dimanche 26 décembre 2010

Entre-deux

C'est drôle. J'ai réalisé aujourd'hui que nous étions dans un entre-deux. Entre la fin d'une année et le début d'une autre. Entre le réveillon du 24 veille de Noël et le réveillon du 31 veille du Jour de l'An. Entre deux partys. Pour certains, entre deux brosses. Pour d'autres, entre deux magasins. Entre un écoeurement de trop plein de bouffe et une anticipation des festins encore à venir.

Je n'aime pas particulièrement le fait d'être assise entre deux chaises. De ne plus savoir sur quel pied danser ou à quel saint me vouer. De même ignorer quelle journée on est. Ça me fait un effet bizarre en dedans. Je ne sais plus si je suis fatiguée ou si j'ai pris du temps pour me reposer. Je ne sais plus si je dois rire ou si je dois encore des larmes verser. Faut que je vous dise pour expliquer ce dernier entre deux émotions que j'ai eu des nouvelles de la Fille hier. Elle était toujours à Madrid. Me semble. En tout cas, ce qui m'a surtout dérangée c'est qu'elle ne se sentait pas bien. Elle avait sa voix de petite fille malade. Elle faisait de la fièvre. Bref, elle filait un mauvais coton. Et moi qui suis à des kilomètres et des kilomètres et qui ne peux rien faire pour prendre soin d'elle. Je suis maternellement préoccupée. L'Homme dit qu'il est indifférent (ce qui n'est absolument pas vrai!). Alors j'oscille entre l'inquiétude lancinante et l'espérance folle. Je voudrais qu'elle revienne tout de suite et je souhaite qu'elle puisse terminer son aventure comme elle a décidé de la vivre. C'est vraiment épuisant ce jeu de yoyo intérieur.

Tant qu'à être dans le mode confidence, j'ai le goût de vous dire que j'ai vécu la plus belle Messe de Minuit depuis longtemps. Dans ce domaine-là aussi, c'est le règne de l'entre-deux. Est-ce qu'on continue à croire dans l'Église ou est-ce qu'on privilégie le Message? Est-ce qu'on a envie de préserver des valeurs spirituelles dans notre vie ou est-ce qu'on jette tout par-dessus bord? En tout cas, dans la cathédrale où je suis allée, des gens semblaient avoir pris position. Plein, plein de gens. Je n'avais pas vu une telle affluence dans une église depuis belle lurette, toutes messes de Noël confondues. Des familles, des enfants, des ados, des jeunes, des vieux. Ils étaient partout. Dans les jubés, derrière l'autel, dans le choeur et, bien évidemment, dans la partie centrale. Il faut dire que le célébrant est un prêtre extraordinaire que nous avons connu quand le Fils et la Fille étaient au primaire. Nous allions alors dans sa paroisse uniquement pour garder notre progéniture intéressée par la chose religieuse.

Je vous disais donc que la messe a été dite par un homme de passion. Un homme vrai. Un homme franc. Un homme qui proclame le Message de façon magistrale. Un homme qui vit intensément et ça se sent. Un homme qui a déjà averti ses ouailles qu'il ne fallait pas venir à la messe pour lui mais plutôt pour Lui. Ce qui est bien différent, c'est vrai. Mais, en même temps, lui est tellement Lui qu'on a juste envie de le suivre, de les suivre en fait. Il a encore une fois réussi à me brasser l'entre-deux religieux. Il m'a donné le goût de me rapprocher de Lui pour partager davantage, pour être assoiffée de justice, pour devenir un artisan de paix, pour cultiver la bonté et l'amour. Il nous a laissé comme message principal : "Garder du sacré dans votre vie".

Ça fait deux jours. Et je suis encore remplie de la joie intense que j'ai ressentie à me retrouver en communauté, à écouter ce pasteur formidable, à chanter du gospel pour mieux prier. Dans mon âme, au moins, il n'y a plus d'entre-deux. J'ai choisi Lui et j'ai laissé au Diable les autres!
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Notes pédestres : J'ai quand même trouvé le temps avec la soeur Psy d'aller m'entraîner deux fois dans cet entre-deux. Les trottoirs sont absolument pas bien déblayés mais la température est absolument agréable pour marcher. Et, vraiment, entre deux abus, prendre l'air ne peut qu'être bénéfique.

mardi 21 décembre 2010

Réveillez-moi après minuit

Par où commencer? Où est le fil conducteur de cette satanée troisième journée avant le fameux réveillon du 24? Je ne sais trop. Je sais seulement que le mal de cou que je traîne depuis le départ de la Fille en septembre ne s'est pas amélioré aujourd'hui.

La Fille. Parlons-en justement. Elle a téléphoné ce matin à la maison. C'est le Fils qui a répondu. Elle lui a appris qu'elle avait été volée. Son passeport. Son portable. Sa carte de crédit. Elle va bien cependant. Elle était à l'ambassade du Canada à Madrid où elle tentait de récupérer son identité. Évidemment, je redeviens utile dans ce genre de situation. Qui c'est qui a fouillé pour retrouver les originaux des papiers dont elle a besoin pour régler les formalités administratives découlant de sa mésaventure? Oui, c'est bibi. Et qui c'est qui va faire la file demain au bureau des passeports pour présenter les papiers en question, fournir le numéro de télécopieur où envoyer les renseignements demandés et donner l'adresse de courriel de l'agente responsable du dossier de la Fille en Espagne? Oui, qui? Je vous le demande. C'est encore bibi. Pas grave. Je dois bien ça à la partie de ma progéniture qui choisit de fêter Noël loin de la famille. Sentez-vous mon désarroi? Ma peine. Ma légère irritation. En tout cas, mon cou les sent ces émotions et ça fait vraiment mal.

Je n'ai pas hésité, malheureusement pour eux, à partager ma frustration maternelle avec l'Homme et le Fils qui tentaient vainement tous deux de me faire voir le bon côté des choses. Après avoir rempli un seau de larmes, j'ai repris courage et je suis retournée popoter avec le Fils qui avait commencé la confection des raviolis chinois. C'est Noël après tout! Et l'Homme, pour me faire plaisir, décide d'aller dehors pour déplacer légèrement vers la droite le projecteur qui éclaire le Petit renne au nez rouge installé près de l'étang et un pot de plantes avec des poinsettias en plastique. Eh! oui, je ne suis pas contente de l'installation depuis ses débuts. Je veux à la fois voir le cervidé et l'étang. L'Homme s'empare d'une espèce de pieu en métal qu'il compte enfoncer dans le sol pour pouvoir ensuite y planter le fameux projecteur. En même temps, il prend une de mes casseroles qu'il remplit d'eau chaude pour faire fondre la glace qui se forme constamment autour du fameux bulleur destiné à oxygéner les participants d'Occupoisson Double, version hivernale sous-marine.

Le bulleur. Parlons-en justement. Vendredi dernier, il a complètement cessé de fonctionner. Panique dans la demeure. J'étais seule à la maison. Désespérée, j'ai installé deux casseroles pour m'assurer que les barracudas auraient un trou assez grand pour respirer pendant que je m'activais sur la Toile pour tenter de savoir quoi faire avec un bulleur récalcitrant. Devinez quoi? J'apprends que le tube de plastique qui constitue l'arrivée d'air peut être victime de condensation. Vraiment? Ce minuscule tube qui court sous la neige peut étouffer sous les gouttelettes? Vous m'en direz tant. J'ai donc tout défait et rentré le vilain appareil au chaud. Le soir, quand l'Homme a tout remis en place, les bulles ont repris de plus belle et les barracudas ont organisé un party d'avant Noël.

