samedi 31 octobre 2009

Bulletin de santé

J'ai attrapé quelque chose. Je savais bien que ça allait arriver avant le vaccin. Mais je ne crois pas que ce soit la grippe car je ne fais pas de fièvre et je n'ai pas mal partout. Seulement un mal de gorge, un peu de toux et quelques gargouillements intestinaux. Ça fait deux jours. J'imagine que si mon état reste stable, j'en serai quitte pour continuer à m'énerver jusqu'à ce que l'on se décide enfin à vacciner les vieilles comme moi qui ne présentent aucune particularité sauf celle d'être atteinte d'hypocondrie anxieuse galopante (ça me change des champignons!).

N'empêche. J'ai bien dû relire dix fois le fameux guide d'autosoins. Je dois maintenant connaître par coeur les quelque 16 pages et des poussières qu'il contient. Chaque fois que je me sens un peu moins bien, je prends ma température et je retourne lire la liste des symptômes. On se sait jamais... tout à coup qu'un détail m'aurait échappé.

Dire que j'ai suivi à la lettre les conseils prodigués pour nous garder en santé. Je me suis tellement lavé les mains que j'ai développé un syndrome de peau sèche qui brûle. J'ai évité de toucher les poteaux dans l'autobus, la main courante de l'escalier roulant, la porte de la salle de bain au bureau (j'appuyais avec mon coude sur le bouton réservé aux personnes handicapées). Dès qu'une personne toussait à côté de moi, je m'enfuyais à toute vitesse. J'avais du Purell sur moi en tout temps et des serviettes désinfectantes à portée de la main sur mon bureau. Je crois que là où j'ai failli (probablement), c'est de n'avoir pas toujours fait attention à mes mains lorsqu'elles avaient la fâcheuse habitude de se promener dans mon visage. Et pourtant... il s'agissait là d'une des sages recommandations de notre ministre de la Santé qui veut notre bien, mais pas trop vite par exemple.

Ce soir, je suis donc revenue à mon engagement du début de la semaine. J'ai cuisiné. Un délicieux boeuf braisé et une excellente soupe aux carottes et à l'orange. Je tousse mais je mange. Je vais peut-être m'en réchapper.

Et puis parce que vous avez eu la patience de lire mes jérémiades jusqu'à la fin, voici la recette de la soupe tirée du livre Nos meilleures recettes écrit par les diététistes du Canada. À faire en double, si vous voulez mon avis car elle est irrésistible!

Soupe aux carottes et à l'orange
(D'après nos amies les diététistes, il s'agit là d'une importante source de bêta carotène que notre corps va convertir en vitamine A.)

2 c. à table de beurre ou de margarine
1/2 tasse d'oignons, hachés
4 tasses de carottes, tranchées
4 tasses de bouillon de poulet ou de bouillon de légumes
1/2 tasse de jus d'orange
1/2 c. à thé de muscade, moulue
1/4 c. à thé de poivre blanc, moulu
1 tasse de lait

Faire fondre le beure à feu moyen-élevé dans une grande casserole. Y faire sauter les oignons et cuire de 4 à 5 minutes ou jusqu'à ce qu'ils aient ramolli. Ajouter les carottes et le bouillon puis porter à ébullition. Réduire le feu et laisser mijoter de 15 à 20 minutes ou jusqu'à ce que les carottes soient très tendres. Incorporer le jus d'orange, la muscade et le poivre.

Réduire le mélange en purée au robot ou au mélangeur.

Verser le lait et laisser mijoter la soupe à feu très doux pendant 2 ou 3 minutes ou jusqu'à ce qu'elle soit très chaude.

Rebonne santé!!

jeudi 29 octobre 2009

Avertissement - Chronique pour mélomanes non avertis

Non, je ne veux pas faire de blog ce soir car il est trop tard et demain je sais trop bien ce qui va arriver quand l'heure de la levée du corps viendra : je voudrai m'enfouir sous les couvertures et continuer de roupiller. Mais, mais, mes mains sont plus vite que mon ombre et me voilà sur le clavier en train de vous raconter encore une fois une tranche de ma petite vie.

Je suis allée au concert ce soir et j'ai été littéralement subjuguée par l'immense talent du jeune chef d'orchestre britannique Alexander Shelley. Si vous voulez vous rincer l'oeil un peu, prenez le temps de le googler et vous m'en direz des nouvelles... côté physique bien sûr. Pour ce qui est de sa maîtrise de la baguette, je peux vous dire qu'il est dur à battre... la mesure (je sais, ça n'a pas de sens mais il est tard et c'est un bon jeu de mots même s'il n'a rien à voir là). Bon, je reviens à ce cher Alexander (oui, je me permets cette familiarité après avoir assisté à ses déhanchements sur le podium) dont j'ai trouvé la façon de diriger semblable à celle de Nézet-Séguin. C'est bien évident que voilà un jugement de mélomane amateur que l'Ami pourrait peut-être corroborer ou à tout le moins expliciter. N'importe. J'avais parfois l'impression que j'avais un danseur devant moi tellement ses gestes étaient souples et élégants. Ça ne l'empêchait pas toutefois de taper légèrement du pied dans les passages plus, comment dire, virils et d'insister avec vigueur là où ça comptait. Bref, un délice pour les yeux et pour les oreilles!

Je suis certaine que l'Ami va m'en vouloir si je ne mentionne pas le pianiste Simon Trpceski qui était là pour interpréter un concerto de Prokofiev. Encore une fois, je vous invite à googler pour en savoir plus sur cet artiste de la République de Macédoine. Vous serez agréablement surpris. C'est un pianiste absolument extraordinaire à entendre et à voir car ses mains volent sur le clavier. Lui aussi a une très belle présence et la combinaison de ces deux artistes à elle seule valait le déplacement.

Je vous laisse en vous annonçant que dans moins de vingt minutes, la Fille aura vingt ans... et encore toutes ses dents!

mercredi 28 octobre 2009

L'importance du cocon

"Y a toujours un boutte à toutte". Ce pourrait être le début d'une chanson à répondre mais c'est plutôt ce qui me trottait dans la tête quand j'ai entendu le réveil ce matin. C'était la deuxième journée de suite que j'ouvrais les yeux avec un mal de tête et de cou qui persistait. Cette fois j'ai pris le taureau par les cornes au lieu de ma tête à deux mains et j'ai décidé de faire le bureau buissonnier.

Quelle heureuse décision, surtout que l'Homme ronflait du sommeil heureux de celui qui commence seulement à midi et que la Fille dormait comme la Belle au bois dormant qui profite de trois jours de farniente! Je me suis donc rendormie de sitôt bercée par le doux ronronnement de la fournaise. J'adore ce bruit pour vrai... cela me rassure. Quand on entre dans la saison froide, je trouve que la fournaise devient comme le coeur de la maison. Si elle cesse de fonctionner, est-ce que tout n'arrête pas avec elle? Grâce à la chaleur qu'elle dissémine partout, la maison vit... et nous aussi.

Bon, assez philosophé sur cet appareil chaleureux et revenons à cette merveilleuse journée qui fut la mienne. Une fois reposée et, ô magie, ma migraine dissipée, je suis allée petit déjeuner avec la Fille qui m'a ensuite accompagnée à l'épicerie. Et là, nous avons fait le plein de légumes et de fruits pour nous garder en santé jusqu'à ce que nous puissions recevoir LE vaccin.

