Je reviens de chez le coiffeur. Ça m'a fait du bien. Nouvelle couleur. Jasette avec les habituées. Ça m'a surtout remonté le moral. Ouais, parce qu'à
9 h ce matin, j'avais décidé que mon intellect était fort limité et cela m'avait foutu la déprime.
Qu'avais-je déjà vécu si tôt dans la journée pour ainsi faire sombrer le navire de ma confiance en moi? J'avais d'abord lu la chronique de
Josée Blanchette dans
Le Devoir qui traitait du livre écrit par le chef
Philippe Laloux, intitulé
Le Bonheur de cuire. Je n'en revenais pas du vocabulaire utilisé pour décrire les saveurs, les arômes, les épices, les textures, bref, je me sentais comme une parfaite nouille dans cette casserole raffinée de l'art de bien manger et, surtout, de l'art des fourneaux exprimé de façon aussi dithyrambique. Et que dire des mets suggérés aux papilles des lecteurs et relevés par l'épicurienne chroniqueuse dans trois autres livres de recettes sur lesquels elle
dissertait : chappatis au caviar de cannelle et de caloupilé, sabayon de molée en curry, espuma gelé au curry de mangue, cassoulet de haricots borlotti frais, schnitzel d'aubergines au sumac. Snobisme de gens nantis et repus? Peut-être. En tout cas, je ne savais plus trop quoi penser après ma lecture pour le plein bénéfice de laquelle j'aurais eu besoin d'ouvrir un ou deux dictionnaires. Pourtant, le sujet m'intéressait car j'aime cuisiner. Mais, je vous l'ai déjà dit, faut que ce soit simple. C'est tout moi ça. Simple. De là à ce que mon cerveau associe simple à faible d'esprit, il n'y avait qu'un pas que j'ai évidemment allégrement franchi.
Ensuite, j'ai eu une conversation avec l'Ami au sujet d'un concert de musique classique auquel il avait assisté la veille et dont il m'a abondamment fait la critique. Me voilà une fois de plus confrontée aux limites de mon intellect. J'aime bien la musique classique. Pas autant que le métal, c'est évident. Cela n'empêche que je suis toujours heureuse d'accompagner l'Homme au Centre national des Arts. Bien que je puisse me laisser emporter par une oeuvre, je suis cependant incapable d'entendre les fausses notes (à moins qu'elles soient totalement criardes), de relever les passages joués trop vite ou pas assez, tout comme je ne me rends pas nécessairement compte que le soliste n'est pas à son meilleur ce
soir-là et qu'il précipite son jeu. Non, moi l'inculte, je profite seulement de mon plaisir d'être là et j'écoute et je prends ce qui fait mon affaire. Mais j'aimerais bien, à l'instar de l'Ami, être en mesure de décortiquer davantage mon plaisir ou mon déplaisir. Hélas! Pour moi, tout est question de feeling. Avouez que ça fait simple, non?
Et, finalement, j'ai eu aussi à admettre que la révision d'une thèse de maîtrise avec ce que cela comportait de détails sur le mode d'emploi de la chose ne serait sans doute pas un travail que je voudrai me taper. Ça aussi, ça a été dur pour mon ego. Je voudrais, à ma retraite, faire de la pige. J'avais là une occasion de tenter une première expérience. La tâche me rebute. Je n'ai pas envie d'uniformiser, de formater, de procéder à des renvois de notes. Je suis devenue découragée en constatant mon manque d'enthousiasme, d'ambition, de désir de m'accomplir en améliorant le travail d'un autre.
Puis, j'en suis venue à la conclusion
suivante : j'ai l'âme d'une artiste. Je sens les choses. Je ne les explique pas. Je les vis. Je ne les décortique pas. Je ne veux même pas vraiment les comprendre. Je veux juste le feeling dans mes tripes. Expérimenter à fond. En pleine conscience. C'est simple, non?
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