dimanche 9 janvier 2011

La vie (ou la mort) au bureau - Jean qui rit, Jean qui pleure

(cinquième épisode du feuilleton clérical le plus populaire sur la Grande Toile - voir les épisodes précédents publiés les 6, 12 et 21 octobre, et le 11 novembre)

À cause de Vanessa et de la prime qu'elle avait reçue à son corps défendant en raison de la performance exceptionnelle de ce sosie censé lui rendre la vie plus facile mais qui ne faisait que lui apporter des ennuis, voilà qu'elle devait maintenant donner une fois par semaine des ateliers à ses collègues sur les pratiques exemplaires à suivre pour offrir un rendement optimal au travail! Horreur! Cauchemar! Mauvais sort! Elle détestait ça à un point tel qu'elle songeait nuit et jour à de nouveaux moyens de mettre fin une fois pour toutes à son association machiavélique avec la poupée gonflable aux gros totons et au sempiternel béni-oui-oui.

Même le succès remporté lors du party de Noël, où elle avait dû se présenter déguisée en Vanessa - barre oblique - Mère Noël et exécuter une danse poteau autour de la colonne centrale de la salle de conférence, n'était pas suffisant pour diminuer la haine viscérale qu'elle éprouvait maintenant envers sa complice d'autrefois. Au contraire! C'en était rendu qu'elle avait développé une terrible allergie au latex qui faisait en sorte qu'elle devait dorénavant porter des gants de coton pour déplacer l'objet honni du portemanteau le matin, à sa chaise le soir. Fallait que l'abcès soit crevé pour de bon.

Mais, mais, ce n'était pas aussi facile que cela en avait l'air de se débarrasser de la désormais rivale. Elle en avait fait la malencontreuse expérience dans un passé pas si lointain. Et tout ce qu'elle avait réussi à soutirer de ses sombres desseins de tueuse incapable de dégonfler le minable et détestable objet aux yeux de merlans frits, c'était d'avoir encore plus de boulot à accomplir. Ce n'est vraiment pas comme ça que les choses devaient se passer.

Elle avait bien songé à engager un professionnel pour réussir là où elle avait échoué. Les tarifs n'étaient pas donnés. Ainsi, elle avait un peu mal au coeur de penser qu'elle devrait investir tout le montant de sa prime au rendement pour éliminer Vanessa de sa vie cléricale. Dans l'espoir d'économiser quelques sous, elle avait donc donné rendez-vous au café du coin à un "entrepreneur" potentiel listé dans les pages jaunes sous la rubrique Clowns pour toutes occasions. Elle n'eut aucune difficulté à le repérer :


En apercevant l'hurluberlu, elle recula vivement d'un pas. Mais l'amuseur public attira aussitôt son attention avec un formidable "couac" de trompette. Elle n'avait plus le choix. Tous les yeux des clients ahuris étaient tournés vers elle. Le drolatique personnage lui faisait maintenant de grands signes de la main en agitant son chapeau melon en direction de la chaise vide à sa table. "Ayoye", pensa-t-elle en son for intérieur, "aurais-je atteint le fond du baril ou, pire encore, vins-je de passer de caraïbes en scylla?" "Salut, ma p'tite dame", lui tonna-t-il dans l'oreille. "Alors, comme ça vous voulez organiser une sauterie pour une amie très chère. Mais à quoi vous pensez au juste quand vous dites "Faut que ce soit sa fête!"?"
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Notes de la Marcheuse urbaine : Un gros, gros merci à l'Amie Yogini pour sa suggestion de faire appel à Vanessa dans ma détresse, et merci à l'Homme, au Fils, à la soeur Psy, à la soeur du Milieu, à la Nièce littéraire et à l'Ami pour être là.

2 commentaires:

  1. Ah! bien en plus de rigoler, j'ai appris une nouvelle expression : "passer de caraïbe en scylla" :-) Je vais tenter de la glisser dans une conversation de travail, aujourd'hui, question de faire durer le plaisir!

    L'Amie yogini

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  2. Salut l'Amie Yogini,
    comme tu le sais sans doute, j'ai parodié la véritable expression qui se dit plutôt "aller de Charybde en Scylla". J'ai toujours trouvé drôle cette modification de l'expression consacrée et, à ma grande honte, je ne me souviens même plus qui l'avait ainsi embellie!!!

    La Marcheuse urbaine

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