J'ai aussi eu le temps de faire deux brassées de lavage mais surtout d'aller marcher avec la Fille. J'ai choisi de monter mon Everest à moi, soit cette fameuse côte dont je vous ai déjà parlé. Cela a encore été un défi et je suis fière de l'avoir relevé avec brio. Et ensuite j'ai cuisiné. C'est important de se mitonner de bons petits plats pour garder nos forces. J'ai fait des muffins au son et une soupe au brocoli absolument délicieuse. Comme je veux que nous traversions tous le désert grippal en gardant la forme, je vous donne la recette du potage tirée du livre Cuisiner avec les aliments contre le cancer. Attelez-vous à vos chaudrons et faites d'une pierre deux coups!

Soupe au brocoli
(Elle combine trois des aliments les plus efficaces contre le cancer : les crucifères, les oignons et le curcuma. On peut remplacer le brocoli par un autre crucifère (chou, chou-fleur, chou vert frisé, etc.).

Huile d'olive
1 gros oignon, haché
2 gousses d'ail, hachées
1 c. à thé de curcuma moulu
1 brocoli, défait en bouquets (peler les tiges et les couper en tronçons)
1 pomme de terre, en quartiers
4 tasses de bouillon de poulet (pour ma part, j'en mets habituellement le double sinon la soupe est trop épaisse. À vous de juger!)
1 c. à soupe de persil séché
1 c. à thé d'aneth séché
Sel et poivre du moulin (je ne mets pas de sel parce que j'utilise du bouillon qui est déjà salé)

Chauffer l'huile dans une grande casserole. Faire revenir les oignons et l'ail à feu moyen-vif jusqu'à ce qu'ils soient tendres.

Ajouter le curcuma et remuer 2 min.

Ajouter les pommes de terre et le bouillon. Incorporer le persil et l'aneth. Saler et poivrer au goût. Laisser mijoter 30 min., puis ajouter les brocolis. Cuire encore 10 min. et retirer du feu.

Passer au mélangeur jusqu'à consistance lisse.

Bonne santé!!

mardi 27 octobre 2009

Pique, pique, pique, roule, roule, roule...

Et on y revient encore une fois. Comment y échapper? Les médias ne parlent que de ça (et moi aussi).

Ce soir, en citoyenne responsable, j'ai écouté le spécial de deux heures à RDI sur la fameuse grippe qui doit nous décimer sous peu. En regardant les tableaux de la progression de la maladie au Canada, j'avais l'impression de prendre connaissance des résultats d'élections fédérales. Sauf que ce n'était pas Bernard Derome qui commentait l'avancée du terrible virus. Je parle ici bien sûr de la grippe bingo et non des Conservateurs de M. Harper.

En tout cas, je peux vous dire que je suis maintenant passée du doute passager à la conviction absolue. Alléluia! Alléluia! C'est une conversion miraculeuse. Les arguments en faveur de la vaccination étaient percutants. Il faut bien admettre qu'ils étaient répétés ad nauseam par la flopée d'experts en santé qui avaient été invités pour l'occasion. J'ai surtout compris, comme je m'en doutais depuis le début, que la vaccination sert bien évidemment à nous protéger mais encore plus à protéger l'engorgement de notre merveilleux système de santé. Au fond, nous devrions rendre grâce au ciel d'avoir entre les mains (ou devrais-je dire sur le bras) un outil qui peut nous éviter de nous rendre à l'urgence de nos hôpitaux déjà débordés. Mieux vous endurer les légers effets secondaires du vaccin que de rester assis sur une chaise pendant des heures et des heures à tousser, éternuer, cracher et j'en passe.

Mon problème dorénavant demeure le contrôle de mon impatience à recevoir la piqûre fatale. Comme je ne correspond pas aux définitions des groupes à risque, je devrai attendre encore quelques semaines avant de joindre les rangs des zombies à puce. D'ici là, je vais continuer d'observer les mutations de la soeur Psy. Si vous avez lu son commentaire à la suite de mon blog d'hier dans lequel elle nous fournit un compte rendu du Jour 2, vous conviendrez avec moi qu'elle souffre déjà d'un délire avancé. Il faut dire qu'il était latent... l'injection de la puce n'a fait qu'accélérer les choses! :)))

lundi 26 octobre 2009

Pique pas ou pique?

Je m'excuse de revenir sur le sujet de l'heure mais, comme vous le savez, les renseignements les plus fous continuent de circuler sur ce vaccin maléfique.

Ainsi, aujourd'hui, j'ai d'abord reçu un courriel de mon délégué syndical(!?) qui me réacheminait deux messages qui portaient sur les déclarations d'un neurochirurgien enjoignant les personnes sensées à ne pas se faire vacciner parce que la piqûre avait été mortelle pour des milliers de soldats un peu partout dans le monde. Mon délégué concluait son courriel avec des propos ésotériques sur la lumière intérieure et la force de l'énergie que je tente toujours de déchiffrer. En fait, je n'ai absolument pas saisi s'il était d'accord ou non avec le spécialiste en question. Ah! oui, j'oubliais presque de vous mentionner que le prophète de malheur (le docteur pas mon délégué syndical) recommandait plutôt l'absorption quotidienne de fortes doses de vitamines D3 pour faire face à la grippe bingo.

Ensuite, grâce cette fois à la bienveillance d'un de mes collègues, j'ai dû également prendre connaissance de la chronique de Richard Martineau qui faisait mention des plus récentes aberrations circulant actuellement sur la grande toile en lien avec la pandémie projetée.

Saviez-vous, par exemple, que Michael Jackson avait été mis au courant que l'on préparait en ce moment un attentat bioterroriste dans le but de réduire la population mondiale pour qu'une élite puisse ensuite profiter de la Terre et de ses ressources naturelles? Il semble donc que la CIA aurait assassiné Michael pour l'empêcher de nous dire la vérité! Voilà qui lèverait le mystère sur cette mort suspecte...

Mais ce n'est pas tout. Apparemment, c'est un leurre que de croire que l'on veut nous vacciner contre la grippe A. En fait, pendant la campagne, on va nous implanter une puce sous la peau, puce qui va se loger dans certaines régions de notre cerveau et qui va permettre à des êtres mal intentionnés d'agir à distance sur nous avec une antenne cellulaire qui va court-circuiter notre conscience individuelle. On pourra aussi suivre chacun de nos mouvements par satellite. Des zombies, voilà ce que nous sommes tous appelés à devenir!

Et dire que la soeur Psy a reçu son vaccin, tiret puce, ce matin. Si vous avez lu son commentaire à la suite de mon blog d'hier, vous vous rappellerez qu'elle a promis de nous informer de tout changement suspect. En attendant d'avoir de ses nouvelles, moi je surveille ses allées et venues sur Google Maps!

dimanche 25 octobre 2009

Pique ou pique pas?

Et si je vous faisais un blog tout court pour une fois? Je n'ai pas grand-chose d'intéressant à vous raconter mais j'ai le goût de commencer la semaine sur la bonne touche et donc de prendre soin de mon besoin d'écrire.

Comme c'est le soir de Tout le monde en parle, je vous fais part de la question qui me tue moi, soit "est-ce que je devrais me faire vacciner ou non contre la grippe bingo?"

J'ai hésité longuement, surtout à cause de mon hypocondrie. Finalement, en jasant avec la soeur Psy, en écoutant l'opinion d'Amir Khadir et en lisant le blog d'un médecin, j'ai décidé d'aller de l'avant. Comme je ne suis pas dans les groupes à risque, toutefois, et que je devrai donc encore attendre deux ou trois semaines avant d'être appelée au front, je vais pouvoir profiter de l'expérience des autres. S'ils sont toujours vivants quand sonnera l'heure de présenter mon bras, je pourrai vaillamment me joindre aux rangs des personnes désormais majeures et vaccinées!

