dimanche 31 mai 2009

Vivement enfiler mes espadrilles

Je trépigne parce que je suis obligée d'attendre encore quelques jours avant de reprendre la route. Je m'impatiente encore plus en voyant les progrès de ma guérison. Ainsi, aujourd'hui, c'était franchement mieux. Je ne boîte pratiquement plus. Je peux même appuyer sur toute ma plante de pied sans ressentir de grosse douleur. C'est très encourageant. J'éprouve encore de la difficulté à me tenir sur le bout des orteils mais comme je ne suis pas attendue pour une tournée avec les Grands Ballets, cela ne devrait pas me décourager outre-mesure! Et si je faisais plutôt partie des personnes pour qui la cortisone peut faire des miracles? Ce serait drôlement bien.

J'essaie donc de prendre mon mal en patience. Comme la température n'est pas clémente, cela m'aide à ne pas me précipiter trop vite sur les trottoirs. Et comme m'a dit la soeur du Milieu ce soir, j'ai toujours la possibilité de marcher dans ma tête. Quand elle m'a passé cette remarque qui se voulait amusante, je n'ai quand même pas pu empêcher un léger frisson me parcourir l'échine. Pendant un bref instant, cela m'a ramenée en arrière. En effet, au cours des années, j'ai fait pas mal plus de millage dans ma tête que dans la ville. Et j'ai appris à mes dépens que cet exercice pouvait parfois présenter pour moi un certain danger pour ne pas dire un danger certain.

Je me rends bien compte maintenant que je prends l'air régulièrement à quel point la tête est un milieu renfermé. Cela peut être utile pour se concentrer sur un problème ou pour regrouper ses pensées. Quand on n'en sort jamais, toutefois, on finit par s'asphyxier, la qualité de l'air laissant de plus en plus à désirer. Et tout le monde sait que lorsque notre cerveau manque d'oxygène, on n'est pas à notre meilleur pour dire ou faire quoi que ce soit!

J'ai souvent manqué d'oxygène. Je n'ai pas honte de le dire. Je me bouffais moi-même. Je restais là à ressasser les mêmes peurs, les mêmes angoisses, les mêmes idées noires. Comment aurais-je pu faire autrement? L'air était vicié et étouffant. J'avais fermé toutes les portes et placardé les fenêtres. L'extérieur était bien trop menaçant. Pourquoi ai-je décidé un jour de rompre avec ce milieu aliénant pour laisser entrer la lumière? Tout simplement parce que le statu quo n'était plus possible. Ce que je vivais dans ma tête était devenu plus épeurant que tout ce que je pouvais imaginer des dangers qui se trouvaient en dehors de ma boîte crânienne.

Depuis, je marche dehors pour aérer le dedans. Simplement écrire ces mots suscite en moi l'envie presque irrésistible d'enfiler mes espadrilles pour aller respirer l'air frais de la vie. Si vous saviez... tous les jours je rends grâce pour mes deux pieds. Je les ai connectés à mon cerveau pour que chacun de leurs pas entrouvre une porte, lève un store... fasse la lumière.
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Notes amicales : Demain c'est la fête du Pusher de Metal. Alors, tous en choeur et sur un air de metal : Cher Yosterdude c'est à ton tour de te laisser parler d'amour! :))

vendredi 29 mai 2009

Une journée sur Terre

J'entre dans l'autobus ce matin et, comme à l'habitude, je me dirige vers l'arrière. J'aime bien, quand il y a de la place, m'asseoir sur le grand banc latéral qui s'y trouve. Mais, avant d'y arriver aujourd'hui, j'ai bien été obligée de prêter attention à un jeune homme assis près d'une des fenêtres. Et pourquoi, me demandez-vous, a-t-il attiré mon regard? C'est que sa tête était coiffée d'un imposant chapeau de papier qui ressemblait à une couronne et sur lequel était inscrit le mot "King". Voilà pour un début de journée plutôt inhabituel!

Comme je me dirigeais par la suite vers le bureau, je rencontre...non, pas mon balayeur matinal, mais un jeune homme à bicyclette qui freine brusquement pour s'arrêter devant moi. Il me demande alors si je parle anglais et si je le comprends bien. Devant mon oui sans équivoque à ses deux questions, il se met à me raconter son histoire. Sa femme enceinte qui a faim. Ses démarches auprès des différentes banques alimentaires qui ne peuvent pas l'aider parce qu'il n'est pas encore inscrit sur leur liste. Le CLSC qui va pouvoir lui fournir des oeufs, du lait et du jus d'orange mais seulement lundi. La fin de semaine qui s'annonce longue avec un estomac vide. Je l'écoute attentivement et je lui dis : "What do you want from me?". Il m'avait déjà précisé qu'il ne voulait pas d'argent. Alors il me répond qu'il cherche une personne de bonne volonté qui pourrait l'accompagner au magasin pour lui acheter quelques victuailles. Je n'ai fait ni une, ni deux. J'ai sorti 10 $ de ma poche et je les lui ai remis. Il m'a regardée en me disant qu'il allait pleurer. Il m'a même embrassé la main. Comme je m'informais si c'était assez, il m'a répondu qu'il aurait eu besoin d'un peu plus mais que c'était déjà très bien. Je lui ai donné plus de sous. Il m'a demandé mon nom et m'a souhaité une bonne journée en me faisant une accolade. Comme il repartait à vélo, je me suis retournée pour lui demander aussi son nom. "My name is Benjamin". - "Well, Benjamin, I hope that I will meet you again". Il est reparti et m'a laissée seule sur le trottoir avec mes larmes. C'était à la fois irréel et d'une réalité crue. Oui, mes amis, pas besoin d'aller bien loin pour trouver des gens qui ont faim. Il y en a aussi à nos portes et plus que nous ne pouvons même l'imaginer.

Comme je vous le mentionnais hier, j'ai terminé ma journée chez le Doc. Il était de fort bonne humeur et, comme toujours, d'une absolue et totale gentillesse. J'avais la Fille pour me tenir la main et le Doc pour me rassurer. Que demander de mieux? Ça a fait mal quand même mais j'ai pensé à la soeur du Milieu et j'ai été brave.

Est-il trop tôt pour citer le capitaine Haddock? "Elle s'en va, elle s'en va ma douleur au pied!" À suivre.

jeudi 28 mai 2009

À la demande générale...

... je blogge même si vous ne me méritez pas. Même si, par l'absence de vos commentaires, chers lecteurs, j'ai l'impression d'envoyer mes messages non plus dans le cyberespace mais bien dans le triangle des Bermudes!

Qu'ai-je à me plaindre cependant? Oui, qu'ai-je à revendiquer une interaction avec mon public puisque, comme me le faisait remarquer la soeur Psy, "tu n'écris pas pour nous lire, c'est nous qui te lisons". Hum! il me semblait que cela sonnait mieux quand elle me l'a dit au téléphone. Tant pis, je l'avais avertie qu'elle pouvait être citée et c'est fait.

À part ça, quoi de neuf chez vous? Moi je compte tuer le veau gras en fin de semaine car le Fils, celui que je croyais avoir perdu, oui le Fils est revenu. Il arrive demain soir et je suis d'un enthousiasme maternel débordant. Je le soupçonne d'avoir un peu cédé au chantage-de-la-mère-qui-s'ennuie-à-mourir. Qu'à cela ne tienne! Je revendique l'utilisation de toute arme qui me permet d'avoir le Fils et la Fille auprès de moi.

Ah! justement, je pourrais aussi vous donner des nouvelles de la Fille et de son projet d'été. J'ai encore mes préoccupations, c'est sûr, mais je ne peux m'empêcher de l'admirer pour sa détermination et son sens de l'organisation. Elle a acheté ses billets. Elle a monté la tente pour s'assurer que tous les morceaux étaient là. Et, surtout, elle s'est procuré des cartes d'appel, et ce, sans que je le lui demande. Cela veut dire qu'elle a l'intention de me donner des nouvelles de temps à autre. Je m'en réjouis grandement car je sais que je vais m'inquiéter et échafauder, à cause de cela, quelque scénario catastrophique dont j'ai le secret. J'imagine déjà les manchettes : "Une avalanche écrase des cueilleurs de cerises" ou "Des ours affamés envahissent les fermes de la vallée de l'Okanagan et dévorent tout sur leur passage y compris des jeunes travailleurs venus à B.C. (prononcer bici) pour ramasser de l'argent pour leurs études" ou "D'honnêtes étudiants se font arnaquer par de purs inconnus qui ont caché des joints dans leur sac à dos". Je m'arrête là... pour l'instant.

En terminant, je vous demande d'avoir une bonne pensée pour l'humble Marcheuse urbaine qui recevra demain une injection de cortisone entre les deux orteils (j'ai pas dit oreilles, mais orteils!!).

La question reste entière. Va-t-elle se mettre à écrire comme un pied?

mercredi 27 mai 2009

Cent milles à pied, ça use, ça use...

De guerre lasse, je suis allée consulter le Doc au sujet de mon fameux pied. Il fallait vraiment, mais vraiment, que je sois désespérée pour avoir effectué cette démarche (notez ici le jeu de mots encore une fois involontaire mais tellement approprié au contexte). En effet, cela voulait dire plusieurs heures d'attente à la clinique et, pour une hypocondriaque, je peux vous assurer qu'il ne s'agit pas du meilleur endroit où mettre les pieds (deuxième jeu de mots en deux phrases, serait-ce un exploit?).

Bref, je me suis tapée la pré-attente qui consiste à se rendre environ une heure avant le début du sans rendez-vous afin de faire la file le long d'un mur en attendant l'inscription des futurs bénéficiaires de soins de santé. Quand est venue l'heure de soumettre carte blanche (remarquez ici l'emploi de "carte blanche" au lieu de "patte blanche" et la subtile mention qui est ainsi faite de la carte d'assurance-maladie - vraiment, je n'en rate pas une!), un homme claudiquant a passé devant tout le monde pour se présenter le premier au guichet. Il a vite soulevé l'ire générale car il n'avait pas fait le mur comme tous les autres. À sa défense, il invoquait qu'il ne pouvait rester debout et qu'il attendait en bas depuis longtemps. Cette explication ne l'a pas empêché d'être chassé manu militari par la préposée à l'inscription et les futurs bénéficiaires mécontents d'être dupés par un des leurs.

La pré-attente étant terminée, je me suis ensuite tapée l'attente réelle qui a duré un peu plus de deux heures. Au cours de cette période, j'ai eu le temps de fraterniser avec les bénéficiaires numéros 3 et 6. Le numéro 3 avait l'air très mal en point. La veille, il était allé à l'urgence de l'hôpital qu'il avait quittée précipitamment après avoir arraché la perfusion qu'on lui avait faite. Il ne voulait pas attendre trente-quatre heures avant de voir un médecin! Il nous a appris, au bénéficiaire 6 et à moi-même, qu'il était aussi parti de l'hôpital parce qu'il avait été mis au courant de l'arrivée d'une personne soupçonnée d'avoir contracté le fameux virus porcin. Devant le plan d'action déployé par le personnel infirmier (tout le monde paniquait et fuyait le prétendu porc - cela rassure mon esprit hypocondriaque de voir à quel point une pandémie serait bien gérée), il n'avait pas voulu rester et s'exposer au risque d'attraper le virus.

J'ai eu également le temps de contempler je ne sais plus combien de ventres rebondissants de femmes enceintes et d'entendre hurler je ne sais plus combien de jeunes bébés venant de femmes qui ne l'étaient plus. L'une d'entre elles se mettait allègrement dans la bouche la suce qu'elle donnait ensuite à son rejeton (geste profondément dégoûtant selon moi et franchement antihygiénique), une autre se pâmait devant la beauté de son petit (je trouvais qu'il ressemblait à un nain de jardin) et lui prédisait une carrière de sapeur-pompier, et une dernière balançait le siège de son bébé dans tous les sens pour tenter d'endormir son chérubin. En parlant d'angelots, il y a deux petits démons dont j'aurais volontiers étouffé la mère qui était totalement incapable de les contrôler. Les monstres se permettaient même de fouiller directement dans le sac des patients (j'emploie ici le terme dans le sens de personnes qui perdent leur temps et qui ne disent mot).

Enfin, j'ai été appelée. J'ai vu le Doc. Il me propose une injection de cortisone qu'il pourrait me faire vendredi. Il soupçonne le syndrome de Morton. D'après lui, une seule injection pourrait faire disparaître mon problème mais il ne peut pas me garantir que la douleur ne reviendra pas. Et le Physio me propose un traitement au vinaigre pour la semaine prochaine. Il soupçonne un début de calcification osseuse. D'après lui, je devrai attendre une semaine ou deux, à raison de trois traitements par semaine, avant de voir un changement. J'ai la chienne pour ce qui est de l'injection et l'incrédulité pour le vinaigre. En fait, je ne sais plus sur quel pied danser!

mardi 26 mai 2009

Ce qui importe vraiment

En écoutant une reprise d'une de mes émissions préférées ce soir, j'ai versé une larme attendrie. C'était en fait l'émission qui met fin à la série, celle où tous les membres de la famille de Raymond - puisqu'il s'agit de l'émission Everybody Loves Raymond - réalisent à quel point, malgré les chicanes, les taquineries et les difficultés du quotidien, ils s'aiment plus qu'ils ne veulent bien se l'avouer. Et aussi à quel point leur vie de famille, même avec ses failles, constitue un ancrage dont ils ne peuvent se passer.

Cela a fait ressurgir en moi des images de nos fêtes de famille où l'on se retrouve tous autour d'une table pour partager un bon repas. Il y a des rires, des éclats de voix, de l'agitation, du va-et-vient et, à travers tout ça, des plats qui se passent, des verres de vin qui se versent. La conversation monte parfois mais ce n'en est que plus agréable parce qu'on sait bien qu'on argumente souvent juste pour le plaisir de le faire. Et ce que j'essaie de toujours fixer dans ma mémoire en ces occasions, ce sont nos enfants assis tous ensemble et heureux de se retrouver. Ceux-là qui vont être un jour appelés à perpétuer nos rires.

Dans l'émission de ce soir, la famille a reçu comme une décharge électrique. Raymond devait subir une intervention mineure à l'hôpital. Dans la salle d'attente où étaient réunis les membres de sa famille, on voit entrer une infirmière qui annonce à sa femme que le médecin éprouve de la difficulté à réveiller Raymond. Il semble qu'il ait mal réagi à l'anesthésie. Pendant un très bref instant, on laisse planer le pire. Et là, on constate que la femme de Raymond, qui a toujours des reproches à lui adresser, et son frère, qui est jaloux de lui notamment à cause de la préférence dont il semble jouir auprès de leur mère, deviennent absolument paniqués à l'idée de perdre Raymond. C'est comme si, tout d'un coup, ils réalisaient la place importante que Raymond occupe dans leur vie. C'est comme s'ils se rendaient soudainement compte qu'ils aiment profondément Raymond.

De la même façon, je constate qu'il m'arrive à moi aussi de prendre pour acquis que les gens de ma famille vont toujours être là. Et, à cause de ça, je ne prends pas le temps de rendre grâce pour la chance inouïe qui est la mienne d'être entourée de personnes aussi extraordinaires. Mais, plus encore, de la chance de tout simplement avoir une famille que j'aime et qui m'aime. N'est-ce pas là l'essentiel? N'est-ce pas là une richesse incroyable? N'est-ce pas là ce qui importe vraiment?
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Notes pédestres : Entraînement pénible pour deux raisons aujourd'hui - la difficulté de rester dans ma bulle et la douleur au pied. J'ai encore du travail à faire!

lundi 25 mai 2009

Ce qui reste

C'est l'humanité qui m'a raccrochée aujourd'hui. En effet, quand je repense à ma journée et à toutes les frustrations qu'elle m'a causées, la seule chose qui me revient en tête et qui me permet d'esquisser un sourire intérieur en sentant un petit bonheur m'envahir, ce sont les merveilleuses personnes qui ont croisé mon chemin.

Mon premier merci s'adresse donc à ce gentil monsieur préposé au balayage des trottoirs sur la promenade du Portage. Je le rencontre tous les matins dès que le printemps se pointe le bout du nez. À 6 h 30, il est déjà à son poste. Inlassablement, il ramasse mégots et papiers que les fêtards de la veille ont négligemment laissé tomber. Il est toujours souriant et de bonne humeur. Rien ne lui fait davantage plaisir qu'un bonjour en passant et, si on veut ajouter une cerise sur le sundae, on lui fait un brin de causette. Il s'accote alors sur son balai et il se met à discuter du temps qu'il fait, bien sûr, mais aussi du Festival des tulipes, des Grands Feux du Casino et des OVNIS. Il paraît qu'il en voit fréquemment...

Mon deuxième merci c'est à l'Ami que je le dois. Sans son coup de téléphone quotidien, je ne sais pas ce que je deviendrais. Habituellement, j'ai le temps de préparer mon café avant que le combiné ne carillonne. Je reconnais tout de suite son numéro sur l'afficheur et je n'ai pas besoin de réciter mon nom et celui de mon service pour dire tout de suite bonjour à l'Ami. Et nous commençons la journée en parlant d'actualité, ou de ceux que nous aimons et certainement de ceux que nous aimons moins. Nous déconnons un bon coup et nous sommes ensuite prêts à rembarquer dans la galère.

Et, enfin, un merci bien spécial aujourd'hui à la dame qui s'occupe de l'entretien sur notre étage. Elle m'avait appris il y a quelques semaines que son mari avait un cancer du colon. Eh! bien, en la croisant cet après-midi dans le corridor, je lui ai demandé des nouvelles et elle m'a dit que les spécialistes étaient très confiants parce que le cancer avait été pris à temps. Nous avons discuté longuement et elle était visiblement tellement contente en envisageant la guérison de son mari. Je la trouve si attachante et je l'admire de travailler aussi fort encore à son âge.

Dire que pendant ce temps, dans une galaxie près de chez nous, on s'énerve pour des dossiers...

dimanche 24 mai 2009

De l'anxiété à l'excès...cela fait deux X

La journée avait plutôt bien commencé. Comme hier, dès 8 h ce matin, j'arpentais les rues du quartier. J'avais les mollets un peu plus lourds, cependant, pour monter et descendre mes escaliers. Je crois que les longues heures de jardinage avaient laissé leurs traces.

C'est dans l'après-midi que cela s'est gâté. Un soupçon d'hypocondrie mêlé à une goutte d'anxiété et je venais d'obtenir le mélange parfait pour jouir de la vie en pensant qu'elle va se terminer d'une minute à l'autre. J'ai d'abord tenté de diluer cette combinaison explosive en allant à pied faire quelques courses. Je cherchais entre autres une doublure pour le rideau de douche. Je vous préviens tout de suite que cette partie de mon récit est totalement non intéressante selon les dires de la Fille à qui j'ai raconté ma folle équipée.

Je disais donc que je cherchais une doublure pour le rideau de douche. Je ne veux jamais payer cher pour cet article car je refuse de le laver lorsqu'il commence à se tacher. Je préfère le jeter tout simplement et en acheter un autre. Avouez que voilà tout un engagement envers l'environnement! Je n'ai pas seulement le pouce vert, j'ai aussi le geste vert...la poubelle.

Je me suis donc dirigée en premier lieu au Dollarama. Il y avait bien le modèle que je voulais mais il coûtait 7 $. Étonnant comme prix, non? Je ne sais pas pourquoi je pensais que ce magasin ne vendait rien qui valait plus cher que, disons, 5 $. En tout cas, j'ai refusé de dépenser aussi follement mon argent et j'ai pris la décision de braver la morosité de l'affreux Rossy.

Ce magasin, qui a dans ses belles années occupé un local convenable au petit centre commercial du quartier, a maintenant déménagé toute sa précieuse marchandise dans le sous-sol. Descendre les escaliers qui mènent à cet antre du mauvais goût et du profond désespoir représente un exploit en soi. Je peux déjà vous dire que cela n'a rien fait pour améliorer l'état dans lequel je me trouvais. Mais j'étais déterminée à réaliser l'aubaine du siècle. J'ai donc traversé le tourniquet et me suis retrouvée dans la caverne d'Ali Baba.

Comme j'y étais déjà allée, je n'ai pas eu trop à me promener dans les allées bondées d'objets de mauvaise qualité égale et de provenance asiatique semblable. J'ai quand même dû m'adresser à une jeune vendeuse occupée à perdre son âme en tentant de mettre de l'ordre dans ce qui me semblait justement être des rideaux de douche qu'elle avait étalés par terre en plein milieu de la place. Son regard a semblé s'allumer à la mention "doublure de rideau de douche", mais il s'est tout de suite éteint quand j'ai précisé que je voulais le modèle avec oeillets de métal. De toute évidence, ce n'était pas le modèle qu'elle vendait le plus souvent. De plus, le mot "oeillet" semblait tout juste lui évoquer l'idée d'une fleur. C'est ce qu'elle m'a proposé d'ailleurs : un rideau avec des fleurs! Je l'ai remerciée et ai finalement trouvé toute seule le rideau tant convoité qui se vendait, tenez-vous bien, au prix incroyable de 5,40 $.

Tenant mon précieux butin entre les mains, je me suis rendue aux caisses, plus précisément à la seule et unique caisse qui était ouverte et à côté de laquelle une dizaine de personnes attendaient patiemment de s'acquitter de leurs achats. La préposée au trésor de Rossy a vainement demandé du renfort à une collègue qui semblait être responsable de l'intendance de la caverne cette journée-là. Malheureusement, celle-ci avait visiblement perdu tout désir d'être choisie comme employée du mois. Elle est arrivée en se traînant les pieds, l'air tout à fait écoeuré d'avoir écopé d'une sentence à vie non méritée, et elle a répondu à la pauvre caissière débordée : "Arrange-toi avec les clients, moi je m'en vais en pause". Et c'est ce qu'elle a fait. N'empêche. Je me suis trouvée presque ridicule d'attendre plus de quinze minutes pour ma doublure de rideau de douche avec oeillets de métal, mais comme elle était à un prix défiant toute concurrence...

De retour à la maison après toutes ces émotions, je me sentais toujours aussi menacée d'avoir à régler mes arrangements funéraires plus vite que prévu. J'ai donc décidé de cuisiner pour me changer les idées fixes. J'ai fait deux pains aux bananes, vingt-quatre muffins aux dattes et une salade de chou-fleur. Je me suis arrêtée en voyant l'amas de vaisselle sale sur le comptoir!

Heureusement que je suis aussi Pusher de calories à mes heures. J'ai donc envoyé l'Homme porter une partie de mes excès culinaires au Pusher de metal. Au fait, je me demande si ce dernier a une doublure de rideau de douche avec oeillets de métal??!!

samedi 23 mai 2009

Ferme-la!

Autant j'étais dans les vapes hier, autant j'étais lucide aujourd'hui. J'ai marché quand même assez tôt ce matin, vers 8 h plus précisément, et j'ai utilisé pour la première fois les poids pour les poignets. Je suis assez satisfaite de l'effort supplémentaire que cela exige. Je vise des bras plus musclés d'ici la fin de l'été...

J'ai poursuivi mes travaux de jardinage tout l'après-midi. Il faisait tellement beau. Une température idéale parce que pas trop chaude. Seule ombre au tableau : la maudite musique du voisin! Mais tous les étés, c'est pareil. On dirait que la plupart des gens sont incapables d'être dehors sans avoir du bruit autour d'eux. Ce doit être à cause du vide entre leurs deux oreilles! Pourtant, le niveau sonore est déjà assez élevé en cette période de l'année avec les tondeuses, les taille-haies, les coupe-bordures et les fameuses scies à chaîne de tous les bricoleurs du dimanche! Je ne sais vraiment pas ce qui se passe dans la tête des gens quand ils mettent la radio pour la rue entière. Qu'est-ce que toutes ces personnes diraient si je leur faisais entendre du metal une partie de la journée? Je suis certaine qu'elles seraient les premières à venir se plaindre de mon choix de musique.

Justement, ce qu'écoute mon voisin m'horripile au plus haut point. Il se délecte de western qu'il syntonise sur un poste anglais en plus. Heureusement pour lui qu'il a mis fin à mon calvaire parce qu'au moment où il a finalement quitté son patio et éteint sa radio, j'avais la bêche prête à lui asséner un coup sur le crâne. Je me réjouissais déjà de le voir flotter dans sa piscine sur un air de cowboy perdu à Gatineau. J'aurais jeté sa sacrée radio dans l'eau avec lui et j'aurais simulé l'électrocution type Claude François (pour les plus jeunes, une recherche sur la toile s'impose ici. Et sur YouTube, je vous recommande "Si j'avais un marteau", chanson fétiche de cette vieille vedette de l'Hexagone).

"Et la plaie sur la tête?", me dites-vous. "Comment l'expliquer?". Rien de plus simple. Il écoutait sa radio qui s'est soudainement mise à grésiller. Ne voulant pas manquer sa chanson préférée, il s'est levé précipitamment de sa chaise pour tenter de mieux capter son poste. C'est alors qu'il s'est accroché dans sa caisse de bière et qu'il s'est ouvert le crâne sur le coin de la table. En tombant, il a reçu la radio sur lui, a roulé près du bord de la piscine et est finalement tombé dedans.

Ça ne sert à rien mais la musique, entendue dehors, fait ressortir mon petit côté Stephen King. Je ne voudrais pas tous les tuer, mais les réduire au silence, ah! ça oui!

vendredi 22 mai 2009

Le temps de passer de la parole aux actes

À la Fille

Je n'ai rien affiché hier. J'étais percluse de fatigue après plusieurs heures de jardinage intensif. Je ne me sentais plus. Et, aujourd'hui, malgré toutes les boîtes de fleurs qui traînent encore dans la cour, j'ai plutôt opté pour la farniente. Plus ou moins contre mon gré cependant. En effet, même si je me suis levée vers 7 h, je ne me suis pas vraiment réveillée avant 19 h! On aurait dit que j'étais dans un état second. Ce doit être parce que j'avais trop sniffé de pollen...

