C'est rare que je m'insurge contre ma situation de femme. Et pour cause. Je suis chanceuse. J'ai été élevée par une mère qui ne croyait pas à l'asservissement pour ses filles, mais bien à leur total épanouissement. Elle ne cessait d'ailleurs de nous répéter que nous devions étudier pour ne pas dépendre d'un
homme : "Si vous avez une bonne profession qui vous permet de bien gagner votre vie, vous ne serez jamais prise au dépourvu." Et elle était pleinement appuyée par mon père à cet égard.
Puis un jour, j'ai rencontré l'Homme. Justement sur le campus de l'université où nous faisions tous les deux nos études. Eh! bien, je suis tombée pile car l'Homme, bien qu'il cède de temps à autre aux penchants de son sexe, est lui aussi un tenant de l'indépendance. Il est donc tout sauf contrôlant. Je l'adore pour ça. Jamais de questions du
genre : "Où étais-tu? Avec qui? Pendant combien de temps tu vas être partie? Pourquoi t'as changé ta couleur de cheveux sans m'en parler? Quand
est-ce que le repas va être prêt? Où sont mes pantalons?
Est-ce que tu as repassé ma chemise?" Mais je n'ai pas toujours réalisé à quel point c'était merveilleux d'être une personne à part entière. Une personne libre de prendre ses propres décisions. Une personne respectée pour ce qu'elle est. Une personne acceptée comme elle est. Je ne le réalisais pas parce que je croyais que c'était comme ça que le monde fonctionnait partout. Ah! la naïveté de la jeunesse dorée. En entrant de
plain-pied dans la vie adulte, j'ai bien vite déchanté en constatant que mon sort était loin d'être partagé par toutes les femmes et que, même les batailles gagnées, devaient souvent être reprises. Rien ne semble en effet jamais acquis dans l'égalité
homme-femme.
Aujourd'hui, en dépouillant les journaux, deux articles m'ont renvoyé en pleine face la triste situation encore vécue par une trop grande majorité de femmes. Tout d'abord, il y a eu
La Presse qui a fait sa une avec la photo d'une jeune femme haïtienne complètement défigurée par un compagnon violent qui lui a lancé de l'acide de batterie de voiture dans le visage. Elle est maintenant aveugle et porte des cicatrices affreuses. Comme si ce n'était pas suffisant, son bourreau est venu la visiter à sa sortie de l'hôpital et il en a profité pour la violer et la mettre enceinte. Révoltant? Et comment. C'est cette détresse qui constitue malheureusement le quotidien d'un grand nombre de femmes en Haïti que le journaliste dénonçait. Mais les Haïtiennes qui vivent ces situations sont seules pour se débattre. Avec un pays en déroute où les catastrophes ne cessent de s'accumuler,
croyez-vous qu'il reste des ressources pour aider les femmes?
L'autre nouvelle, rapportée par
Le Devoir, est plus inquiétante car plus proche de nous. La Cour suprême de la
Colombie-Britannique doit se prononcer sous peu sur la légalité de la polygamie au Canada. On se demande si, en criminalisant cette pratique suivie par différentes religions, on ne va pas à l'encontre de la fameuse Charte des droits et libertés. Évidemment, la liberté des femmes, advenant que l'on permette la polygamie, en prendrait pour son rhume. D'aucuns diront qu'elles ont choisi de vivre ainsi. Peut-être. Est-ce un choix éclairé? Et pleinement assumé dans tous les cas? Permettez-moi d'en douter.
Savez-vous aussi ce qui me dérange dans tout ce dossier? C'est la situation des enfants. La malédiction qui leur échoit lorsqu'ils sont plongés dans des milieux où la femme n'a pas le droit d'exister à part entière. Voilà qu'ils deviennent les témoins forcés d'actes de violence horribles, qu'ils sont obligés d'entendre des paroles blessantes, des paroles qui tuent. Et comment
peuvent-ils se bâtir un avenir, penser à faire des études quand ils se battent tous les jours pour trouver de la nourriture, pour se protéger des adultes censés les protéger, pour garder un semblant de confiance en
eux-mêmes ou dans la société? Je sais, c'est un peu bête de ma part, mais je n'avais jamais réalisé à quel point la liberté des femmes est intimement liée à la liberté de grandir des enfants.
