jeudi 30 avril 2009

Deux pas en avant, un pas en arrière

Qu'est-ce que je disais donc hier au sujet de mes muscles et de mon corps? Ah! oui, que je les aimais. Hum... mais je disais aussi que j'étais à un bourrelet du bonheur. C'est sans doute cette phrase qui reflète davantage ma réalité.

Comme c'est difficile de vraiment s'aimer tel que l'on est. Comme c'est difficile de ne pas se laisser influencer par les images véhiculées par la publicité. Surtout quand on va magasiner. Tous ces vêtements fabriqués pour des êtres humains que je ne croise à peu près jamais dans la vraie vie. Des tailles si petites qu'on croirait qu'on veut habiller des enfants. Des tissus moulants dont on nous dit le plus grand bien et qui révèlent de fait tous nos biens, même ceux qu'on voudrait garder pour soi!

Je vais vous dire, moi, ce que c'est que de ne pas répondre aux soi-disant standards de la beauté. Cela suppose que, même en prenant des tailles très grandes, on n'est même pas capable d'entrer une jambe dans une paire de pantalons. Ou encore que l'on essaie une blouse et que l'on s'y sent tellement à l'étroit qu'il nous faudrait une paire de ciseaux pour la déchirer et sortir de l'étreinte mortelle. Ou, pire, que toute enthousiaste à l'idée de se mettre en forme, on décide de se rendre dans un magasin de sports pour s'équiper comme il se doit et qu'on est incapable de trouver un seul morceau... du côté des dames. Oui, oui, le premier été où j'ai marché, j'ai utilisé des pantalons en lycra que j'avais déjà parce que impossible de me trouver quelque chose de mieux adapté. Et l'été suivant, toute heureuse d'avoir perdu une vingtaine de livres, je me dirige allègrement vers le magasin de mes rêves en me disant que, cette fois-ci, j'aurai l'embarras du choix. Oh! illusions! J'ai effectivement trouvé une paire de short...pour hommes.

Je sais bien que la plupart de ces frustrations sont maintenant choses du passé. Mais, ce soir, au magasin, pendant que j'attendais le Fils à la porte de la salle d'essayage, j'ai vu un ado sortir d'une autre salle avec plusieurs paires de jeans qu'il a laissé tomber sur une table. Sa mère, qui l'accompagnait, s'aperçoit que la plupart des pantalons sont toujours sur leurs cintres. Elle lui dit donc : "Je ne comprends pas. Tu aurais pu au moins essayer la paire de jeans que tu aimais." Et, comme elle insistait en tentant d'obtenir une explication, son fils lui a finalement répondu, comme à regret : "J'ai essayé...j'ai regardé la taille et j'ai bien vu que cela ne me faisait pas." Et il s'est littéralement enfui du magasin. Il était un peu grassouillet, comme moi je l'étais à son âge. Et je me suis revue, et je me suis rappelée comment je me sentais. J'aimais seulement mes pieds dans ce temps-là. Parce que je les fixais continuellement vu que je marchais la tête courbée vers le sol. Quand je pense à tout le millage que j'ai fait grâce à eux ces dernières années, je ne peux m'empêcher de croire que j'étais une visionnaire...

mercredi 29 avril 2009

Ode pédestre

JOYEUX ANNIVERSAIRE À MOI! JOYEUX ANNIVERSAIRE À MOI!

Eh! oui, je vis deux premières ce soir. D'abord, j'écris en ce moment mon 60e message! Qui aurait cru que je pouvais être aussi prolifique! Ce que j'ai commencé comme une simple distraction s'est transformé en véritable passion. En plus de m'offrir la possibilité d'exercer mes talents d'écrivaine, le blog m'a permis de découvrir, grâce à nos interactions, une personne que je croyais connaître. Mais je ne voyais que la pointe de l'iceberg. Maintenant je peux dire que je comprends un peu mieux l'âme du Pusher. Merci Yosterdude, tu rends l'aventure nettement plus agréable. En plus, ton public t'aime! Alors, que demander de mieux! D'ailleurs, les amateurs du Pusher trouveront maintenant sous la rubrique "Le petit monde de la Marcheuse urbaine", créée hier soir par le Fils que je remercie très sincèrement, un lien vers le site du groupe metal du Pusher. Je vous invite à le visiter... sans préjugés!

Et ma deuxième première, me demandez-vous. Cela fait maintenant trois ans que j'ai décidé de prendre la route. Voici donc un petit texte que j'ai écrit il y a quelques semaines sur le début de mon aventure pédestre :

Je me rends compte qu'avoir choisi de marcher n'est pas le fruit d'un simple hasard. De toute façon, y a-t-il vraiment des hasards dans la vie?

C'est bien évident qu'au départ je voulais bouger et me mettre en forme. Il fallait que ce soit facile. Surtout pas de technique pour moi. Je n'excelle à aucun sport. Je me rappelle avec quelle bonne volonté j'ai joué au tennis et avec quel entrain j'ai tenté de réussir mes services au ballon-volant. J'arrive à flotter tant bien que mal à condition que je sente le fond et je patine assez bien pour me débrouiller pourvu que je n'aie pas à freiner brusquement. C'est donc avec tous ces déboires en tête que je me suis demandé un beau jour ce que j'allais choisir comme activité pour bouger un peu. La marche m'est venue presque instinctivement. J'ai deux pieds. Pas de problème de santé qui m'empêche de les utiliser. Je me suis lancée sur les trottoirs.

J'ai bâti mon parcours toute seule. Au fur et à mesure que j'étais plus en forme, je rajoutais une rue, une pente, un escalier. Je calculais le temps que je prenais à faire mon parcours pour marcher un minimum de 50 minutes. Au début, je me fixais comme objectif de marcher au moins trois fois par semaine. Je peinais parfois à y arriver. Pas seulement à cause de mon manque d'entraînement mais aussi en raison de mon manque de planification. Je devais placer l'action au centre de mes priorités si je voulais obtenir les résultats souhaités.

Le temps a passé et je suis devenue accro. Je marche maintenant au moins quatre fois par semaine. J'ai un parcours plus long pour les journées où j'ai vraiment envie de me dépasser. Et j'en ai un plus court pour les fois où, décidément, l'énergie n'est pas là. Je supporte beaucoup mieux le froid l'hiver et la chaleur l'été. Je me sens aussi plus forte dans mon corps.

Plus important encore, la pratique régulière d'une activité physique m'a donné une plus grande confiance en moi. D'abord en appréciant davantage mon corps. J'aime les muscles qui se sont développés au fil des semaines. Je sens mes côtes maintenant. Je n'ai plus de bourrelets sur les côtés. Comme le disait la Fille à qui je faisais remarquer que je n'avais plus qu'un peu de ventre, "il ne te reste plus qu'un bourrelet à te débarrasser". Wow! je suis à un bourrelet du bonheur!

Depuis que je marche, je sens aussi que j'ai plus de contrôle sur ma vie car je suis passée à l'action. Je bouge et, par effet d'entraînement, tout bouge autour de moi. Cette décision a vraiment marqué la fin de l'immobilisme dans lequel je m'étais empâtée depuis trop longtemps. Pas de retour en arrière donc pour la Marcheuse urbaine qui a tourné résolument son regard vers de nouveaux horizons.

mardi 28 avril 2009

N'ajustez pas mon appareil

Je ne sais pas trop ce qui m'est arrivé ce soir. En entrant dans la maison, je suis tombée à bras raccourcis sur le Fils, la Fille et l'Homme. En même temps. J'étais impatiente, je ne savais plus ce que je voulais. J'aurais voulu que le souper soit prêt (il était 16 h 30!). J'aurais voulu aller marcher mais je me sentais fatiguée. J'aurais voulu que l'Homme ait réglé aujourd'hui tous les détails des travaux de rénovation que nous voulons faire depuis des lunes. Bref, j'étais un monstre. C'est sûr que je n'aime pas agir ainsi. De fait, je hais quand je me sens comme ça. C'est comme si je deviens tellement mal dans ma peau que je n'arrive plus à raisonner comme il faut.