Mais peut-être aussi que j'étais encore sous le choc de l'annonce du plus récent projet de la Fille : aller cueillir des fruits en Colombie-Britannique. Ce sera son emploi d'été. ll paraît qu'il y a beaucoup d'argent à faire dans ce secteur de l'agro-alimentaire qui attire, bon an mal an, un nombre considérable de jeunes Québécois selon la conseillère de Carrefour Jeunesse Emploi qui a aimablement fourni à la Fille tous les renseignements dont elle avait besoin pour se conforter dans son idée. Comme j'aime les conseillères bien informées!!

Évidemment que je m'inquiète. J'ai peur qu'elle idéalise l'image bucolique du champ de cerises. C'est une chose de remplir deux ou trois paniers en se bourrant la face pendant une heure en admirant le paysage, c'en est une autre d'être payée pour le nombre de paniers ramassés sous le soleil ardent de cette région où, selon la Fille, il ne pleut à peu près jamais.

La tente constituera son logement. C'est drôle mais je me rappelle d'une petite fille qui détestait faire du camping. Elle n'aimait ni les bibittes, ni le manque de confort, ni la propreté douteuse des toilettes. C'est sûr que bien de l'eau a coulé sous les ponts depuis cette lointaine, très lointaine, époque. La Fille, à qui je faisais remarquer qu'il serait peut-être difficile de prendre des douches d'une heure, m'a rétorqué qu'elle était prête à me prouver que cela ne lui poserait pas de problème en commençant dès maintenant à ne plus se laver. Je lui ai répondu que je la croyais sur parole.

L'autobus représentera son moyen de transport pour arriver à destination. Trois jours sans arrêt. C'est drôle mais j'ai encore en mémoire les protestations véhémentes de la Fille toutes les fois que nous devons aller à Québec : "Cinq heures de route, on n'en finit plus. Et il y a trop de courbes, cela me donne mal au coeur". C'est vrai que voyager en autobus Greyhound, c'est beaucoup plus confortable... à condition de ne pas perdre la tête inopinément!

En plus, la Fille a la propension de tout perdre : son cellulaire, son portefeuille, ses clés. Comme je lui recommandais fortement de se procurer un genre de sac ceinture pour trimballer ses papiers importants et son argent, la Fille a esquissé une moue en disant dédaigneusement : "Un sac banane? Tu n'y penses pas. C'est quétaine et laid". J'ai alors tenté de lui expliquer que c'était surtout pratique et sécuritaire. Vaine tentative de ma part puisque la conseillère avisée lui avait déjà suggéré de tout simplement coudre des poches supplémentaires sous ses vêtements. Non, mais, il fallait y penser. Merci une fois de plus conseillère expérimentée!

Force m'est d'admettre, depuis deux jours que je jase avec la Fille de son projet, qu'elle a quand même réfléchi à ce qu'elle veut faire. Elle répond à toutes mes questions et sans hésitation. Elle affiche son air résolu que je connais trop bien. En fait, il ne reste qu'une seule question à laquelle il faut répondre. Et ce n'est pas la Fille qui doit le faire, c'est moi. Suis-je capable de reconnaître qu'il est maintenant temps pour elle d'ouvrir ses ailes?

mercredi 20 mai 2009

Faites-moi rire

Bon, à la suite des consultations menées par le gouvernement du Québec sur les conditions de vie des aînés, la ministre responsable nous annonce ce matin LA mesure qui sera prise pour remédier aux préoccupations soulevées : l'embauche de clowns! Et combien cela coûtera-t-il, me demandez-vous? Près de 300 000 $ sur quatre ans. De l'argent bien investi, il va sans dire.

Car c'est sûr que devant un plat insipide de cocktail de fruits en boîte ou d'une assiette de délicieuses pommes de terre en flocons rien ne vaut un petit truc de magie pour ramener le sourire du bénéficiaire.

Et que dire d'une risette pour faire oublier le fait que l'on marine dans son jus depuis plusieurs heures. Si c'est un clown qui vient finalement changer la couche de l'aîné mouillé, il ne pourra résulter que cris de joie devant la peau ridée et enflammée.

Je vois déjà les avantages de la thérapie par le rire pour le vieillard invalide qui doit se remettre d'une malencontreuse manoeuvre du préposé au lève-personne qui a entraîné sa chute sur le plancher de ciment. Sa convalescence ne pourra qu'être plus rapide s'il est capable de voir le côté amusant des dessins que le clown aura tracés sur son plâtre.

Prendre des pilules en chantant avec Bozo, Rikkiki ou Pipo fera voir la vie en rose à tous les bénéficiaires. Souffler des ballons avec ces amuseurs infatigables ne pourra qu'augmenter la capacité respiratoire de nos aînés. Enfin, apprendre l'art du mime ne pourra qu'effacer les larmes de ceux qu'on ne vient jamais visiter.

Vous sentez l'appel du clown qui monte en vous? Vous aussi souhaitez embellir la vie des friponneaux? Joignez-vous sans tarder à la brigade de clowns des CHSLD (Clowns à l'Hospice Sans Limite de Débilité)!

J'imagine qu'il vaut mieux en rire qu'en pleurer...
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Merci à l'Ami pour la définition du sigle de la brigade.

mardi 19 mai 2009

Sauve qui peut

J'ai laissé ma bulle être envahie. Je déteste quand cela arrive parce que je ne me comprends plus. Je n'arrive pas à reprendre pied. Je suis totalement infectée.

C'est l'univers kafkaien. Il s'est emparé de ma raison une fois encore. Il ne cesse de jouer avec moi. Quand j'en suis éloignée pour quelques jours, j'arrive à me sentir un peu tranquille... mais cela ne dure pas puisque je dois y retourner. Je n'ai pas le choix. J'oublie alors de me méfier. Et, bien évidemment, au moment où je m'y attends le moins, il reprend contrôle de mon être. Il perce la bulle.

Je la vois qui coule et je n'arrive pas à arrêter l'hémorragie. J'éprouve de la difficulté à me concentrer. Je ne peux plus penser clairement. Je suis submergée par les raisonnements étriqués, les questions insidieuses, la logique absurde. Les connections ne se font plus. J'ai mal à la tête. Je ne veux pas la perdre.

Heureusement, j'arrive à jouer le jeu. Je fais semblant d'embarquer dans le système. Je souris béatement. J'opine du bonnet. J'acquiesce aux moindres demandes qui me sont adressées. J'obéis aveuglément aux consignes les plus incongrues. J'abandonne toute vélléité de révolte. Car, moi qui ne possède plus rien dans cet univers, j'ai fait le pacte que j'arriverais à m'en sortir en sauvant mon âme.

C'est le temps ou jamais de sortir ce contrat que j'ai signé il n'y a pas si longtemps et de me brancher sur le metal. Me permettra-t-il de sauver mon âme? En tout cas, c'est lui qui la garde vivante et prête à se défendre quand le moment sera venu.

lundi 18 mai 2009

Derrière la fenêtre

Quand je suis en congé, ce que j'aime par-dessus tout, c'est de siroter mon café bien tranquille dans le salon assise sur le divan près de la grande fenêtre. De là, je peux tout voir.

D'abord, la porte d'entrée toute vitrée derrière laquelle Maggie, notre chatte-reine, surveille ses congénères moins bien nantis aller et venir sur le balcon pour manger dans les bols de nourriture que j'y laisse pour eux. Certains semblent obtenir un accueil bienveillant, à défaut de chaleureux, de l'impératrice féline. D'autres, par contre, provoquent son ire. Maggie devient alors tigresse et se jette littéralement sur la porte en crachant. Cela ne dure jamais longtemps, cependant, car la maîtresse des lieux préfère, et de loin, s'étirer sur le tapis au soleil en se tournant d'un côté puis de l'autre. On dirait un gros béluga échoué sur une banquise ou un gros poulet rôtissant sur la broche.

De mon poste d'observation, je peux également voir les oiseaux qui, après avoir bouffé des graines aux mangeoires, viennent se réfugier dans les buissons et les cèdres de la plate-bande. Ce sont surtout les mésanges qui adoptent ce manège. Elles vont et viennent rapidement et c'est plutôt difficile de les contempler longtemps. Mais j'aime entendre leur petit cri. Maggie aussi. Les volatiles la forcent à quitter la volupté de ses ébats sur le tapis d'entrée pour se précipiter sur le rebord de la grande fenêtre. De là, elle pousse des miaulements qui seraient sans doute menaçants si la chasseresse se retrouvait en liberté. Pour l'instant, elle se contente de donner libre cours à son instinct mais sans coup férir.

Bien lovée dans mon moelleux divan, j'épie la vie de la rue. Les enfants qui jouent. La voisine qui tond sa pelouse. Les voitures qui passent toujours trop vite. En buvant mon café, je reviens à mon journal. Quand je n'en peux plus de lire sur les nouvelles désastreuses du monde, je lève la tête et je regarde dehors. Ça me ramène à ma vie à moi. Et ça me fait un peu oublier les malheurs de l'humanité.

