samedi 9 février 2013

Bleu et Blanc

J'ai farnienté longuement hier et puis, finalement, vers la fin de l'après-midi, j'ai décidé de prendre mon courage à deux mains et mes espadrilles à deux pieds pour affronter la neige qui tombait en rafales depuis le début de la journée. C'était pas si mal une fois dehors. Les trottoirs n'étaient évidemment pas encore déblayés. Cela n'en rendait l'exercice qu'un peu plus exigeant et, par conséquent, satisfaisait mon âme d'athlète en puissance. J'avais mis la caméra dans ma poche pensant pouvoir immortaliser les éléments déchaînés. Mission plutôt ardue, comme vous pourrez le constater dans les deux clichés qui suivent :



Aujourd'hui, c'était tout autre chose. Le soleil était revenu. Et le magnifique ciel bleu. De la fenêtre de ma chambre, j'avais déjà un avant-goût de ce qui m'attendait :


La maison était un peu ensevelie. J'ai laissé à l'Homme le soin de la déterrer :


Moi j'ai repris le cours de mes trottoirs. Cette fois, toujours au moyen de la caméra, j'avais l'intention de vous faire découvrir l'éclat du bleu du ciel et la virginité du blanc de la neige. Une idée toute simple de prime abord qui s'est avérée plus difficile à réaliser que je ne le pensais. Qu'importe. Pendant que je marchais et que je cherchais un moyen de vous faire béer d'admiration devant l'extraordinaire beauté du firmament, j'ai plutôt été séduite par les arbres. Comme je m'extasie autant devant ceux qui se déshabillent pendant l'hiver que devant les autres qui gardent leur verdure, en voici des deux espèces :



Et que penser de cet arbrisseau qui, je l'espère, va pouvoir traverser la saison froide sans y laisser sa peau :


Allez, tant qu'à y être, une photo pour la postérité :


Ma marche a été longue. Pratiquement deux heures. Faut dire que j'ai pris le temps d'échanger quelques mots avec une gentille dame qui déambulait en ayant l'air d'apprécier autant que moi le froid pas trop froid de cette journée ensoleillée. "L'air est bon, n'est-ce pas?", lui ai-je lancé en arrivant à sa hauteur. "Oui, c'est vraiment agréable d'être à l'extérieur aujourd'hui.", m'a-t-elle répondu en souriant. "Le ciel est d'un bleu saisissant, n'est-il pas?" ai-je poursuivi. "Absolument. C'est ça le drame. Quand on est jeune, souvent, on ne s'arrête pas à ces choses-là. Par contre, quand on vieillit, on prend davantage le temps de les savourer." J'ai opiné du bonnet en me disant toutefois que la contemplation ne constitue pas nécessairement l'apanage des têtes blanches. Il me semble dans mon cas que je pâmoisonne devant les beautés de la nature depuis un temps immémorial. C'est vous dire.

J'ai aussi rencontré un peu plus loin dans mon parcours une sympathique vieille dame prénommée Huguette. Comme c'était quand même glissant par endroit et que nous allions dans la même direction, elle a pris mon bras et nous avons déambulé en devisant gaiement. J'ai appris qu'elle avait 82 ans, qu'elle était veuve, qu'elle habitait la même rue que moi et que ce n'était vraiment pas drôle de vieillir. Nous nous sommes promis de nous revoir. Je l'ai laissée devant la pharmacie. Moi j'ai opté pour le marchand de vin.

Alors, pour le bleu, cela a plus ou moins bien fonctionné. Vous pouvez quand même en apercevoir des bribes au travers des branches. Par contre, pour le blanc, je pense avoir mieux réussi :


Quand une marcheuse urbaine voit son ombre, est-ce que ça veut dire qu'elle est sortie de la noirceur?

samedi 2 février 2013

Divers d'hiver en quelques clics

Je ne peux tout de même pas m'insurger continuellement. Quand j'en ai assez de lire les journaux pour me tenir au courant des trop bêtes décisions de nos politiciens, je sors dehors prendre l'air! Aujourd'hui, il faisait, disons, moyennement froid. Avouez que c'est là une façon très scientifique de mesurer le facteur éolien. En tout cas, cela fait moins peur que les moins 30 degrés annoncés parfois lorsqu'on ajoute la force du vent. J'aime mieux rien savoir finalement!

