dimanche 30 mai 2010

Tout baigne... dans l'eau

Je n'ai pas pu résister pour le titre de ce blog à m'inspirer du dernier courriel reçu d'une amie dans laquelle celle-ci me demandait où nous en étions avec notre plan d'eau. Eh! bien, je suis fière de vous annoncer que le plan d'eau Michel Chartrand fait maintenant entendre un doux bruit cristallin!

Grâce à l'aide de l'ex-collègue de l'Homme expertenbassin, nous avons pu terminer les travaux cet après-midi. Nous avons même eu le temps d'aller acheter quelques plantes aquatiques dont un nénuphar qui m'a permis de littéralement me jeter à l'eau pour réaliser mon projet. C'est que, voyez-vous (comme dirait un ancien premier ministre du Canada qui n'était finalement pas si mal que ça quand on le compare à qui nous gouverne de nos jours), le nénuphar en question devait être installé dans la partie profonde du bassin. Comme il n'a pas encore les tiges assez longues pour que ses feuilles puissent flotter à la surface, il a fallu mettre son pot sur deux blocs de ciment préalablement immergés dans la zone en question. C'est qui, pensez-vous, qui s'est portée volontaire pour s'enfoncer dans deux pieds et demi d'eau? Oui, oui, c'est bibi! Et je peux vous dire que l'eau était froide et que c'est bien parce que je tenais absolument à voir mon nénuphar en place que j'ai décidé de plonger et de me mouiller le fond de culotte et une partie de la devanture. Brrr... Mais oublions les frissons et pensons plutôt à la nécessité de faire ce qu'il faut pour obtenir les résultats désirés.

Il ne manque maintenant que les poissons que nous ajouterons probablement la fin de semaine prochaine. Entre-temps, je contemple mon étang sans me lasser. L'Homme et moi adorons le petit bruit d'eau de la pompe que l'expertenbassin a ajusté pour qu'elle produise un jet en forme de parapluie. Absolument à se rouler par terre. J'ai également réussi à me doter d'un banc d'où je pourrai admirer mon oeuvre de plus près. Nous avons ajouté une belle grosse pierre par-dessus une autre et voilà... le tour est joué. Je pourrai même m'y asseoir pour m'y tremper les pieds quand il fera un peu plus chaud. Je serai la petite baigneuse!
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Notes pédestres : J'ai marché vendredi et samedi. Vendredi, j'inaugurais une nouvelle paire de shorts ultra-légers. C'était super confortable. Et hier, il faisait quand même un peu chaud au soleil. Et j'étais fatiguée. Et, allez savoir pourquoi, je me sentais anxieuse. Enfin, bref, j'ai marché quand même mais en ayant la désagréable impression d'avoir un lac de larmes à l'intérieur de moi. Ben aujourd'hui le lac est dans le jardin. Ça fait du bien!

vendredi 28 mai 2010

Le pavot est éclos

Je sais, je sais. La rime n'est pas riche. Mais le pavot, lui, a vraiment fière allure. Tout d'abord, il est immense. Il domine littéralement la plate-bande de sa longue tête orangée. J'attendais depuis plusieurs jours maintenant l'ouverture de la première fleur. C'est que l'année dernière, quand j'ai mis en terre mes trois plants de pavot, je n'ai pas eu de floraison. Vous imaginez donc que je trépignais d'impatience pour voir à quoi ressemblerait la fleur produite par ces plants qui prenaient de plus en plus l'allure de plantes carnivores, de l'avis même du Pusher.

C'est hier matin que c'est finalement arrivé. Je partais prendre l'autobus et, comme à mon habitude, j'ai jeté un coup d'oeil à ma plate-bande pour m'assurer que mes végétaux se portaient bien. Et là, je l'ai vu. Le Magnifique. L'air de rien, il trônait au-dessus de sa plante-mère et de ses futurs compagnons moins pressés que lui de changer d'état. Je me suis approchée pour mieux le contempler. Sa corolle est tout simplement fascinante. À l'intérieur, le centre est brun avec plein de petits poils tout légers qui vibrent et qui ondulent constamment. Je ne suis pas certaine s'il s'agit des étamines, du pistil ou des deux, mais c'est comme une oeuvre d'art. Et à l'extérieur, il y a un motif qui apparaît sur les pétales. On dirait presque une estampe japonaise. Bref, ce n'est pas le jardin botanique mais c'est mon jardin, et il me fascine constamment.
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Notes pédestres : Je n'ai pas marché depuis dimanche, sauf pour mon expédition de magasinage avec la Fille qui m'a pratiquement laissée cul-de-jatte. Il fait trop chaud. Je reste ainsi en plan avec un surplus d'énergie à dépenser et un vide créatif difficile à combler. On annonce moins chaud pour les prochains jours. Je garde donc espoir pour mes espadrilles et pour mes neurones!

dimanche 23 mai 2010

Que se passe-t-il? Strictement rien.

Que vous dire? Que vous dire d'intéressant? Ah! oui, l'aide est venue pour le bassin d'eau. En une petite heure, le Pusher et l'ex-collègue de l'Homme avaient terminé le creusage du trou. Je peux maintenant avoir une idée de la forme et imaginé le tout avec l'eau, les plantes, les pierres et les poissons. J'espère simplement que le résultat final sera à la hauteur de l'idée que je me fais de ce nouvel élément de mon jardin. N'empêche, comme disait l'un de nos amis l'autre soir, nous venons assurément d'augmenter la valeur de notre maison puisque nous pourrons dorénavant affirmer que nous avons une vue imprenable sur un lac!