Et je me demande ensuite ce que je vais faire de ma journée. Aujourd'hui, avec le soleil, c'est facile. J'ai quatre boîtes d'impatientes qui attendent dans le garage à côté d'une dizaine de sacs de paillis de cèdre. La température semble plus chaude qu'hier. Je devrais donc passer un bon moment dans le jardin. Me reste à trouver le courage de quitter mon îlot de farniente. Oh... et puis.... j'ai le temps pour un autre café!
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Notes pédestres : 11 h 30. Ça faisait longtemps que je n'avais pas vu un ciel aussi bleu. La température était fraîche. Ça été un entraînement parfait : l'énergie coulait à flots; j'avais l'impression de flotter tellement je me sentais bien dans mon corps. C'était un curieux mélange de légèreté et de puissance. Absolument exaltant!

Notes horticoles : 16 h. Une partie de ma grande plate-bande d'ombre jouit maintenant de la lumière blanche de mes impatientes. Et j'ai étendu cinq sacs de paillis. J'ai déjà hâte à jeudi pour continuer mes plantations.

Notes maternelles : 18 h 30. Je suis maintenant tout fin seule dans la maison. L'Homme est allé conduire le Fils à l'arrêt d'autobus et la Fille est partie à bicyclette. Après avoir eu la maison pleine ces derniers jours, j'ai le cafard ...

samedi 16 mai 2009

D'autres révélations sur moi

Ce matin, je me suis levée avec l'envie irrésistible d'aller marcher, et ce, malgré ma douleur au pied. Il faut dire que mes quatre heures de jardinage de la veille n'avaient rien fait pour arranger les choses. Malgré tout, je ne me sentais pas capable de résister à mon désir d'arpenter les trottoirs d'autant plus qu'hier, en après-midi, j'avais déjà des fourmis dans les jambes. Je m'étais dit alors que le jardinage ce serait assez comme exercice. De toute évidence, j'avais mal évalué mon besoin de bouger!

À 7 h 30, donc, j'étais dans la rue. Il faisait un peu frais et les nuages s'amoncelaient car les Jojo Savard de la météo avaient prédit qu'il commencerait à pleuvoir à 9 h tapant. Il fallait que je me dépêche. Bien évidemment, en plein milieu de mes ébats de marcheuse, j'ai senti les premières gouttes de pluie de cette journée tristounette. Cela ne m'a pas ralentie. Au contraire. Cela m'a donné un sentiment de bien-être incroyable. J'ai compris pourquoi certains joggeurs s'entraînaient même sous la pluie. C'est un sentiment enivrant. Peut-être un peu semblable à ce que je ressens quand je m'entraîne l'hiver et qu'il neige. C'est le plaisir exaltant à la fois de combattre les éléments et de communier avec eux. Bien sûr, je ne parle pas ici d'un orage ni d'une tempête. Seulement de quelques gouttes d'eau et de petits flocons de neige. Pour ma part, quand Dame Nature se déchaîne pour vrai, je ne me mesure pas à elle. J'attends qu'elle se calme et je reprends la route.

Bref, bien réfugiée dans ma bulle, j'ai profité à plein de mon parcours. Seule ombre au tableau : je n'ai pas été capable de jogger la petite pente qui mène à l'église. Oui, oui, ce fameux pied. Je vous redonnerai des nouvelles d'un nouveau traitement que je vais essayer cette semaine. C'est à base de vinaigre. Je vois le visage des sceptiques se confondre en grimaces. Retenez votre jugement. Jusqu'à preuve du contraire, cela peut marcher (notez le jeu de mot ici!!).

Au retour, c'était le temps de penser au LAN du Fils. J'avoue m'être donnée à fond dans les chaudrons : carrés au Rice Krispies et au beurre d'arachides (apparemment une recette gagnante), pain aux bananes, pain aux courgettes, biscuits aux dattes et à l'avoine. Je me suis arrêtée là. Selon la Fille, j'aurais été vraiment bonne pour travailler au ravitaillement des troupes pendant la guerre. J'imagine qu'elle faisait allusion à la Deuxième Guerre mondiale! Pourquoi pas la bataille des Plaines d'Abraham tant qu'à y être. Le pire, c'est qu'elle a raison. Moi aussi je me vois en train de prodiguer encouragements et conseils à des soldats en leur versant un bol de soupe bien chaude. Et après, je leur donnerais une petite tape sur l'épaule et je les renverrais au front. C'est toujours plus facile d'être au combat avec l'estomac plein. Je le sais. Quand je nourris mes gars de LAN, je constate qu'ils reprennent avec plus de vigueur leur combat dans les jeux vidéos. Ainsi, au moment où je vous parle, ils jouent avec une passion démesurée et un enthousiasme féroce à... "Fais-moi un dessin!".

Je ne peux terminer ce message sans vous laisser avec cette citation absolument savoureuse de la Fille à qui je tentais d'expliquer la raison pour laquelle j'étais toute morose en après-midi. De son côté, elle essayait de me faire voir que je devenais immanquablement morose toutes les fois que la température l'était aussi. Et son explication : Ce n'est pas du sang que tu as dans les veines, c'est du mercure! Voilà pourquoi j'aime autant être dehors... pour pouvoir prendre ma température.

jeudi 14 mai 2009

Chronique futile

Rien de bien intéressant à signaler aujourd'hui. J'écris parce que le Pusher m'a déjà dit que je pouvais écrire sur des futilités puisque l'important restait l'acte d'écrire.

En fait, c'est le calme avant la tempête en ce moment. Le Fils vient en fin de semaine et il a décidé, cédant à la demande populaire, d'organiser un LAN. J'aurai donc, pour quarante-huit heures, entre 6 et 10 gars dans le sous-sol de la maison rivés à leur écran d'ordinateur. Et je me transformerai pour l'occasion en pourvoyeuse-cuisinière pour m'assurer qu'aucun d'entre eux ne meure de faim.

Je dis ça mais j'aime bien le va-et-vient que cela entraîne. Je m'ennuie presque de l'époque où ils jouaient sans écouteurs et où j'entendais des coups de fusils et des bruits d'explosion une partie de la nuit. À cela il fallait ajouter les cris qu'ils poussaient régulièrement quand ils avaient réussi à en assassiner un! Maintenant c'est plutôt l'odeur du café qui me taquine les narines dans le milieu de la nuit. Ça en prend quelques tasses pour garder les yeux ouverts! Ne le répétez pas mais je les trouve moins résistants que lorsqu'ils étaient plus jeunes. C'est vrai que la plupart se joignent au groupe après une journée de travail ou juste avant d'en commencer une. Il faut quand même qu'ils tiennent debout. C'est ça les gars les responsabilités qui viennent avec l'âge!

Bon, allez, je m'en vais me coucher pour être en forme demain. C'est déjà TGIFF pour moi. J'ai pris congé pour jardiner vu que les Nostradamus de Dame Nature prévoient du beau temps et comme on peut s'y fier aveuglément...

mercredi 13 mai 2009

P'tite vie

Il m'en a fallu du metal aujourd'hui pour traverser la p'tite vie. Tout d'abord, je me suis branchée pour ne pas avoir à supporter les conversations matinales de l'autobus. Ça ne sert à rien, je ne suis pas capable aussi tôt le matin d'entretenir une conversation endiablée sur la température chaude ou froide de la journée, sur la température des prochains jours, sur les prévisions météo pour la fin de semaine et sur les comparaisons entre le printemps de cette année et celui des dix dernières années! Est-ce que je suis météorologue? Non! Est-ce que je retiens les données météo que je regarde pourtant tous les matins pour savoir comment m'habiller? Non! Alors, ne me demandez plus mon avis sur les hauts et les bas de Dame Nature. Je m'en fous. J'en ai assez juste à les supporter.

Le problème quand je me branche dans l'autobus, c'est que je reste dans le monde metal jusqu'à ce que j'arrive au bureau. Et quand je dis bureau, je parle ici de l'endroit où j'exerce mes talents épistolaires, le bureau en chair et en os quoi! Parce que je ne peux pas décrocher dans l'ascenseur, ni dans les couloirs, et très, mais alors là très difficilement une fois dans mon cubicule. Je n'ai pas envie de rentrer dans le moule... je retarde le moment en écoutant une autre toune... j'enlève mon manteau en faisant des acrobaties pour garder les écouteurs dans mes oreilles et ne pas m'accrocher dans les fils qui me relient à la source d'énergie. Hélas! arrive le moment fatidique où je dois accepter d'embarquer dans la p'tite vie.

Puis, j'ai encaissé frustration après frustration toute la journée avec une montée d'adrénaline particulièrement marquée tout juste avant que je ne quitte. Quel plaisir de se faire reprocher de trop vouloir bien faire! J'aimerais tellement arriver à m'en foutre complètement et à produire quelque chose de moins bon. Je ne pense pas que le monde s'en porterait plus mal. En tout cas, je n'avais pas quitté LE bureau que j'étais déjà branchée. Et dire que j'allais ensuite faire l'épicerie!

