jeudi 28 janvier 2010

Cessez de ménager vos transports!

Ce matin, en observant le comportement de certains passagers dans l'autobus, je n'ai pas pu m'empêcher de me passer certaines réflexions sociologiques. Je vous les livre.

Je vous précise tout d'abord que je compte à mon actif plus de trente ans d'expérience dans le domaine du transport en commun. Si cela ne me qualifie pas automatiquement comme une experte en la matière, cela fait certainement de moi une critique crédible. Avec le temps, j'ai donc remarqué que le contenu d'un autobus, soit les passagers qui le remplissent, semble répondre à une certaine hiérarchie correspondant à la disposition des sièges. Mon constat se base uniquement sur les véhicules que l'on dit "Express" car en dehors des heures de pointe, la faune change considérablement. Et mes constatations aussi. Mais là n'est pas mon propos.

Commençons d'abord par la groupie du chauffeur. Elle est toujours assise sur le siège situé immédiatement à gauche en entrant, ce qui lui permet d'avoir vue sur le sujet qui l'intéresse. Il s'agit habituellement d'une passagère qui connaît le chauffeur ou encore qui veut le connaître. Ai-je besoin de vous faire un dessin? Elle minaude tout le long du parcours, essaie de se rendre intéressante et rit pour tout et pour rien. Elle n'est pas nécessairement jeune. J'ai souvent été témoin de conversations entre un chauffeur qui devient exaspéré et une vieille madame fatigante qui n'en finit plus de compter sa vie. Je vous précise que les observations qui précèdent peuvent aussi toutes être relues en remplaçant le féminin par le masculin. Oui, oui, il y a des groupies hommes car il y a de plus en plus de chauffeurs femmes. Autre fait intéressant à noter : le siège en question peut également être occupé par un ami du chauffeur. Inutile de vous dire que les conversations ne sont pas les mêmes. Nous oscillons dans ce cas entre la dernière partie de hockey et la dernière partie de jambe en l'air!

Viennent ensuite les premières rangées de sièges. Elles sont habituellement occupées par des dames qui lisent des romans Harlequin, échangent des recettes, parlent de leurs enfants ou boivent tranquillement leur café dans de beaux thermos rutilants. Cette dernière activité, cependant, semble plutôt pratiquée par de jeunes femmes. Je crois que les vieilles, dont je fais partie, préfèrent encore attendre d'être au bureau avant d'avaler leur ration de caféine.

Puis on se dirige carrément vers les sièges situés dans le milieu de l'autobus. C'est là qu'on trouve principalement les hommes en habit avec leurs petites mallettes de cuir, les hommes gestionnaires importants avec leur BlackBerry en train de prendre leurs messages (ou de jouer à des jeux vidéos ou de visiter des sites pornos ou que sais-je encore), les hommes retraités qui travaillent toujours et qui lisent des magazines scientifiques pour se tenir à jour et, situation géographique obligeant, les militaires en tenue de camouflage. Petite révélation à ce sujet : le camouflage vert kaki, dans un autobus, ça ne fonctionne pas!

Et, finalement, on arrive à la partie que je préfère : l'enfer! Dans les nouveaux autobus, elle est facilement répérable grâce aux deux petites marches qu'il faut grimper pour y accéder. Je connais quand même assez bien l'enfer étant donné que j'y occupe très régulièrement un siège. Je ne sais pas pourquoi beaucoup de personnes ont aussi peur de s'y aventurer. C'est d'ailleurs cela que je remarquais ce matin. Les gens entraient, jetaient un rapide coup d'oeil pour trouver une place où s'asseoir et, quand ils constataient qu'il n'y avait rien de libre en avant ou au milieu de l'autobus, ils se plantaient debout dans l'allée. Moi je ne fais jamais ça. Je veux m'asseoir, et ce, même en enfer. De toute façon, les habitants de l'enfer sont sympathiques. On y retrouve surtout des jeunes, branchés à leur musique. On n'y entend donc presque jamais de conversations insignifiantes. Il y aussi les rebelles, pushers aux cheveux longs, tatoués, percés, parfois coiffés de couvre-chefs invraisemblables, souvent avec la morve au nez car à peu près jamais bien habillés. Il y a aussi tous ceux qui rattrapent le sommeil perdu. Encore une fois une bonne chose pour se prémunir des propos oiseux. Vraiment, je trouve dommage que l'enfer soit ainsi boudée. Selon moi, c'est la seule section intéressante et vivante d'un autobus rempli de travailleurs. Soyez un peu plus aventureux, que diable!

4 commentaires:

  1. Wow! Prolifique cette semaine! Ça doit faire 5 jours que tu écris quotidiennement sans interruption :O un record! Et j'adore l'analyse sociologique de l'autobus... Je me faisais des réflexions semblables (ou dissemblables) lorsque je prenais l'autobus longtemps.. maintenant il est tout le temps bondé, alors mon attention se concentre plutôt sur ma petite personne (comment faire pour ne pas mourir asphyxiée?)

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  2. Salut Marf, lectrice fidèle. Eh! oui, je bats des records... j'ai le temps.

    J'ai décidé de plonger aussi dans un autre projet, en plus du blog underground, et d'écrire un roman. J'ai une idée. J'ai déjà écrit quelques pages. Je vais voir où ça va me mener. Je t'en reparle assurément.

    La marcheuse prolifique :)

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  3. Wow, super idée! J'espère que tu vas y avoir la même constance que dans ton blog! (en fait je te le souhaite, je sais combien c'est dur!) Bonne chance :D

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  4. Chères productrices d'hitoires, encouragez-vous à écrire pour vos lecteurs qui auront beaucoup d'heures de plaisir à vous lire.

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