Alors, l'Homme et sa casserole. L'Homme et son pieu. Ils sont dehors pendant que le Fils et moi replions notre soixante-quatrième ravioli et que les carrés aux dattes ayant fait l'objet d'une demande spéciale de la soeur Psy sont au four. Nous trouvons que l'absence de l'Homme se prolonge un peu mais voit-on vraiment le temps passer quand on remplit des ronds de pâte? Finalement, l'Homme rentre, l'air piteux. Il nous regarde et brandit un pieu de métal maintenant sectionné en deux parties. "Le sol était gelé en profondeur. Je pensais que le pieu serait plus solide. Je n'ai même pas réussi à bouger le projecteur", qu'il nous dit. "Voyons, c'est pas grave", que je lui réponds, magnanime. "Tu regarderas ça demain, à la clarté du jour." Je vois bien que ma compréhension de la situation ne semble pas lui apporter de soulagement. "C'est que j'ai eu un autre problème", qu'il nous dit. "J'avais laissé la casserole sur la glace pendant que je tentais de déplacer le projecteur et quand je me suis retourné pour voir si la glace avait fondu, j'ai vu que la casserole était en train de couler à pic dans le bassin. J'ai juste eu le temps de la récupérer mais j'ai perdu le couvercle dans le fond de l'eau. J'ai essayé de le rattraper mais j'ai seulement réussi à mouiller complètement mes gants et à me geler les mains." Effectivement, ses mains étaient rougies par le froid et elles tenaient une casserole dorénavant privée de son chapeau.

Les barracudas vont être contents. Depuis le temps qu'ils rêvaient d'une batterie Lagostina. Ils ont maintenant le premier morceau!

dimanche 19 décembre 2010

Le Noël des femmes

Vous connaissez Denise Bombardier? Journaliste, écrivaine et grande admiratrice de notre Celine "pas d'accent aigu" nationale. Elle tient chronique dans le journal La Presse la fin de semaine. Je la trouve pédante, hautaine, prétentieuse. Elle semble toujours vouloir abreuver de ses connaissances et de son savoir infini le pauvre peuple, c'est-à-dire nous, ignorants lecteurs. Je n'aime pas particulièrement son attitude d'intellectuelle "après moi le déluge". Voilà pourquoi je ne la lis pas régulièrement.

Hier, toutefois, je suis pour une fois tombée d'accord avec une partie de sa réflexion sur la fête de Noël. Denise prétendait donc que la naissance de l'Enfant et, surtout, toutes les célébrations et les ripailles qui l'entourent, tombent inévitablement sous la responsabilité des femmes. Ce sont elles qui prennent charge des rencontres de familles, de celles qui réussissent comme de celles qui échouent lamentablement. Ce sont elles encore qui se passent le flambeau de grands-mères à mères, de mères à filles, avec les recettes qui viennent avec l'art de recevoir.

Quand j'ai lu ça, il y a eu comme un déclic dans ma tête. Je me suis dit : "C'est drôlement vrai que c'est à nous, les femmes, qu'incombe de rendre ce temps de l'année féérique et magique." Toute une responsabilité. Et nous la prenons sur nos épaules sans trop nous en apercevoir. Au début, on aide simplement notre mère. On participe à la confection des recettes, au service à la table, à la décoration de la maison, à l'envoi des cartes de Noêl, à l'emballage des cadeaux. Puis, un jour, on fait tout ça et on s'occupe en plus de choisir les recettes, d'acheter les ingrédients, de cuisiner les plats, de décider du contenu et du nombre de cadeaux à acheter, de renouveler l'art d'envelopper les présents et de jouer à Houdini pour les cacher des enfants jusqu'à la Grande Nuit, d'organiser le réveillon, de lancer les invitations, de planifier la disposition des places autour de la table jamais assez grande, de penser à offrir un petit quelque chose à tous ceux pour qui on devrait le faire en vertu de conventions qu'on ne connaît pas mais qu'on apprend à maîtriser sur le tas, de choisir les vêtements que toute la famille va porter pendant les festivités et de magasiner au besoin pour remplacer le pantalon propre devenu trop petit ou la paire de souliers trop usés, d'assister aux spectacles des enfants à la garderie et à l'école, aux récitals de piano ou de danse, de préparer la maison pour recevoir les invités, et de faire bien plus encore sans jamais avoir trop le droit de se plaindre et d'être fatiguée.

"Un instant!", s'est insurgé l'Homme quand j'ai commencé ma litanie, "ce n'est pas vrai que tu fais ça toute seule. Je t'aide continuellement." C'est vrai, je le reconnais. Et c'est justement de ça dont je m'ennuie parfois. Simplement aider. Comme je le faisais avec ma mère quand c'est elle qui voyait à tout. Mais comme je ne me rendais pas compte à ce moment-là des innombrables détails entourant la logistique de cette grande fête! Cela semblait si facile. Un coup de baguette magique de la fée de la maison et ça y était : le sapin brillait et trônait tel un pacha au-dessus d'une montagne de cadeaux enrubannés, et tout le monde s'amusait en se bourrant la face dans la bonne bouffe de saison.

Je ne peux tout de même pas briser la tradition. Aujourd'hui, j'ai ajouté une douzaine de muffins aux bleuets avec garniture streusel aux amandes, cinquante biscuits aux deux chocolats et une quarantaine de bouchées au fromage au boeuf bourguignon, aux carrés au citron et aux fèves au lard déjà dans le congélo. J'ai eu l'aide de l'Homme pour la vaisselle... et pour la dégustation des desserts. Après tout, il ne faudrait pas empoisonner un invité. Et, à partir de demain, je m'adjoins l'aide du Fils qui va confectionner avec moi les raviolis chinois. Je demeure en charge des manoeuvres mais, au moins, j'ai du renfort!
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Notes pédestres : Il faisait ce temps d'hiver où on pourrait rester dehors indéfiniment. Tout naturellement, les gens s'attardaient d'ailleurs à échanger plus longuement que le simple bonjour rapide des périodes froides de la saison. Les trottoirs n'étaient cependant pas dégagés et la sloche rendait les pas plus ardus. D'un autre côté, l'entraînement n'était que plus méritoire.

samedi 18 décembre 2010

Une production signée Corée-Chine-Québec

En plus de me plonger dans le temps des fêtes, le mois de décembre me fait couler dans mes souvenirs. 1987. 1990. Deux années qui ne vous disent peut-être rien. Pour moi, elles ont marqué mon coeur car elles m'ont permis de devenir une maman.

Le 12 décembre 1987. Lieu : l'aéroport de Dorval. Présents : papa nerveux, maman qui ne se peut plus, grands-parents paternels en émoi, couple d'amis sur le bord des larmes. Finalement le voici, le Fils tant attendu. Il dort dans son petit pyjama à rayures blanches et bleues. Il est tout ce que nous voulions, tout ce que nous espérions. Nous le prenons dans nos bras comme un trésor précieux, nous l'embrassons en essayant de ne pas l'effaroucher. Mais rien n'ébranle le calme de notre angelot. Nous ne savions pas encore que nous venions d'hériter de l'incarnation du calme Bouddha.