Vous ai-je dit que c'est alors que j'ai décidé de signer un contrat avec le diable? Oui, oui, j'ai donné ma vie pour entrer dans le livre du Heavy Metal!

I signed - a contract with the devil
I've tried - for so very long
I'd die - to become immortal
that's why I sing this song
Am I a wannabe? Have I no dignity?
I'd give up all my life to be
In the book of heavy metal - METAAAAAL!

The Book of Heavy Metal (March of the Metallians) par Dream Evil

mardi 12 mai 2009

Plaisir renouvelé

Je n'avais pas marché depuis jeudi dernier. Bon, bien sûr, j'ai fait quelques pas lors de notre escapade à Montréal dimanche et dans un froid de canard à part ça! Et hier, pour aller rejoindre l'Ami avant le spectacle de MORTÖR, j'ai marché environ une quarantaine de minutes du bureau jusqu'au centre-ville, à Ottawa. Mais tout cela ne compte pas vraiment. Ce n'était pas assez pour que je puisse me dépenser comme j'aime le faire maintenant.

Alors, aujourd'hui, c'était bien de retrouver mes trottoirs de fille des rues. En plus, la température s'était réchauffée depuis le matin et j'ai pu m'entraîner seulement avec un léger chandail. L'énergie était au rendez-vous, alors que demander de mieux?

J'ai provoqué un certain étonnement chez un petit garçon lorsque je suis arrivée à mes marches d'escalier que je monte et descends allègrement une dizaine de fois. Il était assis dans le gazon en train de cueillir des pissenlits et il me regardait descendre l'escalier, tourner sur moi-même en esquissant un léger sautillement qui apporte, selon moi, un certain caractère sportif à la chose, et regrimper jusqu'en haut. Je pouvais presque l'entendre penser : "Elle est drôle, elle, on dirait qu'elle ne sait pas où elle s'en va!" Ne t'en fais pas, mon petit bonhomme, je sais de plus en plus où je m'en vais.

Ensuite, je me suis amusée à rattraper deux ou trois personnes qui ne marchaient pas aussi vite que moi. C'est le seul moment où je sens l'esprit de compétitivité se frayer un chemin dans mon intérieur zen de nouvelle sportive. J'aime me prouver que je suis assez en forme pour dépasser les gens qui se trouvent devant moi. Et, quand j'arrive à leur hauteur, je me retiens, évidemment, pour ne pas leur crier : "Regardez-moi, espèce de fainéant, et admirez la vitesse à laquelle je vous ai rattrapé. Vous vous demandez sans doute comment j'ai réussi cet exploit? Eh! bien, le secret est autant dans la tête que dans les pieds!".

Puis, après le sprint final où je me permets de réécouter mes chansons préférées en prêtant attention à ne pas ralentir le pas, c'est l'extase! Le sentiment du devoir accompli envers mon corps. Et je laisse monter le bien-être total qui m'envahit. Ah! ce que c'est bon!

Et, finalement, pourquoi ne pas se réfugier dans le Safe Haven de Warmachine :

This pantheon keeps calling me,
Back to a place of sanctuary,
And all along I couldn't see,
Just what it was this mystery,
Oh no...

You see what lies behind my eyes,
Then steal away what's solely mine,
Breaking the chains I have to find,
The sanctum that lives within my mind.

Dispelling my fears I will not hide,
I have all I need reposed inside,
Give me the strength that will provide,
Peace with myself, un-compromised.

lundi 11 mai 2009

MORTÖR : un vrai goût de metal!

Voilà, en compagnie de l'Ami fidèle, je viens d'assister à mon premier spectacle de metal. Nous tranchions bien un peu parmi les personnes qui formaient le public réuni pour l'occasion mais beaucoup moins que je ne l'aurais cru. Ce qui compte, d'après moi, c'est d'être là parce qu'on partage le goût de la même musique. Le reste - l'âge, la tenue vestimentaire, les cheveux longs, le tatouage ou le perçage - n'a pas vraiment d'importance. Il s'agit ici d'une communion d'âmes musicales.

L'Ami et moi pensions aussi que nous deviendrions sourds avant notre heure en allant à ce genre de spectacle et nous nous étions donc munis de bouchons pour les oreilles (avouez que l'on ne fait pas plus branchés que nous!). Nous ne les avons même pas utilisés car nos conduits auditifs étaient plus endurants que nous ne l'avions imaginé. Finalement, c'était plutôt bien de se laisser porter par les vibrations de la musique.

Et MORTÖR, ils étaient comment, vous demandez-vous sans doute avec une curiosité morbide? Eh! bien, nous les avons beaucoup aimés. Je sais, je sais, je vous entends me crier que je suis biaisée. Après tout, le Pusher est le chanteur du groupe et, si je ne veux pas me retrouver en manque, je dois le flatter dans le bon sens du poil capillaire (si vous connaissiez le Pusher, vous sauriez qu'il s'agit là d'une tâche titanesque).

Non mais, pour vrai, j'ai adoré ce qu'ils font. D'abord, ils ont une présence sur scène qui est assez remarquable. Yosterdude et The Wicked, son comparse au soutien vocal, se présentent d'emblée torses nus et cheveux au vent. Ils en mettent plein la vue en faisant tournoyer presque constamment leurs longues chevelures. Mais au-delà de cette frappante image, on retrouve deux artistes qui maîtrisent très bien leur metal. Ils mettent de l'émotion dans chacune de leurs chansons et ils déploient beaucoup d'énergie pour livrer leur message. Ils sont appuyés magistralement par les autres membres musiciens du groupe, soit Dave'l, Spreitz et Doom. Bref, MORTÖR était le deuxième groupe de la soirée et je peux vous dire qu'ils sont capables de réchauffer une salle.

Mais, ce que j'ai le plus aimé, c'est d'entendre "live" cette musique que j'adore. C'est comme si mon MP3 prenait soudainement vie devant moi. Ah! si j'osais, je retournerais encore écouter du metal... sans avoir cette fois à me préoccuper de l'heure parce que je travaille le lendemain et que je dois être présentable pour rédiger mes lettres et que gnangnangnan gnangnangnan.

Je vais oser, c'est sûr!

dimanche 10 mai 2009

Bonne fête des mères ma petite maman

"Je n'ai plus de mère!", c'est la première phrase que j'ai dite à l'Homme quand je suis revenue de l'hôpital. M'entendre prononcer une telle énormité me glaçait les sangs. Et pourtant je n'avais pas le choix de m'y habituer car c'était dorénavant ma nouvelle réalité.

J'avais quarante-deux ans moins quelques mois. C'était trop tôt pour moi. J'avais encore tant de choses à vivre avec elle, tant de caresses à lui faire, tant de "je t'aime" à lui dire. Heureusement que je n'avais jamais hésité à lui faire part de l'immense amour que je lui vouais. Comme ça, au moins, j'ai évité les regrets qui accompagnent parfois des départs aussi douloureux que la perte d'une mère.

De quoi je m'ennuie? De sa bonne humeur. Maman aimait la vie. Elle aimait rire et elle aimait faire rire. Elle s'enthousiasmait facilement. Je me souviens d'une fois où elle avait participé à un tournoi de golf sans aucune conviction de gagner quoi que ce soit. Elle prétendait toujours que cela ne lui faisait rien de ne pas être la meilleure mais je savais bien que le goût de gagner courait dans ses veines. Elle est revenue cet après-midi-là, les cheveux tout mouillés et aplatis sur la tête à cause de la pluie (quelque chose qu'on ne voyait jamais chez maman qui allait chez le coiffeur toutes les semaines), mais avec le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Elle avait gagné! J'ai une photo d'elle, triomphante, les bras dans les airs, juste avant qu'elle ne se prépare à aller chercher son trophée. Elle était tellement belle.

Je m'ennuie aussi de nos longues séances de magasinage. Quand j'étais en visite à Arvida, nous prenions toujours une journée pour aller dans les magasins. Nous partions tôt le matin. C'est maman qui conduisait. Elle stationnait invariablement près de la même porte. "C'est plus facile pour se retrouver", disait-elle. Et nous déjeunions ensemble. Je voulais payer ma part. Elle ne voulait jamais. Après, même si les magasins n'étaient pas encore ouverts, elle insistait pour que l'on se promène dans le centre commercial pour examiner les vitrines. Nous faisions du repérage. "Comme ça, nous allons savoir tout de suite où nous diriger quand les magasins vont ouvrir". Moi je trouvais qu'elle avait de bonnes idées et je la suivais avec plaisir. En fait, nos escapades de magasinage, c'était surtout de bonnes excuses pour avoir du temps juste pour nous. Nous parlions souvent plus que nous ne dépensions.