Que vous annoncer? Que vous annoncer d'intéressant? Il me semble qu'il y a des lunes que je ne vous ai pas donné de nouvelles de la Fille. Vous savez qu'elle est revenue saine et sauve du Cambodge. Mais vous ai-je fait part de ses plus récents projets? Elle a décidé de faire fi de l'université l'année prochaine et de partir à l'aventure sac au dos. Et son désir de changement d'air à long terme se concrétise doucement. Elle a fait des démarches pour faire les vendanges en France. Et je crois que cela va fonctionner. En tout cas, ses chances sont bonnes. Elle est également entrée en contact avec quelqu'un qui pourrait peut-être l'aider à obtenir un contrat pour enseigner l'anglais ou le français à Hong Kong. Il se pourrait aussi qu'elle dirige ses pénates vers Shanghaï pour visiter l'Exposition internationale. Comme vous le voyez, elle ne manque pas d'imagination, elle non plus. Moi je fais des ronds dans l'eau, elle des itinéraires sur la carte du monde!

Que vous décrire? Que vous décrire d'intéressant? Les dernières journées ont été tellement belles. Je suis allée marcher cet après-midi avec juste assez de vent pour me donner l'énergie nécessaire pour brûler les trottoirs pendant une bonne heure et demie. Je dois dire que j'ai aussi brûlé mes épaules et mon cou. Oui, j'ai appliqué de la crème solaire avant de partir (comme je le fais toujours d'ailleurs) mais, de toute évidence, j'avais oublié certaines régions cruciales. Je ne peux rien vous dire vraiment du paysage, ni de ce que j'aurais pu voir ou observer autour de moi, puisque j'étais enveloppée complètement de ma bulle. Je suis contente. J'ai enfin trouvé des shorts qui ne passent pas leur temps à me remonter dans la fourche, comme dirait ma mère. J'ai eu une illumination l'autre jour et j'ai décidé d'enfiler mes shorts par dessus mes cuissards courts. C'est merveilleux! Je peux avoir le pas rapide et les shorts restent en place. Non, mais, ça prend pas grand-chose des fois pour faire plaisir à sa femme!

Que conclure, oui, que conclure de ces journées de congé? Qu'elles me font le plus grand bien. Que je serais prête à prendre ma retraite là, tout de suite. Que chaque parcelle de vie vaut la peine d'être pleinement savourée. C'est ce que je fais en ce moment. Et c'est ce que je vous souhaite!

jeudi 20 mai 2010

Mais où est la marcheuse?

Pas en train de marcher en tout cas. Elle creuse. Elle pioche. Elle sue. Elle transplante. Elle agence. Elle coupe. Elle trace. Elle imagine. Elle se donne à plein dans son jardin.

Voilà... j'ai décidé de prendre plusieurs jours de congé. Je profite de la magnifique température. Et je prends un bain de terre, un bain de retour à la nature. Les odeurs sont extraordinaires. Ce sont les premières bouffées d'été. Il fait chaud mais, avec le vent, c'est absolument fantastique. Le ciel est bleu, bleu. Je travaille comme une folle mais je jouis aux deux secondes et demie. Toutes les fois que je termine une plate-bande, toutes les fois que je trouve la bonne plante pour le bon pot, toutes les fois que je marie les couleurs à leur meilleur.

Et avant, j'ai joui dans les pépinières et au marché en me promenant dans les rangs de caissettes de fleurs, en contemplant les espèces offertes, en admirant les étendues de plantes à perte de vue. Quel plaisir de dénicher une nouvelle fleur à intégrer dans mon oasis de verdure et quelle joie aussi de retrouver les plantes aimées qui ont démontré au fil des années qu'elles convenaient admirablement à mon environnement.

Pendant que je siffle en travaillant, l'Homme se démène dans ce qui deviendra bientôt notre plan d'eau Michel Chartrand. Depuis deux jours qu'il se désâme au pic et à la pelle, il commence à se sentir un peu courbaturé. Heureusement, l'aide est en vue : le Pusher et un collèguedel'Hommeexpertenbassin vont poursuivre les travaux samedi. Il faut savoir faire place à la jeunesse quand nos muscles n'en peuvent plus. Et si on veut profiter du murmure du bassin sans avoir à se traîner à ses abords en fauteuil roulant, mieux vaut accepter de passer la pelle au suivant plutôt que l'arme à gauche!

lundi 17 mai 2010

Glanures

Contemplé. Ce matin, à l'arrêt d'autobus, un merle qui n'avait pas perdu son bec et qui s'activait sur la pelouse juste en face de moi à trouver sa pitance. Il pavanait tout fier d'exhiber son poitrail orangé. Il sautillait entre les brins de gazon. Ses petits yeux vifs se déplaçaient continuellement. Et il n'était pas particulièrement craintif puisqu'il n'hésitait pas à s'approcher de moi. J'aime les oiseaux.

Partagé. L'amertume de la défaite d'hier soir des Canadiens avec mon balayeur de rue préféré. Il n'en revenait pas de l'ampleur de la débandade. Et moi non plus. Cela nous a changé de notre sujet de conversation des dernières semaines, soit la cueillette de l'ail des bois, son prix exhorbitant et l'effronterie des vendeurs ambulants qui proposent sans vergogne une marchandise surévaluée.

Lu. Sur la porte du cordonnier, une pancarte indiquant les heures d'ouverture qui précise en toutes lettres que le commerce est fermé le dimanche, jour du Seigneur. Avouez que peu de gens osent ainsi s'afficher de nos jours. Il semble cependant qu'il en reste encore pour qui les principes passent avant tout.