J'ai tout de suite pensé à la grippe porcine. Surtout que je débarquais de l'autobus. Et je suis certaine qu'il s'y trouvait quelque porc égaré prêt à me sauter dessus pour me transmettre cette vilaine infection. Mais je me suis rappelée que ce n'était pas la première fois que je vivais ce genre d'expérience de mal-être. J'ai donc cherché ailleurs.

J'ai ensuite attribué cette perte momentanée de ma joie de vivre proverbiale au changement brusque de température survenu dans la journée. Après tout, ce matin j'attendais l'autobus en capri et en nu-pied dans mes souliers. Cet après-midi, j'aurais eu besoin d'un manteau d'hiver et de mon foulard! Avouez que l'on parle ici d'un revirement draconien du baromètre qui ne peut qu'affecter la frèle nature qui est la mienne!

Bon, bon, ça peut arriver à tout le monde d'être de mauvaise humeur. Faut-il vraiment une raison? Tout de suite, comme ça, il m'en vient quand même quelques-unes à l'esprit mais... je fais appel à mon prana... je respire un coup. Et je vous laisse avec mon plus beau sourire :)
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Pas de note pédestre mais une annonce, soit la parution prochaine d'une nouvelle chronique intitulée Les trois mousquetaires... tous pour un mais pas nécessairement un pour tous! Elle réunira le Pusher, la Marcheuse et Athos, un nouveau venu qui doit, selon lui, venir relever le niveau des débats du blog. À suivre... absolument!

lundi 27 avril 2009

Atchoum!

Attention! Tout éternuement devient suspect ces dernières heures. Je vous le demande donc droit dans les yeux : avez-vous séjourné avec un porc récemment? ou partagé quelque chose avec lui que vous pensiez inoffensif? Gare à vous. Le lard vous en cuira. Les experts le disent et le répètent à satiété, sur toutes les chaînes de télé, dans les journaux et sur Internet : c'est une pandémie porcine!

Oui, oui, nous allons être envahi par des porcs. Ils vont arriver de partout... en avion, en bateau, en voiture, en bicylette. De partout! D'ailleurs, ils ont déjà commencé à envahir le Canada par ses deux extrémités : la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse. Que vous disais-je? C'est une pandémie d'un océan à l'autre, à l'autre.

Mais savez-vous seulement quoi faire pour vous protéger? Lisez mon encadré. Oups... je n'ai pas d'encadré à ma disposition. Ça ne fait rien. Je vous lance au vol les précautions à prendre pour vous prémunir des attaques du porc. Premier conseil, comme ça, tout de go : lavez-vous les mains. Souvent. Et avec du savon, s'il-vous-plaît. Pour moi, il me semble évident qu'après avoir touché cette sale bête, on n'ait qu'une envie : se laver au plus sacrant. Bon, bon, mais voilà que je m'éloigne de mon sujet qui consiste à faire de vous des personnes averties du danger qui vous guette au coin de chaque porcherie.

Deuxième conseil : restez chez vous si vous avez eu la malchance de vivre avec un porc récemment. Ne partagez pas cette bonne fortune avec vos proches. Vous ne le savez pas encore, mais vous êtes peut-être infecté. Et on ne veut pas vous voir propager cette propension à vous rouler dans la boue avec tous ceux qui auront le malheur de vous côtoyer.

Enfin, et c'est à mon avis le conseil le plus important : portez un masque. Vraiment, qui a envie d'être reconnu après s'est acoquiné avec un porc? Le plus sûr, c'est de préserver votre anonymat et de jouer profil bas. Ça prend juste un cochon pour en reconnaître un autre. Et comme c'est une pandémie, il y a beaucoup à parier que vous pourriez en croiser un qui vous reconnaîtra. Ne prenez donc aucun risque et masquez-vous avant d'être démasqué.

Quoi, qu'entend-je, on me souffle à l'oreille qu'il ne s'agit pas de porcs comme tels mais plutôt d'une forme de grippe! Ah! oui! voilà qui est beaucoup moins romantique à mon avis. Peu importe. Mes conseils tiennent toujours. Allez, comme je suis bonne, je vous laisse avec une chanson de Pain que j'adore et dont le titre résume bien ce que j'aurais envie de dire à tous ceux qui nous font paniquer : SHUT YOUR MOUTH!

My mind is playing tricks on me
I am not as stable as I used to be
Pushed and shoved, you know you're going too far
I will not break my back for you no more
I am gonna go my way
I am gonna take control
Time to wake up and dig myself out of this hell...
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Notes pédestres : Il faisait vraiment chaud et c'était surtout tellement venteux que je suis revenue avec plein de petits grains de sable collés un peu partout sur moi. J'ai même croisé un porc, je crois!

dimanche 26 avril 2009

Lendemain de veille

Un peu fripée de la soirée d'hier, j'ai quand même été marcher cet après-midi. C'était vraiment bien parce que j'avais besoin d'aller dépenser mon énergie. Et je n'ai pas eu de problème à le faire parce que la dernière marchandise du Pusher est, pour emprunter un terme qui lui est cher, assez pesante merci. Je n'ai donc pas eu le choix de faire un entraînement intense puisque essayer de suivre le rythme endiablé des tounes relevait de la pure performance sportive. Mais je considère m'en être tirée avec honneur!

En plus, comme je le mentionnais dans une note pédestre il y a quelques jours, mes nouveaux habits de fille des rues me donnent des ailes. La veste et le capri que je me suis achetés sont tellement bien adaptés à la marche que j'ai l'impression de n'avoir rien sur le dos. Ce que je veux dire, en fait, c'est que je ne transpire pas tout en ayant chaud et que la minceur du tissu m'enlève je ne sais combien de livres. J'ai donc monté un peu plus d'escaliers qu'à l'habitude et j'ai couru un peu plus vite qu'à l'habitude. C'est incroyable comme c'était bon.

Finalement, pour dénoncer certains préjugés que d'aucuns entretiendraient peut-être encore au sujet du metal, j'ai pensé vous faire partager, de temps à autre, les textes de certaines de mes chansons préférées. Aujourd'hui, je vous laisse avec les paroles de War Machine, tirées d'Eternally, obtenues grâce à l'aide du Pusher auprès des auteurs eux-mêmes :

Somewhere out there,
Is a place where I belong
Where scars that we bear,
Can all just be forgotten,
And all that I ask,
Before my time to pass,
Is make what time I have,
Meaningful and momentous.

Despite the pain that I've been through,
There's nothing worse than losing you,
And to those I leave behind,
Don't grieve for me, it was my time,
And though I don't know what I'll find,
What lays ahead the other side,
I'll be in peace...

La maison vide

2 h 37. Je n'arrive pas à dormir. Maggie, la chatte de la maison, vient de sauter dans le lit et se met à ronronner. Je crois qu'elle voudrait que je ferme la lumière et que je me couche enfin. Il faut dire qu'elle a eu sa part d'émotions fortes ces dernières heures. Au plus fort du party, nous nous sommes retrouvés plus d'une dizaine de personnes dans la maison avec Ralph, le chien du Pusher. Si vous n'avez jamais vu un chat prendre ses pattes à son cou, vous ne pouvez imaginer à quelle vitesse Maggie s'est précipitée au deuxième étage. Pourtant, Ralph est tout ce qu'il y a de plus civilisé. Il n'a pas essayé de la brusquer. Il s'est comporté en fait comme un véritable gentledog!

Malgré la pluie qui nous a forcés à manger à l'intérieur et à vivre une promiscuité non sollicitée mais très agréable quand même, nous avons eu droit à une magnifique soirée. Nous avons beaucoup ri. Nous avons aussi beaucoup bu. Nous avons rencontré de nouvelles personnes fort intéressantes et nous avons renoué avec les familiers. Certains sont sortis de leur cave, d'autres de leur garage. Qu'importe, tout le monde était de fort bonne humeur.

