vendredi 22 janvier 2010

Oui, Virginie, l'amour des autres ça existe

Chère Virginie,
tu ne connais pas mon nom, seulement ma face. Et j'imagine que tu feras un effort pour t'en rappeler dans les semaines à venir puisque je suis persuadée que tu m'as étiquetée "cliente bitch" depuis mon passage à l'épicerie hier soir. Que veux-tu... le hasard a malheureusement voulu que nos destins se croisent.

Je sais bien qu'être caissière ne doit pas être chose facile. Tu dois entendre régulièrement les plaintes des clients, endurer leur face de mi-carême pendant que toi tu fais l'effort (très minime dans ton cas) de leur dire bonjour sur les ordres de tes patrons et répéter ad nauseam les mêmes gestes toute la journée. C'est ce dernier aspect de ton travail qui a causé ma frustration pendant que je te regardais comptabliser mes achats debout à contempler ta face de fille-qui-aimerait-être-n'importe-où-ailleurs. Je fulminais intérieurement en te regardant t'emparer de chacun des produits pour les passer sous le scanner et ensuite les "pitcher" littéralement derrière toi (je n'arrive pas à trouver d'équivalent pour qualifier la désinvolture et le manque de soin avec lesquels tu touchais à mon brocoli que j'avais soigneusement choisi, mes poires que j'avais minutieusement tâtées et mon melon au miel que j'avais délicieusement humé). Et ce qui devait arriver, arriva. Comme tu n'avais de cesse de tout empiler sans ménagement, tu as ajouté un sac de carottes de trop sur la pile et mes belles carottes bio de couleur se sont écrasées lamentablement sur le plancher. Le choc a quand même été assez fort pour que le sac s'éventre et que les carottes se retrouvent en morceaux. C'est sûr que je n'ai rien perdu au change puisque l'emballeur est allé m'en chercher un autre. Mais j'ai tout de même perdu le peu d'illusions que je gardais encore sur ton goût du travail bien fait.

Justement, parlons-en de l'emballeur. À part le fait qu'il était emballé par ton charme de fille bronzée artificiellement dans les salons (selon l'Homme qui connaît ça plus que moi, il se retenait en fait de bander - l'emballeur, pas l'Homme, enfin je l'espère), là s'arrêtait son intérêt pour ce qu'il faisait. Il n'avait donc pas l'ambition d'être nommé employé du mois grâce à la qualité du service offert. Ce qui fait qu'en sortant du magasin, un des sacs qu'il avait placé en équilibre instable dans le panier s'est ouvert et que l'Homme et moi avons dû courir après deux de nos fromages dans le stationnement. Nous nous sommes aperçus ensuite en mettant tout ça dans la valise de la voiture qu'il avait placé la viande par-dessus les pains. L'un d'entre eux était complètement écrasé! Là, mon sang de consommatrice qui venait de dépenser près de 500 $ n'a fait qu'un tour et je suis retournée dans le magasin.

Je sais que j'aurais pu me contenter de demander à ce que mon pain soit remplacé (ce que j'ai d'ailleurs fait), mais je me suis également plainte au comptoir du service à la clientèle car bon service je n'avais pas vraiment reçu! Et j'ai dû avouer que c'est à ta caisse, chère Virgine, que j'avais vécu cette mauvaise expérience. J'ai cru remarquer, avant de quitter, que tu avais jeté un regard en ma direction. Je ne dirai pas qu'il était noir puisque j'étais un peu loin. J'imagine cependant que c'est à ce moment que tu as dû me coller l'étiquette de "cliente bitch".

Je ne peux certes t'empêcher de croire que je me suis plainte pour rien. Disons à ta décharge que ton attitude ressemble à celle adoptée par de plus en plus de personnes de nos jours. Un laisser-aller, un je-m'en-foutisme un peu généralisés. À la longue, cela devient lourd et lassant. Cela donne l'impression que plus rien n'a d'importance, même pas les relations humaines ou la satisfaction du travail accompli. Je sais que je devrais commencer à me faire à l'idée mais c'est plus fort que moi et je garde toujours l'espoir qu'on va arriver à se défaire un de ces jours de cette très mauvais habitude de penser que rien ne vaut la peine.

Je te souhaite franchement une bonne journée et j'espère que tu seras capable d'accueillir éventuellement avec un véritable sourire les clients/êtres humains qui se présentent à ta caisse.

Une cliente peut-être pas si bitch que ça!
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Notes pédestres : Une superbe journée pour marcher. Avec du soleil en prime. Que demander de mieux, vraiment!

Notes subliminales : Entendu, aujourd'hui, de la bouche de mon superviseur : "Ah! Mais que ferions-nous sans toi?". Phrase inquiétante, comme vous le savez, surtout lorsqu'elle est prononcée dans un moment particulièrement mort au point de vue charge de travail. Réponse que j'aurais pu donner : "Vous auriez un peu plus d'argent pour boucler le budget de la direction". Il faut être réaliste quand même.

1 commentaire:

  1. J'ai bien aimé cet entrée de blog. Ça me rappelle de mon emploi au IGA.

    L'Homme a raison. Les jeunes gars sont vulnérables au bronzage artificiel, aux couches opaques de machillage, aux cheveux stylisés et peignés et au string.

    N'oublie pas le Flying spaghetti monster

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