vendredi 19 mars 2010

Le monde au bureau

Bon, ce soir, j'avais au moins deux sujets en tête. C'est mieux que rien (référence subtile à un blog du début de la semaine). J'ai choisi de parler de ce qui m'avait vraiment fait du bien pendant la journée. En fait, je devrais dire de qui m'avait fait du bien.

Tout a commencé tôt ce matin. Mon collègue ex-voisin-d'en-face, que je vois un peu moins souvent depuis que nous avons déménagé, a l'habitude d'aller chercher du café pour qui le veut bien à un Tim situé pas loin du bureau. Cela doit représenter une marche d'environ vingt minutes aller-retour. En tout cas, comme je ne suis plus assise près de son cubicule, je ne fais pas partie de sa tournée habituelle. Alors vous imaginez sans peine mon ravissement quand j'ai vu poindre le bout de sa tête pendant que j'enlevais mon manteau (je parle de sa tête parce qu'il est tellement grand qu'il peut voir par-dessus les cloisons en marchant dans les allées). Que voulait-il le fournisseur de café? Tout simplement s'enquérir de mon désir d'avoir un Tim (ça fait déjà deux fois que je mentionne ce nom... vais-je avoir droit à des redevances?). Après avoir énuméré les différents choix à ma disposition, il part remplir sa mission. C'est quand même un spectacle toujours incroyable de le voir revenir tenant le petit cabaret en carton dans lequel s'entassent six ou sept cafés. En plus, il vient livrer directement à notre bureau. Je ne sais pas si c'est ma dépendance à la caféine qui m'a fait apprécier son geste encore plus mais, grâce à lui, ma journée a pris une toute autre couleur. Je te salue donc bien bas E.

Un peu plus tard, c'est ma collègue scribe anglophone qui se pointe le nez (elle, elle est petite). Elle entre dans mon bureau, me regarde droit dans les yeux, et me dit : "Viens ici". Et elle ouvre grand ses bras pour me faire une magnifique et chaleureuse et adorable accolade. J'en étais toute secouée. Je la regarde et lui demande ce qui me vaut un geste spontané aussi bienfaisant. Elle me reparle alors de notre conversation d'hier où je m'étais laissée aller à exposer ma morosité des dernières semaines. De toute évidence, mes paroles n'étaient pas tombées dans un terreau infertile. Elle y avait repensé et décidé que j'avais besoin d'être réconfortée. Je n'en reviens pas encore. Sa sincérité, son encouragement, sa compréhension me sont allés droit au coeur. Là, ma journée devenait arc-en-ciel. Je t'embrasse à mon tour chère C.

Après, ce fut l'exception qui confirme la règle des derniers mois, soit l'arrivée d'une urgence soi-disant nationale qui m'a occupée pour le reste de l'avant-midi. Comme ma collègue réviseure anglophone avec qui je m'étais activée à sauver le pays se demandait si elle aurait finalement le temps d'aller acheter son lunch de l'autre côté de la rivière, curieuse, je lui ai demandé où exactement elle comptait se procurer de quoi se sustenter. Et là, elle a mentionné un petit déli allemand où j'avais mes habitudes quand je travaillais dans le ROC. Elle m'a proposé de me rapporter le sandwich jambon-fromage sur pain kaiser que je prenais tout le temps. Ça n'a pas de sens. Je venais de manger une salade mais je salivais en pensant à mon petit sandwich. Elle m'avait quand même avertie qu'il était possible qu'il n'en reste plus étant donné l'heure tardive à laquelle nous avions réussi à nous libérer. Angoisse. Finalement, la voilà qui revient avec le sandwich tant désiré. Elle n'a même pas voulu que je lui donne les sous que je lui devais. Je sais que vous n'allez pas me croire mais le sandwich avait exactement le même goût dont je me rappelais. Je suis retournée vingt-cinq ans en arrière. C'est fou mais j'avais presque oublié les merveilleux moments vécus dans mon premier emploi. Je crois que j'ai cassé la tête de ma collègue une partie de l'après-midi en ne cessant de la remercier et de lui dire à quel point ce sandwich avait nourri mon âme. Thanks a million dear V.

Quand je vais partir, et ça va venir plus vite que je ne peux l'imaginer, ce n'est pas du bureau dont je vais m'ennuyer mais du monde au bureau. C'est grâce à mes collègues que tout prend un sens.
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Notes pédestres : Que dire? Oui, que dire du plaisir de marcher quand il fait beau, quand le soleil rayonne, quand les trottoirs accueillent mes pas sans sourciller, quand l'air sent tellement bon que je n'en finis plus de le humer, quand la musique m'enveloppe au point où j'arrive à rester dans ma bulle? Simplement merci.

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