Connaissez-vous le mouvement des Chiennes de garde? Il s'agit d'un réseau de vigilance défendant des femmes publiques contre des insultes sexistes. Il a été lancé le
8 mars 1999 par l’historienne
Florence Montreynaud. Il est féministe, mixte et international.
Moi non plus je ne le connaissais pas. J'ai appris son existence sur Cyberpresse qui nous informait vendredi que Chiennes de garde venait de décerner le prix du Macho de l'année à
Louis Nicollin, président du club de football de Montpellier, pour la
phrase :"On peut se parler, se dire les choses. On est des hommes, pas des gonzesses."
(Source :
L'Équipe, 2 novembre 2009; au sujet d'un différend avec
Benoît Pedretti, capitaine de l’équipe de football d'Auxerre.)
Personnellement, ce n'est pas la phrase que j'aurais retenue. Il y en avait une autre, parmi celles proposées aux votantes, qui aggravait encore plus mon allergie naturelle envers les machos. Elle a été prononcée par
Jean Lassalle, député, en réponse à un journaliste lui demandant quel était son cochon préféré pendant qu'il visitait le Salon de l'agriculture, à Paris,
le 24 février 2009 :"Mon cochon préféré, c’est une petite cochonne, c’est mon épouse."
Ce qui me permet de faire une transition, plus ou moins habile vous en jugerez
vous-même, vers le port du tchador, du hijab, de la burqa ou du foulard islamique, sujet qui a encore fait couler beaucoup d'encre cette semaine. C'est que pour moi, il s'agit là encore d'une affaire de machisme et d'inégalité entre les hommes et les femmes.
Mais je passe d'abord aux
aveux : j'éprouve toujours un malaise quand je vois une femme se cacher derrière un vêtement.
Comprenez-moi bien. Je ne serais jamais impolie. Je ne la dévisagerais pas non plus. Mais je me sens attaquée en tant que femme quand je vois une autre femme se sentir obligée de se soustraire à la vue des autres (en fait, les hommes) pour ne pas être une source de provocation. Cela me rappelle les diktats de l'Église catholique de mes jeunes années qui proscrivaient notamment le port du pantalon pour les femmes.
Imaginez-vous un instant l'ire des curés quand la gent féminine a osé adopter les bermudas! Ma mère m'a déjà dit que le curé n'hésitait pas à dénoncer en chaire ce comportement inadmissible. Cela n'empêchait toutefois pas l'auteure de mes jours de tondre la pelouse... en bermudas. Je l'ai déjà dit dans un autre
message : ma mère était une féministe, sans le savoir ou sans le vouloir comme bien d'autres femmes de sa génération, mais elle l'était quand même.
Longue digression pour dire que les femmes ici ont fait du chemin. Il reste bien des kilomètres à parcourir mais nous avançons. C'est sûr que notre sainte mère l'Église connaît encore des ratés. Témoin cette perle qui a mérité à
Mgr André Vingt-Trois, cardinal-archevêque de Paris, de remporter le prix du Macho
en 2009 : "Le plus difficile, c'est d'avoir des femmes qui soient formées. Le tout n'est pas d'avoir une jupe, c'est d'avoir quelque chose dans la tête."
Redigression pour dire que je considère comme du machisme que les femmes seules soient des objets de tentation. Et que je trouve très injuste à cet égard que les hommes ne se couvrent pas eux aussi pour nous empêcher de reluquer leurs muscles, leurs fesses, leurs tatous, et que
sais-je encore. Je ne crois pas qu'un prophète ou dieu ou allah ou toute autre déité demande que la femme s'exclut de la société en tentant de passer inaperçue afin de lui témoigner son respect. Mais je suis certaine, cependant, que cette merveilleuse idée peut naître du cerveau des hommes qui, dans presque toutes les religions, occupent le haut du pavé, donc le pouvoir.
C'est la raison pour laquelle des auteures musulmanes n'ont pas hésité à risquer leur vie pour dire au monde que le Coran n'impose nullement aux femmes ce voeu de totale abnégation de leur identité. Je pense ici à
Irshad Mandji, qui a publié
Musulmane mais libre. Celle-ci a étudié longuement le Coran et elle n'y a trouvé aucune trace d'enseignements visant à "démoniser" la femme. Il y aussi
Djemila Benhabib, qui a écrit
Ma vie à contre Coran, pour dénoncer tous ces accommodements dits raisonnables qui ne visent bien souvent qu'à exercer une pression sur notre société pour qu'elle modifie ses valeurs.
Me semble que le temps est venu une fois pour toutes de lever le voile!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire