samedi 30 janvier 2010

Sous la calotte glaciaire

Je suis sortie de mon antre. Hier, devant le froid sibérien, j'avais décidé d'hiberner. Comme une ourse. Il y avait le froid à l'extérieur, et le froid à l'intérieur. Maudite bonne raison donc pour que j'aie tout simplement envie de me cacher sous les couvertures. C'est ce que j'ai fait.

Qu'est-ce que je disais plus tôt cette semaine au sujet de ma capacité de faire face à l'anxiété? Oubliez tout ça. Je divaguais. Encore une fois. C'est toujours la même chose. Quand je pense avoir conquis le démon suffisamment pour me permettre de vivre un peu plus en paix, il revient. Pas aussi fort qu'il l'a déjà été. Mais il revient quand même.

Aujourd'hui, pendant que j'arpentais les trottoirs sous un soleil radieux, j'essayais d'analyser ce qui s'était passé. Où avais-je dérapé pour en arriver à me terrer en espérant et souhaitant la fin du supplice?

Vous savez, c'est vraiment difficile pour moi de croire en moi. Quand le doute s'installe, et croyez-moi il arrive toujours à se faufiler, je perds pied. Je remets tout en question. Je pense que je n'ai pas ce qu'il faut et je suis tentée de retourner à l'immobilisme qui m'a servi si longtemps d'échappatoire. D'excuse pour ne pas vivre. Car c'est difficile d'avancer. De poursuivre son chemin envers et contre tout. Il faut accepter d'essayer des choses quitte à se tromper. Ce n'est pas grave. L'effort est là. Il faut accepter que, pour être honnête avec soi, on peut être amené à déplaire à d'autres. Ce n'est pas grave. Le respect, c'est ce qui compte. Il faut accepter ses forces mais encore plus ses limites. Ça aussi ce n'est pas grave. Nos limites, elles peuvent nous amener loin si on décide de travailler avec elles plutôt que contre elles.

Alors voilà. J'ai repris la route. Je suis contente car c'était un merveilleux après-midi. Un peu froid. Juste assez pour me geler le front et les oreilles de temps en temps. Juste assez pour geler le lac dans mon coeur. Sauf quand je respirais vraiment à pleins poumons cet air froid qui entrait en moi et qui, étrangement, me réchauffait. Quand j'expirais, à cause de cette lave chaude, les larmes coulaient toutes seules. Je n'ai pas encore trop compris pourquoi. Un mélange de bien-être, de soulagement, d'espoir. Le froid de l'extérieur qui devenait la chaleur de l'intérieur. Drôle de contraste. Drôle de vie.

jeudi 28 janvier 2010

Cessez de ménager vos transports!

Ce matin, en observant le comportement de certains passagers dans l'autobus, je n'ai pas pu m'empêcher de me passer certaines réflexions sociologiques. Je vous les livre.

Je vous précise tout d'abord que je compte à mon actif plus de trente ans d'expérience dans le domaine du transport en commun. Si cela ne me qualifie pas automatiquement comme une experte en la matière, cela fait certainement de moi une critique crédible. Avec le temps, j'ai donc remarqué que le contenu d'un autobus, soit les passagers qui le remplissent, semble répondre à une certaine hiérarchie correspondant à la disposition des sièges. Mon constat se base uniquement sur les véhicules que l'on dit "Express" car en dehors des heures de pointe, la faune change considérablement. Et mes constatations aussi. Mais là n'est pas mon propos.

Commençons d'abord par la groupie du chauffeur. Elle est toujours assise sur le siège situé immédiatement à gauche en entrant, ce qui lui permet d'avoir vue sur le sujet qui l'intéresse. Il s'agit habituellement d'une passagère qui connaît le chauffeur ou encore qui veut le connaître. Ai-je besoin de vous faire un dessin? Elle minaude tout le long du parcours, essaie de se rendre intéressante et rit pour tout et pour rien. Elle n'est pas nécessairement jeune. J'ai souvent été témoin de conversations entre un chauffeur qui devient exaspéré et une vieille madame fatigante qui n'en finit plus de compter sa vie. Je vous précise que les observations qui précèdent peuvent aussi toutes être relues en remplaçant le féminin par le masculin. Oui, oui, il y a des groupies hommes car il y a de plus en plus de chauffeurs femmes. Autre fait intéressant à noter : le siège en question peut également être occupé par un ami du chauffeur. Inutile de vous dire que les conversations ne sont pas les mêmes. Nous oscillons dans ce cas entre la dernière partie de hockey et la dernière partie de jambe en l'air!

Viennent ensuite les premières rangées de sièges. Elles sont habituellement occupées par des dames qui lisent des romans Harlequin, échangent des recettes, parlent de leurs enfants ou boivent tranquillement leur café dans de beaux thermos rutilants. Cette dernière activité, cependant, semble plutôt pratiquée par de jeunes femmes. Je crois que les vieilles, dont je fais partie, préfèrent encore attendre d'être au bureau avant d'avaler leur ration de caféine.

Puis on se dirige carrément vers les sièges situés dans le milieu de l'autobus. C'est là qu'on trouve principalement les hommes en habit avec leurs petites mallettes de cuir, les hommes gestionnaires importants avec leur BlackBerry en train de prendre leurs messages (ou de jouer à des jeux vidéos ou de visiter des sites pornos ou que sais-je encore), les hommes retraités qui travaillent toujours et qui lisent des magazines scientifiques pour se tenir à jour et, situation géographique obligeant, les militaires en tenue de camouflage. Petite révélation à ce sujet : le camouflage vert kaki, dans un autobus, ça ne fonctionne pas!

Et, finalement, on arrive à la partie que je préfère : l'enfer! Dans les nouveaux autobus, elle est facilement répérable grâce aux deux petites marches qu'il faut grimper pour y accéder. Je connais quand même assez bien l'enfer étant donné que j'y occupe très régulièrement un siège. Je ne sais pas pourquoi beaucoup de personnes ont aussi peur de s'y aventurer. C'est d'ailleurs cela que je remarquais ce matin. Les gens entraient, jetaient un rapide coup d'oeil pour trouver une place où s'asseoir et, quand ils constataient qu'il n'y avait rien de libre en avant ou au milieu de l'autobus, ils se plantaient debout dans l'allée. Moi je ne fais jamais ça. Je veux m'asseoir, et ce, même en enfer. De toute façon, les habitants de l'enfer sont sympathiques. On y retrouve surtout des jeunes, branchés à leur musique. On n'y entend donc presque jamais de conversations insignifiantes. Il y aussi les rebelles, pushers aux cheveux longs, tatoués, percés, parfois coiffés de couvre-chefs invraisemblables, souvent avec la morve au nez car à peu près jamais bien habillés. Il y a aussi tous ceux qui rattrapent le sommeil perdu. Encore une fois une bonne chose pour se prémunir des propos oiseux. Vraiment, je trouve dommage que l'enfer soit ainsi boudée. Selon moi, c'est la seule section intéressante et vivante d'un autobus rempli de travailleurs. Soyez un peu plus aventureux, que diable!

mercredi 27 janvier 2010

Un peu de pitié avec ça?

Surtout, surtout, n'offrez jamais votre pitié à quelqu'un. J'avais souvent entendu dire qu'il n'y avait rien de pire à éprouver envers quelqu'un que de la pitié. C'est vrai. J'en ai été l'objet aujourd'hui et j'ai viscéralement détesté cela.

En voulant parler de mon anxiété et des efforts que je déploie pour apprendre à l'apprivoiser et à vivre somme toute en harmonie avec ce côté de moi-même, j'ai reçu un "Hon! c'est vraiment pas drôle pour toi. Ça fait mal juste de t'entendre en parler." Pardon? Est-ce que je suis en train de me plaindre? J'apporte justement plein d'exemples qui démontrent qu'on peut s'en sortir, que c'est un chemin difficile, long à parcourir, mais pas nécessairement toujours plein d'embûches. En plus, j'ai appris avec le temps que l'anxiété se manifeste souvent chez moi quand je ne suis pas en harmonie avec mon moi-même. Quand je refuse de m'arrêter à une situation qui me dérange. Quand je ne prends pas le temps de vivre une émotion. Et, dernièrement, je constate aussi que l'anxiété est souvent signe de créativité. Créativité dans les larmes parfois, mais créativité quand même.

Pourquoi ai-je ainsi livré mes entrailles? Je ne sais trop. En y réfléchissant par après, j'en suis arrivée à la conclusion que je voulais sans doute qu'on me félicite de mes beaux efforts, qu'on reconnaisse que je maîtrise la situation. En lieu et place, j'ai dû encaisser un "Tu es tellement sensible. Tu dois t'occuper de ça. Est-ce que tu fais de la méditation? Est-ce que tu as déjà travaillé avec l'énergie?" Hé, oh! est-ce que j'ai présenté ma carte d'assurance-maladie? Je sais bien que les conseils partent d'une bonne intention mais j'ai donné à n'en plus finir à une multitude d'approches. Et je persiste à croire, malgré mes faux pas occasionnels, que je vis mieux avec l'anxiété.