En arrivant dans notre maison, l'Homme a d'abord pris le Fils pour lui faire visiter les lieux. Il lui nommait chacune des pièces, lui expliquait à quoi elles servaient et ce qu'on y trouvait. Les yeux grand ouvert, aussi grand que ses petits yeux bridés le lui permettaient, le Fils regardait partout sans dire un mot. Il observait. Il n'a pas changé. Il a gardé la curiosité de savoir comment tout fonctionne. Dans quelques mois, il sera ingénieur. Mais, mieux encore, il est surtout un homme accompli, un frère protecteur et présent, un fils aimant et respectueux. Merci la Corée!

Le 18 décembre 1990. Lieu : l'aéroport de Dorval. Présents : Fils énervé de voir le bébé-soeur promis, grands-parents paternels en émoi, amis sur le bord des larmes, soeur Psy qui a bravé la tempête de neige. Finalement nous voici, avec la Fille tant attendue. Elle est bien réveillée. Elle regarde tout le monde. Elle tend ses petites mains vers le Fils qui lui touche doucement le visage. Je pleure. Je suis fatiguée de ce long voyage mais si heureuse d'avoir ma famille autour de moi.

Deux jours après son arrivée, la Fille, cette battante, livre un autre combat. Elle entre à l'hôpital où elle sera éventuellement opérée. Heureusement, c'est une histoire qui finit bien. Elle sort le jour de Noël. Il y a quelques flocons qui tombent. Je respire car je la sais maintenant hors de danger et prête à commencer, cette fois pour de bon, sa nouvelle vie.

La Fille aussi n'a guère changé. Elle est encore déterminée et décidée. Dans son cas, c'est de la fougue du Dragon dont nous avons hérité. De sa combativité aussi puisque la Fille n'a de cesse de vouloir réaliser ses projets envers et contre tout et tous. C'est un pigeon voyageur qui, pour l'instant, ne se pose jamais longtemps. Mais, mieux encore, c'est une femme brillante et créatrice, une soeur admirative et complice, une fille enjôleuse et pleine de surprises. Merci la Chine!

mercredi 15 décembre 2010

Fascination pédestre

J'aime tellement mes pieds. Ils m'amènent partout. Ils me permettent de ne dépendre d'aucun véhicule à moteur quand je dois me déplacer dans un rayon raisonnable. Et puisque je suis de plus en plus en forme, ce rayon s'étend constamment.

Aujourd'hui, comme je m'en étais fais la promesse hier soir, je me suis ainsi rendue partout grâce à mes extraordinaires pieds! J'ai marché environ une heure et demie pour me présenter à l'hôpital pour l'écrasement annuel de mes excroissances mammaires. Au moins, j'avais eu le temps d'emmagasiner suffisamment d'oxygène pour être en mesure de retenir mon souffle six fois pendant que le plateau transformait mes bonnets D en minuscules A moins. Ouf!

J'ai tout détesté de mon bref séjour à l'hôpital. De la construction qui fait en sorte que l'on doit passer par les urgences pour se rendre à la radiologie, à la jaquette bleue pâle avec des motifs que j'ai décidé d'associer à des étoiles pour m'encourager et faire plus de saison, jusqu'à la présence honnie du quotidien de PKP dont j'ai détourné mon regard même lorsque j'ai constaté que ce vil représentant d'une victoire patronale abjecte représentait la seule lecture disponible. En tout cas, je suis bonne pour une autre année. Je me croise juste les doigts dans l'attente des résultats qui, je l'espère, auront été établis par un radiologiste fiable. Je vous dis que la vie d'une hypocondriaque n'est pas facile par les temps qui courent. Quand je pense que je ne peux même plus être rassurée par un diagnostic favorable. Et s'il s'agissait d'une erreur d'interprétation? Des heures d'angoisse en perspective...

Bon, j'ai quand même réussi à retrouver la sortie, le soleil, l'air frais de cette magnifique journée d'hiver. Un autre vingt minutes de marche pour aller rencontrer l'Homme pour le lunch. Ce dernier ne pouvait évidemment s'éterniser à notre petit resto préféré, mais moi oui. J'ai donc pris un deuxième café et j'ai lu pendant presque une heure. C'était tellement relaxant d'avoir le temps. Ça m'a fait rêver à la retraite. Je suis certaine que je pourrais facilement adopter ce rythme. Plus lent.

Je n'y suis toutefois pas encore. J'avais prévu faire aussi des courses au centre commercial. Une autre demi-heure de marche (merci mes pieds mignons!) et j'y étais. Je ne sais pas si je dois attribuer ma déconcertante facilité à trouver ce dont j'avais besoin au bien-être ressenti par mon corps revigoré par le plein air, mais j'aime à le croire. En une heure et demie à peine, j'avais complété mes achats. J'ai même eu le temps de me trouver des pantalons et de les faire ajuster. Pas mal bien, non?

À 16 h 30, je quittais les lieux pour me diriger vers le magasin où l'Homme travaille. Une autre demi-heure de jouissance à regarder mes adorables pieds, littéralement infatigables, me transporter jusqu'à mon point d'arrivée. J'avais quitté la maison ce matin sous un soleil resplendissant. Il faisait maintenant noir. Tu parles d'une sacrée belle journée!

mardi 14 décembre 2010

Moyen transport!

Que du quotidien et rien d'autre. Aujourd'hui, le voyage de retour dans le wagon à bestiaux tenait du pur exploit. Vingt minutes de retard dès le point de départ. Avouez que ça commençait mal. Et un trafic à vous donner envie de marcher jusqu'à la maison, même si mort s'ensuit. Car tout était bloqué. Partout.

Seul bonheur dans mon sombre horizon : j'étais assise. Ce coin de ciel bleu fut cependant de courte durée. En effet, le chauffeur, prévoyant sans doute la randonnée qui s'éternise, avait décidé de garder ses bestiaux au frais. J'avais les pieds gelés. À l'imprudence (ou devrais-je plutôt dire ici l'impudence) que j'avais eue d'enlever mon chapeau, j'ai dû bien vite remédier avant que mon cerveau ne prenne en glace.

Comble de malheur, je suis tombée de façon évidemment involontaire sur un autobus rempli de bibliothécaires! Un silence de mort régnait. Pour une fois que j'avais envie d'entendre les potins insignifiants, mais parfois juteux, du wagon, personne ne soufflait mot. À côté de moi, une étudiante ou une fonctionnaire zélée noircissait une tablette lignée. Elle était jeune. Ça faisait drôlement longtemps que je n'avais pas vu un spécimen de cette génération avec un crayon à la main. D'habitude, ce sont plutôt tous les bidules électroniques que ces moins de trente ans manipulent allégrement.

Alors, rien d'intéressant à babord. Voyons ce qui se passe à tribord. Zut! Un gros endormi. Ce n'est pas ce soir que je vais agrandir le cercle de mes amis. Que faire? Que faire! Je ne voulais pas me brancher moi-même étant donné que je prévoyais aller marcher en arrivant à la maison et que je ne voulais pas souffrir d'une surdose de métal. En plus, ma batterie était pratiquement à plat. J'ai tout de même tenté d'écouter la radio. Oui, j'ai découvert il y a quelques jours, et cela par totale inadvertance, que mon lecteur mp3 était muni de la radio. Du moins, c'est ce que je crois mais je n'ai aucune preuve à l'appui puisque je n'ai pas réussi à écouter quoi que ce soit. Je pense avoir réussi à programmer un poste, sans plus. Tout ce que j'entendais, c'était des grichements. J'avais espéré au moins apprendre la raison pour laquelle nous nous retrouvions ainsi enlisés en plein coeur de la ville.