Écouté. Avec beaucoup d'attention, le récit de notre boucher du marché qui nous a raconté, à l'Homme et à moi, son combat des derniers mois avec le cancer. Ouvert d'une oreille à l'autre, et du menton jusqu'à la base du cou, il a perdu une partie de la langue et de l'os de sa mâchoire du côté gauche. Il a également subi des traitements de chimio très agressifs qui lui ont fait perdre notamment une quarantaine de livres et la capacité de s'alimenter de façon normale. Malgré tout, il était derrière son comptoir, souriant, encore désireux de jaser avec ses clients. Comment mesure-t-il sa vitesse de récupération? Au temps qu'il met pour ingurgiter les boissons alcoolisées qu'il s'envoie à intervalles réguliers derrière la cravate. En novembre, il prenait quatre heures pour ingurgiter un verre et, en avril dernier, il en a fait disparaître quatre en deux heures si j'ai bien compris. Une force de récupération que je qualifierais d'incroyable. Une leçon de vie assurément pour tous les hypocondriaques et anxieux de mon genre qui s'en font avec tout et rien. Merci Brian!
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Notes pédestres : Première sortie des shorts avec le chandail sans manches. Il faisait chaud mais ça restait agréable. Pourquoi à peu près personne ne prend la peine de ramasser son gazon après avoir tondu sa pelouse? Ne dit-on pas que si chacun balaie devant sa porte, toute la ville sera nette? C'est sûr que ça demande un effort et que ça suppose l'exercice de son sens civique. Mais est-ce vraiment si difficile?

dimanche 16 mai 2010

Sous la tonnelle

En fin de semaine, l'Homme et moi avons acheté une tonnelle au Pneu Canadien. J'ai passé outre au manque d'enthousiasme de l'Homme, qui se voyait déjà en train de monter une autre de ces structures avec instructions sybillines, et à mon horreur profonde de ce magasin ô typiquement masculin dont l'odeur de caoutchouc me rebute totalement. Qui plus est, je n'aime pas davantage le type d'articles qu'il vend... sauf de temps à autre un objet pratique et décoratif et beau comme une tonnelle.

Nous voilà donc de retour à la maison avec une immense boîte. L'Homme est gentil. Il décide d'assembler l'objet de mes rêves (!!) sans plus attendre. Je ne tiens plus de joie car j'imagine sans peine dans ma tête tout le décor bucolique que je vais pouvoir créer grâce à cet ajout dans mon jardin.

L'Homme s'est concentré et le mari bricoleur a finalement triomphé de l'adversité. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire "tonnelle", il avait installé mon nouveau joujou dans l'entrée, près du garage. Vous ai-je dit que tout cela venait aussi avec un banc? Je l'ai essayé et c'était parfait. Comme je l'avais imaginé.

Alors, pendant que l'Homme s'activait au barbecue, je suis venue m'asseoir dans ma tonnelle avec mon verre de bière et j'ai contemplé ma cour d'un autre point de vue. C'était tellement beau que j'étais toute émue. Imaginez-vous les larmes qui vont couler quand je vais avoir terminé de mettre toutes mes fleurs! Ce sera l'inondation à coup sûr. D'ici là, je construis mon paradis dans mon cerveau de jardinière : les paniers avec les plants de tomate placés d'un côté de la tonnelle, les pots avec les gloires du matin qui vont, je l'espère, grimper jusqu'en haut de mon nouvel abri, une petite table devant moi pour que je puisse y déposer mon verre, un coussin pour rendre mon banc plus confortable et peut-être, sur la suggestion de l'Homme, un panier de fleurs suspendu. Je vous le dis, ce sera idyllique sous ma tonnelle.

mercredi 12 mai 2010

Quand la "poupoune" s'énerve

C'est difficile pour moi de le reconnaître mais j'angoisse même à l'idée de recevoir des soins santé-beauté. Mais là, comme je devrai aller avec la soeur Psy et la soeur du Milieu au Château Bonne Entente à Québec en juin prochain pour une journée de relaxation entre filles, j'ai décidé d'apprivoiser mon appréhension en me familiarisant dès maintenant avec les différents soins offerts.

Je suis tout d'abord étonnée, et découragée, de constater qu'il existe autant de types de soins - soins de massothérapie, soins esthétiques et soins corporels. Je sens que je suis déjà en train d'y perdre le peu de "poupoune" que j'ai en moi. Bon, faisons un vrai effort et entrons dans le monde du taponnage.

Il y a de cela naguère, j'ai beaucoup aimé me faire masser. J'adorais notamment la technique "shiatsu" car elle était à la fois vigoureuse et revigorante. J'ai énormément apprécié aussi recevoir des massages qui faisaient appel à la kinésithérapie. Encore là, il s'agissait de manipulations actives. Vous devinerez sans peine que j'ai horreur des massages langoureux qui effleurent et qui huilent. Je veux que ça soit intense... comme le metal!!! Voilà qui élimine notamment le californien. Et là, comme j'éprouve depuis quelques années toutes sortes de douleurs musculaires et que je passe régulièrement du temps chez le physio, j'hésite à me faire manipuler et toucher quoi que ce soit. J'oublie donc tout de go le cidre de glace, les extraits de bambou, la pluie, les pierres de basalt, l'argile et toute autre substance dont on voudrait m'enduire.

Regardons plutôt du côté des soins corporels. C'est sûr qu'un traitement anti-âge qui ferait disparaître les sillons et les ornières qui creusent mon visage de quinquagénaire ne nuirait pas. Dans ce cas, c'est l'idée angoissante de me faire envelopper qui me rebute. Être couverte d'algues, de sucre d'érable, de cidre de glace (encore!!), de nénuphars ou de lotus ne me réjouit guère. Il me semble que je vais étouffer. Ou que je vais tellement m'agiter que je vais tout faire craquer, masque et bibi y compris.

Je ne désespère pas. Il doit sûrement y avoir quelque chose de moins menaçant à expérimenter. Voyons ce qui en est des soins esthétiques. Je sais. Je vais me limiter aux extrémités de mes membres inférieurs et supérieurs : les mains et les pieds. Y a pas grand-chose de catastrophique qui pourrait m'arriver de ce côté-là. J'hésite, j'hésite. Le Soin Ocearepair promet de redonner fermeté et vitalité aux peaux matures (est-ce assez politiquement correctement énoncé pour vous?). Il nécessite toutefois l'application d'un masque thermoactif à effet chaud/froid. Un frisson me parcourt l'échine. Je m'imagine très bien électrocutée sur la table mais avec une peau lisse et satinée, oh! la, la!