En fait, et je le réalise maintenant, c'était l'occasion rêvée d'avoir recours à la philosophie de la Fille. Alors, comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, je dis : "Fuck it à la puissance cinquante-quatre!"
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Notes pédestres : Ce soir, c'était plus qu'un entraînement idéal. C'était le nirvana. Tout d'abord, j'ai réussi à chasser le moton de pitié qui m'était resté au travers de la gorge depuis le matin (je sais, c'est pathétique). Merci le yoga, merci mon prof pour ses techniques de respiration!

Ensuite, il ne faisait pas froid et, ô beauté sublime, il tombait par intermittence plein de petits flocons blancs. C'était un spectacle ravissant.

Enfin, il y avait quelque chose dans l'air. Quelque chose qui venait chercher une émotion en moi. J'ai trouvé seulement vers la fin du parcours, parcours que je ne voulais pas terminer sans doute parce que je cherchais encore. Bref, à un moment donné, je me suis débranchée du metal et j'ai continué à enfiler les rues. C'était calme. Ça sentait bon. J'entendais seulement mes pas sur le trottoir. Comme j'approchais de la maison, ça m'est revenu. C'était un soir semblable à ces soirs d'été où je ne veux plus rentrer après une journée passée à jardiner, où j'arpente doucement le trottoir devant la maison en m'emplissant simplement de la tranquillité du quartier, des odeurs, des bruits familiers, de la douceur du temps. C'était un de ces soirs où, pendant un moment, on peut vivre une parcelle d'éternité.

mardi 26 janvier 2010

Tsé veux dire...

Je crois avoir été piquée par la mouche tsé-tsé. Vous savez celle qui donne la maladie du sommeil. Je ne vois pas d'autre explication à ma difficulté de rester éveillée l'après-midi. Pour m'aider, je prends du thé vert. Tout le monde sait qu'une boisson chaude, c'est réconfortant. Et si je suis réconfortée, je devrais donc aussi être réveillée. Peine perdue.

Des fois je cède à ma voix grassouillette intérieure et je vais me chercher un biscuit au chocolat au petit dépanneur situé au rez-de-chaussée. C'est connu, le chocolat est un stimulant. D'ailleurs, c'est uniquement pour cette raison que je cède à ma pulsion. Mais rien n'y fait. Je continue de bailler aux corneilles.

Aujourd'hui, j'ai terminé les deux dossiers qui étaient sur mon bureau à 10 h... parce que j'ai vraiment pris mon temps. Après, bien après, plus rien. J'ai parcouru les journaux que je n'avais pas pu lire en fin de semaine. Maintenant je sais tout sur les REER, la rentrée littéraire de 2010, la façon de rénover un escalier et les bonnes adresses pour commander les plantes qui fleuriront dans mon jardin cet été. J'ai fait un mot croisé. Je l'ai complété en moins d'une demi-heure. Zut.

Finalement, finalement, c'est l'heure de quitter. J'ai tellement hâte d'arriver à la maison pour enfin bouger. Dans l'autobus, comble du malheur, je me retrouve assise près du monsieur bavard du matin, celui qui a été piqué avec une aiguille de gramophone. Laissez-moi vous dire que c'est bien différent du dard d'une mouche tsé-tsé. Ça fait plus de bruit en tout cas. En fait, il n'est pas le seul de sa gang ce soir puisque c'est un groupe de cinq personnes qui discutent de la difficulté d'élever les enfants et, plus particulièrement, de les faire manger. Comme je ne partage pas tout à fait leurs théories, je me fais violence et je me tais. Mais je peux vous dire qu'il y en aurait quelques-uns que j'enverrais se coucher sans manger, histoire qu'ils vivent eux-mêmes un de leurs châtiments.

Mais je suis arrivée à me réveiller. Et je suis certaine que vous savez déjà ce que j'ai fait. Eh! oui, j'ai enfilé mes espadrilles et je me suis branchée sur le métal. Il pleuvait un peu mais qu'importe. Après la douche d'hier, ce ne sont pas quelques gouttes d'eau qui allaient m'arrêter. J'ai écouté entre autres deux fois Selfproclaimed Messiah de Gardenian et Revolution de Crematory et j'ai senti quelque chose qui se passait en moi. Un courant électrique. La conscience, enfin!

lundi 25 janvier 2010

Sous la douche... dehors

Ouache... ouache... et reouache! Il en fallait de la détermination ce matin pour sortir dehors. J'ai dû me reprendre à trois fois avant d'arriver à l'arrêt d'autobus. J'ai d'abord tenté une première sortie à froid, c'est-à-dire sans prendre de mesure particulière. Je l'ai vivement regretté. L'entrée était glacée en partie. Je patinais sans patins. J'ai eu peine à me rendre de l'autre côté de la rue. Là, j'ai abandonné la lutte et j'ai décidé de rebrousser chemin pour aller chercher mes crampons.

Me revoilà dans la rue chaussée telle une alpiniste. Je peux au moins avancer sans avoir l'air d'une p'tite vieille. Je me rends jusqu'à l'arrêt pour constater que mes jeans sont complètement détrempés. C'est à ce moment que je me souviens que j'ai des pantalons en nylon. Pourquoi, mais pourquoi, n'ai-je pas pensé à les mettre? Cela aurait été parfait. Là, je vais devoir passer la journée avec des jeans mouillés sur le dos. Et je vais sans doute attraper un rhume à cause de ça. J'aurais pu aussi m'éviter de jouer à la poule mouillée en m'apportant des vêtements de rechange. Pendant que je m'abreuve intérieurement de reproches, il continue de pleuvoir de plus belle. L'autobus n'arrive pas. Je rêve à des vêtements chauds et secs. Je ne fais ni une ni deux et je rebrousse chemin une seconde fois.

Cette fois-ci, en me voyant passer de nouveau la porte, Mignonne vient à ma rencontre pour se faire câliner. Elle espère probablement que j'ai décidé de passer la journée avec elle. Ô perspective réconfortante s'il en est une! Malheureusement, mon désir de sauver le gouvernement l'emporte sur tout ce matin. Je me précipite donc dans la chambre pour me changer non sans réveiller l'Homme et la Fille pour les informer de mes déboires. En fait, je veux les avertir du danger qui les guette s'ils ne s'équipent pas de façon appropriée pour faire face aux intempéries de Dame Nature. Je suis tellement bonne que ça fait peur!

Finalement, je monte dans l'autobus. Je réussis à m'insérer entre un militaire et une madame bien portante. Je commence ensuite à dégoutter sur le plancher. S'engage bientôt à côté de moi une conversation fort ennuyeuse au sujet de la confrontation Québec-Montréal qui ressemblera, selon les experts dont je dois endurer les propos, à l'émission Les Boys!!?? Je ne sais trop de quoi ils parlent et j'en ai assez. Je me branche et je me coupe de tout.

À midi, dégagement passager, le temps de mon cours de yoga. Il pleut encore mais je peux au moins m'aventurer sur les trottoirs sans devoir sortir amarres et piolets. La session porte ses fruits. J'en ressors aussi calme que je peux l'être compte tenu du fait qu'il y a toujours quelque chose qui m'inquiète, m'énerve ou m'indigne.

La sortie du bureau s'est bien passée. Le soleil s'est même un peu montré la face. Et c'était doux comme au printemps. On aurait dit d'ailleurs le début de la fonte des neiges. Encore un mirage dont il faut se méfier. On est seulement à la fin janvier. Tout peut encore arriver. Et quand je dis tout, je parle des déchaînements de la saison hivernale. À moins que, comme le prétendait mon prof de yoga ce midi, nous ne vivions un hiver londonien, donc pluvieux et sans soleil. Mais, mais, me voilà devenue aussi ennuyeuse qu'un bulletin de MétéoMédia. Ce doit être toute cette pluie qui m'a lessivé le cerveau. J'ai maintenant une tête d'eau, AAAHHHHHHHHHHH!!!!

dimanche 24 janvier 2010

Dimanche

Je n'avais pas vraiment envie d'écrire ce soir et je me préparais à fermer l'ordi quand j'ai vu que Scott Awesome avait commenté mon dernier blog. Je peux difficilement résister à vos interventions. C'est comme avec Mignonne. Quand elle me regarde avec ses petits yeux verts, je pourrais lui donner la lune.

Alors, alors, que pourrais-je bien vous raconter sur cette journée, ou cette fin de semaine. Rien de vraiment spécial. J'ai tout de même rencontré le pendant masculin de Virginie à l'épicerie aujourd'hui, à une épicerie concurrente devrais-je préciser et, tant qu'à être précise, à la même enseigne où a oeuvré Scott Awesome. Il s'appelle donc Stéphane et, franchement, quelle approche différente du client. "Bonjour et bienvenue à ma caisse", nous a-t-il d'abord lancé à l'Homme et à moi avant de commencer son travail. Il a été efficace, rapide, poli et surtout souriant. Son acolyte emballeur, qui n'avait pas, du moins je pense, à faire d'efforts surhumains pour ne pas bander, était silencieux mais lui aussi d'une efficience sans reproche. Je me suis dit intérieurement : "C'est l'exception qui confirme la règle". J'errais, encore une fois. À un magasin de fruits et légumes visité un peu plus tard, l'expérience se répète. Une jeune caissière nous a offert elle aussi un service hors pair. Comme je m'excusais d'avoir mis sur le comptoir la monnaie avec laquelle je payais, elle m'a répondu : "Ne vous en faites pas avec ça. Je rencontre régulièrement des clients qui, même s'il voit ma main ouverte pour prendre leur argent, jettent simplement leurs sous à côté comme si je n'existais pas." Je lui ai alors raconté la frustration de la dame de la cafétéria et elle m'a répondu qu'elle vivait aussi la même chose plusieurs fois par jour. "Beaucoup de personnes ne me saluent pas et se contentent de payer sans me regarder".

Humains de la Terre, nous en avons encore à apprendre sur la façon de nous traiter mutuellement bien. En commençant par moi qui ai décidé que toutes les caissières étaient des Virginie. Force m'est de constater que l'espèce est plus diversifiée que ce qu'elle laisse croire à prime abord. C'est d'ailleurs ce que la soeur Psy tentait de me faire admettre hier soir, sans grand succès. Je dois donc lui avouer que j'ai légèrement révisé mes positions sur le je-m'en-foutisme mais que j'hésite encore à les abandonner complètement.

Et à part ça, comme la plupart d'entre vous, je me prépare à entamer une nouvelle semaine de travail. Je vais donc aller au bureau demain matin en me répétant que je dois y être pour éviter à tout ce beau monde de se demander ce qui arriverait si je n'étais pas là!

Je termine en paraphrasant un commercial que j'abhorre sur un magazine insignifiant : Bonne semaine!

vendredi 22 janvier 2010

Oui, Virginie, l'amour des autres ça existe

Chère Virginie,
tu ne connais pas mon nom, seulement ma face. Et j'imagine que tu feras un effort pour t'en rappeler dans les semaines à venir puisque je suis persuadée que tu m'as étiquetée "cliente bitch" depuis mon passage à l'épicerie hier soir. Que veux-tu... le hasard a malheureusement voulu que nos destins se croisent.

Je sais bien qu'être caissière ne doit pas être chose facile. Tu dois entendre régulièrement les plaintes des clients, endurer leur face de mi-carême pendant que toi tu fais l'effort (très minime dans ton cas) de leur dire bonjour sur les ordres de tes patrons et répéter ad nauseam les mêmes gestes toute la journée. C'est ce dernier aspect de ton travail qui a causé ma frustration pendant que je te regardais comptabliser mes achats debout à contempler ta face de fille-qui-aimerait-être-n'importe-où-ailleurs. Je fulminais intérieurement en te regardant t'emparer de chacun des produits pour les passer sous le scanner et ensuite les "pitcher" littéralement derrière toi (je n'arrive pas à trouver d'équivalent pour qualifier la désinvolture et le manque de soin avec lesquels tu touchais à mon brocoli que j'avais soigneusement choisi, mes poires que j'avais minutieusement tâtées et mon melon au miel que j'avais délicieusement humé). Et ce qui devait arriver, arriva. Comme tu n'avais de cesse de tout empiler sans ménagement, tu as ajouté un sac de carottes de trop sur la pile et mes belles carottes bio de couleur se sont écrasées lamentablement sur le plancher. Le choc a quand même été assez fort pour que le sac s'éventre et que les carottes se retrouvent en morceaux. C'est sûr que je n'ai rien perdu au change puisque l'emballeur est allé m'en chercher un autre. Mais j'ai tout de même perdu le peu d'illusions que je gardais encore sur ton goût du travail bien fait.

Justement, parlons-en de l'emballeur. À part le fait qu'il était emballé par ton charme de fille bronzée artificiellement dans les salons (selon l'Homme qui connaît ça plus que moi, il se retenait en fait de bander - l'emballeur, pas l'Homme, enfin je l'espère), là s'arrêtait son intérêt pour ce qu'il faisait. Il n'avait donc pas l'ambition d'être nommé employé du mois grâce à la qualité du service offert. Ce qui fait qu'en sortant du magasin, un des sacs qu'il avait placé en équilibre instable dans le panier s'est ouvert et que l'Homme et moi avons dû courir après deux de nos fromages dans le stationnement. Nous nous sommes aperçus ensuite en mettant tout ça dans la valise de la voiture qu'il avait placé la viande par-dessus les pains. L'un d'entre eux était complètement écrasé! Là, mon sang de consommatrice qui venait de dépenser près de 500 $ n'a fait qu'un tour et je suis retournée dans le magasin.

Je sais que j'aurais pu me contenter de demander à ce que mon pain soit remplacé (ce que j'ai d'ailleurs fait), mais je me suis également plainte au comptoir du service à la clientèle car bon service je n'avais pas vraiment reçu! Et j'ai dû avouer que c'est à ta caisse, chère Virgine, que j'avais vécu cette mauvaise expérience. J'ai cru remarquer, avant de quitter, que tu avais jeté un regard en ma direction. Je ne dirai pas qu'il était noir puisque j'étais un peu loin. J'imagine cependant que c'est à ce moment que tu as dû me coller l'étiquette de "cliente bitch".

Je ne peux certes t'empêcher de croire que je me suis plainte pour rien. Disons à ta décharge que ton attitude ressemble à celle adoptée par de plus en plus de personnes de nos jours. Un laisser-aller, un je-m'en-foutisme un peu généralisés. À la longue, cela devient lourd et lassant. Cela donne l'impression que plus rien n'a d'importance, même pas les relations humaines ou la satisfaction du travail accompli. Je sais que je devrais commencer à me faire à l'idée mais c'est plus fort que moi et je garde toujours l'espoir qu'on va arriver à se défaire un de ces jours de cette très mauvais habitude de penser que rien ne vaut la peine.

Je te souhaite franchement une bonne journée et j'espère que tu seras capable d'accueillir éventuellement avec un véritable sourire les clients/êtres humains qui se présentent à ta caisse.

Une cliente peut-être pas si bitch que ça!
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Notes pédestres : Une superbe journée pour marcher. Avec du soleil en prime. Que demander de mieux, vraiment!

Notes subliminales : Entendu, aujourd'hui, de la bouche de mon superviseur : "Ah! Mais que ferions-nous sans toi?". Phrase inquiétante, comme vous le savez, surtout lorsqu'elle est prononcée dans un moment particulièrement mort au point de vue charge de travail. Réponse que j'aurais pu donner : "Vous auriez un peu plus d'argent pour boucler le budget de la direction". Il faut être réaliste quand même.

mercredi 20 janvier 2010

Fuck it... j'aime aussi Pierre Lapointe

Bon, vous avez sans doute deviné que j'ai assisté ce soir à un spectacle du Grand Pierre. Bien que je n'étais pas certaine d'être au diapason de mon idole parce que je n'avais pas vraiment apprécié sa prestation du mois de juillet dernier au Centre national des Arts, force m'est d'admettre que Pierre est encore une fois venu me chercher. Il faut dire qu'il a apporté pas mal de modifications à son spectacle depuis cet été. Les éclairages, notamment, qui frisaient le minimalisme, étaient aujourd'hui parfois tout simplement époustouflants. Ils rappelaient même, de temps à autre, ceux de Mutantès, ce spectacle extraordinaire qu'il avait donné à Montréal en 2007 et qui a ensuite permis la naissance de son CD Les Sentiments humains. La qualité sonore aussi était nettement meilleure, la magnifique voix de Pierre n'étant pas constamment enterrée par les musiciens. Et les chansons présentées, ainsi que l'ordre dans lequel elles figuraient, avaient aussi été repensées. En voilà un autre qui m'inspire lorsque je m'attelle à l'écriture de poèmes. Tirez vos propres conclusions en lisant les paroles de la chanson Je reviendrai :

J’ai souvent, de vous, été coupé
Par des mouvements insoupçonnés
Isolé par images superposées

J’ai trouvé comment rester debout
Même si de mon corps on coupait le cou
Pour toujours, je resterai parmi vous

Je reviendrai, je reviendrai
Même une fois couché sous terre, je reviendrai
Poussé par les souffles de mon corps, je serai
Par vos sourires, vos cœurs, vos souvenirs
Vivant je resterai
Grâce à vous, par ma voix toujours, je reviendrai

En pleurant jusqu’à m’effondrer
Même en rêvant jusqu’à m’envoler
Au-dessus des blancs nuages flottants

Désolé pour les insouciances
Désolé pour les arrogances
Découlant de tous mes gestes posés

Je reviendrai, je reviendrai
Même une fois couché sous terre, je reviendrai
Poussé par les souffles de mon corps, je serai
Par vos sourires, vos cœurs, vos souvenirs
Vivant je resterai
Grâce à vous, par ma voix toujours, je reviendrai

Et pourquoi ce langage cru utilisé dans le titre du blog? Cela vient d'une conversation fort intéressante que j'ai eue avec la Fille ce soir. Je lui ai fait part de mes problèmes de céréale ambivalente qui peine à trouver un équilibre entre son côté nature et son côté givré, problèmes causés principalement par ma difficulté de m'assumer totalement et de ne pas tenir compte de tout ce que les gens pensent ou disent. La Fille, comme à son habitude, a réglé mes angoisses d'une seule phrase assassine : "Moi ça m'arrive souvent que des gens ne soient pas d'accord avec ce que je fais et, dans ces cas-là, je me dis toujours dans ma tête "Fuck it" et je fais ce que je veux". C'est fou comme la façon dont la Fille voit la vie est simple et sans détour. Dès qu'elle m'a eu révélé sa philosophie, j'ai décidé de l'adopter. Je commence donc dès maintenant en vous affirmant sans ambages que je tripe toujours autant sur le metal mais, fuck it, j'aime aussi Pierre Lapointe!

mardi 19 janvier 2010

Le temps

Je ne suis plus capable. Plus capable de voir les images, de lire les comptes rendus, d'entendre les témoignages. Vous avez deviné que je parle de la catastrophe à Haïti. Plus déchirant encore, plus torturant que jamais, c'est le temps. Le temps qui s'écoule au compte-gouttes. Le temps qui n'en finit plus de passer. Le temps qui s'étire. Le temps qui ne pourra jamais être rattrapé. Le temps que ça prend pour que tous les gens qui ont été dépêchés là-bas pour venir en aide aux sinistrés puissent enfin se mettre à l'oeuvre. Certains l'ont déjà fait avec les moyens du bord. Malheureusement, beaucoup d'autres doivent attendre que des décisions soient prises en haut lieu avant d'agir. Je ne suis pas là à espérer avoir de l'eau, de la nourriture, ou pouvoir enfin me faire opérer. Mais je suis complètement déchirée par la souffrance de ces milliers de personnes en attente.

Même temps aux deux aiguilles bloquées quand on parle de la possibilité d'émettre des visas provisoires pour permettre aux familles haïtiennes d'ici d'accueillir certains des leurs pour les aider jusqu'à ce que ça se replace chez eux. Et, pour meubler ce temps qui passe inexorablement, des mots vides, des promesses vagues, des déclarations creuses. "On examine la possibilité d'alléger les formalités d'entrée au pays." "On se penche sur la question et on prévoit dans un laps de temps plus ou moins long d'en arriver peut-être éventuellement à une solution." "On attend de consulter nos partenaires à ce sujet afin d'établir une stratégie d'action concertée pour répondre aux besoins des victimes de cette abominable catastrophe." "On va d'abord prendre connaissance de l'état de la situation et dès qu'on aura une idée plus précise de ce qui se passe sur le terrain, on réagira en conséquence."

Je suis certainement naïve. Et totalement inexpérimentée dans ce genre de situation. Mais il me semble que, lorsque le temps s'arrête à cause d'un grand malheur, il faut le remettre en marche le plus rapidement possible pour continuer à vivre. Se perdre en palabres inutiles, ça se fait quand on a du temps à ne plus savoir quoi en faire. Mais quand le temps presse, quand ça urge, quand ça crie, il faut bouger. Une semaine après ce terrible tremblement de terre, force est de constater que, malgré nos technologies de pointe, nos avions super rapides, nos soldats et nos secouristes ultra spécialisés, nous ne sommes encore que des humains avec nos limites, nos conventions, nos frontières, nos règlements. Des humains aussi confrontés aux limites imposées par le fait que le théâtre des opérations est situé dans un pays pauvre dont les infrastructures laissaient déjà à désirer.

Je me permets tout de même de m'interroger sur la nécessité de discuter dès maintenant de reconstruction et de nouveau départ quand ces personnes, mes frères et mes soeurs, pleurent, ont faim et ont peur. Si seulement cela pouvait être... je reculerais le temps.
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Notes de transport communes (1) : Je me demande bien pourquoi on accorde autant d'importance à Haïti quand nous vivons ici des choses bien plus graves. À preuve cette déclaration entendue dans l'autobus ce soir après le boulot : "Je ne sais pas quoi faire avec mes cheveux. Tiens, prends ce magazine et aide-moi à choisir ma nouvelle coupe." Quelle chance elle a eu de ne pas avoir sollicité mon opinion ou plutôt quel dommage puisque j'imaginais très bien son crâne nu!

Notes de transport communes (2) : Je n'en peux plus des conversations matinales insignifiantes. Je veux de vrais débats, du sérieux quoi! Heureusement que le metal peut tout enterrer...

dimanche 17 janvier 2010

Quand ça balance

Ces temps-ci, je me sens comme cette céréale à la télévision, vous savez celle qui est tiraillée entre son côté nature et son côté givré. J'oscille constamment et je dirais que je penche plus souvent vers le côté nature ou, comme je préfère l'appeler, le côté obscur. Je le considère comme un côté de moi qui tente de se débarrasser des artifices et de faire fi des conventions et des règles établies dans le but d'explorer d'autres façons de faire. C'est aussi le côté où se cachent mes peurs et mon anxiété. Mais j'ai décidé justement de regarder tout ça en pleine face et d'examiner davantage ce côté de ma personnalité. Ajoutons cela à mes projets pour l'année 2010.

Alors, quand je suis "nature", je marche, j'écris dans mon blog underground et j'écoute bien évidemment du metal. Hier soir, dans l'Antre du Pusher, j'ai d'ailleurs continué à polir mon côté obscur en ayant la chance de découvrir du nouveau metal. C'était encore une fois fascinant. J'ai bien aimé notamment un groupe metal allemand qui s'appelle Rammstein et là, gens de Québec, tenez-vous bien. Ce groupe s'amène sur les Plaines le 18 juillet prochain. Selon le Pusher, c'est un spectacle à ne pas manquer car le groupe en met plein la vue avec effets pyrotechniques à l'appui. Pour vous donner une idée de ce qui vous attend, rendez vous sur YouTube.

À part ça, je marche "à planche" depuis deux semaines. J'ai décidé de me super entraîner, mais non de me surentraîner comme la Fille s'est plu à nuancer mes propos enthousiastes ce matin. Bref, j'arpente mes trottoirs presque tous les jours. Il faut dire que je suis gâtée. La température est douce. En plus, la Ville a fait disparaître les bancs de neige vendredi et je peux maintenant faire tout mon parcours sans rencontrer de glace, ou presque. Aujourd'hui, j'ai fait mon entraînement en me branchant sur une des premières livraisons du Pusher. C'est à cause d'hier. On a aussi écouté des groupes que j'avais un peu oubliés et ça m'a donné le goût d'y revenir.

Je vous laisse avec des extraits de la chanson Walk Away de Five Finger Death Punch, des paroles comme j'aimerais pouvoir en écrire un jour :

I'm sorry for the Demon I've become
You should be sorry for the Angel you are not
I apologize for the cruel things that I did
But I don't regret one single word I said

Would you forgive me
If I told you that I cared
Would you be sorry
If I swore that I'd be there
Please forgive me
For laughing when you fall
I'm so sorry
But I never cared at all

vendredi 15 janvier 2010

Sorry, I don't speak English or do I??!!

Je suis en ébullition. À 11 h 30 aujourd'hui, j'avais déjà marché une heure et demie, soit l'aller-retour entre chez moi et mon coiffeur. Depuis, mon cerveau bouillonne. J'ai commis deux nouvelles chansons metal mais, oh! surprise extrême, en anglais!! Oui, oui, vous avez bien lu.

C'est arrivé sans que je m'en rende compte. Évidemment, j'ai marché comme à l'habitude branchée sur mon metal, sur Five Finger Death Punch plus précisément pour ceux que ça intéresse. Et, comme j'étais presque arrivée à la maison, voilà que les mots commencent à se bousculer dans ma tête. C'est l'inspiration qui fait son chemin. Il n'y a plus moyen de l'arrêter. Les premières lignes jouent en boucle et elles sont dans la langue de Shakespeare. Je me dis que ce n'est pas possible. J'essaie immédiatement de faire appel à Molière pour trouver un équivalent. Peine perdue. Les mots me hantent. Je n'ai plus qu'une envie, celle d'arriver au plus vite à la maison pour m'installer à l'ordi et inscrire dans mon blog underground les mots qui continuent de jouer dans mon cerveau.

Je me suis d'abord dit que ce n'était qu'un hasard et, qu'après le couplet du début, je me retrouverais sans plus rien à écrire. Erreur. La source anglophone ne s'est pas tarie. Je me suis donc rendue jusqu'à la fin de cinq couplets. J'étais estomaquée, renversée, abasourdie. J'ai décidé d'aller cuisiner pour tenter de chasser le mauvais en moi. Naïveté. Pendant que je brassais mes muffins aux bananes, voilà que ça recommence. D'autres mots, j'entendais d'autres mots sur une musique différente mais encore dans la langue du conquérant. J'ai presque raté ma recette en essayant à la fois de mettre ma production au four et de retenir les nouvelles paroles qui s'offraient à moi. (Je viens de réaliser, en relisant ce paragraphe, que la soeur Psy pourrait s'interroger sur le fait que j'entende des choses dans ma tête. Je la rassure tout de suite, cela se limite à des mots. Je n'entends pas de voix, sauf la mienne, bien sûr, qui chante sur des musiques metal les couplets qui émergent de son cerveau effervescent). J'ai donc écrit un deuxième texte, peut-être plus beau que le premier à mon avis. Mais faudra voir ce que le Pusher en pense.

Dire qu'hier soir encore, je lui déclarais haut et fort qu'il ne devait pas se fier sur moi pour écrire des chansons en anglais. C'était sans compter sur les troubles mentaux qui m'affectent de temps à autre. En tout cas, après cette expérience que je qualifierais d'extrasensorielle, j'en viens à la conclusion que plus on marche, plus on écrit. Me reste à vérifier une autre petite chose : si on marche un peu trop, est-ce que notre cerveau peut soudainement muter? Si oui, j'ai besoin illico d'une séance d'exorcisme. "Wolfe, sortez de ce corps avant que j'aie eu le temps de crier : Le Québec, un pays!".

jeudi 14 janvier 2010

Drame à la cafétéria

La matinée s'étirait comme un long ruban d'autoroute. Il était à peine 10 h et j'avais déjà de la difficulté à rester éveillée. Je décide de descendre pour me chercher un journal et une bouteille d'eau. Oui, de l'eau, car j'avais déjà bu trois cafés!

Après avoir été au dépanneur, mon journal sous le bras, j'entre dans la caf pour faire le plein d'eau. J'arrive à la caisse où je suis littéralement prise à parti par la dame qui s'occupe de faire les sandwiches et autres préparations diverses. Je suis là, avec mon argent dans les mains, et j'essuie ses frustrations qui m'éclatent en plein visage sans vraiment comprendre ce qui se passe sauf qu'elle n'a pas l'air de bonne humeur. Ça ne peut pas être moi, je n'ai même pas ouvert la bouche. Non, en fait, elle me prend à témoin du comportement frustrant d'une cliente habituée des lieux. Comme elle n'a de toute évidence pas la tête à me faire payer mon litre d'eau, du moins pour le moment, je décide de l'interroger.

"Voyons, qu'est-ce qui se passe? Vous n'avez pas l'air contente", lui dis-je pour faire preuve d'empathie. "Pas contente, pas contente, je suis enragée. Cette femme vient tous les jours ici et jamais, jamais elle ne me dit merci", me répond-elle avec du feu dans les yeux et le couteau à beurre dans les mains. "Effectivement, ce n'est pas très poli mais, vous savez, elle a sans doute un travail tellement important qu'elle ne peut même pas prendre une minute pour s'apercevoir que vous êtes là". Elle voit par mon ton ironique que je suis de son bord. Alors, elle en remet. "En plus, comme si ce n'était pas assez, aujourd'hui, elle m'a demandé des rôties!". Comme je la regardais d'un air interrogateur, car je ne voyais pas où était le problème, elle me fixe droit dans les yeux et me crie presque : "Ici, on est à Hull et à Hull on mange des toasts, pas des rôties". Qu'est-ce que je pouvais faire sinon qu'acquiescer à cette vérité de La Palice?

N'empêche. Même si on est à Hull et même si on mange des toasts, on mérite d'être reconnu pour ce que l'on est tous, même les plus importants d'entre nous : un être humain à part entière. Alors, je vous dis merci, chères dames de la caf, comme je me fais un point d'honneur de le faire toutes les fois que je vous croise. Sans vous, on mangerait nos toasts pas de beurre.

mercredi 13 janvier 2010

Verte de jalousie

J'ai pris connaissance aujourd'hui, par l'entremise d'une collègue, du blog d'une de ses collègues. Vous me suivez? Je l'espère car je viens tout juste de commencer. Alors, ce blog. Il est écrit par une jeune célibataire de trente ans environ qui y raconte ses déboires amoureux avec, parfois, des détails ma foi assez savoureux. Bon, bon, cessez de saliver. Je vais éventuellement vous en donner l'adresse... dans quelques lignes. Je n'ai quand même pas envie de perdre mon immense lectorat d'un seul coup!

Revenons donc à JolyJosie puisque c'est son nom. Cette fille m'a fait suer surtout lorsque j'ai appris qu'elle avait envoyé ses textes à quelques éditeurs et qu'elle avait reçu des commentaires quand même assez positifs. Du coup, j'en ai perdu mon latin, ma verve et mes espoirs de voir un jour mes écrits reconnus. Comme je vous l'ai déjà dit, et je suis certaine que vous ne m'avez pas crue et je vous en félicite, je n'écris pas nécessairement pour être publiée. Mais pour être lue par exemple. C'est pourquoi je déploie des trésors d'imagination pour renouveler, à chaque message, la façon dont je vous présente mes états d'âme. Je veux évidemment garder votre intérêt. JolyJosie, elle, n'a pas à se creuser les méninges pour dénicher un sujet passionnant, une anecdote amusante, un point de vue différent. Non. JolyJosie fait état sans pudeur ou presque de ses conquêtes et, croyez-moi, elle en a plusieurs. Ne vous en faites pas. Je n'ai pas oublié que je devais vous laisser l'adresse. Un peu de patience, tout de même, et de fidélité envers une bloggeuse décadente.

C'est sûr que si je me compare à JolyJosie, je me sens vieille et dépassée. La drague, ça fait un bout que je ne l'ai pas pratiquée. Et les techniques modernes me laissent pantoise. Les gars ne semblent pas avoir beaucoup changé par rapport au temps lointain où je les fréquentais plus assidûment mais ils ont renouvelé leur stock d'excuses stupides pour laisser tomber les filles. En faisant preuve d'une imagination débridée dans certains cas, ils abandonnent JolyJosie les uns après les autres. Je suis presque fatiguée pour elle.

Je ne pourrai jamais rivaliser avec JolyJosie. Ma vie me semble bien terne mais je suis assez fière de l'imagination, de l'émotion et de l'énergie que j'y investis pour la rendre suffisamment croustillante pour alimenter un blog presque quotidiennement. Allez, je vous ai fait assez languir. Voici l'adresse :

http://lesaventuresdejolyjosie.blogspot.com/


Régalez-vous!
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Notes pédestres : Observé pendant ma marche - Une stupide bonne femme, en train de nettoyer sa voiture, qui a laissé son chien sans surveillance. Le pauvre s'est retrouvé en plein milieu d'une rue fort passante, complètement désemparé, devant des automobilistes qui l'étaient tout autant. Pendant que je regardais autour pour voir si le propriétaire de la bête était dans les environs, j'aperçois la stupide qui regardait la scène sans trop s'en faire. Finalement, elle a rappelé son chien mais sans se donner la peine de l'attacher. J'ai poursuivi ma route pour ne pas commettre un meurtre.
Supporté pendant ma marche - J'en ai assez de contourner les voitures stationnées qui dépassent des entrées et qui se retrouvent en partie sur les trottoirs. Cela ralentit mon pas et me donne de l'urticaire.
Vous ne pouvez pas dire que ma vie n'est pas aussi palpitante que celle de JolyJosie!

mardi 12 janvier 2010

Des maux et des dents

Je suis allée chez le dentiste aujourd'hui. Une de mes activités préférées que je place pas très loin derrière la mammographie. Je plaisante. C'est évidemment moins pénible et moins douloureux la fraise du dentiste.

Peu importe. Chaque visite dans ce cabinet me permet de pratiquer mes techniques de gestion du stress. Je ne sais pas pourquoi je dis ça puisque je n'en ai pas vraiment ou, pour être plus précise, je n'en ai aucune qui fonctionne. Je me suis donc retrouvée sur la chaise honnie avec le coeur qui battait tellement fort que je pensais qu'il était pour me sortir de la poitrine. Et il faut bien donner le change. Alors, à la question de l'assistante du dentiste qui s'enquérait de mon bien-être, j'ai évidemment répondu que j'allais très bien. Et avec un sourire à part ça. J'avais presque l'air sincère, vous savez. Presque.

N'empêche. Pendant que la gueule me gelait et que je me retrouvais seule sur la chaise honnie avant que la fraise ne se mette au travail, je ne sais pas pourquoi mais je me suis soudainement rappelée de mon premier dentiste. Jusqu'à cette heure où je vous écris, je n'ai pas encore réussi à me souvenir de son nom (je suis sûre que l'une des deux soeurs va pouvoir m'aider à combler cette perte de souvenance momentanée. La soeur Psy a déjà sans doute sa théorie à ce sujet. Mais je digresse, comme à l'habitude). Mon premier dentiste donc. Je ne me souviens pas de son nom mais je vois très bien sa face par contre. Il était vieux, du moins dans mes souvenirs embrouillés, et il avait une grosse verrue dans le visage. Ajoutez à cela qu'il fumait, qu'il avait les doigts jaunis par la nicotine et qu'il n'utilisait évidemment pas de gants avant de nous fouiller dans la bouche. Ce genre de protection n'était pas encore à la mode. J'aurais bien aimé en tout cas que le masque ait fait son entrée dans son bureau. Cela m'aurait évité bien des cauchemars!

Bon, bon, la fraise est à l'oeuvre. Que disais-je donc? Ah! oui, mes cauchemars dentaires. C'est que, en plus, je trouvais l'endroit où il pratiquait absolument sinistre. Je détestais le petit immeuble où il rangeait sa fraise (hum... il me semble que je fais dans un autre registre ici. Ce doit être le zigonnage des instruments dans ma bouche), un petit immeuble d'affaires des années 50, brun, en briques brunes laides (essayez de prononcer ces trois mots rapidement, c'est pratiquement impossible, surtout avec la gueule gelée). L'optométriste pratiquait dans le même immeuble, en briques brunes laides. Et je ne l'aimais pas plus que le dentiste, mais pour d'autres raisons.