Non mais sans "blog", comme dirait l'Homme, allons-y pour la vaccination et appliquons l'adage "Un pour tous et tous pour un", à moins que ce ne soit "Ils n'en mourraient pas tous, mais tous étaient atteints". Comme vous voyez, il subsiste peut-être encore en moi l'ombre d'un soupçon d'un doute qui se dissipera, j'en suis certaine, à mesure que je constaterai les bienfaits de l'inoculation. Après tout, qui veut d'un nez rouge avant l'heure?

samedi 24 octobre 2009

Bizarre autant qu'étrange

Non, vraiment, il y a de ces choses que je ne comprends pas.

Les ongles, par exemple. Je ne saisis pas pourquoi il faut y accorder autant d'importance. Pour moi, en autant qu'ils soient propres et taillés, cela me suffit. Pour certaines personnes, c'est le centre de leur vie. Surtout pour celles qui prennent le temps et l'argent pour s'en faire coller d'autres par-dessus ceux que la nature leur a déjà donnés. Et que dire des motifs dont elles les font orner par la suite? Des barres striées, des brillants, des pierres, des dessins, rien n'arrête le progrès des ongulées. J'ai vu hier chez le coiffeur une cliente avec les deux mains plongées dans un bol rempli d'une mixture quelconque pendant près de vingt minutes pour, d'après ce que j'ai compris de l'opération, faire décoller ses ongles en extra. Elle semblait triste pour je ne sais quelle raison et j'ai constaté que la technicienne en pose d'ongles semblait impuissante devant la situation. Comme je ne connais rien de rien à ce domaine de spécialité, je ne peux vous dire ce qui est arrivé au juste à part le fait que la cliente est repartie nu ongles.

Les animaux de compagnie qui doivent toujours nous accompagner sont un autre sujet d'étonnement pour moi. J'adore mes deux chattes mais il ne me viendrait pas à l'idée de les trimballer partout. Je vous entends me crier haut et fort qu'il s'agit justement de félins et que, par le fait même, ces bêtes ne sont pas nécessairement d'une nature très sociable. Je vous le concède volontiers. Cela ne veut pas dire pour autant que les chiens sont friands de se retrouver vêtus de manteaux et de bottes, installés dans des porte-chiens et transformés en bêtes de cirque. Sont-ils à ce point malheureux quand leurs maîtres quittent la maison? Ne dit-on pas : quand le chat n'est pas là, les souris dansent? J'ai toujours pensé que nos animaux de compagnie, heureux justement d'être débarrassés de notre compagnie, s'en donnaient à coeur joie toutes les fois que nous leur abandonnions la maison.

Et je termine sur l'obsession de la mode qui entraîne certaines femmes et jeunes filles à s'entêter à porter des vêtements tellement serrés qu'on ne peut manquer aucun de leurs bourrelets. Je sais bien que c'est tentant de faire comme les autres mais quand on a de la difficulté à s'asseoir parce que nos jeans menacent de céder à tout moment ou que l'on a le string à découvert, c'est le temps de s'acheter un miroir et de regarder de quoi on a l'air avant de sortir de la maison. Et si l'on continue à être aveuglée par notre beauté, posons alors la fatidique question : "Miroir, miroir, dis-moi si je suis trop boudinée dans ce tee-shirt?".
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Notes pédestres : Finalement il pleuvait jeudi soir. Mais, mais, j'ai marché deux fois plus le lendemain, soit presque deux heures. Il faisait un peu froid mais l'air était drôlement bon!

vendredi 23 octobre 2009

Un goût de metal et d'espadrilles... sur le metal et la globalisation

Nic a dit...

Le sujet de cette chronique a été trouvé lorsque le Pusher m'a remis une copie de Global Metal, un documentaire de 2008 dirigé par les anthropologues canadiens Sam Dunn et Scot McFadyen. Pour les habitués de ce blog, vous aurez compris depuis un certain temps déjà l'importance du metal dans ma vie. Encore maintenant, j'éprouve parfois de la difficulté à saisir comment cette musique arrive à venir me chercher autant, comment elle me bouleverse l'âme au point de susciter mes larmes ou comment elle me met en ébullition et me pousse à bouger et à m'écarter de mes zones de confort. J'imagine que le Pusher a voulu m'aider dans mon cheminement à cet égard en me permettant de visionner ce documentaire, lui qui a sans aucun doute compris toute la profondeur du metal et qui la vit au quotidien.

C'est ce qui m'a frappée dans ce reportage : ce que le metal apporte à la vie d'une foule de personnes partout dans le monde. Des gens de cultures différentes tous unis par la passion du metal. Des gens qui aiment cette musique parce qu'elle leur offre un exutoire pour exprimer leurs frustrations envers l'ordre établi, leur dégoût des vieilles idées reçues et des principes éculés. Des musiciens qui adaptent le metal à leur réalité propre et qui viennent ainsi toucher le coeur de leurs compatriotes. Par exemple, le groupe Sepultura revendique et met de l'avant ses racines brésiliennes en ayant recours à des rythmes tribaux. De la même façon, Tang Dynasty, considéré comme le premier groupe heavy metal de Chine, fait appel à des techniques vocales traditionnelles. Tous différents mais tous pareils aussi dans leur désir de changer les choses.

Les réalisateurs nous amènent au Japon, au Brésil, en Inde, en Chine, en Israël. Dans certains de ces pays, le metal est associé à la révolution. C'est considéré comme de la subversion, comme un mouvement politique anarchiste. Des adeptes se font arrêter parce qu'ils ont les cheveux longs, d'autres parce qu'ils sont tatoués et d'autres enfin simplement parce qu'ils portent un chandail avec le logo d'un groupe de metal. Vous aurez deviné qu'il est extrêmement difficile dans certains endroits de la planète de même se procurer des CD de metal. Imaginez alors la possibilité d'assister à un spectacle. Dans un moment qui m'a beaucoup émue, un amateur raconte qu'il a vendu les souliers de son père pour pouvoir se payer un billet pour voir son groupe favori. Comble de l'ironie : il n'a même pas pu entrer dans le stade car les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux par les autorités locales, qui craignaient du grabuge en raison des manifestants qu'un tel spectacle ne manquerait pas d'attirer selon eux, ont matraqué sans discernement spectateurs et protestataires.

J'ai adoré le grand rassemblement de la fin dans le désert. C'était fascinant de voir tous ces gens vibrer au son de la musique d'Iron Maiden. Je ne suis pas une experte du metal. Je ne peux pas expliquer les différences qui existent entre les nombreux styles de metal. Je sens seulement, comme il est dit dans le documentaire, que le metal, c'est pour la vie.


Le Pusher a dit...

Le metal : une force inépuisable!

Tout en étant un excellent documentaire, il ne fait que parler vaguement de ce qu’est en réalité le metal. En étant quelqu’un qui vit ce moment depuis je pourrais dire ma jeunesse, je comprends à 100% les sentiments de ces gens qui vivent du mouvement. Tous les jours, je dois me nourrir de nouveau metal; plus fort, plus pesant, plus agressif, plus opprimé, différent, bof tout simplement d’une bonne injection de metal pur! Chaque événement dans ma vie se traduit par une chanson quelconque. Faut aussi dire que le metal est expansif et variant, il y a autant de styles de métal que de styles musicaux en général. Nous pouvons aller dans le Folk Metal autant que dans le Symphonic Metal allant jusqu’au Death Metal, c’est un univers infini. Tu ne te fais pas juger dans ce monde, tu fais partie de la grande famille metal et nous avons tout simplement hâte de te voir "thrasher dans l’pit aik les autres". Le metal n’a pas d’âge et ne te demande pas de te changer pour lui, tout simplement d’écouter son message et de le vivre de plein fouet.