Comme j'ai toujours envié quand même un peu les "poupounes" aux beaux ongles vernis, je crois finalement que je vais opter pour le manicure spa et le pédicure au miel et au beurre de karité. Je ne sais trop ce que des spécialistes vont pouvoir faire pour donner l'illusion que je n'ai pas les doigts boudinés ni les ongles d'orteil ratatinés mais je suis prête à leur donner une chance de prouver qu'ils peuvent vraiment concurrencer les plus grands saints au royaume des miracles.

Ouf! j'pensais pas que c'était aussi ardu d'être une "poupoune" car il en faut du courage pour être tripotée, frottée, huilée, chauffée, enveloppée, mouillée, refroidie, beurrée, exfoliée, grattée, et j'en passe. C'est le temps ou jamais de citer l'adage que les esthéticiennes nous servent après une épilation à la cire : "Il faut souffrir pour être belle!"

mardi 11 mai 2010

Au naturel

Ce matin, il faisait frisquet mais avec un magnifique soleil. Je venais tout juste de traverser la rue quand je les ai entendues. Les outardes. Elles arrivaient en formation "V" en poussant leur cri caractéristique. Selon un site ornithologique, il semble qu'on le traduit habituellement par a-honc, ca-ronc ou hinc. Je ne suis pas certaine que cela rend bien la chose mais comme je ne suis pas une experte en la matière, je donne le bénéfice du doute aux observateurs chevronnés.

Les grands oiseaux ont passé juste au-dessus de ma tête. Je me suis d'ailleurs arrêtée sur le trottoir pour mieux les contempler. J'aime tellement les entendre au printemps, car les outardes annoncent le retour de la belle température. J'avoue, toutefois, avoir toujours un pincement au coeur quand elles nous quittent l'automne venue. Pour moi, elles ne nous laissent alors plus le choix de se faire à l'idée : l'hiver est à nos portes.

Mais ce n'était pas le cas ce matin sur mon trottoir. Les outardes semblaient heureuses de revenir au bercail. Moi, en tout cas, j'avais le coeur gonflé de joie pour les accueillir. Ce qui m'a surtout émerveillée, c'est d'avoir été en mesure de percevoir le battement de leurs ailes quand elles m'ont survolée. On aurait dit le doux bruit d'une éolienne. Un "floush, floush" régulier et apaisant.

Je me trouve privilégiée de toujours avoir senti ce besoin en moi d'être en communion avec la nature. Je me laisse si facilement toucher par tout ce qui se passe autour de moi, bon ou mauvais, que je reçois comme une pause bénéfique les moments que je prends pour m'arrêter et simplement respirer au gré des saisons qui passent. Je n'attends pas le paysage extraordinaire, bien que je sois capable de l'apprécier quand je le rencontre, ni l'apparition d'une espèce animale rare ou l'avènement d'un phénomène météorologique exceptionnel. Je tire mon plaisir des petites choses : la minuscule tige d'une de mes vivaces qui se montre la tête, la fourmi qui circule sur mon balcon en transportant un poids énorme pour elle, les gouttes de pluie qui font briller les feuilles, la brise du vent qui agite les graminées, le chat errant qui mange dans le plat de nourriture laissé à son intention, le chardonneret au plumage jaune éclatant qui se réfugie dans le cèdre en face de la mangeoire, l'odeur fraîche d'un matin de printemps, le moelleux des flocons de neige qui couvrent doucement le sol, le cri rauque des corneilles qui nous jette en bas du lit, la lumière de la lune qui se fraie un passage dans la fenêtre de ma chambre, la chaleur du sol l'été qui invite à laisser tomber les souliers, les impatientes blanches qui mettent du soleil dans ma plate-bande d'ombre, le plaisir de marcher dans le sable et de laisser les grains rouler entre les orteils pour un massage instantané de la plante des pieds, le blanc immaculé des gros nuages ouatés qui se promènent lentement dans le ciel, les étoiles qui brillent la nuit ou le silence enveloppant de ma cour qui m'imprègne parfois tout entière.

Vous vous doutez bien que la liste n'est pas exhaustive. Et c'est ça qui est fantastique puisque chaque jour me donne la possibilité de la compléter. Il suffit d'être à l'écoute, d'ouvrir les yeux, de humer les odeurs, de toucher les objets, de goûter des saveurs nouvelles. La présence fait toute la différence.
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Notes participatives : Ça vous dit de partager ce qui vous fait vibrer au naturel?
Avis à Scott Awesome - prière d'interpréter l'expression "au naturel" dans le contexte du message qui précède!!

dimanche 9 mai 2010

En ce beau dimanche

"La mort de notre mère, c'est le premier chagrin que nous vivons seul."

Je n'arrête pas de penser à ce commentaire formulé par un des lecteurs qui a répondu à l'invitation du journal La Presse d'exprimer sous forme d'interventions Twitter ou FaceBook ce que signifie pour eux la journée de la fête des mères.

Ce message laconique m'a frappée parce que je me suis rappelée du choc que j'ai éprouvé la première fois où nous nous sommes retrouvés pour une fête de famille après le décès de maman. Quand j'ai vu papa tout seul, c'est comme si je réalisais encore un peu plus vivement que maman était partie pour de bon. Il faut comprendre que, comme nous vivons dans des villes assez éloignées l'une de l'autre, nous n'avons pas la possibilité de nous voir régulièrement. Cela faisait peut-être un mois que maman était morte quand nous avons été appelés à nous rencontrer pour souligner l'anniversaire de naissance d'une de nos tantes. C'était la première fois que je revoyais papa depuis que nous avions laissé maman au cimetière et c'était la première fois que je vivais des retrouvailles familiales sans la présence de ma mère.