Ça y est. On entame la partie que je trouve moins pénible, j'ai nommé le remplissage du trou (voilà que je change encore de registre. Vraiment, c'est devenu une manie). Mais je n'ai pas fini l'évocation de mon souvenir dentaire. Ce qui m'est surtout resté de la disposition des lieux, c'est le fameux lavabo rond en porcelaine blanche dans lequel il y avait un petit tuyau qui laissait continuellement échapper de l'eau et qui se trouvait à la gauche de la chaise. Quand le dentiste lâchait finalement sa fraise, il terminait invariablement par ses mots : "Crachez, s'il vous plaît". Et là, c'était l'humiliation à coup sûr. Car comment cracher correctement avec la gueule gelée? Je n'arrivais jamais à diriger convenablement ma salive vers le fameux lavabo et je dégoulinais de la bouche sur ma belle bavette en papier. Je vous le dis, l'humiliation. Une chance que ce dentiste était laid. Et vieux. Et qu'il avait une verrue.

C'est fini. J'ai été assise sur la chaise à peine une demi-heure. Mon nouveau dentiste est jeune. Il ne fume pas. Il n'a pas de verrue non plus. Ni de lavabo. Et sa fraise ne touche pas. Elle effleure. À peine. Je crois que je suis encore gelée. Ça aussi, ça devient une manie.

dimanche 10 janvier 2010

Pourquoi je ne veux pas être réincarnée en Martha

Bilan de mes trois jours de congé :
  1. Ménage du tiroir de ma table de chevet (Je sais que ça n'a l'air de rien comme ça mais vous n'avez jamais essayé de trouver quelque chose dans ce tiroir ou encore d'y faire entrer quelque chose. Croyez-moi sur parole, ça valait la peine!)
  2. Ménage de l'étagère à épices (Je sais que vous n'en n'avez rien à foutre mais vous saurez que ça demande du temps de tout classer par ordre alphabétique, ordre que j'ai réussi à améliorer en regroupant, par exemple, les bouteilles des diverses versions d'une même épice que j'ai séparées très légèrement de celles qui suivent. Ça a l'air compliqué mais c'est surtout un peu maniaque sur les bords. Je suis certaine que la soeur Psy va vouloir en savoir plus à ce sujet.)
  3. Défection des décorations de Noël (Oh! voilà que vous vous inquiétez du terme que j'ai choisi. Moi aussi, mais ça ne me tente pas de faire l'effort de trouver un substantif pour aller avec le reste de la liste. De toute façon, j'étais prête à faire défection pour m'éviter le branle-bas de combat que suppose le rangement - voilà le mot que je cherchais - de toutes les bébelles du temps des Fêtes. À ce propos, les habitués seront heureux d'apprendre que Joseph est revenu au bercail. Il avait apparemment choisi cette période de l'année pour aller dans le Sud - les prix étaient bons - et s'éviter ainsi la cohue des magasins. Il avait l'air reposé et content de reprendre sa place dans la boîte avec sa gang habituelle.)
  4. Travail préparatoire à l'impôt (Imaginez-vous que j'ai trouvé le temps et surtout le courage de regrouper les frais médicaux de la Fille et les miens, et de créer un tableau que je pourrai utiliser en temps voulu. C'est toujours la même chose : je commence tôt et je finis tard. On ne change pas sa nature comme ça. C'est pas de ma faute. Je ne me rappelle jamais d'une année à l'autre les subtilités du logiciel que je m'entête à utiliser et il faut alors que j'appelle à l'aide la soeur du Milieu qui, elle, a habituellement envoyé ses formulaires et reçu ce qui lui revient depuis déjà un certain nombre de semaines quand je me retrouve en panique devant mon ordi.)
  5. Confection (et non réfection) de trois douzaines de biscuits, d'un pain aux bananes, d'une crème de panais à l'orange, d'un rosbif, d'une grosse sauce à spaghetti et d'une lasagne (Mais où sont le monde quand on fait à manger pour une armée? C'est le Fils qui va être content : la prochaine fois que je débarque chez lui, je vais encore remplir son congélateur!).
C'est imposant, non, ce bilan? Je suis contente mais je trouve que j'ai quand même un peu exagéré sur le côté Martha. Heureusement que je suis allée marcher et que j'ai pris le temps d'écrire. C'est ça qui m'a fait le plus de bien. Allez, je vous quitte pour ce soir. Il ne faut pas que je me couche trop tard si je veux être en forme demain pour ne rien faire. Sauf le yoga à l'heure du midi. Ohm!

samedi 9 janvier 2010

De la prorogation à l'angoisse existentielle

Permettez-moi d'entrée de jeu un aparté politique au sujet de cette prorogation du Parlement dont on entend parler abondamment depuis quelques jours. Pour ceux qui ne suivent pas l'actualité, il s'agit de cette décision prise par M. Harper de mettre un terme aux travaux parlementaires et de reprendre le tout après les Jeux olympiques, soit vers la fin mars. Sans prorogation, les députés étaient supposés retourner à l'ouvrage à la fin janvier. Pourquoi tout cela soulève-t-il mon ire? Je vous explique. M. Harper a demandé la prorogation à notre chère gouverneure générale entre Noël et le Jour de l'An. Quand j'ai pris connaissance de cette démarche, j'étais déjà outrée. Outrée doublement parce qu'en agissant ainsi il s'épargnait la suite des choses au sujet de la torture des prisonniers afghans et parce qu'il savait pertinemment que sa manoeuvre allait passer inaperçue alors que les gens étaient à peu près tous imbibés d'alcool. C'est ce qui est arrivé.

Mais voilà que M. Ignatieff, cette semaine, émerge de son coma éthylique pour nous faire part de son indignation par rapport à cette façon de faire. J'ose une question à cet intellectuel aux neurones endormies. Mais où étiez-vous donc quand M. Harper a annoncé son intention? Étiez-vous trop occupé à swingner votre compagnie dans une fête de famille endiablée que vous ne pouviez même pas prendre une minute pour vous opposer à cette nouvelle entrave à la démocratie? Car c'est bien de ce dont il s'agit quand un premier ministre utilise cette prérogative de notre système parlementaire pour s'éviter systématiquement de faire face à la musique. Mais, mais, je me doute de la raison pour laquelle M. Ignatieff n'a pas cru bon réagir plus tôt. Primo, les journalistes, eux-mêmes occupés à swingner leur propre compagnie, ne lui auraient sans doute pas donné la couverture voulue. Et, deuxio, les sondages sont toujours aussi défavorables à l'endroit du chef du Parti libéral; par conséquent, celui-ci n'a donc aucunement avantage à déclencher des élections, surtout pas sur une question de principe. L'indignation à retardement, c'est tellement plus noble, tellement plus... hypocrite!

Bon, mon aparté a été plus long que prévu. À part ça, je voulais commencer ce message en vous annonçant fièrement que ma santé mentale devait être au beau fixe étant donné que, depuis deux jours, je cuisine et je range comme une véritable Martha. Quelle naïveté de ma part encore une fois! Pourtant, je devrais commencer à savoir que mes comportements déphasés indiquent que je souffre d'anxiété. Je vous le prouve tout de go. Cette après-midi, je me prépare pour mon entraînement pédestre. Encore sur la lancée de mon exploit d'hier, j'ai hâte de me retrouver dehors. Comme j'étais presque prête à sortir, il me vient la brillante idée de syntoniser le canal météo pour voir où en était le mercure : - 13. C'est quand même bien surtout qu'il fait beau soleil. Mais voilà que je vois au bas de l'écran : facteur éolien, -21. Ouille! C'est plus froid ça. Qu'à cela ne tienne, je suis habillée, je suis brave, je pars.

C'était sans compter sur ma propension à mettre mon cerveau à "Off" et à commencer à divaguer comme ça ne se peut pas. "Il fait vraiment froid. Peut-être que de respirer de l'air trop froid va me porter à faire une crise d'asthme. Ou bien je vais attraper un gros mal de gorge parce que j'ai entendu dire que ce n'était pas recommandé d'aller faire de l'exercice dehors par temps froid". Et quand j'ai le cerveau à "Off", je n'arrive qu'avec de pénibles efforts à le remettre en branle. Je marchais, par un temps quand même radieux, et je ne voyais rien. À un moment donné, je me suis littéralement arrêtée pour contempler le parc tout blanc, mais d'une blancheur immaculée, et le ciel d'un magnifique bleu foncé. Les couleurs, aujourd'hui, étaient sans nuance. Et elles éclataient. Avec le soleil qui éclairait le tout, ça incitait à la contemplation, pas de son nombril, mais de la nature.

Je poursuis mon chemin et, pendant que je me trouve sur le sentier qui sépare le parc de l'école, paf! Nouvelle prise de conscience. J'étais tellement préoccupée par l'idée de respirer dans mon foulard pour éviter de faire entrer de l'air trop froid dans mes poumons que je me suis rendue compte que je marchais la tête baissée. Stop! Qu'est-ce que c'est que cette incongruité? Quand je marche la tête penchée, je ne vois pas le chemin devant moi. Autre prise de conscience. N'est-ce pas aussi ce que je fais dans ma vie de tous les jours? Quand je ne me fais pas confiance, quand je préfère ne pas prendre de risques pour ne pas me tromper ou ne pas avoir l'air ridicule, quand je décide de subir au lieu d'agir, j'ai la tête baissée. Je vois seulement mes pieds. Pas le chemin que je suis capable de parcourir. Pas la route que je peux décider de suivre. Pas les carrefours qui peuvent m'amener à vivre de nouvelles expériences.

