dimanche 25 mai 2014

On peut pas tous les sauver!

Voilà qui résume bien le bilan de ma journée passée à jardiner dans ma cour. Comme ce sera aussi un blog-photos, permettez-moi d'abord de vous ouvrir la porte :


Avouez que ça paraît bien. Mais exprimer ma vantardise paysagère à tout clavier n'était pas mon but principal. J'y reviens donc. Tout a commencé au moment où j'ai pénétré dans le garage pour y récupérer les nombreux pots que je m'échine à remplir depuis que le beau temps a pris la décision de nous gratifier enfin de sa présence. Après m'être étirée en masse pour attraper des pots en terre cuite sur la dernière tablette de l'étagère, voilà que mon nez fin s'agite. "Pouah! Ça pue la charogne!", me suis-je exclamée intérieurement puisque j'étais seule dans mon Eden. C'est pas pour rien que mon détecteur olfactif s'indignait, il y avait un petit mulot mort au fond d'un des pots. Moi qui déteste les cadavres. Surtout ceux dont il faut se débarrasser soi-même faute de complice pour s'acquitter de la détestable tâche. C'est semble-t-il toujours dans les moments cruciaux que l'Homme s'évade dans le boulot. Prenant mon courage à deux mains et l'urne funéraire dans les deux autres, je me dirige vers le bac à compost. Me semble que c'est l'endroit idéal pour le dernier repos de cet infortuné membre de la gent trotte-menu. Hélas, mille fois hélas pour mon dédain des tâches liées aux pompes funèbres, la dépouille est collée au fond du pot. J'en suis donc quitte pour taper quand même assez violemment sur la paroi pour venir à bout de mener le rongeur à son dernier repos. Me réjouissant de pouvoir retourner à mes fleurs et à mes sacs de terre, je suis interrompue cette fois par des bruits provenant d'une des chaudières blanches en plastique que j'utilise pour jeter les débris de mon désherbage. Intriguée, mais méfiante quand même à cause de mon expérience funéraire récente, je m'approche doucement pour apercevoir une minuscule souris apeurée qui tente désespérément de se sortir du pétrin dans lequel elle s'est innocemment précipitée. Là je me dis qu'une dépouille par jour suffit. En plus, elle est drôlement mignonne. Je m'empare doucement du contenant et je me dirige vers une des plates-bandes pour relâcher la pauvre prisonnière qui s'enfuit sans demander son dû. Je la regarde partir en lui souhaitant toutefois de ne pas rencontrer la chère Irma, l'indomptable chasseresse de ma réserve faunique.

Cela appelle une deuxième photo  :


Et même une troisième, pourquoi pas?


Justement, là, vous apercevez les espiègles. Et vous pensez qu'ils se dorent au soleil en faisant la farniente. Eh! bien, détrompez-vous. Ils ne farnientent pas, ils forniquent. Oui, oui, ils s'envoient en l'air dans les roches toute la journée. Flap, flap par-ci, flop, flop par-là, ça n'en finit plus. Et ils sont encore plus jouisseurs depuis que je leur ai acheté une jacinthe d'eau. Ils semblent littéralement sous l'emprise des phéromones émises par les racines de cette plante. Ils les grignotent. Ils tirent dessus à deux ou trois. Ils s'y frottent. Mais voyez plutôt :


Comme vous le constatez, ils sont très près du bord de l'étang. Et ce qui devait arriver, arriva. Lors de l'une de mes nombreuses sorties du garage avec un sac de paillis à bout de bras, je remarque que ma féline d'extérieur a beaucoup de plaisir avec ce que je crois être le bec du boyau d'arrosage. Je n'en fais pas de cas et me réjouis de la voir s'amuser avec pas grand-chose finalement. Je continue à vaquer pendant qu'elle se désintéresse finalement de son jouet. En effectuant un autre aller-retour du garage à la cour, je passe près du boyau et constate qu'Irma avait en fait attrapé pas un, mais deux espiègles! Je suis sous le choc. Avec deux autres cadavres sous les yeux. Je suis partagée entre mon amour envers la très féline Irma et mon désir de la faire dégriffer sur-le-champ. L'amour l'emporte parce que l'instinct animal, je comprends que c'est pas facile à dompter. N'empêche. L'Homme devra installer l'effaroucheur ce soir, ça presse. En attendant, je dois de nouveau jouer au fossoyeur. Je décide encore une fois d'enrichir le bac à compost. Je prends le premier poisson dans une petite pelle et je l'envoie rejoindre trotte-menu. Puis, comme je viens pour faire la même chose avec la deuxième victime, je constate que celle-ci respire encore. Les mouches sont déjà sur sa dépouille qui n'est en fait pas une vraie dépouille puisque je vois les ouies bouger. Je retourne bien vite dans le garage chercher une chaudière blanche pour l'emplir avec l'eau du bassin. Dans ma tête, je n'arrête pas de me dire que mon pauvre espiègle ne va pas mourir comme ça couché sur le gazon. S'il doit trépasser, il le fera dans son élément naturel. J'enfile des gants en caoutchouc pour le saisir délicatement et le mettre dans le seau. Étonnamment, l'eau semble le revigorer. Comme il est tout couvert de terre et de débris, je tente doucement de le nettoyer. Il se laisse faire. Je le vois recracher de la terre par sa bouche. Après une dizaine de minutes, je constate qu'il nage quand même pas pire. Et là, je décide qu'il doit retourner dans l'étang avec ses amis. Ce sera pour y vivre son agonie ou ressusciter miraculeusement. C'est le miracle qui s'est produit. Il s'est remis à nager et, surtout, à forniquer! Que disais-je donc au sujet de l'instinct animal? Ouais, c'est pas mal difficile à dompter.

Parlant d'instinct, je termine avec cette photo d'un tamias rayé au caractère fort irascible. Quand il arrive pour utiliser la mangeoire des oiseaux, il hurle son arrivée pendant plusieurs minutes. Et, même tout petit, il crie comme un grand :


Je vous laisse avec cette image de mon papyrus royal :


Et je ferme la porte en me consolant à l'idée que j'ai une moyenne de 500 en sauvetage extrême!