lundi 17 janvier 2011

Le signet

Le grand retour a eu lieu. La Fille est désormais dans nos murs. C'est tellement bizarre. Ça fait plus de quatre mois que je m'ennuie, que je m'inquiète, que je me réjouis, bref, que je la suis à distance. Et la voici enfin devant moi. Il y a eu étreinte, bien sûr, mais, curieusement, aucune larme. De ma part, c'est vraiment bizarre.

Depuis hier, j'ai comme une drôle d'impression. C'est comme si elle n'était jamais partie. Le train-train a repris sa place comme si rien ne s'était passé. "Si tu as du lavage, n'oublie pas de le mettre ce soir. Je vais faire une brassée avant de me coucher", que je lui ai lancé une demi-heure seulement après son arrivée. Comme si le linge sale devait être lavé tout de suite...

Elle a mangé un peu. Elle a jasé un peu. Nous avons parlé des fêtes et de comment ça s'était déroulé. Et puis son ami de coeur est venu la retrouver. Elle a disparu de nos murs aussi vite qu'elle y était entrée.

Ce soir, nous étions seules toutes les deux pour le souper. L'Homme était au travail. La Fille avait vidé le lave-vaisselle. Elle avait commencé à couper les légumes pour la soupe pendant que moi je m'activais toujours à mon fameux lavage. Faut croire que j'aime que les choses soient nettes! En tout cas, il y avait comme un malaise. La Fille a elle-même soulevé l'étrangeté de la situation en se demandant si nous devions considérer comme positif le fait que la routine reprenait le dessus aussi vite. Je lui ai répondu que c'était sans doute normal, que j'avais déjà lu quelque part qu'il s'agissait là d'une preuve de la solidité d'une amitié, entre autres, cette capacité de reprendre là où on a laissé.

J'imagine que si c'est vrai pour des amis, cela doit l'être aussi pour les membres d'une famille. N'empêche. Je sais bien que nous avons changé toutes les deux. Le livre est-il vraiment ouvert à la même page? Je ne crois pas. Cependant, tout comme on le fait quand on reprend la lecture d'un ouvrage qu'on a mis de côté pour un certain temps, il est sans doute indiqué de se familiariser de nouveau avec les pages qu'on a déjà lues, histoire de se remettre dans l'histoire.
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Notes pédestres : Comme on disait par chez nous au Saguenay, il ne faisait pas froid ce soir pour marcher, il faisait frette! Ce n'est pas pour faire poétique que je vous annonce que la neige crissait sous mes pas. Et que dire de la senteur de créosote se dégageant de pratiquement toutes les cheminées du quartier? Elle me prenait tellement aux narines que je devais constamment chercher un répit en respirant dans mon foulard. Vous ai-je déjà confié que j'avais un problème avec les feux de foyer? Oui. Ah! bon, si vous le dites.

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