comme les deux filles qui s'étaient carrément assises sur la pelouse de notre voisine d'en face pour être aux premières loges de la
Pendant un bon moment, je suis restée obsédée par cette image de ma voisine et de son énorme ventre que le
L'Homme a traversé pour parler un peu avec notre voisin. Il a appris que la situation, depuis quelques semaines, avait empiré. En plus de tous ses problèmes de santé, notre voisine était maintenant incontinente. Refusant d'être placée, elle passait ses journées toute seule, sauf pour l'heure du dîner où notre voisin partait de son travail pour lui préparer son repas. C'est triste, non? Mais ça le devient encore plus. Les couches jetables, ça coûte cher. Notre voisin gagne peu. Quand elle ne portait pas de couches, notre voisine pissait par terre. Il paraît, selon son mari, que l'odeur est imprégnée dans la maison. Les gens ne veulent plus les visiter. Lui, il fait de son mieux mais il ne peut pas désinfecter avec n'importe quel produit à cause de la santé de sa femme. C'est pathétique.
Je ne vous parle pas de ça pour sombrer dans le jaunisme des journaux à potins. Je ne fais que m'interroger sur notre système de santé qui ne peut apparemment que fournir une aide quelques jours par semaine dans ce genre de situation. Je me demande dans quelle société on vit quand je constate que mon voisin s'inquiète de ne plus pouvoir louer sa maison si sa femme est placée. En effet, privé du revenu de la malade qui sera entièrement consacré à payer sa place dans un centre de soins de longue durée, il ne pourra s'acquitter de toutes ses obligations avec son maigre salaire de journalier. J'imagine qu'ils tombent dans les "trous" du système. Juste assez d'argent pour n'avoir droit à rien. Mais pas assez pour s'offrir les services nécessaires. Et tout ça ne se passe pas dans un pays pauvre, non. Ça se passe ici, à côté de chez nous.
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