J'ai dû prendre mon mal en patience. Comme tout semblait vouloir se liguer contre moi, je n'éprouvais pour faire exprès aucune envie de tomber, même pour pas longtemps, dans les bras de Morphée. Faut dire que la pauvre avait déjà un lourd fardeau. Ça parle peut-être pas des bibliothécaires, mais ça somnole en masse et en groupe.

Plus d'une demi-heure après mon entrée dans le tombeau roulant, je constate que nous avançons un peu plus normalement. On dirait que le trafic se dégage sur l'autoroute. C'est pas trop tôt. Je me préparais à réveiller tout le monde et à caller un set carré. Et swing la baquaise dans l'fond d'la boîte à bois! Je ne sais pas si j'aurais eu du succès mais j'aurais eu le mérite, au moins, de proposer une activité de saison.

Finalement, une heure et des poussières plus tard, je mets le pied sur le trottoir familier. Il fait noir. Il fait froid. Ce n'est à peu près pas déblayé. Je suis écoeurée. J'éprouve beaucoup de difficulté ces temps-ci à me motiver pour m'entraîner le soir justement à cause de ces voyages épuisants en transport commun. Depuis plusieurs semaines, à cause des zones sinistrées du boulevard, nous n'en finissons plus d'effectuer un retour bien mérité dans notre "maison sucrée maison" (une expression de l'Homme qui s'amuse à traduire les dictons de l'autre solitude - vous aurez reconnu ici "Home Sweet Home"). J'ai donc sauté dans mon pyjama plutôt que dans mes espadrilles. Heureusement qu'il y avait yoga ce midi. D'ailleurs, je suis certaine que vous aviez déjà noté la zénitude qui m'habitait tout au long de ce trajet vers l'abattoir.

Demain je suis en congé. Je fais tout à pied. Je ne veux même pas voir l'ombre de l'apparence d'un quelconque véhicule à moteur.

dimanche 12 décembre 2010

C'est Noël :) C'est Noël :(

J'hésite à vous entretenir de mes émois des derniers jours. C'est que j'ai vécu des moments en dents de scie, des moments plus ou moins intéressants et, pour qui suit le blog un peu régulièrement, des moments où j'ai de nouveau brassé de vieilles affaires.

Ces temps-ci, j'aime imputer mes états d'âme à mon identité de baderne. À mon âge avancé, les hormones ne jouent pas toujours aussi bien leur rôle. Parlez-en à l'Homme qui endure depuis deux jours des crises de larme, des démonstrations d'euphorie et des déclarations d'amour intempestives. Il ne sait plus à quel saint (remarquez bien ici, jeunes produits de la réforme, l'orthographe du mot précédent. Il a un homonyme. Ce n'est pas de celui-là dont je parle.) se vouer. S'il essaie de comprendre, je le rabroue. S'il ne parle pas, je pleure. S'il tente de me raisonner, je tente de l'assassiner. Bref, un véritable test pour le couple. Je vous annonce que nous avons survécu jusqu'à maintenant. L'Homme écoute un film de James Bond et... je blogue.

Pourquoi tant d'énervement de ma part? À cause de Noël, bien évidemment. Cette foutue période de l'année qui fait ressortir le meilleur et le pire de mon moi anxieux. Je suis constamment partagée entre la volonté de vivre de belles fêtes au présent et l'incapacité de faire fi des souvenirs. Je me hais quand je ne peux pas sortir une boule de la boîte des décorations de saison sans revoir le Fils et la Fille en train de nous aider à transformer la maison en royaume du kitsch de Noël. Pas grave. C'était beau parce que c'était fait en famille.

Tenez, cet après-midi, je cherchais si, par hasard, la gommette n'avait pas été malencontreusement placée dans le banc de piano quand je suis tombée sur un dessin que la Fille m'avait offert à un Noël ancien. On y voyait par une fenêtre le traîneau du père Noël, un enfant en train de patiner et, bien sûr, un chat se promenant sur un banc de neige. À l'endos, un poème intitulé Je t'aime. Sans doute que la Fille ne s'en souvient peut-être même plus mais, dans le temps, elle disait aimer cuisiner avec moi, voir des spectacles ensemble, jouer du piano en duo. J'ai oublié instantanément mes résolutions de mère cool qui est contente de voir son enfant s'épanouir à l'étranger et j'ai éclaté en sanglots. Les chattes m'ont regardée et Mignonne a fait "Rourou". J'ai pleuré plus fort.

C'est pas tout ça, j'ai une crèche et un village à installer. Je suis d'ailleurs heureuse de signaler que j'ai réussi cette année à ne pas égarer Saint-Joseph qui pourra occuper la place qui lui revient à côté de sa Vierge chérie. Pour ceux et celles intrigués par cette phrase, je vous encourage à lire le message du 18 décembre de l'année dernière, Ne crèche pas qui veut dans mon salon, afin de constater les dégâts parfois occasionnés par l'écoute du métal. Alors, alors. Je sors les petites maisons, les personnages, le papier imitation roches grises et les lumières. Je m'installe dans le fauteuil pour visser les ampoules de ce jeu de lumières qui ne sont pas de l'ère moderne et que je serai sans doute incapable de remplacer lorsqu'elles décideront de s'éteindre. L'Homme dort dans le divan d'à côté. Il est venu là pour me tenir compagnie m'a-t-il dit. C'est vrai. Il ne fait rien mais il est dans la même pièce que moi. Que disais-je? Ah! oui, les lumières. Un souvenir refait brusquement surface. Encore un. Je pense au Fils dont c'était toujours la tâche, quand on faisait l'arbre, de tester les fameuses ampoules. Il les vissait toutes, puis il les branchait sur la prise de la cuisinière (qui nous venait de mes parents et qui était munie d'une prise sur le devant en plein milieu des boutons servant à allumer les ronds placés judicieusement à hauteur de la taille... un véritable danger pour des enfants mais cela ne posait pas problème autrefois. C'était avant qu'on bouche les prises électriques avec des couvercles de plastique, qu'on installe des dispositifs pour empêcher l'ouverture des portes d'armoire et qu'on écoute avec un moniteur les signes vitaux de nos angelots.). Le Fils remplaçait donc les douilles qui étaient brûlées avant de donner les jeux à l'Homme qui avait, lui, la responsabilité de les mettre dans l'arbre. Les chutes du Niagara coulent à flots dans ma face. Je réveille l'Homme avec mes hoquets. Il ne comprend plus rien... encore une fois. Qui saurait l'en blâmer? Je ne me comprends plus moi-même!

En tout cas, nous avons réussi à terminer les décorations intérieures et extérieures. Il pleuvait à scieaux dehors mais l'Homme a vaincu les éléments en furie. Il pleuvait à scieaux dans mon coeur mais la crèche est belle entourée de son petit village illuminé. Et tous ces personnages qui lui font prendre vie. Tout à gauche, la maison rouge avec une mangeoire d'oiseaux en arrière, c'est la nôtre, celle qui représente notre famille. Sur un banc, l'Homme et moi prenons en café en regardant le Fils et la Fille qui s'amusent à faire un bonhomme de neige.