J'ai adoré encore une fois discuté metal avec le Pusher qui, pour l'occasion, m'avait préparé une livraison spéciale "BBQ urbain". De superbes découvertes sur lesquelles je compte marcher très bientôt. C'est encore mieux lorsque je peux faire la première écoute d'une nouvelle marchandise avec le Pusher lui-même car il peut me donner plein de détails sur les groupes qui chantent. Je n'en reviens pas de l'entendre me parler de cette musique. Il est une véritable encyclopédie du metal!

Maintenant c'est le silence. Ne reste que les bouteilles vides que, selon la tradition, nous avons jeté sur la pelouse. Ne reste que la vaisselle sale à ramasser... demain matin. Ne reste que la maison vide. Et c'est un peu triste.

Pas pour très longtemps, toutefois, car il y aura bientôt une prochaine fois!

vendredi 24 avril 2009

La maison pleine

Le Fils est de retour depuis hier. Il avait à peine mis les pieds dans la maison que les amis rappliquaient. Et me voilà à m'activer autour d'eux, comme je le faisais quand le Fils organisait ses LAN (pour les non-initiés, il s'agit d'un party réunissant des amateurs de jeux vidéos). Et lorsque je dis m'activer, cela consistait principalement à les nourrir à heures régulières pour qu'ils survivent à l'exercice épuisant de fixer un écran d'ordinateur pendant 48 heures d'affilée.

Avoir entre 6 et 10 gars qui squattent la cave (comme nous sommes sur le ciment, je ne peux décemment utiliser le terme "sous-sol") ne m'a jamais dérangée. Au contraire. J'aime que la maison soit pleine. J'aime cuisiner pour faire plaisir. J'aime recevoir simplement sans mettre les petits plats dans les grands.

Ceux qui me lisent régulièrement connaissent mon amour du ménage. Eh! bien, cette indifférence à la poussière constitue un atout, selon moi, pour accueillir des gens à toute heure. Quand on ne s'inquiète pas inutilement pour des roches sur le plancher, des verres déposés sur les meubles ou des traces sur les miroirs de salles de bain, on est prêt à profiter pleinement du plaisir d'être ensemble.

Cette capacité de ne pas vouloir jouer à la Martha Stewart de l'Art de recevoir n'est pas innée chez moi. C'est une qualité, car je considère que c'en est une, que j'ai acquise à la dure école. Je me rappelle m'être rongée les sangs avant une visite de mes parents ou de mes beaux-parents seulement parce que je ne me trouvais pas à la hauteur de la mission qui m'incombait. Je voulais être l'Hôtesse parfaite qui servirait à ses invités des repas cuisinés avec amour et qui les accueillerait dans une maison brillante comme un sou neuf. Je n'y réussissais jamais! Au lieu de cela, je criais des ordres à l'Homme pour qu'il passe la balayeuse, vide les poubelles et lave le plancher, de préférence en même temps, pendant que, de mon côté, je me lançais dans la confection d'un repas cuisiné maison de l'entrée au dessert. Pas question d'aller chercher un gâteau à la pâtisserie. Horreur! Une Hôtesse qui se respecte cuisine tout elle-même. Quand les invités débarquaient finalement, j'étais épuisée, enragée et je n'appréciais pas le moment. Je trouvais même difficilement quelques minutes pour m'asseoir et jaser.

Qu'est-ce qui m'a fait voir les choses d'une autre façon? Avoir la chance de côtoyer des gens qui te font sentir à quel point ils sont contents de te voir et qui, tout naturellement, te font entrer dans leur maison pour partager un repas ou une soirée sans flafla inutile. Et avoir ainsi pris conscience de ce qui est vraiment important : le plaisir de partager un moment qui ne reviendra pas.

Moi, je veux garder en mémoire toutes ces fois où la maison a été pleine. Pleine de fous-rires. Pleine d'émotions. Pleine de cris de joie. Pleine de vie!
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Notes pédestres : Très beau soleil. Un peu venteux. J'avais vraiment fière allure dans mes nouveaux vêtements de fille des rues - petite récompense que je me suis offerte pour ce corps que j'aime de plus en plus.

mercredi 22 avril 2009

Un goût de metal et d'espadrilles... sur l'autre côté du miroir

Nic a dit …

Susan Boyle. Si vous ne connaissez pas encore ce nom, faites une petite recherche sur YouTube. Voilà le parfait exemple du sujet de cette chronique commune : traverser de l’autre côté du miroir pour voir au-delà des apparences. Susan Boyle a un physique ingrat mais elle a quand même décidé de se présenter à l’émission Britain's Got Talent parce qu’elle croit en elle. En la voyant faire son entrée sur scène, les juges ont déjà fait leur opinion : voilà une autre de ces hurluberlus venue chercher sa minute de gloire. Ils se moquent même un peu d’elle en lui posant les questions d’usage avant qu’elle ne présente sa chanson. Mais dès qu’elle entonne les premières notes, c’est l’extase. Une voix absolument magnifique. Quand elle a terminé, les juges en sont quittes pour reconnaître qu’ils s’étaient arrêtés aux apparences.

C’est en lisant le commentaire de Yosterdude à la suite de la chronique du 17 mars intitulée Les salamalecs d’obligation que j’ai eu l’idée de parler des apparences. Parce que l’on s’arrête trop souvent au paraître, on se prive de rencontres intéressantes et d’échanges avec des personnes extraordinaires. Comment se débarrasser de ce réflexe qui nous pousse à ne pas entrer en contact avec ce que l’on ne connaît pas, avec ce qui est différent de nous? Simplement en fonçant dans le tas. Le pire qui puisse arriver c’est qu’on ait eu raison de se méfier de ce vendeur aux cheveux longs, percé et tatoué de surcroît. Mais il est aussi fort possible que l’on se retrouve plutôt en face d’un charmant jeune homme qui peut répondre à toutes nos questions avec une grande intelligence.

Et, si je peux vous confier un secret, l’essayer, c’est l’adopter. Une fois qu’on a pris l’habitude de traverser de l’autre côté, on y prend vraiment goût parce qu’on apprend des choses nouvelles. On peut se laisser surprendre par d’autres façons de faire, d’autres façons de voir les choses et, oh! surprise, on s’aperçoit qu’on ne détient pas le monopole de la vérité. Les apparences ne révèlent qu’une bien petite partie de la réalité. C’est seulement sa couche superficielle. D’où l’importance d’aller un peu plus loin et d’en chercher l’essence. L’âme humaine est fort complexe, beaucoup plus complexe que l’enveloppe qui la recouvre et qui la cache trop souvent sous de fausses apparences.

Yosterdude a dit …

Sur ce sujet ma chère Marcheuse … tu as entièrement raison! Je ne peux jouer à l’avocat du Diable car, pour certains, je pourrais être ce diable. Avec ma grande barbe et mes cheveux longs et mon habillement plutôt dénué de couleurs, plusieurs m’associent à celui dont on ne devrait pas parler. Peut-être vend-il des drogues? Peut-être qu’il a tué ses parents dans leur sommeil parce qu’il a joué à trop de jeux vidéos? Peut-être même que c’est un pédophile qui aime beaucoup les petites filles? Tout est possible dans ce monde de fous, mais nous n’allons rien savoir si nous n’essayons pas de parler à ce grand barbu. J’adore ce sujet parce je suis le candidat parfait qui démontre qu’il ne faut pas juger par les apparences. Je n’ai jamais fait de drogues de ma vie, je n’ai jamais fumé de ma vie, je n’ai pas tué personne et je ne veux guère violer de petites filles.

