J'entre dans l'autobus ce matin et, comme à l'habitude, je me dirige vers l'arrière. J'aime bien, quand il y a de la place, m'asseoir sur le grand banc latéral qui s'y trouve. Mais, avant d'y arriver aujourd'hui, j'ai bien été obligée de prêter attention à un jeune homme assis près d'une des fenêtres. Et pourquoi, me demandez-vous, a-t-il attiré mon regard? C'est que sa tête était coiffée d'un imposant chapeau de papier qui ressemblait à une couronne et sur lequel était inscrit le mot "King". Voilà pour un début de journée plutôt inhabituel!
Comme je me dirigeais par la suite vers le bureau, je rencontre...non, pas mon balayeur matinal, mais un jeune homme à bicyclette qui freine brusquement pour s'arrêter devant moi. Il me demande alors si je parle anglais et si je le comprends bien. Devant mon oui sans équivoque à ses deux questions, il se met à me raconter son histoire. Sa femme enceinte qui a faim. Ses démarches auprès des différentes banques alimentaires qui ne peuvent pas l'aider parce qu'il n'est pas encore inscrit sur leur liste. Le CLSC qui va pouvoir lui fournir des oeufs, du lait et du jus d'orange mais seulement lundi. La fin de semaine qui s'annonce longue avec un estomac vide. Je l'écoute attentivement et je lui dis : "What do you want from me?". Il m'avait déjà précisé qu'il ne voulait pas d'argent. Alors il me répond qu'il cherche une personne de bonne volonté qui pourrait l'accompagner au magasin pour lui acheter quelques victuailles. Je n'ai fait ni une, ni deux. J'ai sorti 10 $ de ma poche et je les lui ai remis. Il m'a regardée en me disant qu'il allait pleurer. Il m'a même embrassé la main. Comme je m'informais si c'était assez, il m'a répondu qu'il aurait eu besoin d'un peu plus mais que c'était déjà très bien. Je lui ai donné plus de sous. Il m'a demandé mon nom et m'a souhaité une bonne journée en me faisant une accolade. Comme il repartait à vélo, je me suis retournée pour lui demander aussi son nom. "My name is Benjamin". - "Well, Benjamin, I hope that I will meet you again". Il est reparti et m'a laissée seule sur le trottoir avec mes larmes. C'était à la fois irréel et d'une réalité crue. Oui, mes amis, pas besoin d'aller bien loin pour trouver des gens qui ont faim. Il y en a aussi à nos portes et plus que nous ne pouvons même l'imaginer.
Comme je vous le mentionnais hier, j'ai terminé ma journée chez le Doc. Il était de fort bonne humeur et, comme toujours, d'une absolue et totale gentillesse. J'avais la Fille pour me tenir la main et le Doc pour me rassurer. Que demander de mieux? Ça a fait mal quand même mais j'ai pensé à la soeur du Milieu et j'ai été brave.
Est-il trop tôt pour citer le capitaine Haddock? "Elle s'en va, elle s'en va ma douleur au pied!" À suivre.
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