S'cusez-moi... j'dois aller me moucher.

vendredi 10 décembre 2010

Noël est pas pareil partout

Omar Khadr, qui n'a finalement jamais été jugé comme un enfant-soldat, a signé une entente absolument inconcevable pour espérer retrouver éventuellement la possibilité de revenir au Canada. Savez-vous qu'il renonce notamment à poursuivre le gouvernement américain pour les torts subis pendant sa capture, sa détention et son procès? Croyez-vous qu'il s'engage à verser au gouvernement canadien toutes les sommes qu'il pourrait gagner en vendant les droits à son histoire ou en donnant des conférences sur ce qu'il a vécu à Guantanamo? N'est-ce pas, comme le titre le journal La Presse, un pacte signé directement avec le Diable? Je savais qu'Omar avait été blessé lorsqu'on l'a capturé et j'avais appris aussi qu'il avait perdu un oeil. Ce que j'ignorais, cependant, c'est qu'il est en train de perdre petit à petit l'usage de son autre oeil. Je ne sais pas comment on arrive à se relever d'autant d'épreuves. Je ne sais pas, surtout, comment on continue à faire confiance à la vie, malgré tout.

"Samedi 11 et dimanche 12 décembre, 2 jours seulement de rabais dans les succursales de la SAQ."

Une jeune hondurienne a été kidnappée avec son ami par des hommes armés membres d'une gang de rue pendant qu'elle vivait encore dans son pays. Son ami a été torturé et décapité devant elle. Après, elle a été victime d'un viol collectif. Elle a été secourue de justesse par des personnes âgées qui l'ont trouvée inconsciente dans un champ. Elle s'est finalement réfugiée ici, au Canada. Cependant, ce lundi 6 décembre, les autorités responsables de l'immigration viennent de lui ordonner de faire ses valises et de retourner d'où elle vient. Apparemment, son histoire n'est pas crédible, et ce, même si on ne lui a pas permis de la raconter au complet. Il y aurait eu entre autres confusion dans les dates. Une fois, elle a dit que ça s'était passé le 9 février et, une autre fois, le 10. En fait, c'est arrivé dans la nuit du 9 au 10! Les autorités trouvent également bizarre qu'elle n'ait pas porté plainte à la police. Ah! oui. Vraiment. Même au Canada, les victimes hésitent à renvoyer ces crimes devant les tribunaux à cause de la honte et de la peur des représailles. Ses avocats ont écrit deux fois à Jason Kenney, ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration. Ils n'ont reçu aucune réponse à ce jour. Pendant ce temps, une femme est terrorisée à l'idée de rentrer chez elle.

"Le temps presse pour les cadeaux de cuisine. Ne manquez pas notre cahier spécial cartes-cadeaux."

Un rapport accablant de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, une organisation non gouvernementale, nous apprend que, du supplice de la baignoire à la bastonnade sur la plante des pieds, la torture est une pratique endémique et régulière dans le monde.

Pendant ce temps, on attend toujours les documents promis par le gouvernement canadien sur le sort réservé aux prisonniers remis par le Canada aux autorités afghanes. Un an s'est écoulé depuis la formation forcée d'un comité chargé d'étudier les documents en question. C'est à venir en janvier, paraît-il.

"Les soldes compte à rebours des fêtes sont en cours. Plus que 15 jours de magasinage."

De nouvelles manifestations postélectorales ont fait un mort hier à Port-au-Prince où le Conseil électoral haïtien a annoncé qu'il allait revérifier les résultats du premier tour de la présidentielle que contestent de nombreux candidats.

L'épidémie de choléra a fait plus de 2000 morts en Haïti depuis la mi-octobre.

"Rabais exceptionnels pour le temps des fêtes. Payez en 36 versements sans intérêt."

Et c'est aujourd'hui que j'étais au service de dépannage de la paroisse remplissant des sacs de plastique de deux tasses de riz ou de dix sachets de thé, coupant en deux les douzaines d'oeuf, séparant les paquets de pouding en format individuel, divisant les sacs de pommes de terre pour les mettre dans des contenants plus petits. Et c'est aujourd'hui que j'accueillais des gens comme vous et moi, seulement plus malchanceux, qui venaient chercher leurs provisions pour Noël. Je reconnaissais des visages de l'année dernière. Une maman était même accompagnée de sa petite fille d'environ 10 ans. Une autre jeune femme nous a annoncé simplement qu'elle était enceinte. Elle a eu droit à une douzaine d'oeuf en plus de la moitié de l'autre qui était déjà dans sa boîte. Maintenant le local est plus petit. L'église a été vendue. Le dépannage a dû déménager. Il faut distribuer les paniers sur quatre jours au lieu d'un. Seulement hier, la responsable a reçu 10 autres appels pour des paniers. Nous en avons distribué plus de trente cet après-midi. Le même nombre hier. Et ça se poursuit jeudi et vendredi prochains.

Je ne sais pas pourquoi je pleure ou, plutôt, je ne le sais que trop bien. Des fois, je me sens tellement impuissante, tellement inutile. La goutte d'eau dans l'océan. Est-ce que tout ça fait vraiment une différence? Ironiquement et bien que je ne bénévole pas pour cette raison, je n'ai pas réussi à soulager même un peu mon sentiment de culpabilité de personne trop choyée, trop nourrie, trop aimée. Non. Je me sens encore plus interpelée à partager, à conscientiser, à oeuvrer pour le bien commun, à souhaiter qu'un jour, mais je ne serai pas là pour le voir c'est sûr, le monde vive sous le règne de la générosité, de l'égalité, de l'ouverture des coeurs. Peut-être qu'à ce moment-là, nous aurons réussi à changer la couleur de l'océan grâce aux innombrables gouttes d'espoir que nous y aurons verser.

mercredi 8 décembre 2010

Des jeux sans pain

Je n'ai pas le temps de faire long. Je fais marcher mes neurones sur les trottoirs des circonvolutions de mon cerveau. J'ai trouvé un site de jeux d'entraînement cérébral. Je trouve ça capotant même si c'est frustrant un peu car je suis nulle... ou presque.

Il y a cinq jeux différents. J'en ai essayé trois jusqu'à maintenant. Celui que je préfère consiste à retrouver une liste de vingt mots dont les syllabes ont été séparées. Les mots portent tous sur le même thème. Et le joueur peut à sa guise modifier différents paramètres, par exemple le temps imparti, le nombre de syllabes, le niveau de difficulté. Comme c'est un site français de France, je suis pas mal poche quand il s'agit de trouver des noms de villes ou d'auteurs. Mais je dois avouer que je n'ai guère fait mieux avec les minéraux, la musique, le théâtre et les jouets.

Mon problème se situe en fait à deux niveaux, soit la vitesse et la vision. Deux mots qui commencent par la même syllabe pour décrire mon manque de VIvacité. Alors, voilà ce qui m'arrive. Je ne repère pas assez VIte les syllabes qui sont éVIdemment toutes mélangées et pas dans l'ordre alphabétique. De plus, comme les lettres sont placées dans de toutes petites cases, au bout d'un certain temps, je n'y vois plus rien! Plus je cherche et moins je trouve. M'enfin, c'est pour s'amuser, non?

Ce qui est drôle justement c'est qu'il faut avant de débuter le jeu indiquer notre sexe, les études que nous avons terminées et notre date de naissance. Il paraît que c'est essentiel pour permettre au programme de faire les ajustements nécessaires pour stimuler les neurones correspondant à notre âge. J'ai été heureuse de constater que, malgré mon état de baderne avancée, il y avait quand même des exercices pour m'empêcher de sécher de la boîte crânienne.

Vous savez, ça fait peur quand on vieillit, de penser qu'un jour on ne se souviendra peut-être plus de rien. Ou pire encore, qu'on ne reconnaîtra plus personne. Je vois trop bien les ravages de cette épreuve quand je rends visite à Belle-Maman. C'est d'une infinie tristesse.

