mercredi 17 mars 2010

Gardez la pose

J'arrive au bureau ce matin, encore un peu endormie, et je me retrouve face à face avec ma collègue voisine de cubicule. Oh! surprise, nous semblons porter un uniforme car nous sommes habillées exactement de la même façon : pantalon beige, veston en jeans. Heureusement, nous n'avons pas choisi la même couleur de camisole. J'aime bien quand ça se produit. C'est comme si la température, le climat, l'énergie, et que sais-je quelle autre force cosmique encore se combinaient pour influencer la façon dont nous nous sentons quand vient le moment de choisir nos vêtements. J'ai déjà lu quelque part que ça se peut ce phénomène car nous sommes effectivement influencés par des ondes quelconques quand nous nous dirigeons vers la garde-robe. Serait-ce encore cette fameuse puce inoculée par le vaccin qui nous joue des tours? Peu importe, cela vaut un clic!

En sortant du bureau cet après-midi pour aller prendre mon autobus, qui vois-je sortir du resto italien et emprunter le trottoir devant moi? En fait, je ne sais pas qui c'était mais elle portait de longues bottes argentées dont je ne pouvais détacher mon regard. J'étais comme hypnotisée. Je ne voyais que ça. Bon, j'entends la soeur Psy tourner les pages de son bouquin. Jusqu'à maintenant, me semble que je n'avais pas de fixation sur les bottes. En tout cas. Je n'ai pas le choix de suivre la "chatte bottée" (habile jeu de mots, vous ne trouvez pas?) car elle va dans la même direction que moi. Elle est tellement mince. Elle porte une large ceinture qui souligne encore plus la petitesse de sa taille. Sur sa robe, les rayures ont des reflets argentés... comme ses bottes. Dommage, la voilà qui entre dans un magasin d'informatique. J'ai juste le temps avant qu'elle ne franchisse la porte de faire clic!

Me voilà enfin sur mes trottoirs chéris. J'essaie de rester dans ma bulle quand je croise la-vieille-madame-à-l'air-bête-et-méchant. Je sais, je sais, ce n'est pas gentil de dire du mal des badernes. Mais celle-là, je la vois régulièrement et j'essaie depuis des lunes de lui soutirer l'ombre d'un étirement de la commissure des lèvres. Peine perdue. Chaque fois qu'elle arrive à ma hauteur, elle me regarde d'un air mauvais, un peu comme si je n'avais pas le droit d'être sur le même trottoir qu'elle. Je ne me laisse pas décourager pour si peu et, cette fois encore, quand je m'approche d'elle, je souris de mon air le plus bienveillant. Je vous le dis, toute la bonté du monde s'inscrit sur mon visage. Quoi? Que viens-je d'apercevoir? Oui, oui, c'est un mince filet de sourire. Vite, clic!

Je suis aux trois quarts de mon parcours et j'entame maintenant les trottoirs qui longent l'école. C'est alors que je rencontre un couple d'un certain âge que je reconnais. Je les salue rapidement d'un signe de la main car je n'aime pas m'arrêter pendant que je m'entraîne. Je les regarde s'éloigner lentement en compagnie de leur chien, d'un certain âge lui aussi. Je me passe la réflexion : "Ce qu'ils sont mignons tous les trois, mais ils ne marchent pas vite par exemple!" Je les revois ensuite quand je me retrouve dans le parc de l'école. Il me semblait pourtant que je les avais laissés derrière moi. "Bah!", me dis-je, "ils ont dû prendre un raccourci". Comme je me prépare à laisser les terrains de l'école pour attaquer la dernière partie de mon trajet, je me butte pratiquement à eux qui traversent la rue pour rentrer chez eux. Est-ce à dire que pour ce bout de quadrilatère ils auraient parcouru la même distance que moi? Je me suis grattée la tête non sans avoir fait clic!

Je suis à la veille de quitter mes trottoirs adorés. Je viens de prendre un bain de soleil dans ma face en empruntant mon avant-dernière rue. Tout d'un coup, je vois une gazelle qui traverse un peu plus loin. Encore une de ces jeunes écervelées qui se promène à moitié vêtue. C'est sûr, elle court, elle. Mais elle ne porte qu'une camisole et des shorts. À côté d'elle, j'ai l'air d'être au Pôle Nord avec mes pantalons longs, mon manteau zippé jusqu'au cou et mon chapeau vissé sur la tête. Tant pis. Moi au moins je ne serai pas malade. "Je dois admettre tout de même qu'elle a fière allure et qu'elle trotte avec conviction", pensé-je en tentant de l'imaginer avec une paire de bottes argentées. Horreur! Je viens de reconnaître la Fille. Clic!

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