Il y a quelques années, je pourrais dire que cela me dérangeait énormément, me rendait mal à l'aise. Mais aujourd’hui cette situation me fait rire. Encore l’autre jour, je disais sympathiquement à une dame un simple bonjour et elle s’est tournée et a caché les yeux de sa petite fille comme si j’étais un monstre effroyable!!! Horrible, non!?! Mais bon, les préjugés ça ne vient pas d’hier et ce n’est pas aujourd’hui que ça va arrêter, mais si vous posez tous un petit geste et vous décidez de parler à quelqu’un qu’auparavant vous n’auriez pas approché, peut-être même que vous allez rencontrer une âme sœur, quelqu’un comme vous.

Pour vous montrer un exemple de préjugé et de stéréotype, je vais commencer par dire qu’évidemment j’écoute du metal!! Oh, quelle surprise!! Mais là n’est pas mon point. Je veux en venir à dire que j’écoute plusieurs groupes dénommés Death Metal et que ce sont des gens très conscientisés. Par exemple, les membres du groupe Carcass de l’Angleterre sont pour leur part des végétariens … qui aurait pensé que des Death Metalleux ne mangent pas de viande? C’est l’apocalypse!!! Non! Au fait même qu’aujourd’hui le metal est rendu religieux, des groupes comme As I Lay Dying sont des Christian Metalheads (amusez-vous avec Wikipédia pour les termes que vous ne connaissez pas et même explorez les groupes que je mentionne sur YouTube, vous ne le savez pas, peut-être que vous allez bien aimer). Mais bon, tout cela pour dire que ce n’est pas parce que quelqu’un a une apparence différente ou une façon de parler différente que nous ne pouvons pas être des personne tellement semblables à l’intérieur ou même tellement différentes que cela rend la chose encore plus plaisante et les conversations encore plus riches et complètes.

Je pourrais en dire pour des siècles sur le sujet, mais je crois que moi et la Marcheuse urbaine avons très bien couvert le sujet. Si jamais tout d’un coup le metal vient à vous intéresser, je suis disponible pour vous fournir. Merci de lire la chronique et merci à la Marcheuse urbaine de m’offrir la chance de m’exprimer ainsi!!

mardi 21 avril 2009

Est-ce que je peux vous aider?

Bon, vous connaissez maintenant l'indignation perpétuelle dont je fais preuve pour dénoncer toutes les injustices auxquelles je me frotte. Un jour pas si lointain où, pour la énième fois, je m'insurgeais contre la situation des personnes vivant dans les camps de réfugiés, la Fille m'a regardée en pleine face et m'a dit : "Si cela te dérange tant, qu'est-ce que tu attends pour faire quelque chose?". Ça ne sert à rien. Elle a un don pour dire les choses comme elles sont. J'aurais peut-être dû, en tant que mère, réfréner cette habitude de répondre aussi brutalement mais, je dois l'avouer, j'aime beaucoup le côté provocateur de la Fille.

Sa réflexion m'est évidemment restée en tête. Cette semaine, j'ai donc commencé à faire un peu de recherche sur Internet pour savoir vers quelle organisation je pourrais me tourner pour mettre ma goutte d'eau dans l'océan du travail humanitaire. En parcourant le site de la Croix-Rouge canadienne, je suis tombée sur l'outil d'auto-évaluation du candidat. Les questions qu'il contient doivent aider le candidat potentiel à réfléchir sur ses capacités à devenir travailleur humanitaire.

Déjà, la première question sous la rubrique "Vie personnelle" me pose un problème : puis-je me préparer en moins de deux semaines de préavis? Ma réponse : cela dépend du nombre de valises auxquels j'aurai droit. En effet, j'ai la fâcheuse habitude de vouloir partir avec la moitié de la maison. Sans avoir aucune expérience de ce style de vie, je devine que je devrai apprendre à voyager plus léger! Une autre question, sous la même rubrique, m'inquiète un peu : suis-je prête à vivre et à travailler dans des régions non protégées où ma vie pourrait être en péril? Ma réponse : j'avoue que je ne m'étais pas vraiment arrêtée à penser que je pourrais me retrouver sous les mêmes feux que le prochain que je veux secourir et il ne s'agit pas ici des feux de la rampe!

Et ça continue. Sous la rubrique "Santé et stress", je m'arrête encore une fois à la première question : suis-je en parfaite santé mentale et physique, donc capable d'endurer les rigueurs d'un environnement très stressant et possiblement de piètres conditions de vie? Ma réponse : je me demande tous les jours si mon mental va bien. C'est d'ailleurs pour cela que je visite toujours aussi régulièrement le Sondeur d'âme. Pour ce qui est de mon physique, je m'interroge à savoir si mes tendances à l'hypocondrie constitueront un avantage ou la pire calamité lorsque je me trouverai face à des situations dignes d'Indiana Jones. Quant aux piètres conditions de vie, disons seulement que, pour moi, le camping sous une tente m'apparaissait souvent comme une épreuve à traverser pour mieux apprécier la maison le reste de l'année. Et je ne parlerai pas ici du camping sous la pluie parce que cela risquerait de raviver des cauchemars dont je viens depuis peu de me débarrasser.

Il y a encore beaucoup de questions dans ce document. De bonnes questions. Car il ne s'agit pas ici d'idéaliser le travail humanitaire mais bien de regarder froidement de quoi il en retourne. Peut-être que le travail à l'étranger n'est pas pour moi. C'est difficile de se regarder en face et de ne pas se conter d'histoire. Surtout qu'il ne faudrait pas que l'aidant devienne celui qui doit être aidé. Mais je n'abandonne pas pour autant de trouver ma niche peu importe où elle sera. C'est le temps de passer de la parole aux actes!
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Pas de note pédestre aujourd'hui mais l'annonce d'une prochaine chronique de la Marcheuse et du Pusher. À suivre très bientôt.

lundi 20 avril 2009

Top Chrono

(Cette tranche de vie s'est déroulée entre 5 h 30 et 7 h 30)

Le réveil est brutal ce matin. Je me suis couchée tard pour terminer les impôts de la famille au complet. Je suis la comptable attitrée, moi qui ai une relation amour-haine avec les chiffres. En fait, j'ai une relation amour uniquement lorsque j'ai assez d'argent pour faire ce que je veux. Pour le reste, je supporte les chiffres car il en faut pour mesurer plein de choses importantes dans notre vie : les calories qu'on ingurgite chaque jour et le poids des ans sur nos épaules.

En allant chercher le journal dans la boîte aux lettres, j'ai vu le petit chat jaune en train de manger la nourriture que je laisse dehors. Il est tellement maigre et apeuré. Il mangeait en regardant constamment derrière lui au cas où il se retrouverait soudainement en danger. J'aimerais être capable de l'approcher pour le caresser un peu mais c'est vraiment très difficile.

Il faisait froid pour prendre l'autobus. La météo disait qu'il faisait 3 mais avec le facteur éolien, c'était -2. J'ai sorti mes gants. Dans l'autobus, les gens étaient bavards. Trop pour moi à cette heure de la journée. Je me suis donc branchée sur mon metal à fond... je n'avais pas le choix de monter le volume si je voulais enterrer celui des voix autour de moi. N'empêche. Je suis restée branchée pour ma petite marche de dix minutes avant d'arriver au bureau. Ça réveille. Surtout, cette sacrée musique me chamboule les entrailles en me faisant sentir que tout est possible si je le veux. J'ai très hâte d'écouter la nouvelle livraison du Pusher. Il est venu hier pour prendre une bière (ou deux). C'était vraiment bien.

(Cette tranche de vie s'est déroulée entre 7 h 30 et 12 h 30)

J'ai pris mon café et des nouvelles de mes collègues. Entre les faits divers sur la fin de semaine, j'apprends que l'un d'entre eux s'inquiète sérieusement de la santé de son fils qui doit subir des tests vendredi. Vraiment, le travail, cela devient parfois notre deuxième famille puisqu'on y passe plus de temps qu'à la maison. Je me rends compte que c'est beaucoup avec mes amis au travail que j'ai élevé mes deux enfants partageant avec eux joies et angoisses au quotidien.