Comme vous le savez déjà, chers lecteurs, j’ai mon propre groupe, Mortor. Nous sommes en studio en ce moment et nous travaillons d’arrache-pied pour vous livrer notre version de cette beauté musicale qu’est le metal. Le "feeling" de quelqu’un qui vient te voir après une prestation pour te dire que c’était excellent pis qu’il a adoré ta musique est inexplicable, lui il a compris ce que nous voulons faire, lui c’est de ça dont son âme avait besoin! Faire un spectacle devant des foules de 400 personnes (voir sur www.mortor.net la vidéo sur la page principale), c’est un feeling inimaginable.

Il est difficile pour moi de décrire ce que je ressens en écoutant la musique, je deviens ailleurs, je suis dans mon monde, dans le monde des metalleux, là où la grande bataille éternelle de la révolution intérieure continue! C’est ma passion, ma vie, mon univers!

mercredi 21 octobre 2009

Un peu de tout

Je ne blogge pas ces temps-ci. Je suis continuellement à la course. C'est que, voyez-vous, je suis encore très occupée le soir par mon bénévolat électoral. Je me dévoue à la cause quoi!

Je vous donne quand même quelques petites nouvelles. Par exemple, en ce moment, celle que j'appelle maintenant mon ombre - elle me suit constamment et, comme elle est toute noire, je manque de trébucher sur elle je ne sais combien de fois par jour - celle-là donc est en train de s'en donner à coeur joie dans son bol d'eau. Mignonne (car c'est bien d'elle qu'il s'agit) vient en effet de découvrir le plaisir de faire des ronds dans l'eau. Je viens de la trouver, dans la salle de bain, les deux pattes d'en avant dans le bol. Et elle s'amuse à donner des coups de patte et à tourner autour du point d'eau avec pour résultat que le plancher et le mur sont inondés. Mais je ne peux pas la gronder car elle est vraiment trop... mignonne. J'ai donc étendu une serviette par terre et mis le bol par dessus. Cela a au moins le mérite de limiter les dégâts. Ah! oui, j'oubliais de préciser que la Reine-Marguerite s'est contentée d'observer la scène à distance d'un air complètement dégoûté. Je crois qu'elle attendait pour voir ce que j'allais faire. Elle a été déçue de ma réaction, c'est sûr, car elle espérait secrètement que j'explose et que je remette l'effrontée à sa place. Il y a quand même un soupçon de jalousie dans son attitude envers la nouvelle venue. Je vous le dis... c'est tout un contrat d'épargner les susceptibilités de mes deux félines.

En ce qui a trait à la marche, c'est au point mort depuis samedi. J'ai bien ramassé des feuilles à satiété dimanche et pratiqué mon yoga lundi, mais ça s'arrête là. Je suis donc en manque sérieux d'oxygène. Si Dame Nature est de mon bord demain soir, je me lance sur les trottoirs.

Et je termine en vous révélant que ce qui m'allume vraiment beaucoup ces temps-ci, c'est la lecture d'un livre, ou plutôt d'un guide sur l'art de devenir travailleur autonome. L'expression "allumée", c'est la Fille qui m'en a affublée. Il paraît que j'ai une étincelle dans les yeux. Je crois que c'est à cause de la perspective d'exprimer enfin une créativité étouffée depuis trop longtemps... beaucoup trop longtemps. Je vous en reparle.

lundi 19 octobre 2009

Prendre la température... ici et ailleurs

Il n'y a plus de doute possible. Lorsqu'on ramasse les feuilles par centaines et qu'on vide des pots remplis de fleurs toutes plus mortes et gelées les unes que les autres, c'est que l'hiver est à nos portes. C'est ce à quoi nous nous sommes employés l'Homme et moi hier après-midi. Il y avait quand même du soleil. Ça rendait la tâche plus agréable mais non moins triste pour autant.

Je ne sais pas si c'est l'âge mais je trouve de plus en plus difficile de voir arriver les temps froids. Lorsque le mercure commence à baisser un peu trop, il me passe un frisson dans le dos. Et il n'est pas toujours imputable au givre qui décore les pare-brises des voitures le matin. Non, c'est plutôt comme si je réalisais davantage tout ce que cela représente cette nature morte qui va un jour revivre. Même si je sais pertinemment, pour avoir vécu de nombreux printemps, que ce passage obligé conduit inévitablement au renouveau, j'entends une petite voix intérieure qui me souffle que mon hiver va venir moi aussi et que ce sera à mon tour d'expérimenter la dormance avant le grand réveil. Pas trop réjouissantes ces réflexions, n'est-ce pas?

Mais j'en ai eu d'autres, des réflexions, en fin de semaine. Par exemple, le journal La Presse titrait : "Pourquoi fait-on des enfants?". En partant du mini-boom des naissances que le Québec connaît actuellement, on s'interrogeait sur les raisons qui poussent les gens à avoir des enfants. En lisant les motifs de chacun, j'en suis évidemment venue à réfléchir sur mon propre cheminement. Je dois avouer que, comme dans le cas de tous mes choix de vie, j'ai pris une décision avec mon coeur et c'est tout. Je me suis à peine arrêtée à la question de l'argent. Si j'avais été en mesure de procréer moi-même, je suis certaine que je n'aurais pas davantage éprouvé de réticences à mener à bien mon projet malgré la pollution, malgré la pauvreté, malgré la fin du monde toujours imminente. Je me souviens seulement que l'Homme et moi voulions fonder une famille. Je me rappelle du besoin que nous avions de partager avec des enfants notre grand bonheur d'être ensemble. Et c'est ce que nous avons fait. Et nous n'avons jamais regretté notre décision. Je dois ajouter que ce sont les deux projets dont je suis le plus fière parce que, dans les deux cas, j'ai simplement plongé et j'ai fait confiance à la vie. Elle ne m'a pas déçue!

Pendant ce temps au Liban...

Ceux qui me lisent régulièrement se rappelleront que ma grande amie L. est retournée dans son Liban natal au mois de juin dernier. Depuis, j'essaie de la convaincre de participer à mon blog car je sais qu'elle vit là-bas une expérience absolument unique. Elle n'a pas encore accepté de me livrer une chronique, un peu comme je fais de temps à autre avec le Pusher, mais elle est d'accord pour que je vous fasse part de ses observations. Je commence donc ce soir parce que son courriel d'aujourd'hui parlait justement de la température et des enfants :

"Tu me dis que vous êtes en train de vider les pots de fleurs alors que moi je suis en train de planter des fleurs et d'organiser le jardin. Ça fait deux jours qu'on étouffe sous une chaleur de 35 degrés Celsius avec beaucoup d'humidité. Il y a un proverbe libanais qui dit qu'entre octobre et novembre, il y a un autre été. Je vis donc mon deuxième été."

"Tu m'as demandé d'écrire dans ton blog et j'aimerais bien le faire parce que j'ai tant de choses à dire sur ce pays. Par exemple, chaque fois que je suis en voiture, je vois des choses étranges et bouleversantes. Aujourd'hui même, en arrêtant à un feu rouge à Beyrouth, un petit garçon d'environ 6 ans, sale, qui faisait pitié, s'est approché de la fenêtre de ma voiture pour me demander de l'argent pour manger. Je me suis dit si Nicole était à côté de moi, elle aurait eu les larmes aux yeux et aurait suggéré de l'adopter. C'est une scène que je vois tous les jours dans certaines rues de Beyrouth, des enfants mendiants."