J'en avais le coeur déchiré. Il me semblait à tout moment que ma petite maman entrerait dans la pièce et se dirigerait vers moi pour m'embrasser. Après, ce serait comme d'habitude le temps de se mettre à jour dans nos nouvelles, de papoter sur tout et sur rien, bref, de profiter l'une de l'autre. Je ne pouvais m'empêcher de la chercher parmi les personnes qui se trouvaient dans la salle. J'étais pratiquement mal à l'aise de converser avec mon père puisque c'était depuis toujours par maman que tout se passait. C'est à elle qu'il fallait d'abord apprendre ce qui arrivait dans nos vies. Sinon, elle n'était pas contente. Elle voulait tout savoir pour avoir ensuite le plaisir d'informer mes soeurs et mon père. C'était elle le centre de notre univers. Elle par quoi tout transitait. Elle qui rayonnait dans son royaume, protectrice féroce de ses enfants et de son mari. Personne ne pouvait s'attaquer à nous parce qu'elle était là pour nous défendre et nous protéger. Elle nous tenait tous ensemble. Elle nous avait tricotés serrés.

Encore aujourd'hui, je m'ennuie d'elle car elle était unique et donc irremplaçable. La fête des mères vient simplement me rappeler l'immense vide que son départ a laissé dans ma vie, un vide qui ne sera jamais comblé.

Bonne fête, maman, où que tu sois!

Ta Cocolle
XXXX

samedi 8 mai 2010

Des chiffres et des lettres

Hier, je vivais une journée marathon. C'était mon vendredi de congé et, voulant être la plus efficace et efficiente possible, j'avais littéralement rempli mon carnet de bal. J'avais donc trois rendez-vous à respecter, et ce, à partir de 9 h le matin. Pour me mettre dans l'ambiance mentale voulue, j'ai enfilé mes espadrilles pour bien me rappeler que je devrais sans doute courir pratiquement toute la journée.

Si vous avez lu mon message précédent, vous savez déjà que j'avais commencé ma journée par le coiffeur. Comme je vous le disais aussi dans mes notes pédestres, j'avais décidé, toujours pour ajouter à mon incroyable désir de performance, de marcher pour me rendre chez le faiseur de miracles. Par conséquent, quand je suis ressortie de ma transformation capillaire, il était 11 h. Le temps que je retourne à la maison, il était presque midi. Mon prochain rendez-vous était à 13 h. Je ne fais ni une ni deux, je prends la voiture et je me rends derechef à la banque.

Je voulais depuis un bout m'ouvrir un compte d'épargne. Mais je n'arrivais jamais à trouver le temps de remplir les formalités nécessaires. Il me semblait que c'était le moment rêvé. Je me présente donc à la réception et fait part de ma requête au préposé. Apparemment, tout n'est pas si simple que je le pense. Je dois notamment rencontrer un conseiller pour ouvrir ledit compte. De plus, je dois aussi prévoir au moins une quarantaine de minutes pour devenir une nouvelle épargnante. Je regarde l'heure. Midi cinq. Un conseiller est disponible. Je tente le coup. Je dois cependant m'asseoir sur un beau fauteuil rouge et attendre que l'expert m'appelle.

Je ne suis pas assise. Je frétille sur le bout du fauteuil en jetant un coup d'oeil sur ma montre aux trois secondes et demie. À midi dix, je n'en peux plus. Je retourne au comptoir et fait part au préposé de mon désir de quitter et de revenir un autre jour. Évidemment, c'est à ce moment que se pointe le conseiller. Il m'affirme qu'il peut répondre à mes désirs dans le laps de temps dont je dispose. Il a l'air de savoir de quoi il parle. Je le suis donc dans son bureau.

Naïvement, je pensais qu'il n'y avait qu'un seul modèle disponible pour l'épargne. J'errais une fois de plus. Comme je n'avais pas le luxe d'entendre un exposé élaboré sur l'éventail des produits offerts, j'ai rapidement éliminé tout ce qui avait l'air le moindrement complexe. Le conseiller semblait d'accord avec mon choix. Malgré tout, j'ai dû répondre à des questions pour lesquelles j'arrivais très difficilement à formuler un semblant de réponse. Par exemple, je ne me souvenais plus de mon salaire. J'ai donné un montant approximatif. Le conseiller, devant mon désarroi, m'a dit : "Ne vous en faites pas, je dispose d'une marge. Je vais inscrire entre 50 000 $ et 100 000 $." Ça me convenait. Ensuite, il fallait que je détermine ma valeur familiale. Comme je ne comprenais absolument pas de quoi il s'agissait, mon brave conseiller a dû me fournir quelques explications qui ne m'intéressaient pas vraiment. Mais il fallait que j'arrive à déterminer cette fameuse valeur. J'ai écouté poliment et proposé un chiffre. Merci la marge salvatrice!

Il n'y avait pas que des questions. Il y avait aussi des formulaires à remplir et des énoncés à comprendre. Mon patient conseiller entreprend cette nouvelle tâche en me confiant : "N'ayez crainte. Je peux répondre pour vous." "Voilà qui est parfait", me dis-je, surtout qu'il était maintenant midi trente. J'ai initialé des choses et signé mon nom à deux ou trois endroits. Quand il a voulu me parler de l'effet de levier et qu'il s'est rendu compte qu'absolument rien ne levait dans ma tête, il a soupiré : "Vous n'êtes vraiment pas chiffres vous, n'est-ce pas?". Ce à quoi je lui ai fait remarquer : "Si vous vous souvenez bien de ma réponse au sujet de l'emploi que j'occupe, vous devriez maintenant avoir compris que les chiffres, je n'en ai cure".