Je peine à reprendre mes dossiers aujourd'hui. Je me rebranche donc sur le metal pour me permettre de rester un peu plus longtemps dans ma bulle. Ça aide. Parce que des fois, les bureaux à aire ouverte, c'est assez insupportable. C'est évidemment toujours à l'heure du lunch que c'est le plus tranquille. J'en profite pour travailler, mais je lis aussi Cyberpresse assidûment, je fais le ménage de mon courriel et je mange devant mon ordi. Pratique non recommandée et très néfaste pour le clavier. Je constate d'ailleurs que je devrai le nettoyer bientôt au risque de créer un milieu de travail pour bactéries en tous genres!

En parlant de bibittes, je ne vous ai pas dit que l'Homme et moi avons râtelé la pelouse hier après-midi en compagnie de la plus jolie petite souris au monde : Rita. Le Pusher pense qu'elle ne voit pas parce qu'elle ne cessait de tourner en rond. Moi qui croyais qu'elle était contente que ce soit tout propre et bien nettoyé!

(Cette tranche de vie s'est déroulée entre 12 h 30 et 14 h)

Je ne prends jamais de pause. Pas de pause officielle du moins. Mais mon amie L. est venue me chercher pour que l'on se fasse un café. Je ne prends pas non plus de café l'après-midi. Mais comment résister à l'odeur de la caféine? Est-ce que je ne deviendrais pas accro à trop de choses???

(Cette tranche de vie s'est déroulée entre 14 h et 22 h 30)

Je retrouvais l'Ami après le travail pour aller au cinéma. J'ai décidé de marcher du bureau jusqu'au centre-ville d'Ottawa : un parcours d'environ 40 minutes pour la Marcheuse urbaine. Agréable changement de trottoirs. Il ventait toujours mais ce n'était pas froid. J'aime traverser le pont et regarder la rivière et ensuite passer devant le Parlement. Je n'étais pas toute seule, cependant, parce que plusieurs jeunes sympathisants à la cause de la légalisation de la marijuana s'étaient déjà massés sur la pelouse. Il y avait aussi pas mal de policiers à pied, à cheval et en moto. Bref, c'était habité et c'est très bien comme ça. À cette heure-là, les gens peuvent être bruyants. Je suis bien réveillée!

Comme d'habitude, j'ai apprécié la présence de l'Ami. Je sais bien que l'on se parle presque tous les jours mais, comme nous ne sommes jamais à court de sujets, ça ne pose pas de problème de nous parler plusieurs fois dans la même journée. Je me souviens que, lorsque nous étions encore à l'université, nous pouvions avoir passé la journée ensemble dans nos cours et continuer notre conversation le soir au téléphone. Ce n'est pas pour rien que la majuscule sied si bien à l'Ami.

J'ai repris l'autobus sous la pluie. Il me semble que les grands manitous de la météo n'avaient pas annoncé la chose mouillée. Serait-ce qu'ils peuvent se tromper?

(Cette tranche de vie s'est déroulée entre 22 h 30 et 5 h 30)

Zzzzzzzz

samedi 18 avril 2009

Des animaux et des hommes

Triste statistique dans le journal d'aujourd'hui : il paraît que Montréal compte maintenant plus d'itinérants que de chiens errants. Inutile de vous dire que les hommes ne sont pas mieux traités que les bêtes. D'ailleurs, la chroniqueuse Chantal Guy termine son propos en affirmant que c'est justement parce que l'on traite les hommes comme des chiens qu'elle aime les chiens.

Cette phrase m'a frappée. Car elle reflète bien ce qui se passe tous les jours autour de nous... si on prend la peine de regarder, bien sûr. C'est comme si la vie n'avait plus de valeur. Ou, plutôt, c'est comme s'il n'y avait qu'une seule sorte de vie qui comptait. Celle qui se joue à cent mille à l'heure, celle qui prône la jeunesse éternelle avec tout ce que cela peut comporter de botox et d'entraînement intensif, celle qui ne pense qu'à soi et qui se fout donc des autres.

Je vous donne un exemple animal. Dans mon quartier, ce sont les chats errants qu'on voit en plus grand nombre qu'avant. Je nourris été comme hiver ces petites bêtes apeurées, maigrichonnes, au poil tapé ou à l'oeil infecté. Elles ont vécu une expérience tellement traumatisante dans la compagnie des hommes qu'elles ne font plus confiance à personne. Et pour cause. Notre voisin a déjà déclaré à l'Homme, pour nous faire part de son mécontentement de nous voir donner un peu de répit à ces animaux abandonnés, qu'il n'hésiterait pas, dans le cas où l'une de ces bêtes s'aventurerait sur son terrain, à l'attraper pour la mettre dans un sac et ensuite lui fracasser le crâne sur l'asphalte! Et il était sérieux. D'ailleurs, ce même voisin, pour tenter d'éloigner les chats des fenêtres de son sous-sol, passe l'été à respirer l'odeur des boules à mites dont il tapisse littéralement le dessous de sa galerie. Ça pue à un tel point que j'ai de la difficulté à travailler dans mes fleurs lorsque je suis près de sa pelouse.

Et voici une autre réaction édifiante face à la gent animale. J'ai entendu, dans le salon de coiffure, quelqu'une qui exprimait haut et fort sa haine des oiseaux, ces horribles volatiles qui osaient par leurs chants la réveiller soi-disant trop tôt le matin. Elle avait suggéré à son mari d'utiliser une carabine à plomb pour les éloigner de ses fenêtres. Elle avait aussi songé à faire abattre l'arbre sur les branches duquel les oiseaux se perchaient pour mieux détruire sa vie!

C'est là où nous en sommes. Tout le monde doit être beau, tout le monde doit être gentil. Et personne ne veut se faire déranger. On comprend donc mieux pourquoi des bébés qui pleurent trop longtemps se font tabasser, pourquoi certains enfants sont battus ou négligés, pourquoi les itinérants sont chassés des endroits où ils trouvent un peu de chaleur l'hiver quand les endroits en question sont fréquentés par les gens biens et pourquoi des personnes âgées sont oubliées seules dans leur petit appartement.

Dis-moi comment tu traites les êtres autour de toi et je te dirai ce que vaut ta vie.
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Notes pédestres : J'ai eu recours à la technique de la bulle aujourd'hui pour oublier mon genou et, contrairement à hier où j'avais écouté les tounes d'Atreyu, je me suis branchée sur le metal plus hard de la dernière livraison du Pusher. Cette fois, j'ai pu me donner à fond et j'ai été emportée par Alexisonfire/This Could Be Anywhere in the World. C'est vrai qu'il y a une progression dans l'écoute du metal. Je suis totalement accro à cette musique qui vient t'arracher les tripes!

vendredi 17 avril 2009

Pour en commencer avec le courage

À L.

Je me suis rendue compte en relisant mes derniers messages que j'avais souvent fait allusion au courage. J'imagine, que dis-je, je sais que ce n'est pas un hasard car la vie ne laisse rien au hasard. J'ai donc pensé y revenir encore une fois.

Pour moi, la première image qui me vient à l'esprit en pensant au courage c'est le Fils, alors âgé de peut-être 4 ans, bien assis sur les épaules de l'Homme, qui dit : "Courage, papa, courage" pendant que son père peine à grimper une pente abrupte avec son petit fardeau coréen. N'empêche, c'est un encouragement qui a atteint son but parce que l'Homme a bien senti à ce moment toute la confiance que le Fils mettait en lui. (Remplacez ici l'Homme par le Père et vous obtiendrez une symbolique que je n'ai pas vu venir!).