Je m'ennuie de nos longues conversations téléphoniques. C'était bien avant que les interurbains ne coûtent à peu près rien. Nous avons sans aucun doute contribué à la prospérité de Bell Canada car nous ne pouvions passer plus de deux jours sans nous donner des nouvelles. Nous avions rarement des choses extraordinaires à nous raconter mais, en partageant notre quotidien, nous avions l'impression d'être un peu moins loin. J'ai tellement souffert de la distance qui nous séparait. Comme j'aurais voulu l'inviter à prendre un café ou à partager un repas. Mais il fallait toujours attendre les congés, Pâques, Noël, les vacances d'été, la Trinité!!! Moi j'aurais voulu la voir quand j'en avais envie.

Mais c'est sûr que ce qui me manque le plus c'est son amour inconditionnel. Pour maman, j'étais la meilleure, la plus intelligente, la plus belle, la plus fine. Je n'avais jamais tort. C'était le monde entier qui se trompait. Et elle était évidemment comme ça avec mes deux soeurs. Cet amour démesuré, c'était notre maman. Pour elle, nous étions tout. Et pour nous, elle était tout.

Quelqu'un m'a déjà demandé un jour : "Est-ce que ça aide d'écrire ce genre de choses?". Pas pour combler le vide, c'est sûr. Mais pour garder la mémoire, c'est très important.
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Bonne fête des mères à toutes les mamans avec une pensée spéciale pour mes deux soeurettes qui sont des mères exceptionnelles, et une union de coeur avec une maman coréenne et une maman chinoise qui ont aimé leur enfant plus qu'elles-mêmes.

samedi 9 mai 2009

Trois points rouges

Je suis la Marcheuse urbaine et je suis hypocondriaque. Je le sais. Je consulte. Mais je n'arrive toujours pas à m'en sortir.

Il faut dire que l'actualité, et surtout la façon de la traiter, n'aide pas particulièrement mon cas. Non seulement on nous annonce des catastrophes à intervalles réguliers mais on le fait en plus en adoptant résolument le mode panique. Je peux déjà vous dire que cela comporte des effets désastreux pour une personne comme moi.

Prenez l'exemple de ce fameux virus H1N1. On nous prédit immédiatement la pandémie. Après quelques jours, lorsqu'on constate que le Canada a eu des cas sur son territoire mais que, du moins jusqu'à maintenant, ces cas sont bénins, on ne se réjouit pas. Nenni. Tout de suite on nous garde sur le qui-vive (en fait le gros nerf) en affirmant que cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de morts. En fait, il est probable qu'il y en aura. Et on ne s'arrête pas là car les chercheurs veulent savoir. Ils veulent trouver la raison pour laquelle justement le Canada n'a eu que des cas bénins. Et l'on dépêche des échantillons ou on en fait venir (je ne sais plus trop) pour étudier l'absence de malheurs chez nous.

Plus récemment, l'Organisation mondiale de la santé (OSM) note que la situation se stabilise. Il y a moins de nouveaux cas. La mortalité est en baisse. Je me dis : "Hourra, je viens de traverser une autre crise!". Moi je pense ça, pas l'OSM. Imaginez-vous que le virus va profiter de la belle saison et de notre insouciance d'estivant pour muter. En quoi, me demandez-vous? En virus plus virulent qui va cette fois commettre des ravages innommables.

J'en ai assez. Je ne suis même pas capable de gérer l'apparition de trois points rouges sous mon aisselle gauche. Je me demande depuis le début de la journée si tout le magasinage que j'ai effectué hier ne m'aurait pas fait contracter une quelconque affection transmise par une des centaines de personnes qui ont dû essayer le même chandail que moi! Je vous entends rire mais ce n'est pas impossible. Réfléchissez un peu et rappelez-vous de ces divans en cuir fabriqués en Chine qui donnaient à ceux qui s'y posaient le derrière des démangeaisons épouvantables. Nos chers amis chinois, toujours à l'affût du bien-être et de la santé de la population, avaient utilisé un produit très nocif pour conserver le cuir en bon état. Le cuir des divans était vraiment beau, celui des fesses des propriétaires l'était pas mal moins!

Bon, bon, mon hypothèse est peut-être, je dis bien peut-être, un peu tirée par les cheveux. Mais comment alors expliquer ces rougeurs? J'ai dû être piquée par un insecte microscopique caché dans les vêtements. Ou encore je suis allergique au plastique dans lequel se trouvaient les vêtements avant qu'on ne les déballe (plastique provenant inévitablement d'un pays asiatique faisant fi de toute norme ISO ou autre). Ou pire encore les vêtements provenaient du Mexique, ils avaient été fabriqués par une couturière atteinte du H1N1 qui s'est mouchée sans vergogne dans la blouse qu'elle était en train de fabriquer. Vous voyez la suite. Le virus a commencé sa mutation fatale dans la caisse qui amenait les vêtements ici au Canada et l'on va maintenant se retrouver avec le premier cas GRAVE de H1N1 dans le monde et j'ai nommé : le virus H1N1 avec trois points rouges!

À cause de la maudite pluie, je n'ai pas été capable d'aller marcher, ni de jardiner. Est-ce que ça paraît que j'ai besoin de gérer ma panique? Me reste l'alcool. Selon la soeur Psy, c'est le remède à tout. Je serai alcolo mais plus hypo!

vendredi 8 mai 2009

Extase printanière

Vous connaissez ma propension à jouir... de la vie. Ou plutôt des petits bonheurs qu'elle nous réserve. Si vous n'êtes pas encore familiers avec ce côté effervescent de ma personnalité, je vous invite à lire mes chroniques du 14 février et du 1er avril derniers.

J'ai vécu un autre de ces moments de jouissance aujourd'hui. Et c'était absolument fabuleux! Comme je vous l'ai laissé entendre à quelques reprises, j'ai une autre passion à part la marche et le metal. C'est le jardinage.

Quand le beau temps revient, je deviens fébrile. Et quand la neige finalement disparaît, je ne me possède plus. Je n'arrête pas d'inspecter mes plates-bandes pour essayer d'apercevoir le petit bout d'une tige verte qui m'annonce que je n'ai pas perdu telle ou telle plante vivace. Si je le pouvais, je plongerais ma tête sous terre pour aller vérifier l'état des racines de mes plantes!

Car chaque année, c'est la même chose. Je suis persuadée que toutes, je dis bien toutes mes plantes sont mortes pendant l'hiver. Et j'arpente le terrain l'air préoccupé, le moral entre les deux jambes. Et l'Homme, qui n'en peut plus de m'entendre gémir sur mon sort de jardinière trompée par Dame Nature qui tue ses propres créatures, me répète invariablement la même phrase : "Cesse de t'en faire pour rien. La Nature est généreuse." Bien évidemment, je ne le crois pas. Et je continue à me lamenter en déclarant à qui veut bien l'entendre que je ne jardine plus parce que je ne réussis pas comme je le veux et parce que mes plantes refusent de coopérer en étant belles et en santé. Mais les menaces ne servent à rien non plus.

Puis, un beau jour, en m'approchant d'une plate-bande pour mon inspection de jardinière dégoûtée de l'ingratitude végétale, je la vois. La tige tant espérée. Et je jouis pour la première fois de la saison de jardinage. Dans les jours qui suivent, c'est une succession de plaisirs infinis. Oh! la clématite que j'ai semée l'année dernière et que j'ai retransplantée à l'automne a survécu. Ah! la plate-bande des hostas et des astilbes se porte bien. Hi! je viens de découvrir sur la pelouse un minuscule plant qui s'est semé de lui-même. Vite, je m'empresse de le déterrer pour le réinstaller à l'endroit qui convient. J'assiste au retour à la vie et je ne me lasse pas de le contempler.

Aujourd'hui, on annonçait de la pluie. C'était ma journée de congé et je m'étais faite à l'idée que je ne pourrais pas travailler à l'extérieur. Je me demandais bien d'ailleurs ce que j'allais faire dans la maison étant donné que le ménage est maintenant un concept révolu pour moi. Mais les experts de la météo ne m'ont pas déçue. Il a fait beau toute la journée. Après le coiffeur, j'ai fait un détour à la pépinière et je me suis achetée quelques nouvelles vivaces.

Je me suis donc retrouvée sous mon érable, tout l'après-midi, à nettoyer et à préparer une partie de ma grande plate-bande d'ombre. Il y a bien eu quelques gouttes de pluie mais, sous mon magnifique arbre, j'étais à l'abri. J'ai eu la visite de quelques chardonnerets et de deux gros pigeons. Mais pas de Rita par exemple (voir la chronique du 20 avril). Il faisait beau, presque chaud même. Et ça sentait tellement bon la terre et le paillis de cèdre. De temps en temps je m'arrêtais juste pour contempler le jeu de la lumière sur les feuillages. Je vous le dis... j'ai joui plus d'une fois. Maintenant, juste en fermant les yeux, je peux revoir cette parfaite journée. Et je me ré...jouis en pensant à toutes les autres qui s'en viennent!

jeudi 7 mai 2009

Je ne sais rien mais je dirai tout

Je crois vous avoir déjà dit que la Fille pose toujours des questions. Des questions qui, souvent, n'ont pas de réponse. Ou, encore, des questions qui n'ont pas de sens. Ou, pire, des questions qui n'en sont pas. Je vous turlupine les méandres du cerveau, n'est-ce pas? Ce n'est rien. Vous n'avez jamais essayé d'aider la Fille à faire un travail scolaire. J'y reviens dans quelques paragraphes.