Il a rempli son mandat. Et moi le mien. À midi cinquante, je quittais la banque avec sa carte d'affaires dans mon portefeuille et un numéro de téléphone que je dois composer si je veux effectuer des transactions dans mon nouveau compte où je vais déposer des liquidités pour des besoins à court terme de moins d'un an... ou quelque chose comme ça. En tout cas, je veux le revoir pour planifier ma retraite. Cette fois, je vais prévoir une heure. Ce devrait être suffisant pour quelqu'un qui n'est pas chiffres...
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Notes pédestres : Il faisait froid. J'ai dû sortir mes pantalons de nylon que je m'étais juré de ne plus porter avant l'hiver prochain. J'endurais mon manteau d'automne et mon foulard. Au moins, il ne neigeait pas!

vendredi 7 mai 2010

Un autre voyage sans fumée

Vraiment, je ne sais pas comment je dois interpréter ces envolées astrales que je me paie à répétition ces derniers jours. Dois-je y voir un désir irrépressible de fuir? Sans doute. Et un besoin de lâcher prise. Tout à fait. (Tiens, ça fait longtemps que je ne l'avais pas utilisée celle-là! Comment te portes-tu expression si chère à mon coeur? Toujours aussi populaire? Chanceuse! - Sentez-vous ici la légère pointe d'ironie de l'auteur en quête de reconnaissance? Elle est subtile mais je vous assure qu'elle est là).

Bon que je revienne à ce voyage qui ne m'a à peu près rien coûté mais qui m'a permis de partir pendant une demi-heure ou peut-être un peu plus. Pardonnez-moi cette imprécision mais j'ai perdu la notion du temps pendant que j'oubliais mes soucis.

Pour ce périple, j'ai eu recours à une experte de l'aiguille. Pas une couturière qui raccommode les coeurs. Non, pas du tout. Pas une infirmière qui transperce les enveloppes cutanées. Absolument pas. J'ai appelé à la rescousse une acunpunctueuse reconnue pour sa passion irrésistible des petites pointes de métal. Le métal! Encore lui. Mais je m'égare.

Je reviens donc à la table où j'ai été épinglée de belle façon par une lépidoptériste animée des meilleures intentions. Je ne vous surprendrai pas en vous confiant qu'il faut pas mal de tiges de métal pour finalement m'immobiliser. Mais la spécialiste a réussi à le faire après m'avoir enfoncé au moins une dizaine d'aiguilles un peu partout sur le corps dont l'une dans mon ventre et l'autre en plein milieu du front.

Pourquoi dans le ventre?, vous demandez-vous en baillant si vous avez eu le courage de me suivre jusque-là dans mon délire. Tout simplement parce qu'au moment où on m'a enlevé l'utérus, on a aussi déplacé mes méridiens. Oui, oui. Je savais bien que j'aurais dû avertir la chirurgienne avant qu'elle ne plante allégrement son scalpel dans mon abdomen! Je suis certaine qu'elle aurait fait plus attention.

Alors, je suis maintenant épinglée. Ah! et j'ai oublié de vous dire aussi que j'avais le foie (et la foi aussi tant qu'à y être) engorgés. J'avais donc des aiguilles plantées quelque part pour remédier à cet embarrassant problème. Étendue, trouée, j'essaie de me détendre et de me convaincre que ce n'est pas possible que je puisse m'apercevoir de l'action des aiguilles. Et pourtant. Il me semble que je sens leur chaleur à tour de rôle. Tout d'un coup, j'entends un gargouillement dans mon ventre. Je m'interroge. Sont-ce les méridiens qui se rebiffent ou qui reprennent leur position abandonnée inopinément pour cause d'enlèvement d'organe? Non, d'après le bruit et l'endroit d'où il provient, ce sont plutôt le foie et la foi qui se vident. Et cela dure. On dirait que ça ne finira jamais. C'est qu'on en accumule de la frustration, de la colère, du ressentiment, du refoulement au fil des semaines, des mois et des années. C'est bon de faire le vide de temps en temps.

Malgré le bruit de vidange émanant de mon ventre, je me suis presque endormie. Je me suis en tout cas retrouvée dans un grand état de relaxation et de calme. Encore le plaisir de lâcher prise et de devenir pratiquement indifférente à ce qui se passait autour de moi. Tout est devenu au ralenti. Ma respiration, mes battements de coeur et mes pensées. Même lorsque j'ai été dépinglée, j'ai continué à me sentir dans un état second. J'avais l'impression d'être au Paradis. Un résultat, apparemment, de la crise de foi(e)s!
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Notes pédestres : J'ai marché en deux temps. Aller-retour chez le coiffeur. Il ventait beaucoup. Ça faisait du bien. Je capote toujours sur Atreyu.

mardi 4 mai 2010

Un voyage sans fumée

Pendant le cours de yoga ce midi, j'ai eu une vision. Plutôt une magnifique image qui s'est imposée à mon esprit. Nous venions de faire plusieurs exercices de respiration quand, tout d'un coup, j'ai senti que ma tête était vide. En fait, je me trouvais dans une immense pièce qui m'apparaissait tantôt verte, tantôt bleue. La sensation de légèreté que j'ai soudainement éprouvée en constatant qu'il n'y avait absolument rien dans cette pièce est indescriptible.

Enfin libérée de tout, je voulais rester là pour toujours. Mais ce n'était pas encore le temps de la relaxation et je devais encore réaliser quelques positions avant de pouvoir me laisser aller totalement. En demeurant dans ma bulle, j'ai réussi à conserver mon image intacte jusqu'au moment de m'étendre dans la position du cadavre ou savasana.

C'était merveilleux de me trouver dans ce grand espace où il n'y avait aucun obstacle qui aurait pu m'empêcher de circuler comme bon me semblait. Je voulais à un tel point qu'il n'entre rien dans la pièce que j'ai songé pendant un instant à m'y barricader. Mais je ne voulais pas de portes cadenassées, ni de murs infranchissables. J'ai plutôt opté pour de grandes fenêtres ouvertes donnant sur un immense jardin. J'ai ajouté aussi beaucoup de vent car j'aime l'idée qu'il aide à chasser toutes les mauvaises pensées.