Habituellement, le courage prend, volontairement ou non, la peur pour compagne. Celle-ci le précède ou s'accorde à son pas. Parfois même elle revient courir après lui. C'est qu'on ne sait pas toujours quand le courage va se manifester et, de toute façon, on n'a pas vraiment de contrôle sur lui. Ce serait trop pratique. On pourrait l'appeler dès que la peur arrive pour la faire disparaître au lieu d'avoir à cohabiter avec elle pendant longtemps.

C'est une autre chose qui est embêtante avec le courage. On ne sait pas trop si on va finir par en avoir. On fait face à des situations difficiles, parfois désespérées. On en aurait bien besoin du courage pour mieux passer au travers. Mais il ne vient pas. On continue à souffrir, à endurer. Et, quand on s'y attend le moins, le voilà qui se pointe le bout du nez. Soudainement, la peur perd son emprise puisque le courage nous libère. Et même si nous ressentons encore la peur, nous avons maintenant le pouvoir de l'affronter et de la regarder droit dans les yeux. Ça ne veut pas dire que tout ne tremble pas à l'intérieur de nous mais nous disposons d'une nouvelle force pour avancer. Ça fait toute la différence.

J'ai aussi appris que, si on fait suffisamment confiance à la vie, le courage nous est donné, au moment opportun, pour changer les choses qu'on peut changer. Je vous répète donc ce qu'un sage asiatique a déjà proclamé : "Courage, mes amis, courage!".
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Notes pédestres : Je me sentais bien fatiguée pour aller marcher, mais je n'ai pas pu résister à l'appel des espadrilles. C'était bien, sauf pour mon genou. Va bien falloir que le Bonhomme sept-heures y jette un coup d'oeil!

mercredi 15 avril 2009

Être ou ne pas être lue

À Yosterdude

Aujourd'hui encore l'inspiration n'était pas au rendez-vous. J'avais donc décidé de ne pas écrire. En plus, comme je n'étais pas allée marcher, parce que soir d'épicerie, je ne me sentais pas l'âme bloggeuse. En effet, je ne sais pas trop comment expliquer la façon dont la marche agit sur mes neurones, mais elle semble jouer le rôle d'un catalyseur d'énergie qui vient libérer ma créativité.

Dans tous les cas, j'étais au mode passif quand l'Homme a fait soudainement irruption dans ma chambre en me disant : "Tu as lu le commentaire de Yosterdude? C'était super bien et il parle même d'aller prendre une bière avec toi". "Qu'est-ce que tu racontes là", lui ai-je répondu. "Si c'est une blague, elle n'est pas drôle". Je ne le croyais pas pour la simple raison que, depuis quelques semaines, mon pusher de metal n'a pas vraiment le temps de commenter mon blog. Vous savez, il ne s'occupe pas seulement de la livraison de sa marchandise. Il verse également dans la prestation de services en prêtant entre autres ses cordes vocales pour élargir sa clientèle. Bref, je suis en manque. J'écoute encore et toujours du metal en marchant, mais je suis en période de sevrage des interventions du Pusher. Vous comprendrez donc mon énervement quand je suis retombée de plain-pied dans ma dépendance.

Le vif plaisir que j'ai ressenti à lire le plus récent message de Yosterdude m'a fait réaliser que je n'écris pas seulement parce que j'aime ça. J'écris aussi pour être lue sinon j'aurais choisi la formule du journal intime avec un cadenas. Je ne sais trop pourquoi j'hésitais à me l'avouer, surtout que j'aurais dû avoir de forts doutes quand j'ai décidé de mettre mon blog sur la grande toile!

Ce que je recherche, ce n'est pas tant l'approbation que la satisfaction de viser juste. Pour moi, une chronique, c'est un feu d'artifice lancé dans le ciel. Je ne sais trop quel effet il va produire mais j'espère toujours voir une longue traînée aux couleurs multicolores. Et si cela a ébloui quelque peu, mon but est atteint. En cela, vos réactions, chers lecteurs, deviennent pour moi les "Oh!" et les "Ah!" que l'on pousse devant le ciel soudainement éclairé par tous les feux qui l'envahissent.

Mais je veux revenir à Yosterdude et à ses commentaires pour souligner son courage d'être vrai. Comme une personne du petit monde de la Marcheuse urbaine me le faisait remarquer dernièrement en parlant de mon blog, il faut du courage pour étaler ses états d'âme sur la place publique. Mais, en même temps, on apprend beaucoup sur soi et sur les autres. Et je dois te dire, cher Pusher de metal, que tes messages m'ont permis de découvrir un être à la fois sensible et rebelle. C'est une combinaison qui me plaît... allez savoir pourquoi!

mardi 14 avril 2009

Coeur en panne

Au Fils

C'est un peu la panne sèche ce soir. Rien de bien intéressant à signaler pour ce retour sur le front après quatre jours de permission. J'ai retrouvé les mêmes écueils peinturés sur le même paysage quotidien. Vous allez rire mais, en relisant la phrase précédente, je viens de constater que j'ai commis un lapsus significatif dans ma tête. Oui, oui, c'est une première je crois pour moi. Bon, comme c'était dans ma tête, il faut maintenant que je vous récrive la phrase telle que je me la suis prononcée en faisant ce lapsus sinon vous ne comprendrez pas mon sourire intérieur. J'ai donc relu dans ma tête : "J'ai retrouvé les mêmes écueils peinturés sur le même paysage canadien." Ceux qui me connaissent et qui me décodent apparemment sans aucune difficulté (celle-là elle est pour toi ami de l'Ami) ont tout compris. Pour les autres, l'éthique professionnelle m'empêche de m'enfoncer davantage en territoire ennemi.

Comme je le disais donc avant de divaguer, c'est la panne d'inspiration. J'ai eu beau écouter les gens dans l'autobus, les collègues de travail, l'Ami, l'Homme et la Fille, rien n'a particulièrement retenu mon attention. J'ai lu les journaux sur Internet. Encore là, niet. Je vous entends me dire qu'il se passe quand même des choses dans le monde. Je vous le concède volontiers, seulement ces choses ne présentaient aucun intérêt pour moi aujourd'hui. Serait-ce qu'avec l'inspiration, s'en est allée également l'insurrection qui m'habite ordinairement?

J'attribue cette sécheresse momentanée à deux choses : le départ du Fils pour Montréal et la liste d'épicerie. Il y a peut-être un lien entre les deux mais je n'en suis pas du tout certaine. Parlons d'abord du Fils. J'ai toujours un coup de cafard quand il retourne dans ses quartiers. Ça ne sert à rien mais quand il revient occuper sa chambre et que je le vois penché sur son bureau de travail ou que je l'entends taper sur son clavier d'ordinateur, c'est comme si tout revenait à la normale. Le compte est bon. Nous sommes là tous les quatre et c'est tout ce qui importe pour mon coeur de mère. Je sais, je sais que les oiseaux doivent quitter le nid. Mais est-ce qu'ils doivent absolument aussi quitter l'arbre? Que dis-je, la forêt?

Et pour en revenir à cette satanée liste d'épicerie, qui est aussi dans mon cas une liste des plats que je compte cuisiner dans les deux prochaines semaines, j'aimerais ne plus manger jamais pour ne plus me taper cette corvée. Et j'aurais aussi aimé ne pas avoir autant aimé pour que les départs fassent moins mal.
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Notes pédestres : Température agréable, beau soleil, mais foutu genou qui m'empêche de me donner à fond!

lundi 13 avril 2009

Le troisième jour, elle est ressuscitée....ou presque

À cause de la Fille, je ne suis pas ressuscitée. Je vous explique. La Fille, qui pose toujours des tas de questions, s'interrogeait ces derniers jours sur la différence entre les mots "résurrection" et "insurrection". J'ai pensé que je m'en étais assez bien sortie en lui expliquant que le premier suppose une renaissance et l'autre une révolte. Voilà qui avait le mérite d'être clair, net et précis. Cela a semblé contenté la Fille. Moi ça m'obsède.

