mercredi 31 mars 2010

Je ne sais rien mais je dirai tout

Il y a de ces choses, quand on arrive au moment fatidique d'entrer dans la dernière phase de notre vie - je parle ici bien sûr de la retraite, qui perdent un peu, pour ne pas dire totalement, de leur importance, et deviennent par le fait même d'une incroyable futilité.

Je vous donne un exemple. Je reçois ce matin un courriel du gestionnaire de la sécurité du Ministère m'apprenant ce qui suit : "Nos dossiers indiquent que votre cote de sécurité de niveau "Secret" doit être mise à jour. Veuillez remplir le Formulaire d'autorisation de sécurité et le Formulaire de vérification de sécurité, de consentement et d'autorisation du personnel et nous les retourner." Je clique sur les liens indiqués et je vois apparaître à mon écran les fameux formulaires en question. Oh! que je les reconnais même si, depuis mon entrée au gouvernement, ils ont été mis à l'ordre du jour informatique. C'est le genre de formulaire qui donne de l'urticaire, celui qui vous fait presque regretter les déclarations d'impôt. C'est vous dire!

Voyez-vous le gouvernement fédéral ne prend pas la sécurité à la légère. En fait, il ne l'a jamais fait. Je me rappelle ainsi avoir dû assister à un breffage de sécurité avant de m'envoler vers la Chine pour aller chercher la Fille. Pour l'occasion, j'ai été obligée de me taper les conseils de deux messieurs forts sérieux qui m'ont expliqué de long en large ce que je devais faire pour ne pas révéler de secrets d'État aux espions chinois que je ne manquerais sûrement pas de rencontrer pendant mon séjour. J'ai bien essayé de dérider un peu l'atmosphère. Peine perdue. Tout ce que j'ai réussi à faire c'est de prolonger mon calvaire puisque mon attitude désinvolte me rendait suspecte et laissait même croire que je pourrais être une proie facile pour l'ennemi. J'ai donc eu droit à la totale. Ça a été long et plate et je n'en suis pas ressortie plus convaincue que j'allais au-devant d'une "mission impossible".

Ce n'est pas que je ne crois pas à l'importance de la sécurité. Mais il faut quand même exercer un peu de jugement. De un, je n'ai jamais occupé de ma vie de fonctionnaire un poste névralgique au sein de l'appareil gouvernemental, et de deux, j'allais adopter un enfant. Mes chances de rencontrer des représentants des services secrets étaient minces. M'enfin. J'imagine que tout cela faisait partie d'une stratégie névralgique élaborée par plus fin finaud que moi.

Mais permettez-moi de revenir aux formulaires plus haut cités. Ils ne sont pas compliqués à remplir. Que non! Mais ça n'en finit plus. Il faut inscrire nos adresses des cinq dernières années, tous les détails sur notre famille immédiate, laquelle inclut les enfants, les frères et soeurs, les parents, et toutes les autres personnes avec qui on a des liens résultant d'unions (merci l'Homme pour tes sept frères et soeurs et leurs conjoints, alouette, ah!), les coordonnées du dernier établissement d'enseignement fréquenté (dans mon cas, aussi bien dire que ça remonte à Mathusalem!), les emplois occupés depuis les quinze dernières années, bref, notre vie! J'aurais tant aimé ne pas avoir à refaire cet exercice avant de quitter pour un avenir meilleur. En tout cas, les responsables de la sécurité ne sont pas très au courant de l'état des lieux sinon ils sauraient déjà que, ces temps-ci, mes chances de rencontrer un document secret avant que je ne tire ma révérence sont aussi inexistantes que celles de rencontrer un document tout court!

1 commentaire:

  1. Vraiment chouette le post sur la sécurité :)
    Moi, en tant qu'étudiante à la fonction publique québécoise, j'avais les deux mains dans les tiroirs de ressources humaines et accès gros comme le bras aux passwords pour les ressources financières, sans que qui que ce soit ne m'ait même jamais rien dit sur la confidentialité, la sécurité de l'information ou la simple intégrité. Heureusement qu'il y a des choses qui sont innées...
    (oh, mais à ma 3e année, ils ont barré les portes par contre...!)

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