Je me demande. C'est tu le froid qui a remis mon cerveau à "On"? Ou bien c'est tu que j'étais gelée?

vendredi 8 janvier 2010

Metal un jour, metal toujours

J'étais en congé aujourd'hui. Il était temps. J'avais depuis le début de la semaine la tête lourde et l'irrésistible envie de dormir tous les après-midis. Pour ne point faillir à mes bonnes habitudes d'hypocondriaque, j'avais commencé à me demander si je ne couvais pas quelque chose. Eh! bien oui! Je couvais, comme dit l'Homme, un "vieux russe", celui qu'on appelle plus communément "l'écoeurite aigüe du fonctionnaire" qu'il ne faut surtout pas confondre avec la maladie du légionnaire. Ça rime mais ça s'arrête là. Et savez-vous comment je me suis guérie? En marchant, bien évidemment, et à une vitesse qui m'a surprise moi-même.

Il faisait tellement beau. Les trottoirs étaient idéalement dégagés. Et le froid juste parfait, c'est-à-dire pas trop agressant pour geler la face mais suffisamment présent pour offrir aux espadrilles une adhérence du tonnerre. Je flottais presque. En prime, j'ai eu droit à quelques apparitions de Galarneau qui s'était fait diablement rare toute la semaine. Et le metal résonnait meilleur que jamais. J'ai commencé, lors de mon séjour dans l'autre Capitale nationale, à écouter l'un des deux CD livrés par le Pusher à l'occasion des "Fêtes". Je découvre et m'émerveille encore. La musique, les paroles, le tout exprimé de façon à ce que tu te sentes pratiquement défaillir.

Bon, je sais que je ne suis pas objective. C'est pas de ma faute. Je suis droguée... au metal. À un point tel que je m'essaye à écrire des chansons pour ce type de musique comme je vous le mentionnais cette semaine. Je vous disais aussi que l'expérience était fascinante. C'est que, voyez-vous, je croyais que j'arriverais assez facilement à faire parler mes tripes, à les mettre sur la table. Après tout, je vous les livre quand même assez souvent sur ce blog. Mais c'est pas pareil quand on veut les faire chanter. On ne dispose pas d'un nombre indéfini de mots pour exprimer ce que l'on ressent. Et il faut trouver des images qui frappent, il faut arriver rapidement au but, il faut accepter de se mettre à nu et de se regarder en face. En tout cas, pour moi, c'est ce que le metal représente. Même si c'est plus ardu que je le pensais, j'adore l'exercice. Il me semble que j'arrive à toujours aller un peu plus loin, à repousser davantage les barrières des conventions sociales. Bref, je me censure moins.

Mais, mais, ma grande chance c'est que je dispose d'un coach. Et d'un très bon à part ça. Ses commentaires sont constructifs et vraiment utiles. Je me trouve privilégiée de profiter de sa longue expérience et de sa grande sensibilité. Et de son temps aussi car je sais qu'il est très occupé. Un jour peut-être, j'oserai vous faire lire un de mes maladroits essais. En attendant, pour votre plus grand plaisir, je vous laisse avec les mots de la chanson Immortal du groupe Adema :

We're face to face
Loyalty is what I need to see from you
You're insecure
I can see the fear that breeds in your heart
Where will you run? Where will you hide?
I see the blood drip from your eyes
Who will survive? Let's get it on
And we'll fight

I know who you are
The leader of lost souls
You can't kill me
I'm immortal
I'm not afraid to die
My soul will travel on
You can't kill me
I'm immortal
Immortal
Immortal

I need the rush
There's nowhere you could hide before you die
Why won't you face me?
I can see the fear that's in your eyes
Where will you run? Where will you hide?
I see the blood drip from your eyes
Who will survive? Let's get it on
And we'll fight

I know who you are
The leader of lost souls
You can't kill me
I'm immortal
I'm not afraid to die
My soul will travel on
You can't kill me
I'm immortal

mercredi 6 janvier 2010

Réflexions éparses

Je vis des choses inhabituelles, intéressantes, fascinantes même. J'ai dépassé l'angoisse de la page blanche et je viens ce soir de commettre mon troisième poème ou ma troisième chanson, c'est selon. Je vis donc, par l'intermédiaire de ce nouveau processus de création pour moi, des émotions fortes, dérangeantes. C'est vraiment une découverte d'un autre aspect de mon moi-même, une face cachée de mon désir de m'assumer totalement. J'ai donc tenu ma résolution du Nouvel An, pour le moment du moins. J'espère que je pourrai assouvir ce besoin de m'exprimer comme je l'ai si bien fait pour mon besoin d'améliorer ma santé physique.

Heureusement que je peux écrire le soir car ma vie au bureau ces temps-ci s'écoule comme un long fleuve tranquille, trop tranquille. Vous savez que, même si je suis fonctionnaire, j'arrive à trouver des limites à l'oisiveté. Par exemple, si je continue à calculer quotidiennement les prestations de retraite auxquelles j'aurai droit à mon départ, je vais finir par devenir folle. J'ai évidemment déjà procédé à l'épuration de mes courriels et au ménage de mes classeurs. Rappelez-vous à cet égard que je viens de déménager et que j'ai donc tout nettoyé pour l'occasion. Disons que je suis totalement à jour dans ma correspondance personnelle et que j'ingurgite beaucoup trop de cafés pour me tenir éveillée. Je dois même veiller à ce que mon collègue d'à côté ne ronfle pas trop fort. Je prévois que, d'ici une semaine, mes collègues anglophones vont se joindre à nous dans l'inutile présence à assurer de nos corps physiques en ces hauts lieux.

Je composerais bien, avant de décomposer, un petit quelque chose sur cette vie d'employée entretenue, mais je fais dans la véritable émotion et non dans la superficialité. Dommage. Mais pas tant que ça.

mardi 5 janvier 2010

Engoncée, scannée, mystifiée

Engoncée. Voilà la façon dont j'ai commencé la journée. Et je déteste me sentir engoncée. C'était à cause de mon manteau et de la décision que j'avais prise de porter à tout prix le veston acheté pendant les Fêtes pour inaugurer mon retour au bureau. C'est le seul moyen que j'avais trouvé pour me motiver un peu. Bref, j'avais l'air gonflée et surtout boursouflée avec tout ce tissu. Évidemment, je suis tombée sur un chauffeur d'autobus qui voulait nous faire croire que nous étions en Floride et non pas au Québec. Ai-je besoin d'en dire plus? J'ai eu chaud, j'ai suffoqué, j'ai pensé m'évanouir. Les gouttelettes de sueur perlaient dans mon dos, donc sous mon veston neuf, et je ne voulais quand même pas enlever ma tuque. Je n'aime pas me déshabiller dans l'autobus. Si j'enlève mon chapeau et que j'ai une couette en l'air, qui va m'avertir? Personne. Mais tout le monde va la voir par exemple. Et si j'enlève mon manteau, où vais-je le mettre? Si je le plie pour l'installer sur mes genoux, je vais avoir encore plus chaud. Alors c'est le statu quo. Quand je suis arrivée au bureau, j'étais en nage.

Heureusement que je n'avais pas à passer dans un scanner corporel! Avouez que c'est une transition harmonieuse vers mon prochain sujet de mécontentement. Pour dire vrai, ce qui me choque dans cette mesure prise par le gouvernement pour contrer le terrorisme dans les airs, c'est plutôt la façon dont on a allégrement fait fi de toutes les questions de vie privée. Pour enlever nos craintes à cet égard, une porte-parole du Commissariat à la protection de la vie privée est venue nous déclarer que l'organisme avait reçu l'assurance qu'aucune photo ou image ne serait conservée ou archivée. De plus, elle a été informée que l'utilisation de l'appareil en question, qui crée une image tridimensionnelle du "contour" du corps nu des voyageurs, sans brouiller ou voiler aucun endroit du corps, sera tout à fait discrète. Pardonnez-moi de vous quitter quelques instants pour crier mon indignation et/ou rire à gorge déployée. Pause.

Je suis de retour, encore sidérée par l'énormité de ce que les politiciens arrivent à nous faire avaler. Je vous fais une prédiction : dans quelques mois, nous allons apprendre que des agents de douane mal intentionnés ont vendu les images de certains voyageurs, images qui ont été retracées ensuite sur la Grande Toile. Ainsi, le monde entier va se délecter du "contour" de l'appendice mâle d'un chanteur ou d'un acteur connu, ou se demander si le "contour" des boules d'un mannequin-vedette ont été grossies par l'objectif de l'appareil de détection. Moi ce que je retiens surtout de ces mesures "soi-disant" raisonnables selon notre premier ministre, c'est que le terrorisme vient de gagner encore une fois. Le monde a peur et cette émotion s'est insidieusement installée à peu près partout sur le globe.