Ce n'est certainement pas pour ça qu'on fait des enfants. Et c'est bien triste de constater qu'au Liban, comme ici, des enfants et des parents se retrouvent trop souvent démunis. Merci ma chère L. pour ce premier partage.

samedi 17 octobre 2009

Culpabilité... quand tu me tiens!

Je n'en reviens pas comme j'ai de la difficulté à me défaire de ce bagage encombrant que je traîne depuis trop longtemps. Malgré mes efforts soutenus pour lutter contre cet héritage judéo-chrétien mal assimilé, je continue à me flageller et à me sentir coupable pour tout et pour rien.

Tenez, aujourd'hui, je suis allée avec la Fille à un magasin de sports bien connu pour dépenser les deux cartes-cadeaux que j'avais reçues pour mon anniversaire. Je n'ai rien trouvé qui aurait pu répondre à un besoin de base criant mais j'ai craqué pour un manteau vert pomme avec capuchon que je pourrai mettre sous le manteau que je porte actuellement pour m'entraîner. Je crois qu'avec cette doublure supplémentaire, je serai en mesure de marcher sans avoir froid pendant plusieurs semaines encore, ce qui m'évitera d'avoir recours au manteau d'hiver. C'est sûr que c'est utile. Et comme je m'entraîne régulièrement, ça vaut la peine d'investir dans mon équipement de marcheuse urbaine. Mais, entre vous et moi, j'aurais pu aussi me débrouiller autrement.

Pour arriver à faire fi du sentiment de culpabilité qui ne cessait de me hanter, je n'ai pas arrêté de me répéter que j'achetais mon cadeau d'anniversaire et que je me payais une gâterie pour l'occasion, quelque chose que je n'aurais probablement pas acheté autrement. Au lieu d'arrêter là la machine à penser et de me contenter de jouir de mon achat, je continue à avoir un petit pincement à la conscience quand je regarde le manteau vert pomme. Serait-ce la fameuse pomme de la tentation? Allez savoir!

Quand je suis revenue à la maison avec l'Homme après avoir magasiné une bonne partie de la journée, je ne me sentais pas vraiment dans de bonnes dispositions pour cuisiner le souper. L'Homme, voyant bien que je maugréais et procrastinais, me propose : "Dis-moi ce que tu as envie de manger et je vais au resto le chercher. Pendant ce temps-là, tu te reposeras." Au lieu d'accepter joyeusement et simplement son offre, je me lance dans une tirade du genre : "Ça n'a pas de bon sens. Manger quelque chose de tout fait, ce n'est pas comme manger un plat cuisiné à la maison. Et puis, la fin de semaine, je n'ai pas d'excuse pour ne pas manger de bons petits plats que j'aurai popotés moi-même. Je fais honte aux ménagères de ce monde. Si cela me fatigue trop de sortir pendant la journée, je devrais me contenter de rester à la maison et prendre le temps de préparer les repas." Et patati, et patata. Fort heureusement, après plus de trois décennies de cohabitation, l'Homme a appris à ignorer ce genre de monologue qui, il le sait très bien, représente simplement ma façon de tenter de vaincre ma culpabilité. Quand il me répond : "Mais voyons, tu t'en fais inutilement. Tu as le droit de ne pas avoir envie de cuisiner ce soir. C'est réglé, je pars nous chercher quelque chose", j'éprouve un soulagement instantané et je digère, lentement mais sûrement, mon sentiment de culpabilité.

Seulement avec ces deux exemples, je ne peux m'empêcher de me rendre compte qu'il est temps 1) que j'arrête cette propension à penser que je ne vaux pas le plaisir de me faire plaisir et 2) que je cesse immédiatement ce jeu de la victime qui a besoin que quelqu'un vienne notamment la sauver de ses fourneaux. Non mais c'est quoi cette façon de ne pas assumer ce que l'on est et ce que l'on veut? J'instaure dès maintenant le début de la fin de la fausse culpabilité!

jeudi 15 octobre 2009

Une goutte d'eau dans l'espace

Est-ce que j'ai vraiment envie de blogger sur notre clown de l'espace? Hélas, il semble bien que mon côté zen n'aura pas le dessus encore une fois. J'ai résisté tout le temps où l'on nous a montré son nez rouge en apesanteur même si je ressentais un malaise qui allait en s'aggravant. C'est que... j'étais partagée. Comment pouvais-je me poser en ennemie du bon droit et des nobles intentions? Après tout, Monsieur le Clown s'est donné comme mission de sensibiliser les gens du monde entier à la pénurie d'eau qui menace la planète. Et pour réaliser ce projet, il ne fait rien de moins que de s'envoyer en l'air en participant à un voyage spatial pour la modique somme de 35 millions de dollars. C'est vrai, il a de l'argent. Une tonne d'argent. Et il a assurément le droit de le dépenser comme il l'entend. Ce n'est pas ce qui me dérange.

Deux choses en fait me font dresser les poils sur les bras. D'abord, tout le battage médiatique qui a entouré son séjour en l'air m'a déplu profondément. Je sais bien qu'il en a profité pour organiser un spectacle poétique destiné à nous sensibiliser tous à la mission qu'il s'est donnée mais j'aurais quand même préféré qu'il opte plutôt pour la discrétion et qu'il satisfasse simplement son fantasme sans nous le faire partager à la minute près.

Ensuite, c'était le parallèle que je ne pouvais m'empêcher d'établir entre la somme d'argent qu'il a engloutie pour s'envoyer en l'air et la somme des projets qu'il aurait pu réaliser pour faire avancer sa cause. Comment en effet ne pas se sentir un peu à l'étroit dans ses souliers quand on voit aux nouvelles le clown millionnaire riant comme un enfant à l'intérieur de sa fusée et les visages tristes, amaigris et malades de personnes qui font la file pour remplir un récipient d'un liquide à l'apparence douteuse dans l'une des nombreuses régions du monde frappées par le manque d'eau?

Mais je n'ai pas voulu être injuste envers l'amuseur public et je me suis rendue sur le site Web de la Fondation One Drop. C'est sûr qu'en ce moment presque tout le site ne sert qu'à faire la promotion du voyage du clown aquatique dans l'espace sidéral. On y trouve cependant un onglet intitulé "Carte des projets". Lorsqu'on clique dessus, on voit apparaître une carte du monde sur laquelle un drapeau de couleur bleue (bien évidemment) indique l'endroit des projets en cours de réalisation. Je ne sais pas pourquoi mais j'espérais que ma visite me ferait mentir et que je découvrirais une carte avec tout plein de petits drapeaux. Je fus déçue. Pour le moment, il y en a seulement trois, dont un est planté au Québec car l'activité se déroule... au Centre des sciences de Montréal. Vous aurez compris que, dans ce cas, il s'agit d'une exposition et non pas d'un creusage de puits. Les deux autres touchent le Honduras et le Nicaragua.

C'est quand même mieux que rien, me direz-vous. Et vous avez sans doute raison. N'empêche que 35 millions de dollars, c'est beaucoup, beaucoup d'argent. Les deux projets qui figurent actuellement sur la carte de la Fondation et qui concernent directement les victimes du manque d'eau coûtent chacun 5 millions. Je ne suis pas comptable mais je sais diviser pour mieux multiplier les drapeaux bleus. Est-ce que ce n'aurait pas été mieux d'en planter 7 autres? Je vous laisse tirer vos propres conclusions.
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Notes pédestres : Brr... Il fait froid. J'ai revêtu mes pantalons de nylon pour la première fois et j'ai ajouté une pelure sous mon manteau. C'était quand même super bien à cause des couleurs, de la lumière, de l'air vivifiant et, c'est sûr, du metal!

mercredi 14 octobre 2009

Mais qu'est-ce qu'on ferait si tu n'étais pas là?