Pour me consoler, je m'imagine qu'en entraînant mes neurones, je vais pouvoir éviter ou retarder l'inéluctable. Au moins, je pourrai dire que je me suis amusée avant de perdre les pédales. Quand je regarde mes pauvres résultats, cependant, je me demande si je ne devrais pas déjà m'inquiéter. Allez, je vous donne l'adresse si ça vous dit de tenter l'expérience :

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/sciences/Jeux-d-entrainement-cerebral-HAPPYneuron/p-11202-Jeux-d-entrainement-cerebral-HAPPYneuron.htm

mardi 7 décembre 2010

Des conseils pour en faire ce que vous voulez

Alors, alors. Comme je n'ai pas d'anecdotes palpitantes ou croustillantes à vous mettre sous les yeux, je vais vous parler de nouveau de l'émission de radio que j'ai écoutée vendredi dernier. Je n'ai pas souvent l'oreille tendue au poste, c'est vrai. Cependant, quand ça m'arrive, ça compte pour toutes les autres fois où j'oublie que ce média existe toujours.

L'une des chroniques visait à fournir aux auditeurs des conseils "zen" pour passer au travers des fêtes sans y laisser leur peau. Il y en avait cinq que je n'ai évidemment pas tous retenus. J'imagine que ma mémoire a fait la sélection de ce dont j'avais le plus besoin. Je vous les partage.

Conseil numéro 1 - Acceptez moins d'activités, de fêtes, de retrouvailles et autres rencontres de saison mais soyez pleinement présent à celles auxquelles vous répondrez par l'affirmative.

Que voilà une sage recommandation! C'est bien beau de vouloir saluer tout un chacun et de se faire voir partout où il y a un père Noël, une fée des étoiles ou un sapin vert roi des forêts, mais qu'arrive-t-il quand, à force de courir comme des poules sans tête, on se retrouve la langue à terre et la face dans le bol à punch? Ça nous fait une belle jambe! Il est donc préférable de choisir judicieusement nos apparitions en société et même, pourquoi pas, en famille afin d'être en mesure de profiter pleinement des gens que nous allons côtoyer.

C'est ça la clé : les gens. Pas les cadeaux. Pas les bouteilles. Pas tout ce qui brille. Non. C'est le moment privilégié de pratiquer notre empathie envers les autres, de les écouter pour vrai. Malgré le fait qu'on est très loin des tête-à-tête, il faut prendre le temps de parler avec la plupart des gens qui fêtent avec nous. Qui sait quand se représentera l'occasion de jaser avec l'oncle Gaston de son plus récent remplacement de hanche, ou avec la tante Gertrude de sa recette de ragoût de pattes, ou avec le neveu Alex de sa nouvelle blonde Vanessa qui vous rappelle vaguement quelqu'un? Bref, de bons moments qu'il ne faut surtout pas laisser passer.

Conseil numéro deux - Quand c'est fini, c'est terminé.

Ici, on parle des quelques éclats de voix, vives frustrations ou carrément règlements de compte qui ponctuent parfois les réunions de saison. Il faut apprendre à laisser aller. Est-ce bien utile de rappeler continuellement au patron qu'il a fait un fou de lui-même en dansant sur la table du resto l'année dernière avec deux boules de Noël pendues à sa ceinture? Pas les boules à Noël. Je parle de boules de Noël. Vous me suivez, j'espère.

Dans mon cas, j'ai décidé d'appliquer ce conseil à la nostalgie qui m'envahit quand je pense à tous mes Noëls vécus. Ça commence à en faire pas mal et, comme je suis encore capable de m'en rappeler, ça vient occuper un peu trop de place dans ma tête où j'essaie de faire le ménage. Je peux bien me souvenir des beaux et moins beaux Noëls mais il reste que le plus important, c'est celui qui vient. Être présent. Vivre le moment présent. Ça marche. Ça m'aide au moins à mieux accepter l'absence de mon pigeon voyageur de Fille.

Conseil numéro trois - Dire et répéter : "Merci, je n'ai besoin de rien. J'ai tout ce qu'il me faut".

Et éviter ainsi le piège de la surconsommation. Nous devons apprendre à simplement être reconnaissant pour tout ce que nous avons et cesser de nous créer sans cesse d'autres besoins. Arrêtons-nous un instant. Écoutons les appels qui sont lancés à notre générosité pour permettre à d'autres gens moins fortunés, moins chanceux, de vivre eux aussi un beau Noël. Nous en avons toujours trop. Nous mangeons (et nous buvons) toujours trop. Nous achetons toujours trop.

Depuis que, grâce à la Fille, nous avons éliminé la course aux cadeaux, j'aime le temps des fêtes. Je n'ai plus besoin d'aller me joindre à la cohorte des consommateurs énervés et fatigués. Et comme j'ai plus d'énergie, je peux donner de mon temps au service de dépannage de la paroisse. C'est ce vendredi. J'ai hâte. Je suis certaine qu'après ma journée, je n'aurai aucune difficulté à dire que j'ai assurément TOUT ce qu'il me faut.

dimanche 5 décembre 2010

Trois petits tours et puis s'en vont

Cette semaine, dans l'une de ses chroniques, Pierre Foglia de La Presse posait à ses lecteurs la question suivante : Si vous pouviez supprimer à tout jamais trois mots du dictionnaire, quels seraient-ils? J'ai trouvé l'exercice amusant. Voici le fruit de mes réflexions.

Spontanément, j'ai pensé au mot "raisonnable". Me semble que ça ferait du bien de ne plus entendre de phrases du genre : "Voyons, c'est pas si pire que ça. Sois raisonnable." Ou encore "Il faut que tu te montres raisonnable." Ou même "Qu'est-ce que c'est que cette façon de réagir? Tu dois être raisonnable." Ou celle-ci qui me hérisse chaque fois : "Mais qu'est-ce que tu fais là? Ce n'est pas raisonnable." Avec ou sans "pas" devant, ce mot semble vouloir constamment faire mal. Vous remarquez que c'est l'adjectif que je veux éliminer et non le substantif. Pour moi, la raison pourrait conserver son droit d'exister. C'est plutôt cette obligation que l'on impose parfois aux gens d'êtres raisonnables, particulièrement dans des situations qui les dérangent, eux, mais qui nous arrangeraient bien, nous, qui m'indispose.

L'autre mot auquel j'en veux, encore un adjectif, c'est "impossible". Je le déteste au plus haut point quand il m'est donné comme réponse à une demande qui me semble parfaitement justifiée. Exemples à l'appui : "Vous voudriez être en mesure de toujours avoir une place assise dans le wagon à bestiaux parce que vous déboursez 95 $ par mois et que vous trouvez que c'est bien cher payé pour vous accrocher à un poteau sans même pouvoir danser autour? Impossible!". "Vous aimeriez ne pas avoir à poireauter une heure au téléphone en recomposant ad nauseam le numéro de la clinique pour prendre un rendez-vous annuel avec votre médecin, rendez-vous que vous obtiendrez pour trois mois plus tard? Impossible!" À remarquer ici le point d'exclamation qui accompagne cette fin de non recevoir. Une insistance désagréable ajoutée à une réponse déjà parfaitement indigeste.

