vendredi 1 février 2013

Pourquoi?

Pourquoi je me bats? Pour m'insurger contre ça...

La une du journal Le Devoir ce matin m'a frappée de plein fouet : Les fonctionnaires ont des quotas de prestations à couper. Pour ceux et celles qui suivent l'actualité, vous savez que la réforme de l'assurance-emploi du gouvernement Harper, entrée en vigueur le 6 janvier et présentée comme de simples "clarifications", rend plus difficile le processus de contestation pour les chômeurs refusés. Découlant de sa bonne volonté hypocrite de soi-disant créer des emplois pour tout le monde et non d'offrir de l'assurance-emploi pour tout le monde, le gouvernement demande en plus aux fonctionnaires chargés de livrer le programme de faire tout leur possible pour ne pas verser d'argent aux travailleurs. Un fonctionnaire révèle : "Le problème, c'est que le système met beaucoup de pression pour qu'on coupe les gens, qu'on trouve une faille dans leur déclaration. Tout le travail est organisé comme ça, on se félicite d'avoir coupé un tel, on se relance d'un bureau à l'autre en disant : "mais tu aurais pu l'avoir là-dessus aussi!", on est poussés à être agressifs dans nos questions, à coincer les gens". Le même fonctionnaire indique qu'il y a "certainement des fraudeurs dans le système, mais actuellement, c'est comme si on considérait tout le monde comme un fraudeur potentiel". Tout simplement édifiant.

Il semble malheureusement que cette course contre la fraude, qui étonnamment frappe davantage nos élus lorsqu'il s'agit de coincer de pauvres gens plutôt que de riches copains pourvoyeurs de fonds électoraux, touche aussi notre gouvernement provincial. Ainsi, cette semaine, j'ai été appelée entre autres à dépanner deux mamans qui, parce qu'elles avaient omis de remplir un sondage ou un formulaire quelconque de l'aide sociale, ont été privées de leurs allocations familiales. Considérant le montant déjà ridicule qu'elles reçoivent par mois, vous comprendrez aisément qu'une telle mesure creuse un immense trou dans leur budget. (Vous me permettrez ici un aparté à l'intention des fonctionnaires concepteurs de politiques diverses et autres destinées aux personnes recevant de l'aide sociale - beaucoup d'entre elles n'ont pas de téléphone, elles peuvent donc difficilement joindre les services dont elles ont besoin; presque toutes n'ont pas d'ordinateur ni d'accès à Internet, elles ne peuvent donc pas produire de déclaration en ligne et encore moins recevoir des courriels. Me semble que ces éléments de la vie réelle pourraient être considérés quand vient le temps d'émettre de nouvelles directives.) Dois-je vous préciser que ce n'est pas la première fois depuis un an que j'entends raconter ce genre d'histoires? Faut dire que c'est tellement facile d'enlever leur argent aux personnes démunies : suffit d'envoyer une petite commande dans le système informatique et vlan dans les flancs, voilà un fonctionnaire content d'avoir fait sa job! J'applaudis... à la bêtise.

Et je me bats aussi contre le mépris des grosses compagnies envers leurs travailleurs.

Lu également dans Le Devoir d'aujourd'hui que Best Buy a fermé quatre grands magasins au Québec, sans avis préalable à ses employés. "Ceux-ci, qui s'étaient présentés au travail comme à l'habitude, se sont heurtés à des agents de sécurité et des portes closes. Les appels téléphoniques aux succursales fermées étaient automatiquement redirigés vers les succursales les plus proches et les coordonnées de celles-ci avaient déjà été retirées du site Web de l'entreprise, jeudi matin." Ironie, ironie, un député néodémocrate qui se dit de tout coeur avec ces travailleurs invite les agents de Service Canada à traiter leur demande d'assurance-emploi rapidement. La boucle est bouclée.

Alors, pourquoi est-ce que je continue à me battre?

Parce que je demeure convaincue que nous pouvons, chacun à notre manière, faire une différence pour que notre monde soit meilleur. Parce qu'avec plein de personnes au grand coeur, j'ai bénévolé ce soir avec l'Homme pour aider à l'organisation du premier souper-bénéfice de la Soupière. J'y ai encore une fois côtoyé des gens extraordinaires qui n'ont ménagé ni temps, ni énergie pour assurer le succès de cette merveilleuse initiative. C'est pour ça que je continue. Parce que je sais que je ne suis pas seule à croire qu'on peut changer les choses. Heureusement d'ailleurs, car je trouve souvent que la roche à bouger ressemble davantage à une montagne. Pas grave. Je continue à avancer avec la foi du pèlerin.

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