Phrase empoisonnée s'il en est une, donc phrase qu'il faut toujours ouïr avec circonspection. C'est que, lorsqu'on nous la sert, on y met beaucoup de conviction. Et beaucoup d'émotion et de senti aussi. Après tout, il s'agit de nous faire croire que nous sommes absolument indispensables et que, sans nous, sans notre apport, sans notre appui de tous les instants, sans notre bon travail, eh! bien tout est foutu! C'est là qu'on tombe dans le piège.

Et pourquoi sommes-nous les récipiendaires de cette phrase à double tranchant? Parce que nous sommes organisés. Parce que nous sommes fiables. Parce que nous tenons nos engagements. Parce que nous pouvons compter sur nous. Voilà comment nous devenons ainsi les artisans de notre propre malheur.

Je dois admettre, à mon corps défendant, qu'il fut un temps où j'aimais entendre cette phrase car je voulais être indispensable. Mais je ne réalisais pas à quel point la nécessité de combler ce besoin m'entraînait dans des eaux troubles.

Je m'explique. Prenons les nombreux comités d'école auxquels j'ai participé au fil des années. Devinez qui acceptait invariablement le poste de secrétaire que personne ne voulait? Oui, bibi. Bien sûr qu'au début j'étais une victime consentante. J'ai toujours aimé écrire et je voulais être plus qu'une potiche décorative au sein des comités. Je me suis donc crucifiée moi-même au pilori. Lorsqu'une nouvelle année commençait et qu'il fallait attribuer les postes, j'entendais constamment la même phrase : "Tu écris tellement bien. Tes comptes rendus sont impeccables. Mais qu'est-ce qu'on ferait si tu n'étais pas là?" Et j'ai continué d'être là jusqu'à l'écoeurite aigüe.

Même chose au travail où il m'est arrivé trop souvent d'en prendre plus que ma part. Quelqu'un quitte. Cela va prendre des mois avant de le remplacer. Qu'à cela ne tienne. Je suis capable de faire deux jobs. Trois s'il le faut. Et qu'est-ce que j'entendais si je faisais mine d'exprimer un soupçon d'impatience? "Tu es tellement minutieuse. Tu vois toutes les erreurs. Mais qu'est-ce qu'on ferait si tu n'étais pas là?" Et j'ai continué d'être là jusqu'à la dépression.

Et cela se reproduisait dans plein d'autres aspects de ma vie. Qui organisait les fêtes de famille? Qui pensait à acheter les cartes d'anniversaire pour tout le monde? Qui planifiait les vacances d'été? Qui se tapait l'étiquetage des effets scolaires, l'emballage des cadeaux de Noël, la prise des rendez-vous annuels chez le médecin, le dentiste, l'optométriste et les autres istes, la préparation de la liste d'épicerie toutes les semaines, la décoration de la maison pour l'Halloween et la confection des sacs de bonbons pour les enfants et l'achat des costumes et toutes les autres tâches connexes? Souvent moi parce que j'étais pleine de bonne volonté pour organiser tout mon monde et puis qu'est-ce qu'on me disait encore? Ah! oui, ça me revient : "Mais qu'est-ce qu'on ferait si tu n'étais pas là?"

Un jour j'ai décidé de ne plus être là. La fin du monde n'est pas arrivée. J'ai commencé à mieux respirer. J'ai permis à d'autres de prendre la place. Il m'arrive encore d'entendre la phrase maudite. Encore ce soir d'ailleurs. Mais comme je ne m'en nourris plus, je suis devenue presque immunisée contre le poison qu'elle distille. Disons que je le vois venir. Et je décide librement si je veux être là ou pas sans me faire d'illusion sur mon "indispensabilité".

lundi 12 octobre 2009

J'étais en manque... heureusement, le nouveau stock est bon!

La dernière livraison du Pusher m'a permis de passer au travers de la contemplation pas toujours agréable, je dois bien l'admettre, des comportements aberrants de la gent humaine avec qui je suis obligée de frayer.

Allez que je vous raconte. Nous sommes dimanche. Il est près de midi. Je suis encore en jaquette en train de prendre un énième café. J'entends tout d'un coup des hurlements et des aboiements. Les hurlements sont poussés par une petite fille d'environ 6 ou 7 ans. Et les aboiements proviennent de trois gros molosses qui entourent un minuscule chien (en tout cas, il semblait minuscule à côté des géants qui l'encerclaient). La pauvre bête pousse des cris plaintifs et essaie désespérément de se fondre dans l'asphalte pour échapper aux crocs des molosses. Ils sont tous en plein milieu de la rue. Visiblement, la petite fille qui promenait son chien en laisse s'est retrouvée en fâcheuse position quand les trois molosses se sont précipités vers elle pour examiner de plus près son compagnon à poil.

Le temps que je me rende compte de ce qui arrive, je vois le voisin d'en face se diriger sur le trottoir pour constater lui aussi ce qui se passe. Évidemment, le propriétaire des cerbères n'est pas en vue. Le voisin semble savoir, cependant, de qui il s'agit puisqu'il se met à invectiver une personne de l'autre côté de la rue. "Qu'est-ce que tu attends pour rappeler tes chiens?", lui crie-t-il. L'autre ne semble pas particulièrement pressé d'obtempérer. Pendant ce temps, la petite fille s'est mise à pleurer et elle regarde désespérément du côté du propriétaire imbécile qui, finalement, siffle ses chiens. Fort heureusement, les bêtes répondent à l'appel et se dirigent vers leur cour. Aussitôt, la petite fille se précipite vers son compagnon et le prend dans ses bras. Elle traverse ensuite rapidement la rue en le tenant bien serré contre elle.

J'imagine, sans vouloir exagérer, que la petite fille et son chien ont été passablement secoués par ce qui est arrivé. Qu'ont fait les trois adultes témoins de la scène? L'une, à qui je veux bien concéder qu'elle était en jaquette, aurait pu se dépêcher pour revêtir une pièce de vêtement et se porter au secours de la petite fille. Le voisin d'en face aurait pu bouger de son trottoir et essayer de protéger au moins la petite fille pendant qu'il tentait de convaincre le propriétaire imbécile de réagir. Et ce dernier, le plus con des trois, n'a même pas daigné aller voir la petite fille pour s'excuser et peut-être, mais là je sais que je divague complètement, lui offrir de la raccompagner chez elle. Non. Elle est repartie toute seule avec son chien. C'est ça la société d'aujourd'hui. Personne n'est jamais concerné. Personne ne veut prendre le risque de s'avancer. Et, bien sûr, tout le monde se sent totalement libre de faire ce qu'il veut, quand il veut et comme il veut. Tant pis si ça dérange. Tant pis si ça fait mal.

Je suis restée avec un immense sentiment de tristesse depuis cet incident. Seul le metal jusqu'à maintenant a pu mettre un peu de baume sur mes plaies. La plus récente compilation du Pusher, dont je n'ai pas encore terminé l'audition complète, contenait notamment ces deux chansons qui m'ont littéralement tordu les boyaux. Je vous laisse donc avec ceci que je vous invite à écouter sur YouTube si le coeur vous en dit :

Bulletproof de Five Finger Death Punch

You can take the money, you can take the ride
You can take it all but never get inside
You can't take my honor, you can't take my soul
You can't take the fact
You'll never have control

You won't break me
No matter how hard you try
You can't shake me down
I'm fucking bulletproof

You can keep the fortune, and
You can have the fame
You can have the shit you never will obtain
You can't take my virtue, no
You can't take my pride
You can't take the anger building up inside

All I've learned, it's like poison
All I've done, inside my veins
All I've seen, it's like venom
All I know, it's all that remains


Walk Alone de God Forbid

...
Broken down my barriers and walked right in
You're tugging at the strings of my heart
Am I the fool for searching for the truth?
It's only lies... it's only lies
If I find the truth I seek, I won't read the signs

Under a shield of love
With every glance, I give myself to you
You don't have to walk alone.
With the world left behind us, we step into the unknown
You don't have to walk alone.
With the world left behind us, we become one.

jeudi 8 octobre 2009

Un sourire... dans l'air

Vous me pardonnerez ce message si vous en avez assez de m'entendre m'exclamer sur les bienfaits de la marche. Mais, comme ce blog s'intitule La marcheuse urbaine, vous comprendrez que je ne peux éviter de revenir régulièrement sur le sujet.