Je suis donc sortie au début de l'après-midi avec mon joujou de caméra dans la poche. Première constatation : la douce neige qui tombe recouvre en même temps la traître glace des trottoirs. Je pense être assez brave pour marcher sans crampons. Après avoir manqué tomber juste en sortant de l'entrée, je retourne à la maison me transformer en vieille dame peureuse. Et voici les chaussures cloutées :


Je suis d'abord frappée par la pâle lueur du soleil. N'empêche, il est là. Le voyez-vous au travers des branches de mon majestueux érable?


Et c'est parti! Je me rends compte rapidement, cependant, que je ne peux pas me fier totalement aux crampons. À cause de la neige qui s'accumule sous mes espadrilles, il m'arrive quand même de perdre pied. Mais je ne me laisse pas arrêter pour autant et je poursuis ma petite bonnefemme de chemin. Évidemment que je me retrouve au cimetière. Cette fois, je déniche les anges sans vraiment les chercher. J'aime bien celui-ci perché sur sa pierre tombale :


Mais mon coup de coeur, c'est incontestablement celui-là. C'est son attitude de total recueillement qui m'a attirée. À un point tel d'ailleurs que je me suis presque moi-même mise à genoux pour le photographier. J'aurais pu et j'aurais dû. Un peu d'humilité dans la neige n'a jamais fait de tort à personne. À ce propos, il me semble que je vous ai déjà raconté qu'enfant, je m'étais agenouillée dans l'immense banc de neige qui masquait pratiquement le devant de la maison familiale pour rendre grâce à l'incroyable beauté de la nature. Je me souviens que j'étais tellement émerveillée devant les flocons de neige qui virevoltaient doucement autour de moi et tellement envoûtée par le silence qui régnait que je n'ai pas vu d'autre geste à poser que de me mettre à genoux pour remercier le Ciel d'avoir la chance incroyable de profiter de ce moment de pur abandon devant ce trop bref aperçu du Paradis. Bon, assez d'épanchements. À vous d'admirer ou pas :


Et un dernier clic avant de quitter, toujours pour tenter de capter le timide soleil :


Étonnamment, mon attention s'est portée plus loin sur l'alignement des choses. Je mets ce soudain intérêt pour les rangées bien droites sur le compte de ma difficulté à garder mon équilibre tout au long de mon parcours. Voici donc un cliché significatif que j'appellerai doctement "Alignement 1" :


Et voici pour terminer, je vous le donne en mille, "Alignement 2" :


C'est la Fille qui va bien se bidonner devant mes talents de photographe amateur. Pas grave. Je ne pensais pas aimer autant mon cadeau de fête. Merci encore, cher Fils et chère Fille, pour cette merveilleuse idée qui me permet d'exercer autrement ma créativité!

vendredi 1 février 2013

Pourquoi?

Pourquoi je me bats? Pour m'insurger contre ça...

