Je prends une autre bouchée de salade et poursuit ma lecture. Un petit encart attire mon attention. Intitulé Somalie : la famine gagne du terrain, il nous apprend que les Nations Unies ont identifié trois nouvelles régions de Somalie comme étant en situation de famine. Ces régions s'ajoutent aux deux autres déjà déclarées le mois dernier. Je commence à mastiquer moins vite en lisant qu'une conférence de donateurs destinée à récolter de l'argent pour les victimes de la famine dans le pays a été reportée d'au moins deux semaines. Juste ça. Et pourquoi?
Là, je n'ai plus vraiment envie de terminer mon repas. Je suis dévastée par l'ampleur de la tâche. Il me semble que peu importe le geste que je pose, cela ne voudra rien dire. Cela n'aura aucun effet. La goutte d'eau à tout jamais perdue dans l'océan. Je me sens solidaire, mais totalement impuissante. Que faire quand les responsables de la guerre civile et, par conséquent, de la famine qui sévit, interdisent l'accès à la plupart des organisations humanitaires? À qui crier ma révolte? À qui adresser mon désarroi? Je peux faire un don, certes. Je peux aussi rendre grâce pour la nourriture dont je ne manque jamais et ne pas la gaspiller. C'est tellement peu et ça ne fait tellement pas disparaître les images des ventres gonflés des enfants qui se meurent.
Soudainement, j'ai faim. J'ai faim de justice. J'ai faim d'équité et de partage. J'ai faim de générosité, de solidarité. J'ai faim d'amour, de compréhension, de tolérance. J'ai faim de solutions permanentes et durables.
J'ai faim que la souffrance ait une fin.
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