Aujourd'hui, c'était une autre de ces journées magnifiques pour être dehors. Il faisait beau soleil, ce qui changeait du temps gris des derniers jours. Et la lumière automnale brillait de toute sa splendeur. Mais ce n'est pas ce qui m'a le plus frappée. C'est plutôt l'abondance d'air frais qui est venu emplir mes poumons et oxygéner mon cerveau. Je n'arrêtais pas d'inspirer avidement ce souffle d'énergie dont j'avais, il me semble, drôlement besoin. J'aimerais tellement trouver les mots pour vous décrire le bien-être que je ressentais à chaque nouvelle inspiration.

Je me rends bien compte qu'il m'arrive trop souvent de retenir inconsciemment mon souffle durant la journée. Je crois que c'est la raison pour laquelle j'éprouve pratiquement un "buzz" ou un "high", je ne sais trop quel mot pourrait rendre ce sentiment euphorique, quand je suis enfin en mesure d'avaler goulûment des bolées d'air. Il faudrait vraiment que j'apprenne à être un peu plus attentive à l'arrivée d'air dans mon corps si je ne veux pas me retrouver un jour en panne d'expiration!

Mais je reviens à mon entraînement d'aujourd'hui. L'apport d'oxygène n'est pas tout. Je me suis aussi surprise plusieurs fois à sourire... sans véritable raison. J'imagine que cela traduisait à quel point j'étais heureuse d'être simplement là, dans le moment présent.

J'insiste sur le sourire, et je parle ici de celui que l'on se fait à soi-même, parce qu'on sous-estime son pouvoir. Dans nos cours de yoga, lorsque nous tentons un mouvement plus exigeant et que nous peinons à mettre en place les différents morceaux de notre corps pour reproduire la bonne position, notre prof a l'habitude de dire : "Et on n'oublie pas de sourire." Vous savez quoi? Le sourire change quelque chose à l'intérieur de nous. Par exemple, lorsque je souris en faisant du yoga, je me rappelle d'être indulgente envers mon corps. Je fais plus attention à respecter mes limites et j'apprécie d'être dans ma bulle, sur mon tapis, toute seule avec mon moi-même. Quand je souris en parcourant mes trottoirs, je connecte instantanément avec mon côté zen et je sens le calme m'envahir même avec le metal dans les oreilles. Car les deux sont très compatibles, croyez-en mon expérience pratiquement quotidienne.

Alors, que puis-je faire d'autre que de vous laisser sur un sourire! :)

mercredi 7 octobre 2009

Que vous dire?

La semaine passe à une vitesse vertigineuse. Entre le travail et le bénévolat que je fais maintenant le soir pour les élections municipales, je n'ai pas une minute à moi. Inutile de vous dire que je n'ai pas eu le temps de penser beaucoup à mes angoisses existentielles ces derniers jours. Peut-être que le Fils a raison après tout. Si on ne voit pas le temps passer, on n'a pas le temps pour penser.

Je me trouve quand même beaucoup à la course et j'aimerais ralentir quelque peu. Au moins pour la fin de semaine afin de souligner dignement la fête de l'Action de grâce. Le Fils arrive vendredi et je prévois tuer le veau gras samedi soir. D'autant que cette fois ce sera vraiment du veau puisque je compte cuisiner de l'Osso Bucco. Un vrai régal!

À part ça, je suis allée au cinéma avec l'Ami hier soir pour voir un film magnifique Le voleur de bicylette. Un classique du septième art présenté en noir et blanc, en version originale italienne avec sous-titres en anglais. Ça valait le déplacement, croyez-moi. À la représentation de 16 h 30, il y avait pas mal de têtes blanches. Lorsque nous nous sommes dirigés vers la salle, une dame qui tentait de se rendre péniblement vers un siège en s'aidant de sa canne nous a regardés droit dans les yeux et nous a dit : "Do not get old! It's awful!". Nous étions à Ottawa... cela explique l'intervention dans la langue de Shakespeare.

Chose étrange, l'Ami et moi avons immédiatement saisi la gravité de cette déclaration. C'est qu'on se sentait tous les deux assez moches cette journée-là. Je dirais que nous faisions plus que notre âge. En effet, l'Ami souffre d'une tendinite à l'épaule qui ne lui laisse pas de répit et moi je suis atteinte d'un pied d'athlète grimpant sur le mollet gauche. Nous réalisons bien que nous ne sommes pas en train de faire notre entrée au Temple de la renommée pour nos exploits sportifs mais bien au mirobolant Club des tamalou (comprendre "T'as mal où?") en raison de nos maux de plus en plus nombreux.

Comprenez-moi bien. Je ne veux pas dire que nous faisons pitié. C'est juste que nous devenons vieux et que c'est effectivement plutôt horrible!

dimanche 4 octobre 2009

Et vlan... un autre droit!

Au Fils... pour sa façon de mettre K.O.

Impitoyablement, inexorablement, inévitablement, la dernière journée de nos vacances s'est écoulée. L'Homme et moi, assis côte à côte sous la porte ouverte du garage pendant que la pluie tombait cet après-midi, avons poussé simultanément le même soupir de regret. Mais toute bonne chose a une fin. En plus, les vacances ont été reposantes et, ma foi, pas mal productives. Finalement, je dois admettre que c'était agréable d'avoir du temps pour accomplir ces tâches que l'on reporte toujours à plus tard.

Devinez quoi? Nous avons encore devisé sur notre sujet de prédilection à partir, cette fois, de la dernière réflexion de la Fille. L'Homme n'a pu s'empêcher de me remettre sur le nez qu'il m'avait bien avertie de ne pas aborder ce sujet. Je le comprends. Il ne veut pas que les enfants se sentent de quelque façon que ce soit opprimés par nos défaillances parentales. C'est sûr que je n'allais pas l'écouter étant donné que je suis à la solde de mon besoin irrésistible de partager mes états d'âme, de les étaler, de les expliquer, de les décortiquer... pour le plus grand ennui, j'imagine, d'un auditoire pas nécessairement intéressé. M'enfin, je suis comme ça.

Vous ne serez donc pas étonnés du fait que j'avais envoyé un courriel au Fils hier soir l'enjoignant de lire mon dernier message. J'ouvre ici une parenthèse pour préciser, mais vous ne serez sans doute nullement surpris de l'apprendre, que mes enfants ne lisent pas régulièrement mon blog. Je sais, je sais. Ils ont la chance d'avoir pour mère quelqu'un qui s'exprime on ne peut plus franchement sur les questions les plus importantes de l'existence et qui, de surcroît, fait constamment état sur la place publique de l'amour incommensurable qu'elle leur porte, et ils n'arrivent pas à se transformer en lecteurs assidus. Le Sondeur d'âme m'a déjà dit que mes enfants sont, semble-t-il, tellement convaincus que je les aime, qu'ils ne ressentent pas constamment le besoin d'aller vérifier la santé de mon amour maternel. Apparemment, elle se maintient au beau fixe. Fin de la parenthèse.