Le troisième mot a été le plus difficile à trouver. J'ai finalement arrêté mon choix sur un substantif, soit "peur". Sans elle, il reste uniquement le courage. La bravoure. Le désir d'oser. De foncer. De se jeter en avant et d'arrêter de regarder en arrière. Dans mon cas, c'est l'histoire de toute une vie. Tant qu'à faire, j'éliminerais bien aussi ses soeurs néfastes, j'ai nommé la crainte, l'anxiété, la panique. Un règlement de compte avec la famille au complet. Et pourquoi pas?

Un dictionnaire allégé de trois mots qui me titillent la paix intérieure. Cela s'inscrit tout à fait dans mon mode de pensée actuel qui consiste à m'embarrasser le moins possible de tout ce qui ne m'appartient pas ou qui m'empêche d'avancer. Ne plus avoir peur? Impossible? Et pourtant, je trouve totalement raisonnable de le croire.
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Notes pianistiques : J'avais laissé ouverte sur le piano la partition travaillée par la Fille avant son départ. Je sais, je sais, ça fait pathétique. Mais ce n'est pas là le but de mon propos. Je voulais juste vous laisser savoir que je me suis risquée à chercher un des morceaux que j'avais appris quand moi-même j'osais toucher le clavier. Un morceau de saison. J'ai trouvé "Deck the Halls". J'ai pioché un peu et j'y suis arrivée. Hum... Le goût de me remettre au piano est revenu. Que vais-je en faire???

Notes aquatiques : Les barracudas étaient sous la glace ce matin sauf pour le trou créé par le bulleur. Quand je suis sortie pour m'entraîner, j'ai enlevé un peu de leur plafond givré et, qu'ai-je vu bien distinctement? Je vous le donne en mille. Les bébés!!!

Notes pédestres et métalliques : Une petite neige qui tombait doucement. C'était froid. C'était l'hiver. C'était beau parce qu'avant les fêtes. Ce temps d'attente privilégié. Tout doux. Et, dans les oreilles, la livraison métal choisie en collaboration avec le Pusher. De la musique qui défonce. Je suis prête à affronter le début de la semaine...

vendredi 3 décembre 2010

Radio blog

J'étais en congé aujourd'hui. Pendant que je commençais les préparatifs pour cuisiner mon boeuf bourguignon annuel de saison, j'ai décidé de mettre la radio. C'est plate parce que, même si j'aime beaucoup écouter la radio, j'ai rarement le temps de le faire. Je me souviens quand l'Homme travaillait toutes les fins de semaine et que je n'avais pas encore le Fils et la Fille, je passais tous mes samedis après-midis à popoter et à faire le ménage en écoutant Pierre Bourgault et Marie-France Bazzo à la radio de Radio-Canada. J'adorais. J'apprenais plein de choses sans m'en apercevoir. Et, en plus, je me sentais moins seule. Bourgault était extraordinaire. Il était tellement cultivé et intéressant. Il pouvait parler de tout. Et sa complice le complétait très bien. Bref, de beaux moments de radio.

C'était bien aussi cet après-midi. Je suis tombée sur une émission de Dominique Poirier qui traite de culture et d'information. J'y ai appris notamment qu'il y avait une grande rencontre de femmes blogueuses à Montréal demain. L'activité s'appelle Belles à bloguer. Je suis un peu frustrée. Je n'ai pas été invitée. Je ne figure pas non plus sur la liste des 25 blogs de filles à découvrir publiée par le magazine Coup de pouce sur son site Web. Et pourtant. Je trouve que je gagne à être découverte.

Par curiosité et pour satisfaire mon ego, je suis allée jeter un coup d'oeil sur deux des blogs recommandés. C'était intéressant mais très loin de ma réalité. Les mamans bloguent beaucoup de nos jours. Il semble qu'elles aient un besoin insatiable de faire partager à l'humanité entière leurs idées de recettes, leurs photos de famille, leurs trucs d'élevage de bébés, leurs frustrations et/ou leurs bonheurs de mères à la maison en congé de maternité. D'après la journaliste qui parlait du phénomène à la radio, cela permet de briser l'isolement entraîné par le fait que les grands-mamans n'habitent plus nécessairement la porte d'à côté, que les soeurs et amies travaillent probablement à l'extérieur de la maison et que les voisines sont des inconnues. On notait également que les filles écrivent rarement sur des sujets qui sont loin d'elles. Elles s'attardent davantage à leurs états d'âme. Ça, je peux comprendre. Je m'étends moi-même très souvent sur les replis de mon être et les débats existentiels qui meublent mon quotidien. Toutefois, je parle aussi de musique métal et de défoulement sur les trottoirs urbains. C'est un peu différent, non?

Je crois de plus en plus que si mon blog est encore seulement la pointe d'un iceberg, c'est que je manque de connaissances techno et que je me refuse à y mettre la moindre publicité. Ce qui n'était pas le cas dans les blogs que j'ai visités. De toute évidence, ces filles, qui sont beaucoup plus jeunes que moi, savent ce qu'elles font. Leur interface est remplie de gadgets/widgets de toutes sortes : sondages, bannières, onglets, photos, et j'en passe parce que je ne sais même pas comment ça s'appelle ni comment on s'en sert. Absolument rien à voir donc avec le côté drab de mon blog. Ces filles sont aussi toutes branchées sur FaceBook et semblent avoir plein, plein d'amies. Vous voyez le vert me monter au visage? Moi aussi.

Alors, j'arrête. À la retraite, je prendrai peut-être le temps de joindre la blogosphère pour vrai. Vous verrez. Moi aussi je peux devenir belle à bloguer!
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Notes pédestres : Un peu plus et je sacrifiais mon entraînement parce que trop occupée par mes tâches de ménagère habituellement non accomplie. Il était minuit moins une (plutôt 15 h dans les faits) quand j'ai finalement abandonné veau, vache, cochon et couvée pour chausser les espadrilles. Bien m'en pris. Il faisait beau. Je suis revenue avec le visage tout rose. C'était pas mal plus santé que mon teint verdâtre du départ!

Notes aquatiques : Tout "bulle" dans l'huile dans le bassin. Les barracudas semblent s'être habitués à l'intrus. Je suis cependant consternée car, malgré une observation attentive et répétée de la vie sous-marine dans Occupoisson Double, je n'ai pas réussi à apercevoir le moindre bébé. Ont-ils déjà été sacrifiés pour le bien de la communauté ou sont-ils simplement cachés dans un coin quelque part? À suivre.

jeudi 2 décembre 2010

Voyage au bout de l'enfer

Ça va mieux. Ça va même beaucoup mieux. Finie la pluie. Finies les larmes. Place aux trottoirs et au métal. Et pourtant... pourtant, j'ai hésité quand même un peu à chausser les espadrilles. Je l'ai déjà dit. Le voyage de retour en wagon à bestiaux après la journée de travail me rentre dedans. Même quand je suis assise, comme ce soir, entre un militaire dans son habit de camouflage vert et une femme d'un certain âge vêtue de cuir de pied en cap.

Justement, d'où est venu le danger selon vous? De l'armée canadienne ou de Ilsa la louve des SS? Je vous le donne en mille. C'est la cuirette qui est venue titiller le côté hypocondriaque de mon moi-même. Alors, je suis là, serrée comme une sardine entre un soldat sans peur et sans reproche et une maîtresse de donjon à qui il ne manque que le fouet et les menottes. J'essaie tant bien que mal de ne pas trop me frotter contre les cuisses de l'un et de l'autre. C'est difficile. Surtout que l'ardent défenseur de notre feuille d'érable, comme la plupart des représentants de son sexe, a les jambes bien écartées pour mieux reposer les bijoux de la Reine dont il est le protecteur. M'enfin. J'y arrive.