C'est que, depuis cette conversation, je ne sais plus trop bien si je veux m'insurger ou ressusciter. Je n'arrête pas d'examiner ces deux concepts, de les soupeser, de les décortiquer. D'après mes conclusions préliminaires, je crois qu'il faudrait d'abord que j'arrête de me révolter avant de penser à renaître. Ce qui complique les choses, cependant, c'est ma propension à trouver presque chaque jour des raisons pour protester. Il m'apparaît donc vain à cause de cela de même songer à vivre le repos dont j'aurais besoin pour envisager de ressusciter en paix.

Poussant ma réflexion plus loin, je me suis jetée dans l'analogie de la Résurrection, celle avec un grand "R". Dans ce cas, est-ce qu'il n'a pas fallu que le Ressuscité avec un grand "R" meure pour renaître à la vie? D'accord. Cela veut peut-être dire qu'il faut accepter de mourir à nos révoltes pour être en mesure de ressusciter. Je fais un pas de plus dans la Foi et je tombe dans le lâcher prise, que je préfère, et de loin, à l'idée de l'abandon pur et simple. C'est plus fort que moi, je vois dans le lâcher prise quelque chose de plus noble, de plus difficile à atteindre et, ô méandre intellectuel tortueux, de moins lâche!

Je suis fermement convaincue, en effet, qu'il faut beaucoup, beaucoup de courage pour laisser le gouvernail et accepter de changer de cap au besoin. Comme il faut aussi beaucoup de courage pour reconnaître que l'on s'est trompé. Ou qu'on ne peut pas tout changer. Ou qu'on a perdu. Ce constat m'apaise et m'irrite tout à la fois. C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai un parcours aussi sinueux. Et c'est aussi ce qui explique que je ne suis pas encore ressuscitée. Je ne suis pas morte à mon désir de me battre et d'essayer de faire bouger les choses. Ni à mon désir de réveiller le monde à l'horreur et à l'injustice. Avec un peu d'aide céleste pour rendre mon combat moins épuisant, qui sait? Je vais peut-être donner à l'insurgée la capacité de ressusciter sans être trop maganée.
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Notes pédestres : Finalement, le soleil... de quoi avoir envie de renaître!

lundi 6 avril 2009

Nostalgie quand tu nous tiens

Rocco Morabito est mort hier à l'âge de 88 ans. Qui est-il vous demandez-vous sans doute comme je l'ai fait ce matin en prenant connaissance de la nouvelle sur le blog de Patrick Lagacé sur Cyberpresse? Eh! bien, figurez-vous qu'il s'agit d'un photographe américain couronné du Prix Pulitzer en 1968 pour la photographie tout à fait extraordinaire qu'il a prise d'un monteur de ligne en train de donner le bouche-à-bouche à un collègue foudroyé par une décharge électrique. Voici le lien si cela vous intéresse de voir la photo en question : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70722722.

En prenant connaissance de sa biographie, je me suis retrouvée littéralement plongée dans l'Amérique de Papa a raison (je vous avertis tout de suite, c'est une chronique de vieux. Les autres, je vous invite à faire un peu de recherche sur Google). Ce monsieur a eu trois enfants, il a fait la Deuxième Guerre, il a travaillé pendant 42 ans pour le même journal et il a joué au golf. Bon, bon, je raccourcis un peu mais ça m'a donné un coup de nostalgie pour la journée. Ça m'a ramené tout droit aux années 60 et 70, celles qui ont bercé mon enfance. Je me suis même surprise à me dire que tout semblait tellement plus simple dans ces années-là. Je sais, l'Ami, j'entends déjà ta voix qui me dit qu'il ne faut pas rester accroché au passé et que les choses, à cette époque-là, étaient différentes mais pas mieux ni pires qu'aujourd'hui.

Peut-être... mais chez nous, à Arvida, au Saguenay, sur la rue Bergeron où j'habitais, la vie s'écoulait pas mal pareille d'une saison à l'autre. Et là, au printemps, c'était le temps de l'année où on sortait les cordes à danser, les balles bleu-blanc-rouge, les bicyclettes, et où on jouait dehors des heures durant. On s'ennuyait rarement car il y avait toujours des amis pas loin. Une famille de trois enfants, comme la nôtre, c'était pas mal ce qui se faisait de plus petit!

La plupart du temps on jouait gars et filles ensemble. Les gars acceptaient de tourner nos cordes à danser et ils se risquaient même parfois à nous accompagner dans nos "sauteries". On faisait des rondes et on chantait "Trois fois passera, la première ou la dernière, trois fois passera, la dernière y restera". On jouait à la cachette et on utilisait le lampadaire du rond-point pour compter. Jouer dans la rue ne posait aucun problème puisqu'il n'y avait à peu près aucune circulation dans le cul-de-sac où nous habitions. Je me souviens qu'on avait le droit de jouer dehors jusqu'à ce qu'il fasse noir. Et la règle à suivre, pour l'heure de la rentrée, était sensiblement la même pour toutes les familles : il fallait se pointer à la maison dès qu'on voyait la lumière de la galerie s'allumer.

Nous adorions le printemps car il annonçait les vacances prochaines. Il n'y avait plus que deux mois à patienter et c'était la liberté totale jusqu'en septembre. Dans ce temps-là, les camps d'été et les vacances organisées ce n'étaient pas la mode car nos mères restaient à la maison. On pouvait donc se lever tard le matin et niaiser ensuite toute la journée si on voulait. Mais, en général, on savait s'occuper. De toute façon, une fois qu'on était sorti de la maison, nos mères ne voulaient plus vraiment nous voir avant le souper!

Je me rappelle qu'on se faisait des pique-nique qu'on allait manger dans les petits boisés ou dans les parcs des alentours. On cueillait des bleuets et des framboises, parfois aussi de petites fraises des champs. Et on allait aux noisettes. Ça c'était une expédition qu'on faisait le plus souvent avec les gars car il fallait aller dans le bois et savoir où étaient les "talles" à noisettes. Il fallait aussi porter des gants pour ne pas revenir les mains toutes écorchées et des vêtements longs. Enfin, c'était important d'avoir des sacs de patates en jute pour ramener notre butin. Pour manger les noisettes, il fallait d'abord les abattre, c'est-à-dire frapper le sac en jute sur le sol avec vigueur pour briser l'écorce piquante. On faisait ça dans la rue et c'est là aussi qu'on les nettoyait assis sur les chaînes de trottoir. C'était long nettoyer des noisettes! Je me souviens que, lorsqu'on rentrait à la maison avec notre bocal rempli, papa était toujours un des premiers à goûter à ces petits délices. Les mères de mes amis, qui cuisinaient plus que la mienne, faisaient souvent du sucre à la crème avec des noisettes. C'était délicieux... et bio!

Je pourrais aussi vous parler du plaisir qu'on avait à jouer à la marelle, qu'on appelait chez nous "carré à vitre". Encore une fois, on dessinait le carré directement dans la rue en utilisant, en guise de craies, des morceaux de gyproc qu'on ne sortait de je ne sais trop où. On a passé aussi des étés à jouer au tennis (il y avait plusieurs terrains tout près de chez nous), au ballon-volant et au badminton (papa nous avait installé un filet dans le parterre en arrière de la maison).

Mais pour moi, les vacances, c'était principalement un temps privilégié pour lire avec avidité. Je me rappelle que je lisais parfois toute la nuit avec comme unique bruit de fond les cigales qui chantaient dans le champ en arrière de la maison. Des fois maman se levait pour aller aux toilettes, comme je le fais maintenant à mon tour, et, en voyant la lumière encore allumée dans ma chambre, elle entrouvrait la porte pour me dire : "Tu devrais te coucher là, il commence à être tard". Et elle repartait. Elle avait fait son devoir de mère. Elle ne revenait jamais une deuxième fois. J'étais en vacances après tout.