Tout cela pour vous amener à mon appel téléphonique de ce soir avec le Fils. D'emblée, je saute dans l'arène en lui demandant s'il a été sur mon blog.

Le Fils, d'un ton juste normal : "Oui, je l'ai lu."

Moi, curieuse d'en savoir plus sur sa réaction : "Tu sais, ta soeur, elle m'a vraiment dit ça."

Le Fils, avec le toujours même ton normal quoique légèrement ironique : "Disons que cela ne me surprend pas."

Moi, désireuse encore une fois d'obtenir l'appui moral d'au moins un de mes oiseaux : "Heureusement, je ne l'ai pas pris personnel!". Et je continue en tentant cette fois de soutirer de sa part l'appui qui m'avait été refusé hier. J'ai donc mis le paquet en lui parlant de l'angoisse du nid vide, de la distance qui empêche les relations assidues, et patati et patata.

Le Fils, qui a quand même écouté patiemment mon baratin, me répond, d'un ton zen mais ferme : "Je crois que c'est le temps que papa et toi retourniez au bureau. Vous avez trop de temps pour penser."

Me voilà aussi sonnée qu'hier. Finalement, ils volent pas mal haut mes chers oiseaux!

samedi 3 octobre 2009

Coup de poing filial

À la Fille... encore une fois

Vous savez à quel point l'Homme et moi éprouvons encore de la difficulté à voir nos oiseaux quitter le nid. Si, comme je vous le racontais plus tôt cette semaine, la nostalgie nous a totalement envahis au moment de jeter de vieux costumes d'Halloween, vous pouvez sans nul doute imaginer le drame qui se joue lorsque nous entrevoyons le moment de plus en plus rapproché où nous nous retrouverons seuls tous les deux. Sans enfants. Pour de bon.

Ce sujet revient à intervalles réguliers dans nos conversations. Pour dire vrai, nous en discutons presque tout le temps. Histoire d'arriver à digérer ces départs qui nous assomment et d'avaler un jour la pilule. Pour le moment, nous mâchouillons toujours la réalité nouvelle et éventuelle comme de bons vieux ruminants. Nous croyons sans doute à tort que, tant que nous refusons de l'avaler, la pilule ne pourra pas faire son effet. Quelle belle utopie parentale!

Alors, j'ai décidé de faire part de certaines de nos réflexions à la Fille avec qui je magasinais aujourd'hui dans l'espoir peut-être qu'elle s'apitoie sur notre sort. Comme nous prenions notre café sur une terrasse au marché, je me mets à lui raconter notre angoisse de parents bientôt orphelins. Je m'aventure même à lui mentionner que certains parents n'acceptent pas du tout le saut de l'ange des oiseaux désireux de quitter le nid.

Moi, d'un ton que j'essaie de rendre neutre : "Tu sais cette dame qui a aussi adopté une petite fille chinoise maintenant âgée de 18 ans, eh! bien elle a l'intention, parce que sa fille veut partir étudier à Sherbrooke, de louer un appartement et d'aller vivre avec elle."

La Fille, d'un ton vaguement moqueur : "Est-ce la même personne qui t'avait dit que c'était horrible que je parte pour BiCi et que je courais notamment le risque de me faire dévorer par un ours pendant mon séjour?"

Moi, déçue de sa perspicacité : "Oui."

La Fille, triomphante : "Tu crois qu'il s'agit là d'un exemple valable?"

Moi, décidée à lui faire saisir mon dilemme existentiel : "Tu sauras qu'il y a des parents qui refusent carrément que leurs enfants partent étudier à l'extérieur. Ils leur disent tout simplement de se trouver un programme dans les universités qui se trouvent autour."

La Fille, zen mais ferme : "J'espère que ces enfants disent Fuck You à leurs parents."

Moi, complètement sonnée de son aplomb : "J'imagine effectivement que c'est la réponse que ces parents méritent d'entendre."

La Fille, philosophe, rajoute : "C'est sûr que si tes parents te paient tout, tu n'es peut-être pas en mesure de faire ce genre de réponse, d'où l'importance de gagner son indépendance même si ce n'est pas facile."

J'ai immédiatement pensé à l'expérience BiCi et je me suis encore demandé comment des parents-poules comme l'Homme et moi avions pu élever des oiseaux aussi libres. En tout cas, si les poules ne volent pas, les oiseaux asiatiques, eux, piquent droit vers le soleil!

vendredi 2 octobre 2009

Cinq, quatre, trois, ...

Une autre chose que je hais. Le retour de vacances. Je sais. Un mois, c'est suffisamment long pour se reposer. Mais c'est aussi, comme dit l'Homme, suffisamment long pour ne plus avoir envie de retourner au travail.

C'est comme ça que je me sens. Je n'oserai pas dire depuis le début de la semaine sinon je vais être obligée de reconnaître que je ne suis pas capable de vivre le moment présent. Je vais donc dire que je suis dans cet état de déni de la fin de quelque chose de bon depuis les deux derniers jours. Je n'aime pas quand je commence à faire le décompte dans ma tête du temps qu'il me reste avant la fin des vacances ou de la fin de n'importe quoi d'autre. Mais je suis comme ça. Toujours à faire un décompte quelconque. J'aurais pu travailler pour la NASA et gagner ma vie en envoyant des gens en l'air. Ça aurait eu au moins l'avantage d'être utile. Alors que là, c'est tout simplement chiant.

Je crois que je fais le décompte depuis que je suis née en fait. Me reste tant de jours avant de ne plus être bébé unique. Tant de jours à dormir dans mon lit avant de déménager. Tant de jours avant d'aller à l'école. Tant de jours avant les vacances de Noël. Tant de jours à jouer dans le sable avant que le séjour au bord de la mer ne se termine. Tant de jours à étudier avant de passer les examens. Tant de jours avant de quitter la maison pour l'université.

Et ça ne s'est pas amélioré. Tant de jours à attendre la venue du Fils. Plus ou moins 3 285 jours, pour être plus exacte. Tant de jours avant que l'on fasse passer le Fils de bébé unique à grand frère avec un bébé soeur. Tant de jours avant que le Fils, puis la Fille commencent l'école. Tant de jours avant de terminer les préparatifs de Noël pour que la fête de famille soit totalement réussie. Tant de jours avant de mettre tous les bagages dans la voiture et de partir en camping pour les vacances d'été.

Et des fois les décomptes sont tellement déchirants. Tant de jours passés auprès de maman avant que l'on débranche tout. Tant de jours avant de savoir si la soeur du Milieu a un cancer. Tant de jours avant que le Fils quitte la maison. Tant de jours avant de savoir si papa a un cancer. Tant de jours à attendre le retour de la Fille de BiCi.

Pourquoi je souffre de décompte avancé? Je ne sais pas. Je sais seulement que le temps est précieux et qu'il déboule. Est-ce pour cela que je veux tout décompter dans un effort désespéré d'essayer de le retenir un peu? Je voudrais tant parfois qu'il s'arrête parce que ça fait trop mal ou trop peur de penser à ce qui va venir après le prochain tic-tac. Est-ce que je vais jusqu'à la fin souhaiter avoir un certain contrôle sur les aiguilles de la Grande Horloge? Je me souviens du père mourant de l'Ami qui lui demandait s'il était possible de reculer le temps, même si c'était juste de quelques minutes, et de la réponse désolée de l'Ami : "Non, on ne peut pas". Et le prochain tic-tac est arrivé...