Parfois, j'avais l'impression que quelqu'un ou quelque chose voulait s'installer dans ma pièce. Tout de suite, je disais bien fort "NON" et je retrouvais mon vide bienfaisant. C'est drôle aussi comme je semblais ne rien regretter et ne rien vouloir. Ça semblait si facile de n'avoir rien ni personne autour de moi.

Comme vous devez vous en douter, la relaxation ne dure pas éternellement. Et, après une dizaine de minutes, le cadavre doit reprendre vie. J'ai décidé finalement de laisser une statue de Bouddha dans ma pièce avec un tapis devant et moi dessus en position du lotus, les paumes des mains tournées vers le ciel.

Depuis, je n'ai qu'à fermer les yeux pour me voir en paix dans ma belle grande pièce vide. Elle m'attend. Juste moi. Toute seule.
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Notes pédestres : Marche malheureusement écourtée ce soir pour cause de pluie qui a finalement refusé de tomber comme elle annonçait de le faire. Première sortie des shorts.

lundi 3 mai 2010

Les mots qui, comme les miroirs, réfléchissent

Glanées dans le cours de ma lecture du journal Le Devoir, édition du samedi 1er mai et dimanche 2 mai, deux citations qui m'ont particulièrement touchées. Tout d'abord, un extrait du livre L'équilibre des requins de l'écrivaine italienne Caterina Bonvicini :

"Quand je suis heureuse, j'ai peur. Quand je souffre, j'ai peur. Quand je ne ressens rien et que je n'ai peur de rien, je sais avec certitude que j'ai perdu l'équilibre."

Dans mon cas, je dirais que les deux premières affirmations s'appliquent totalement à mon vécu. Pour ce qui est du troisième constat, je finirais plutôt ainsi en parlant de moi :

"Quand je ne ressens rien et que je n'ai peur de rien - ce qui ne m'arrive à peu près jamais - je crois presque que j'ai enfin trouvé le moyen de prendre le contrôle sur ma vie. Mais cela ne dure jamais très longtemps. Les interrogations reviennent à toute allure : Et si je me trompais? Et si je ne faisais pas le bon choix? Qui suis-je pour vraiment savoir ce que je veux? Et le carrousel repart. Et sa ronde infernale aussi."

Dans plus apaisant, j'ai communié aux déclarations de Jean-Claude Vigor dans sa chronique intitulée Jardiner, c'est bon pour le moral! Il y notait entre autres avec beaucoup d'humilité que l'on commence toujours par s'agenouiller au début de la saison de jardinage, par mettre le nez quasiment dans la terre. J'imagine que la génuflexion s'impose si on ne veut pas oublier de traiter avec tous les égards qui lui sont dus cette nature trop souvent malmenée par les hommes et les femmes. Pour moi, c'est aussi en hommage à la force indestructible de la vie que l'on se doit d'adopter une attitude priante quand on commence à gratter le sol pour y découvrir avec émerveillement qu'elle a une fois de plus fait échec à la mort.

Et, tant qu'à faire dans la philosophie et le sérieux, j'ajouterais que cette proximité avec le sol qu'engendre notre activité de jardinage ne peut qu'être bénéfique puisqu'elle nous ramène à la réalité de notre commencement et de notre fin. "Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière", ça vous rappelle quelque chose? Il n'est pas mauvais de temps à autre d'être ramené à l'ordre de notre impuissance. Qu'on le veuille ou non, c'est là que tout se termine... et que tout recommence.
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Notes pédestres : Qu'il faisait bon marcher encore aujourd'hui. La chaleur bienfaisante graissait les muscles qui pouvaient se laisser aller à leur pleine mesure. Si seulement j'avais les genoux pour le faire, je crois que je trotterais davantage. C'est rendu que j'aime vraiment ça de sentir que j'ai maintenant le souffle nécessaire pour courir... même sur une courte distance. Quand on a le souffle, on a l'erre d'aller!

dimanche 2 mai 2010

Dans la nature

Quel beau dimanche! Une température à faire rêver. L'été qui s'annonce enfin et, par conséquent, le jardinage qui reprend ses droits. Malgré les courbatures encore ressenties de mes travaux d'hier, j'ai poursuivi mes efforts pour nettoyer et mettre les plates-bandes en train. Avec l'Homme, je suis allée acheter des sacs de paillis et je n'ai évidemment pas pu résister à regarder d'un peu trop près les vivaces du centre jardin. J'en ai finalement acheté sept. Elles trônent déjà fièrement dans la rocaille en avant de la maison.

Et là, pendant que je vous écris, entre par la fenêtre la bonne odeur des copeaux de cèdre. Mais le travail n'est pas fini, loin de là. Faire le tour de toutes les plates-bandes demande du temps et de l'organisation. Comme j'ai principalement des vivaces en avant, je pouvais étendre le paillis. En arrière, cependant, je dois attendre pour certains endroits de planter mes annuelles avant de le faire. Je dirais que, depuis deux ans, j'ai appris à mieux découper les différentes tâches que je dois accomplir avant de pouvoir m'asseoir et de contempler mon oeuvre horticole.

Ainsi, j'ai longtemps voulu tout faire en même temps. Je partais tôt le matin chercher des tonnes et des tonnes de caissettes de fleurs que je ne savais plus où mettre quand j'arrivais à la maison. Et comme je ne voulais pas les perdre, parce que des fleurs en boîtes il faut que tu les arroses continuellement ou presque, je devenais folle à force de creuser et de planter. En plus, je m'apercevais souvent que j'avais oublié d'acheter ce qu'il fallait pour certains de mes pots décoratifs ou encore que j'en avais trop. Invariablement, je gâchais un peu beaucoup mon plaisir.

