dimanche 5 décembre 2010

Trois petits tours et puis s'en vont

Cette semaine, dans l'une de ses chroniques, Pierre Foglia de La Presse posait à ses lecteurs la question suivante : Si vous pouviez supprimer à tout jamais trois mots du dictionnaire, quels seraient-ils? J'ai trouvé l'exercice amusant. Voici le fruit de mes réflexions.

Spontanément, j'ai pensé au mot "raisonnable". Me semble que ça ferait du bien de ne plus entendre de phrases du genre : "Voyons, c'est pas si pire que ça. Sois raisonnable." Ou encore "Il faut que tu te montres raisonnable." Ou même "Qu'est-ce que c'est que cette façon de réagir? Tu dois être raisonnable." Ou celle-ci qui me hérisse chaque fois : "Mais qu'est-ce que tu fais là? Ce n'est pas raisonnable." Avec ou sans "pas" devant, ce mot semble vouloir constamment faire mal. Vous remarquez que c'est l'adjectif que je veux éliminer et non le substantif. Pour moi, la raison pourrait conserver son droit d'exister. C'est plutôt cette obligation que l'on impose parfois aux gens d'êtres raisonnables, particulièrement dans des situations qui les dérangent, eux, mais qui nous arrangeraient bien, nous, qui m'indispose.

L'autre mot auquel j'en veux, encore un adjectif, c'est "impossible". Je le déteste au plus haut point quand il m'est donné comme réponse à une demande qui me semble parfaitement justifiée. Exemples à l'appui : "Vous voudriez être en mesure de toujours avoir une place assise dans le wagon à bestiaux parce que vous déboursez 95 $ par mois et que vous trouvez que c'est bien cher payé pour vous accrocher à un poteau sans même pouvoir danser autour? Impossible!". "Vous aimeriez ne pas avoir à poireauter une heure au téléphone en recomposant ad nauseam le numéro de la clinique pour prendre un rendez-vous annuel avec votre médecin, rendez-vous que vous obtiendrez pour trois mois plus tard? Impossible!" À remarquer ici le point d'exclamation qui accompagne cette fin de non recevoir. Une insistance désagréable ajoutée à une réponse déjà parfaitement indigeste.

Le troisième mot a été le plus difficile à trouver. J'ai finalement arrêté mon choix sur un substantif, soit "peur". Sans elle, il reste uniquement le courage. La bravoure. Le désir d'oser. De foncer. De se jeter en avant et d'arrêter de regarder en arrière. Dans mon cas, c'est l'histoire de toute une vie. Tant qu'à faire, j'éliminerais bien aussi ses soeurs néfastes, j'ai nommé la crainte, l'anxiété, la panique. Un règlement de compte avec la famille au complet. Et pourquoi pas?

Un dictionnaire allégé de trois mots qui me titillent la paix intérieure. Cela s'inscrit tout à fait dans mon mode de pensée actuel qui consiste à m'embarrasser le moins possible de tout ce qui ne m'appartient pas ou qui m'empêche d'avancer. Ne plus avoir peur? Impossible? Et pourtant, je trouve totalement raisonnable de le croire.
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Notes pianistiques : J'avais laissé ouverte sur le piano la partition travaillée par la Fille avant son départ. Je sais, je sais, ça fait pathétique. Mais ce n'est pas là le but de mon propos. Je voulais juste vous laisser savoir que je me suis risquée à chercher un des morceaux que j'avais appris quand moi-même j'osais toucher le clavier. Un morceau de saison. J'ai trouvé "Deck the Halls". J'ai pioché un peu et j'y suis arrivée. Hum... Le goût de me remettre au piano est revenu. Que vais-je en faire???

Notes aquatiques : Les barracudas étaient sous la glace ce matin sauf pour le trou créé par le bulleur. Quand je suis sortie pour m'entraîner, j'ai enlevé un peu de leur plafond givré et, qu'ai-je vu bien distinctement? Je vous le donne en mille. Les bébés!!!

Notes pédestres et métalliques : Une petite neige qui tombait doucement. C'était froid. C'était l'hiver. C'était beau parce qu'avant les fêtes. Ce temps d'attente privilégié. Tout doux. Et, dans les oreilles, la livraison métal choisie en collaboration avec le Pusher. De la musique qui défonce. Je suis prête à affronter le début de la semaine...

2 commentaires:

  1. Pour ma part, mes trois mots sont aussi de la même famille: la guerre, la violence et l'abus. Je ne suis pas faite pour la violence et j'ai peine à réagir face à elle. je suis également incapable de voir quelqu'un victime de violence. Pour ce qui est de la guerre, je n'en voit aucune utilité et l'abus ce n'est que la violence qui s'est déguisée.
    En passant, il paraît que le vrai courage est de surmonter sa peur, alors pas de peur, pas de courage!

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  2. Dans ma perspective de linguiste, je me dis que ce n'est pas parce qu'un mot n'est pas au dictionnaire qu'on ne l'utilise pas. Bon, je pense particulièrement aux québécismes, mais aussi à tous ces mots qu'on ne doit pas voir parce qu'ils ne font pas beau. J'ai découvert récemment que le vocabulaire de la drogue était plutôt absent des dictionnaires; ça n'est pas pour ça qu'il n'est pas utilisé. Je crois qu'on devrait plutôt y aller dans le positif. On devrait souligner, dans les dictionnaires et dans nos vies, ces mots de tolérance, de respect et de communication tiens. C'est par là que tout passe. Moi en tout cas je vais travailler là-dessus :)

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