La une du journal Le Devoir ce matin m'a frappée de plein fouet : Les fonctionnaires ont des quotas de prestations à couper. Pour ceux et celles qui suivent l'actualité, vous savez que la réforme de l'assurance-emploi du gouvernement Harper, entrée en vigueur le 6 janvier et présentée comme de simples "clarifications", rend plus difficile le processus de contestation pour les chômeurs refusés. Découlant de sa bonne volonté hypocrite de soi-disant créer des emplois pour tout le monde et non d'offrir de l'assurance-emploi pour tout le monde, le gouvernement demande en plus aux fonctionnaires chargés de livrer le programme de faire tout leur possible pour ne pas verser d'argent aux travailleurs. Un fonctionnaire révèle : "Le problème, c'est que le système met beaucoup de pression pour qu'on coupe les gens, qu'on trouve une faille dans leur déclaration. Tout le travail est organisé comme ça, on se félicite d'avoir coupé un tel, on se relance d'un bureau à l'autre en disant : "mais tu aurais pu l'avoir là-dessus aussi!", on est poussés à être agressifs dans nos questions, à coincer les gens". Le même fonctionnaire indique qu'il y a "certainement des fraudeurs dans le système, mais actuellement, c'est comme si on considérait tout le monde comme un fraudeur potentiel". Tout simplement édifiant.

Il semble malheureusement que cette course contre la fraude, qui étonnamment frappe davantage nos élus lorsqu'il s'agit de coincer de pauvres gens plutôt que de riches copains pourvoyeurs de fonds électoraux, touche aussi notre gouvernement provincial. Ainsi, cette semaine, j'ai été appelée entre autres à dépanner deux mamans qui, parce qu'elles avaient omis de remplir un sondage ou un formulaire quelconque de l'aide sociale, ont été privées de leurs allocations familiales. Considérant le montant déjà ridicule qu'elles reçoivent par mois, vous comprendrez aisément qu'une telle mesure creuse un immense trou dans leur budget. (Vous me permettrez ici un aparté à l'intention des fonctionnaires concepteurs de politiques diverses et autres destinées aux personnes recevant de l'aide sociale - beaucoup d'entre elles n'ont pas de téléphone, elles peuvent donc difficilement joindre les services dont elles ont besoin; presque toutes n'ont pas d'ordinateur ni d'accès à Internet, elles ne peuvent donc pas produire de déclaration en ligne et encore moins recevoir des courriels. Me semble que ces éléments de la vie réelle pourraient être considérés quand vient le temps d'émettre de nouvelles directives.) Dois-je vous préciser que ce n'est pas la première fois depuis un an que j'entends raconter ce genre d'histoires? Faut dire que c'est tellement facile d'enlever leur argent aux personnes démunies : suffit d'envoyer une petite commande dans le système informatique et vlan dans les flancs, voilà un fonctionnaire content d'avoir fait sa job! J'applaudis... à la bêtise.

Et je me bats aussi contre le mépris des grosses compagnies envers leurs travailleurs.

Lu également dans Le Devoir d'aujourd'hui que Best Buy a fermé quatre grands magasins au Québec, sans avis préalable à ses employés. "Ceux-ci, qui s'étaient présentés au travail comme à l'habitude, se sont heurtés à des agents de sécurité et des portes closes. Les appels téléphoniques aux succursales fermées étaient automatiquement redirigés vers les succursales les plus proches et les coordonnées de celles-ci avaient déjà été retirées du site Web de l'entreprise, jeudi matin." Ironie, ironie, un député néodémocrate qui se dit de tout coeur avec ces travailleurs invite les agents de Service Canada à traiter leur demande d'assurance-emploi rapidement. La boucle est bouclée.

Alors, pourquoi est-ce que je continue à me battre?

Parce que je demeure convaincue que nous pouvons, chacun à notre manière, faire une différence pour que notre monde soit meilleur. Parce qu'avec plein de personnes au grand coeur, j'ai bénévolé ce soir avec l'Homme pour aider à l'organisation du premier souper-bénéfice de la Soupière. J'y ai encore une fois côtoyé des gens extraordinaires qui n'ont ménagé ni temps, ni énergie pour assurer le succès de cette merveilleuse initiative. C'est pour ça que je continue. Parce que je sais que je ne suis pas seule à croire qu'on peut changer les choses. Heureusement d'ailleurs, car je trouve souvent que la roche à bouger ressemble davantage à une montagne. Pas grave. Je continue à avancer avec la foi du pèlerin.