Ça sentait tellement bon l'insouciance de ma jeunesse... c'est un parfum que je n'oublierai jamais.

samedi 4 avril 2009

Toute la pluie

Journée tristounette pour la Marcheuse urbaine. De la pluie et encore de la pluie. Il me semble que ça déborde de partout. La Fille a raison. J'ai un double rapport avec la pluie. Des fois, je la trouve si belle que j'aime à la contempler en direct. Dans ces moments-là, je sors sur le balcon, parfois même je m'y assois et je regarde le ciel se déverser. Mais il arrive aussi qu'elle jette vraiment une douche froide sur mon moral.

Je l'aime surtout quand elle se déguise en gros orage d'été. Parce qu'on la voit venir. Il fait beau soleil. Il fait chaud. La vie se vit sous le signe de l'insouciance. Puis, tout à coup, la lumière pâlit. De gros nuages noirs s'amoncellent au-dessus de nos têtes. Habituellement, Éole se met aussi de la partie et il balaie tout sur son passage. C'est le temps de rentrer précipitamment les coussins des chaises de jardin, les verres de limonade (ou d'autres boissons estivales), le linge sur la corde. Et quand tout est à l'abri, c'est là que je risque l'exposition. J'avoue que le tonnerre me fait toujours un peu sursauter. Quant aux éclairs, je ne voudrais pas avoir à m'y frotter. Par contre, je suis toujours aussi admirative et respectueuse tout à la fois devant la nature déchaînée. C'est surtout le grand soupir de soulagement que je recherche et que j'attends. Dès les premières gouttes, on sent tout de suite que la respiration devient plus facile. C'est le trop plein qui se vide. Comme c'est bon!

Et, vous l'aurez deviné, c'est lorsqu'elle s'éternise, qu'elle nous colle son humidité à la peau que la pluie m'entraîne à sa dérive. Je déteste les journées sans lumière. Et la pluie du printemps, tout comme celle de l'automne, se nourrit de l'ombre. Monochrome, elle promène son gris taciturne sur le paysage au complet. Tellement, qu'on ne sait plus trop si c'est l'après-midi ou le soir. L'éclairage (ou devrais-je dire l'absence d') ne change pas.

J'ai donc passé toute la journée en pyjama. Ou bien toute la nuit? Je ne sais plus trop. Je m'étiole, comme dirait le Grand Pierre, et sans sentiments humains... du moins jusqu'à mardi.
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Les fans du Grand Pierre n'ont pas besoin d'explications. Les autres, je vous conseille de visiter le site http://pierrelapointe.com/.

jeudi 2 avril 2009

Tic-tic... boum!

Lorsque la bombe à retardement que nous portons en chacun de nous se met en marche brusquement et laisse entendre un tic-tic un peu trop bruyant à mon goût, je perds pied. Littéralement. Et tout ce que je crois avoir acquis s'écroule comme un vulgaire château de cartes et tout ce que je considère comme allant de soi perd soudainement son sens. Je me sens entraînée dans un gouffre sans fond et je ne peux ralentir ma plongée. C'est l'incertitude, c'est l'angoisse, c'est la panique. Je la vois avec sa faucille. Elle nous attend tous... inéluctablement.

J'essaie bien de la braver en lui faisant parfois des pieds de nez genre "Eh! ça t'intéressera peut-être d'apprendre que je suis allée passer une mammographie et que je n'ai rien, na na na na nère". Elle ne bronche pas. Et mon sourire se transforme bien vite en une pauvre grimace pathétique. Elle sait qu'elle va gagner... tôt ou tard.

Qu'est-ce que je peux faire en attendant? L'ignorer le plus possible. Et vivre à plein. Ce qui revient à apprécier chaque précieuse minute qui m'est donnée. Ce qui signifie aussi que je dois apprendre à lâcher prise. Laisser aller les tracas futiles, les contrariétés insignifiantes, les exigences inutiles. Car lorsqu'on prend du recul pour admirer l'ensemble du paysage, on se fout pas mal du brin d'herbe qui manque.

Ne pas y penser ne dure cependant qu'un temps. Plus les années passent, plus il m'apparaît utile de changer de tactique et de tenter de l'apprivoiser. Par exemple, il me semble que lorsque j'en ris, ça a l'air moins dramatique ou en tout cas que ça fait moins mal. Si je tourne autour et que je l'examine de plus près, j'apprends aussi à connaître mon adversaire. Encore là, c'est plus facile à faire quand on ne sent pas son souffle chaud dans notre cou.

Je ne sais pas ce que je vais faire quand je ne serai pas capable de désamorcer la bombe et que la grande avec sa faucille va se mettre à ricaner. Je ne sais pas mais, en attendant, tout ce j'ai envie de lui dire c'est "Fuck You!" pour avoir osé t'attaquer à deux de mes collègues.
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Notes pédestres : J'ai marché de façon tellement consciente que je crois avoir senti chaque petite roche du trottoir. Et grâce au metal, j'ai libéré mon âme!

mercredi 1 avril 2009

C'était un p'tit bonheur

Aujourd'hui, en lisant mon blog, ma grande amie L. m'a dit : "C'est drôle, toi, tu écris sur des choses qui ont l'air de rien et pourtant, dans tes mots, elles se transforment et prennent un tout autre visage." C'est vrai que j'aime observer et m'arrêter aux détails. J'aime surtout me laisser surprendre par la vie au quotidien.

Je n'ai pas toujours pensé ainsi. Quand j'étais, disons, moins consciente et enracinée, je ne voyais pas ce qui se passait autour de moi car j'attendais d'être confrontée à l'extraordinaire. Il faut bien avouer que c'est plutôt à l'ordinaire que l'on se frotte le plus souvent. Et si on est incapable de voir l'extraordinaire dans l'ordinaire, on se prépare de longues périodes de calme plat ou d'ennui mortel.

Toujours à cette époque "d'inconscience", j'avais eu l'idée de faire une liste de 40 choses qui m'apportaient du bonheur. Serez-vous surpris si je vous dis qu'écrire était en 37e position et prendre les mesures nécessaires pour être bien dans ma peau arrivait en dernier?! C'était en 1992. C'est bon parfois de se rendre compte du chemin parcouru...

Mais pour revenir à ma liste, je constate qu'elle incluait surtout de petits riens, comme étendre mon linge sur la corde, regarder la lune par la fenêtre de ma chambre, entrer dans une bibliothèque, m'asseoir dehors pour regarder la pluie tomber, marcher le matin pour me rendre à l'arrêt d'autobus. Ce sont tous encore de petits bonheurs que je savoure. Il y avait aussi plusieurs points qui touchaient les enfants, par exemple leur lire des histoires, les bercer et répondre à leurs multiples questions. Comme je suis contente d'avoir pris le temps de m'arrêter pour me rendre compte du plaisir que j'éprouvais à faire ces "petites choses".

Et si je refaisais une liste maintenant? J'imagine que je parlerais de la Marcheuse urbaine et de son blog. Le jardinage prendrait aussi plus de place. J'ajouterais le plaisir d'avoir des mangeoires pour les oiseaux (merci l'Homme de les remplir aussi religieusement). Je n'oublierais pas mes journées Mère-Fille qui me permettent d'emmagasiner tellement de beaux souvenirs, ni mes escapades avec l'Homme à Montréal pour voir le Fils. C'est encore difficile d'accepter ce départ mais ça permet de réaliser de petits voyages vraiment très agréables. Et que dire de mes conversations presque quotidiennes avec l'Ami? Je ne saurais m'en passer. Il faudrait aussi que je parle des fois où l'Homme et moi allons petit déjeuner au marché ou assister à un concert de musique classique. Et aussi du plaisir à trouver une définition coriace dans les mots croisés de La Presse. Ou encore de l'odeur de la soupe qui mijote ou des muffins qui sortent du four. Et discuter fort et rire autour d'un bon repas.

Les p'tits bonheurs sont infinis...