Maintenant je suis sage. J'y vais par étapes. Et je prends des journées de congé au besoin pour m'amuser les mains dans la terre. Je sais aussi davantage ce que je veux et la quantité dont j'ai besoin. Ça aide grandement.

Je ne peux vous dire à quel point c'est bon d'être dehors en communion avec les plantes, les vers de terre, les oiseaux, le vent, les odeurs d'humus et toutes les sortes de bestioles qui surgissent à tout moment pour vous surprendre. Ainsi, cet après-midi, l'Homme et moi avons eu la chance d'apercevoir RinTinTin, le suisse. Il filait vers le côté de la maison. Mais ce qui est vraiment amusant, c'est qu'un peu plus tard nous nous sommes aperçus que nous avions enfermé RinTinTin dans le garage. Il était là, dans la fenêtre, à nous regarder avec son petit museau qui s'agitait. Il était adorable. L'Homme a bien vite ouvert la porte et RinTinTin est sorti sans demander son reste.

À l'heure du souper, nous avons pu admirer Roger et sa compagne Rogère, deux magnifiques cardinaux qui sont venus se percher sur la palissade en face de la fenêtre de la cuisine. Leur plumage rouge et orange magnifique éclairait le vert des arbres autour d'eux. Peut-être que je pourrai les voir bientôt prendre leur bain devant moi puisque l'Homme et moi avons décidé d'aménager un plan d'eau. Oui, oui, avec des plantes aquatiques et même des poissons. L'Homme l'a baptisé le Plan d'eau Michel Chartrand. Il a même précisé qu'il ne fallait pas de trait d'union entre les deux noms pour garder vivant cet homme qui nous a beaucoup marqués. Je vous promets des photos lorsque le travail sera terminé.

Et, pour prendre des forces, j'ai fait hier une grosse accolade à mon énorme érable, le roi de ma cour. Je vous le dis, pendant que je serrais son tronc de toutes mes forces, l'oreille collée sur son écorce rugueuse, j'ai senti l'énergie de la terre qui circulait de ses racines à son faîte. Je lui en ai volé un soupçon et j'ai senti une grande paix à l'intérieur de moi. Je viens d'inventer la thérapie acéricole.

samedi 1 mai 2010

La thérapie chanama

J'ai inventé une nouvelle thérapie pour traiter mon anxiété. Il s'agit d'une combinaison de trois éléments qui permet d'atteindre un niveau de zénitude passablement acceptable.

Tout d'abord, il faut se procurer un félin. De préférence domestique. Selon les dires d'un collègue cubiculin éloigné, le chat fait des miracles pour régulariser une tension artérielle en déroute. J'imagine que c'est le régulier ronronnement de la bête qui apaise et calme les vaisseaux stressés. Je dors déjà presque toutes mes nuits avec la Reine-Marguerite. Hier soir, cependant, elle semblait encore plus disposée à participer à ma thérapie. J'étais couchée sur le dos. Elle a grimpé péniblement dans le lit (sa masse pondérale l'incommode parfois dans ses déplacements du bas vers le haut) et elle a commencé par s'étendre près de moi, la moitié de son gros corps reposant sur ma bedaine. En lui grattant la tête, j'obtenais le ronronnement souhaité. Plus tard, quand j'ai commencé à me sentir écrasée par sa stature imposante et que je me suis tournée sur le côté gauche, elle est venue se blottir dans le creux de mon épaule et a déposé sa tête sur mon bras. Elle était adorable. Cette fois, pour entendre le son guérisseur, j'ai dû flatter son petit nez. Peu importe. Ce fut une nuit reposante.

Il ne pleuvait pas ce matin malgré les prévisions alarmistes des sorciers de la météo. J'ai donc poursuivi ma thérapie en allant jardiner. En plus des bienfaits apportés par la communion avec la terre, j'ai également profité de la tranquillité inhabituelle du quartier. Si je fais exception bien sûr de la voisine fatigante qui crie sans arrêt et qui avait décidé aujourd'hui de faire le ménage des vêtements de ses enfants en leur hurlant de les essayer et de mettre de côté ceux qui ne leur faisaient plus, tout était parfait. Je m'interroge. Devrais-je vous passer sous silence les agissements de mon voisin d'à côté qui, juste au moment où j'étais assise béatement sous mon érable contemplant les mésanges voleter autour de la mangeoire, a décidé de tondre sa pelouse malgré les gouttelettes qui tombaient et qui a empesté les environs avec sa maudite tondeuse à gaz qui pue? Sans doute. Autrement, voilà tous les avantages de l'élément nature qui s'envolent en fumée... c'est le cas de le dire.

Mais je n'étais pas pour m'arrêter en aussi bon chemin. Il me restait à prendre le trottoir. Ce que j'ai fait dès que le ciel s'est éclairci. C'était agréable. Il faisait beau. Même si j'étais un peu courbaturée à la suite de l'application de l'élément nature, je me sentais suffisamment en forme pour monter mes escaliers allégrement et pour courir mon jogging de débutante en ayant pratiquement l'air d'une vraie sportive... pour quelques pieds du moins. J'ai été chanceuse car je suis revenue juste au moment où la pluie recommençait. Calcul parfait.

Réfugiée sous le toit du balcon pour entendre une dernière chanson d'Atreyu (celle dont je vous parlais hier), je me suis rendue compte soudainement que je pouvais observer une à une (ou presque) les gouttes d'eau qui tombaient sur les feuilles de l'arbuste en face de moi. Je suis devenue envoutée par le plaisir de la contemplation. Les larmes me sont montées presque immédiatement aux yeux. Maudit que j'suis sensible, ça pas de bon sens! "Maggie, viens voir maman, il faut que je te flatte".