mercredi 24 mars 2010

Surtout ne pas mettre la barre trop haute

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. Voilà. Je bats ma coulpe ce soir. Je n'ai pas le choix. Les techniciens du bureau d'aide ont réglé mon problème. Ce matin, leur représentant est quand même d'abord resté bouche bée devant l'impossibilité de personnaliser lui-même ma barre d'outils. Après quelques essais infructueux, il a dû déclarer forfait. Il est donc reparti mais en promettant qu'il allait revenir.

Non, mais, combien d'hommes ont dit ça à une femme? Pouvais-je le croire? Devais-je le croire? En fait, avais-je le choix de le croire? Il avait une bonne bouille sympathique. Il était patient et gentil. Il me faisait penser au Fils. Je suis tombée dans le panneau comme la majorité de la gent féminine le fait trop souvent. Et je me suis mise à espérer et à attendre.

Pour patienter jusqu'à son éventuel retour, je me suis remise à la tâche. Pour faire exprès, j'avais du travail aujourd'hui. Chaque fois que je devais faire un clic de trop dans Word parce que je n'avais pas ma barre d'outils d'avant, mon coeur se serrait. S'il fallait que je ne la revois jamais, ni elle, ni ce gentil technicien entre les mains duquel j'avais remis mon sort informatique. Mais je ne voulais pas m'appesantir inutilement, ni sombrer dans les affres du désespoir.

J'ai abattu du bon boulot tout l'avant-midi. C'est sûr que, de temps en temps, je quittais l'écran des yeux parce qu'incapable de supporter l'absence de la barre chérie. À d'autres moments, mes pensées voguaient vers le technicien-messie qui avait promis de venir me sauver de la Géhenne (non, mais, dans mon temps, on avait des cours de religion à l'école - ça paraît tu?). Je me demandais alors s'il était torturé par le problème que je lui avais présenté. Peut-être cherchait-il désespérément une solution quêtant avis et conseils auprès de ses collègues, d'experts d'autres ministères, d'anciens professeurs... ou googlait-il simplement sur la Toile? Peu importe en autant que je ne l'entraînais pas lui aussi dans mon enfer.

L'heure du lunch est arrivée. Je n'avais pas beaucoup faim. Je repassais sans cesse dans ma tête des images de ma vie d'avant. Comme j'étais heureuse avec ma barre d'outils. Elle et moi, on faisait deux! Toujours prête à m'aider, elle n'exigeait rien. C'est bien là le malheur. Je la prenais pour acquise. Certains jours, je l'ignorais en fait parce que je lui parlais à peine, oubliant même parfois de la saluer. C'est toujours quand elles ne sont plus là qu'on apprécie le plus nos barres d'outil. M'enfin. Les regrets étaient inutiles. Elle était partie et je devais envisager la possibilité de réaménager ma vie sans elle.

Vers 14 h, qui vois-je devant mon cubicule? Oui, le technicien-messie était de retour. Comme il l'avait promis. Je me suis frottée les yeux de peur d'être victime d'une hallucination. Non, c'était bien lui. Et il tenait dans la main la clé USB du problème m'a-t-il annoncé triomphalement. Incrédule, je le regarde insérer la clé et s'asseoir à ma chaise. Un écran noir apparaît. "Est-ce normal?", que je lui demande en tremblant. "Oui. Maintenant il faut attendre qu'il se passe quelque chose", répond-il. Les secondes s'égrènent. L'écran noir est toujours là. Mon sauveur bouge sur la chaise. Il a l'air un peu nerveux. Le noir perdure, puis, soudainement, l'écran revient au beau fixe. Aussitôt, le technicien-messie ouvre Word et me demande les icônes dont j'ai besoin pour recréer ma barre d'outils. Ça semble marcher. Maintenant, le test ultime : fermer Word et le redémarrer pour voir si la barre d'outils va rester. Je regarde d'un oeil seulement. J'ai trop peur que ça ne fonctionne pas. Victoire! Ma barre d'outils, que j'avais perdue, est revenue! Je suis tellement contente que je me tourne vers mon sauveur et lui déclare : "Si je ne me retenais pas, je t'embrasserais". C'était sans compter sur ma chère collègue voisine, vous savez celle qui ne regarde pas les hommes. Du fond de son cubicule, je l'entends "voiler" mon enthousiasme : "Attention-là, vous n'êtes pas tout seuls". Grrrr... je me suis contentée d'un merci très, très chaleureux. Il a rougi. Il est parti. Et j'ai repris ma vie en l'appréciant encore plus.

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