Aujoud'hui, je me suis plainte au Fils du fait que je n'avais pas cessé de cuisiner depuis le matin et j'ai même osé
ajouter : "J'aimerais donc ça être un homme pour avoir seulement à m'asseoir et manger!" Dans un autre univers que le mien, j'aurais reçu une claque. Le Fils est plutôt venu m'aider à faire la vaisselle.
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Notes pédestres : Maudit qui fait noir de bonne heure. Hier, il était à peine
16 h 30 et j'ai dû marcher en faisant bien attention où je mettais les pieds. J'avais oublié à quel point notre quartier est mal éclairé. C'était un peu déprimant. Heureusement, y avait déjà des lumières de Noël. Mais, à bien y penser,
était-ce vraiment moins déprimant que la noirceur?
Sur la note pédestre, j'admets qu'il est un peu tôt pour fêter Noël! (vive la consommation!) D'un autre côté, puisqu'il fait déjà noir si tôt, c'est quand même agréable les lumières brillantes. C'est comme si on avait l'esprit de Noël tant que c'est l'hiver. Mais l'esprit de famille, de cooning et de don de soi c'est bien beau, mais en effet, les magasins nous ramènent sur terre! Je suis allée au centre d'achats même pas une semaine après l'halloween et, oh, surprise! Les cochonneries de Noël étaient sorties! Bref, les lumières (en quantité raisonnable), je veux bien, mais comme tu dis c'est symptomatique..!
RépondreSupprimerPour ce qui est de la condition des femmes, je suis comme toi: dans ma tête ça existe pas, c'est comme l'homophobie... Mais bon, ce serait trop beau! Juste à sortir la tête de notre cocon et il y a de l'abus partout... Pour la polygamie, évidemment, un groupe polygame n'est pas NÉCESSAIREMENT irrespectueux de la condition de la femme (je suis sûre qu'il y en a qui s'entendent très bien, et les femmes avec des têtes fortes, ça a pas été inventé chez nous, pas plus que les hommes gentils. Et c'est pas mieux une femme qui abuse de son conjoint qu'un homme qui abuse de sa conjointe), mais comme on sait, il y a une corrélation certaine! (et ça c'est l'éducation, comme de raison, pas l'origine ethnique en soi)
Mais bref, la loi, ici, c'est un mariage à la fois. Point. Je vois pas c'est quoi l'idée de changer les lois pour accomoder!! Il me semble que, dans la vie, on n'émigre pas pour reproduire notre mode de vie tel quel, mais pour commencer une vie différente (ce qui ne veut pas dire nier ou oublier ses racines; on peut être plusieurs choses à la fois).
D'un autre côté, ça peut être une question d'accepter des modèles sexuels différents, comme le mariage gai... Parce qu'on n'en parle pas, mais il y a sûrement des gens qui vivent en ménage à 3 (ou plus), ou qui voudraient bien le faire... L'affaire, c'est qu'il faut que ça se fasse dans le respect et le consentement de tous les membres, et quand on ouvre la porte à la polygamie des groupes sociaux qui, on le SAIT, n'ont pas du tout nos valeurs d'égalité des sexes (socialement et au regard de la loi), c'est grave. Commençons par faire respecter les lois qui existent, et assurons-nous que les immigrants comprennent que la loi est inviolable, et on pourra penser à la changer, en regard de l'ensemble de la population, pas de groupes culturels marginaux.
Moi aussi il y a des trucs que j'aime pas dans la loi. Je vis avec.
Voilà pour mon éditorial ;)