Nous reste la possibilité de tirer à pile ou face pour tenter de déterminer où ça va frapper la prochaine fois. Et c'est ma transition vers mon dernier sujet d'impatience : les amateurs de gratteux! Juste une petite anecdote qui m'est arrivée hier à l'épicerie. L'Homme et moi avions acheté quelques articles seulement, ce qui nous qualifiait pour la caisse express. C'était sans compter sur le fait que la pauvre employée responsable de la caisse susnommée devait partager son temps entre les clients normaux et les maniaques de loterie. Comprenez-moi bien. Je n'ai rien contre l'achat sporadique d'une promesse de gains fabuleux. J'y succombe moi-même de temps à autre quand les neurones de mon cerveau me lâchent pour quelques minutes. Non, ce qui m'a exaspéré, c'est que la joueuse compulsive dont il est ici question avait choisi le moment où j'étais en ligne pour décider de faire valider une vingtaine de gratteux de toutes sortes. Et je n'exagère pas sur le nombre. Pour chaque billet, la caissière devait elle aussi gratter une case, puis insérer le billet dans la machine de notre merveilleuse société d'État à la fois cause et remède de notre dépendance collective au jeu, et imprimer un reçu quelconque. Ensuite, la gratteuse professionnelle a démêlé tous ses petits papiers et a procédé à l'achat d'une autre série de billets pour la déchéance. Ça n'en finissait plus. "Donnez-moi deux Poules, trois Super 7, un 6/49... Non, non, je vais prendre plutôt deux Célébration 2010, un Jour de paye, trois Poules, alouette!" J'étais dans tous mes états. J'ai obligé l'Homme à changer de caisse... pour être à nouveau retardée par un autre maniaco-loto! Est-ce que la Lune était en brelan hier?
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Notes pédestres : Vous savez, je marche toujours. Même pendant la période des fêtes, j'ai réussi à utiliser mes espadrilles à Montréal et à Québec. Aujourd'hui, c'était difficile sur les trottoirs parce qu'ils étaient passablement enneigés. Et la température douce, qui rendait quand même agréable le séjour à l'extérieur, n'arrangeait toutefois pas les choses car c'était presque impossible d'avoir une bonne foulée : trop mouillé, trop glissant. C'est pas grave. J'avais besoin de faire le vide! Merci, cher Pusher, pour la Marche de Noël. Je tripe encore une fois!!

samedi 2 janvier 2010

Seulement par amour

Il neigeait à plein ciel. La soeur Psy et moi venions de passer plusieurs heures dans les magasins. Nous avions hâte de retourner à la maison car nous commencions à ressentir sérieusement l'effet des abus des derniers jours. Malgré tout, j'ose la question : "Qu'est-ce que tu dirais si nous passions par le cimetière pour aller porter à maman sa couronne de Noël?". La soeur Psy est aventureuse de nature et, je dois le dire, elle n'a pas grand-chose à son épreuve. Vous devinez donc la réponse : "D'accord". Et nous voilà parties pour notre périple envers et contre la chaussée enneigée.

Mais que je prenne quand même ici le temps de vous mettre un peu dans le contexte. Depuis que maman est décédée en 1997, j'ai pris l'habitude de fabriquer ou d'acheter une couronne faite de branches de sapin pour aller la déposer au cimetière. Maman adorait la période des Fêtes parce que cela lui permettait de retrouver toute sa marmaille. Je trouve donc important de lui porter cette marque festive pour indiquer qu'elle fait toujours partie de nos célébrations. Je sais, je sais, une bonne pensée, ça pourrait aussi donner le même résultat. Je suis prête à vous concéder l'argument, mais ce serait certainement moins original et, surtout, moins périlleux. C'est que, voyez-vous, il tombe en général pas mal plus de neige dans l'autre Capitale nationale. Il est donc arrivé plus d'une fois que l'Homme ait à chausser les raquettes pour se rendre jusqu'à la pierre tombale de sa belle-maman préférée pour aller déposer la fameuse couronne.

Aujourd'hui, il n'y a ni Homme, ni raquettes cependant. C'est la soeur Psy et moi. Nous stationnons la voiture en arrière de la petite église et nous nous emparons de la couronne. Il neige encore à plein ciel. Je dois avouer que c'est assez magnifique toute cette poudre blanche qui virevolte autour de nous. Après s'être mutuellement convaincues que nous n'avions besoin ni du sexe opposé, ni d'artifices pédestres pour nous acquitter de notre mission, nous nous dirigeons vers l'extrémité du cimetière où se trouve maman. Évidemment, il n'y a pas de chemin dégagé qui se rende jusqu'à l'endroit de son dernier repos. La soeur Psy, courageusement, enjambe le rempart de neige et commence à marcher. La neige entre à pleines portes dans ses bottes! Elle fait demi-tour et propose que nous procédions plutôt au lancer de la couronne en direction de la pierre tombale maternelle. Je considère sérieusement l'option mais je me ravise. Je décide d'entrer mes pantalons dans mes bottes et de tenter ma chance.

C'est difficile d'avancer à cause de la légère croûte de glace qui s'est formée sous la neige en raison de la pluie tombée la semaine dernière. Pour faire mon chemin, je dois donc faire un effort supplémentaire pour briser la glace et tenter de garder mon équilibre pendant que j'enfonce jusqu'à mi-jambe dans la neige. Il me semble que maman est vraiment loin. Heureusement, la soeur Psy me prodigue des encouragements chaleureux, debout, elle, dans le chemin qui a été déblayé. Je continue encore à braver les intempéries en prenant de temps à autre une petite pause entre deux monuments et en m'accotant, oh! très légèrement, sur la couronne. Quelle chance d'en avoir choisi une grosse cette année! J'éprouve tout de même l'envie de reculer à mon tour quand je commence à me sentir un peu trop essouflée à mon goût. Ai-je besoin de vous rappeler ma tendance à croire plusieurs fois par jour que ma dernière heure est arrivée? Mais je continue en gardant mon regard fixé sur le monument de maman. Enfin, j'y arrive. J'entends les cris de joie de la soeur Psy qui me recommande de ne pas oublier de saluer maman pour elle. J'en profite pour lui demander où je devrais installer la couronne. "Ne la mets surtout pas sur le dessus de la pierre tombale, tu sais comme maman détestait les chapeaux!", me répond-elle. C'est vrai. Je choisis donc d'accoter notre offrande contre la pierre non sans avoir enlevé d'abord un peu de neige pour mieux voir l'inscription. Après avoir adressé à maman les salutations de ses trois filles, je suis repassée dans mes traces. C'était plus facile surtout avec la soeur Psy qui continuait à m'encourager en vantant ma détermination.

Maman aurait été fière de nous, j'en suis certaine, comme elle apprécie assurément d'être fleurie tout l'été grâce aux bons soins de la Soeur du milieu. Nous sommes tellement chanceuses d'être tricotées aussi serrées!

vendredi 1 janvier 2010

L'angoisse de la page blanche

Premier de l'an. Une nouvelle décennie. C'est fou comme le temps passe. Je n'aime pas la sensation d'être constamment en train de vivre le fameux "jour de la marmotte". Et pourtant, plus les années s'additionnent à mon compteur, plus j'ai l'impression de jouer dans le même vieux film. Force m'est d'admettre cependant que les événements ne se répètent pas toujours ad nauseam. De temps à autre, le destin me réserve encore quelques surprises. Heureusement!

Alors, me revoici au début d'une autre page blanche. J'ai le choix d'écrire l'histoire, du moins en partie. Je ne sais pas pourquoi mais je pense soudainement aux increvables résolutions du Nouvel An que l'on nous encourageait à prendre autrefois. Je ne sais pas si c'est encore la mode mais je sais en tout cas qu'on en entend moins parler. Je crois que c'est parce que l'on s'est rendu compte que ces bonnes intentions duraient ce que durent les roses, l'espace d'un... vous savez quoi, ne s'appelleront jamais immortelles, ne seront jamais qu'un feu de joie (merci Jean-Pierre F.).

M'enfin, comme dirait Gaston L., à quoi bon, effectivement, décider de changer quelque chose à notre nous-même si on n'a pas la ferme conviction d'aller jusqu'au bout. Mais comme l'être humain est faible, il est normal aussi qu'il succombe en cours de route. Voilà toute l'ambiguïté des résolutions de début de page. Dans mon cas, je crois n'avoir tenu qu'une seule résolution à vie, soit celle de me mettre en forme pour de bon et de pratiquer la marche régulièrement. En quatre ans, je n'ai pas faibli. Il faut dire que ce n'était pas une résolution de début de page puisque j'ai commencé à m'entraîner pour vrai au printemps. Quelques pages avaient donc déjà été noircies. Je dois avouer, aussi quétaine que cela puisse l'être, que je suis fière de ce que j'ai accompli grâce à cette soudaine résolution de vraiment changer quelque chose dans ma vie. En plus de tous les avantages qui découlent de la pratique d'une activité physique, j'ai repris contact avec l'écriture et la création. C'est totalement stimulant et absolument passionnant.

Tant qu'à me confesser, j'ose vous révéler que, lors d'une de mes récentes escapades sur les trottoirs, j'ai pensé que je m'essaierais cette année à l'écriture de paroles de chansons... metal. C'est la faute au Pusher et à tout le stock qu'il me fait ingurgiter et à son propre projet de réalisation d'un CD avec Mortör. Je suis véritablement fascinée par les émotions que le metal réussit à passer et très, très souvent renversée par la profondeur des idées exprimées. Loin de moi de m'imaginer que je peux accoter ces artistes que je vénère (oui, oui, vous avez bien lu, je capote juste à l'idée que je pourrais un jour serrer la pince à l'une de mes idoles - outre le Pusher, bien entendu, pour qui c'est déjà fait) mais je me dis qu'au mieux je ferai des textes potables et qu'au pire ce sera de la mauvaise poésie. Me reste maintenant à vaincre l'angoisse de la page blanche sur un possible nouveau blog underground... À suivre.