J'ai un peu chaud, cependant, du côté de la cuisse qui côtoie le pantalon en peau. C'est que ça respire pas vraiment bien le cuir. Je crois, en fait, que ça respire pas pantoute. Je décolle lentement ma jambe en essayant de ne pas arracher un morceau du vêtement de Ilsa à cause de la succion qui s'est exercée entre nos deux pantalons. Tout d'un coup, son cellulaire sonne. Je crois reconnaître l'hymne national soviétique. Ne riez pas. Je me rappelle de l'air qui était joué lors des grandes séries de hockey opposant le Canada à la Russie. Ça donne une idée de mon âge et ça explique l'éclair dans mon cerveau. "Ouais, chus dans l'autobus en ce moment," répond l'espionne du KGB. "J'devrais être là d'ici une demi-heure (aparté : elle est optimiste, moi j'aurais dit une heure). Je dois passer à la pharmacie avant d'aller à la maison. Chus retournée voir le docteur. J'ai besoin de nouveaux antibiotiques. Ceux que j'ai pris ne fonctionnent pas. Ouais, je sais que ça fait plusieurs. Je pense que c'est le cinquième qu'il essaie. Mais je n'ai pas le choix. Il a fait une culture de la bactérie et il dit qu'il faut que je change de médicaments." Je n'ai pas entendu le reste de la conversation. J'étais dégoûtée. Ouache. Du cuir contaminé? Du cuir contaminé qui me touche? Du cuir contaminé qui me touche et dont je ne peux m'éloigner à moins de rester debout parce qu'il n'y a plus de place dans l'autobus?

J'aurais voulu débarquer tout de suite. J'aurais voulu que Ilsa débarque tout de suite. Ou le militaire camouflé. Comme ça, j'aurais pu me tasser du côté opposé au microbe ambulant. Là, j'ai carrément laissé la gêne de côté et j'ai collé ma cuisse gauche sur le pantalon kaki. J'étais une réfugiée afghane. L'armée devait me protéger.

J'ai réussi à ne pas me lancer dans des suppositions horribles sur la bactérie affligeant Ilsa que j'espérais ne pas être la dévoreuse de chair. Cela aurait expliqué, toutefois, le port du cuir. C'est plus résistant. Et certainement plus difficile à croquer. Mais j'imagine que si cela avait été le cas, Ilsa aurait été trop malade pour aller travailler. À moins que... à moins que ce soit un complot pour infecter le plus grand nombre de personnes possible. Ça se peut ça, non?

Ah! enfin, c'est son arrêt. Je respire. J'ai hâte d'arriver à la maison pour procéder à la fumigation de mes vêtements. Avec toutes ces émotions, je ne comprends pas pourquoi j'hésitais encore à prendre l'air. À la minute où j'ai mis les pieds sur le trottoir, j'ai senti que j'étais à ma place. Le calme est revenu en dedans. J'ai respiré à fond l'air pendant qu'il était frais et non pollué par la fumée des poêles à bois de ceux qui, à l'instar de notre gouvernement, refusent de protéger l'environnement. Et j'ai marché. Et c'était parfait. Des trottoirs secs. Une température agréable. De l'énergie à dépenser. Et le métal de Dark Tranquillity. "Don't bring your misery down on me," que je chantais, toute émue parce que si bien dans ma peau.

Eh! j'ai presque oublié l'absence de la Fille. Presque.
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Notes aquatiques : Le bulleur est enfin installé grâce à l'Homme qui a lu les instructions à tête reposée. Ça bubulle doucement dans le bassin et, comme prévu, les barracudas se baladent autour de leur nouvelle bébelle. Si ça peut leur permettre de passer l'hiver, ils peuvent bien regarder tout leur soûl.

mercredi 1 décembre 2010

She won't be home for Christmas

Bon, la pluie continue. Et mes larmes aussi. Ce midi, je suis allée emballer des cadeaux pour Nuage de rêves, une initiative de notre ministère qui consiste à offrir un Noël plus joyeux à des enfants démunis de la région. Pour ce faire, nous distribuons des étoiles sur lesquelles sont inscrites le nom, l'âge et le sexe d'un enfant et, s'il en a, ses suggestions pour un cadeau. Cette année, j'ai participé de plus près à ce projet et je suis complètement émerveillée par le dévouement exemplaire des organisateurs et la grande générosité des donateurs. Ensemble, nous réussissons à distribuer 500 cadeaux! C'est incroyable, non?

Vous pouvez imaginer sans peine l'ampleur de la machine en place pour assurer le bon déroulement de toute l'opération. Il faut notamment installer des kiosques à des endroits stratégiques pour remettre d'abord les étoiles et recueillir ensuite les cadeaux. Ça prend du monde pour assurer une permanence à ces kiosques tous les jours de la semaine, de 11 h 30 à 13 h 30. C'est une des tâches que j'ai faites. J'ai adoré. Les gens sont tellement désireux d'aider que ce n'est pas difficile tant que ça de les convaincre de prendre une étoile.

Quand les cadeaux reviennent, ils doivent être emballés. C'est une autre des choses que j'ai décidé de faire. C'est impressionnant quand on entre dans le local. On dirait presque un atelier du Père Noël lorsqu'on aperçoit tous les jouets, et les grandes tables avec les papiers, les rubans, les boîtes et les sacs multicolores qui serviront à les envelopper. J'y étais donc avec une collègue et nous accomplissions notre tâche de lutin en écoutant, bien évidemment, de la musique de Nowell, quand les souvenirs ont remonté à la surface.

Je n'ai jamais aimé tant que ça le moment où il fallait que j'emballe les cadeaux du Fils et de la Fille. C'était difficile parce que je devais le faire quand ils dormaient pour qu'ils ne se rendent compte de rien. Souvent, je me réfugiais dans notre sous-sol pas fini et j'emballais avec l'aide des chats qui avaient le don de s'écraser sur le papier que je venais de dérouler ou qui s'enfuyaient avec un chou collé sur le dos. Tout cela en respirant l'odeur non pas du sapin vert mais bien du bac à litière.

Je me souviens aussi de ces temps des fêtes où nous avions réussi à joindre les deux bouts, mais avec un trou dans le milieu. Mais ce n'était jamais parce que nous avions trop dépensé pour les cadeaux. Non. C'était seulement que nous faisions partie du niveau inférieur de la classe moyenne. Pour cela, nous avons dû habituer très jeunes le Fils et la Fille à se montrer raisonnables dans leurs attentes. En un sens, cela nous a aidés à mieux apprécier ce que nous avions, à avoir envie davantage de partager avec les autres quand nous avions un peu plus de "lousse" et, surtout, de ne jamais tenir pour acquis l'immense richesse que nous avions de former une famille.

En faisant friser le ruban d'un cadeau, ce midi, j'ai repensé à tout ça. Je me suis revue dans mon sous-sol pas fini avec la fournaise qui part à intervalles réguliers pendant que les chats jouent avec les rubans autour de moi et que je me démène pour emballer une boîte aux angles incongrus. C'est là que les larmes ont coulé. Sur un temps révolu. Sur les années qui ont passé trop vite. Sur ce foutu Noël qui refuse de jouer au jour de la marmotte.

S'il peut arrêter de pleuvoir que je puisse aller me défouler sur les trottoirs!