Au primaire, je me souviens que la Fille éprouvait des difficultés à répondre aux questions les plus simples des examens de compréhension du français parce qu'elle analysait tellement ce que, selon elle, on cherchait à lui demander, qu'elle finissait par ne plus savoir par quel bout prendre la question. Elle la décortiquait dans ses moindres détails allant même jusqu'à contester la structure de la question. Pour elle, rien n'était jamais clair. Il fallait qu'elle fasse un véritable effort pour se limiter à lire la question sans aller entre les lignes.

Au secondaire, elle est rapidement passée maître dans l'art d'amener les profs dans des recoins de leurs méninges dont ils ne soupçonnaient même pas l'existence. La Fille trouvait immanquablement une solution à laquelle personne n'avait jamais pensé. Ou une faille au raisonnement présenté par les profs pour justifier qu'un travail devait être réalisé d'une certaine façon et pas d'une autre. La Fille ne comprenait pas qu'elle ne puisse pas choisir un autre chemin évidemment moins fréquenté donc moins acceptable pour l'ordre établi. Pour qu'elle puisse terminer son secondaire dans le calme, je n'ai cessé de lui répéter pendant toute sa dernière année qu'elle devait faire profil bas. Ce qui signifiait en termes maternels : "Cesse de contester tout le temps". Pour vous dire la vérité, j'ai détesté d'avoir à faire ça. Je considérais que je réprimais l'intelligence vive et l'esprit libre de la Fille. Mais il faut savoir choisir ses batailles!

Après une année au Cégep dans un programme qui, finalement, ne lui convenait pas, la voici, pleinement épanouie, dans des études en arts plastiques. Et cette semaine, ce sont les derniers travaux de la session qui comprennent, entre autres, la présentation d'un exposé oral en français. Et la Fille doit trouver une question sur laquelle argumenter, ce qui, à prime abord, ne devrait pas lui poser problème. Détrompez-vous. Vous voyez, quand on a l'habitude de tout contester, on a vite fait de décomposer une question et de la réduire à néant. C'est pour ça que la Fille a changé plusieurs fois de questions dans les derniers jours, que dis-je, dans les dernières heures. Et, ce soir, il faut qu'elle trouve LA question car c'est demain son exposé! J'essaie de l'aider de mon mieux mais, dès que je pense avoir trouvé la bonne formulation, elle me revient aussitôt avec une série d'arguments auxquels je n'ai pas pensé et qui détruisent systématiquement ma tentative. J'en arrive parfois à douter de ma logique. Je lui ai même dit qu'elle pourrait me faire avouer un crime que je n'ai pas commis juste en me mêlant un peu dans la suite de mes idées.

En attendant, elle vient de m'annoncer qu'elle est en train de devenir folle et qu'elle est encore et toujours à la recherche de LA question. Devrais-je lui dire que le plus difficile n'est pas de trouver la question, mais plutôt la réponse? Je crois que je vais attendre à demain...

mercredi 6 mai 2009

Je rends mon tablier et je prends la poudre d'escampette

Le titre de ma chronique était trouvé. Je savais même ce que j'allais écrire... pour une fois. Mais je ne voulais rien en faire avant d'avoir obtenu la confirmation que j'avais déniché la Perle rare.

Mais revenons d'abord un peu en arrière. À la chronique d'hier en fait. Une autre des choses que j'ai appris au cours de l'atelier dont je vous y causais, c'est que nous cherchons tous à combler des besoins et que nous sommes responsables de nous occuper à trouver des façons de les satisfaire. Et quand nous entrons en relation pour répondre à ces besoins, nous devons en arriver à nous rendre compte que nous ne nous adressons pas nécessairement aux bonnes personnes pour nous aider à combler nos plus chers désirs. Il faut alors adopter une autre stratégie.

Je vous donne comme exemple ma révolte constante de ménagère. Encore hier, pendant qu'on nous affirmait haut et fort qu'il n'y avait pas d'obligations dans la vie du genre "il faut que je cuisine", ou "il faut que je travaille", ou encore "il faut que je nettoie la maison", je rageais encore intérieurement de ma journée perdue de dimanche. Puis, comme l'animateur l'expliquait, j'ai décidé de faire un choix, soit celui de trouver quelqu'un qui répondrait enfin à mon besoin de propreté. Vous me voyez venir? Oui, oui, j'ai décidé de faire appel à plus expert que moi et à me trouver une femme de ménage!

Quand j'ai parlé de l'idée à la Fille (l'une des personnes qui ne répondait pas à mon besoin - je sais, je sais, ça fait chacal cette affirmation mais je vous rappelle que je n'ai pas encore intégré un groupe de pratique), elle m'a répondu qu'il lui serait très difficile d'avoir à se ramasser une fois aux deux semaines car, selon elle, son programme d'études en arts plastiques exige qu'elle vive dans un constant désordre supposément porteur de création. Ce à quoi je lui ai répondu que les vêtements qui jonchaient constamment le sol de sa chambre ne constituaient pas, à mon humble avis, ni d'actuels et encore moins de futurs objets d'art!

L'Homme, lui, était surtout préoccupé par l'aspect monétaire de la
chose : "Nous sommes capables de faire nous-même notre ménage, je ne vois pas pourquoi il faudrait payer quelqu'un pour faire à notre place quelque chose d'aussi simple". Vraiment? Capables nous-mêmes? Je veux bien le croire mais il me faudrait d'abord le voir. Pour vous donner une simple idée du bilan de santé ménager de cette demeure, je vous rapporte la réaction de l'Homme quand il a su que la Perle rare se présenterait ce soir à 19 h pour nous passer en revue : "Elle vient ce soir à 19 h, c'est parfait, je ne serai pas là". "Comment ça, tu ne seras pas là?", lui ai-je répondu. "Est-ce que tu as un rendez-vous quelque part?". "Pas du tout, mais je veux être certain de ne pas être dans la maison quand elle va voir la poussière sur les meubles et les taches sur la plancher. Je ne veux surtout pas être associé à une maison sale!". C'est bien parfait. Si je n'avais pas déjà été fermement convaincu de la justesse de ma décision, je l'aurais été drette là!

Finalement, la Perle rare a sonné. J'étais super nerveuse, comme si j'allais passer une entrevue. Est-ce que ma maison serait considérée comme étant suffisamment sale pour se mériter le droit d'être dorénavant entretenue à dates fixes? Avais-je assez négligé mes devoirs de ménagère pour qu'on me retire le droit de les exercer? Est-ce que je serais enfin mise sous tutelle pour négligence crasse?

La réponse : oui. La date : mardi prochain.

Eh, le Pusher, il faudra que tu m'invites quand tu fais ton ménage. J'irai siroter une bière en te regardant faire quelque chose dont je n'aurai plus qu'un vague souvenir. J'ai même un tablier à vendre si ça t'intéresse! :)
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Notes pédestres : Très bon entraînement ce soir. Pour citer le capitaine Haddock : "Elle s'en va, elle s'en va, ma douleur au pied!"

mardi 5 mai 2009

Êtes-vous girafe ou chacal?

Je voudrais bien vous parler d'un atelier que j'ai suivi aujourd'hui sur la communication non-violente qu'on appelle également la communication authentique et efficace. Je dis je voudrais bien car je ne suis pas certaine de pouvoir bien vous expliquer ce qu'il en est puisque, après deux heures de formation, j'avais l'impression de n'avoir vu que la pointe de l'iceberg.

Comme vous pouvez vous l'imaginer, on ne change pas du jour au lendemain sa façon d'entrer en relation avec les autres. Et cette technique demande que nous adoptions des comportements assez différents de ceux auxquels nous sommes habitués. En effet, inutile de nous conter des histoires ici. Nous venons tous de familles plus ou moins disfonctionnelles et, à ce titre, nous n'avons pas nécessairement appris à nous exprimer en analysant d'abord nos émotions et en nous permettant de les exprimer. Encore aurait-il fallu qu'elles soient reconnues et accueillies. Nous sommes loin de la coupe aux lèvres!

Ce que j'ai d'abord retenu de cette technique c'est qu'elle se base sur la prémisse défendue par le philosophe Jean-Jacques Rousseau voulant que l'homme soit naturellement bon. À partir de cet énoncé, on suppose que tout le monde veut faire de son mieux dans la vie et, pour cette raison, nous évitons tout message négatif qui ne sert qu'à fermer des portes plutôt qu'à les ouvrir.

Et la zoologie dans tout ça? Les personnes qui ont élaboré la technique ont fait appel aux symboles du chacal et de la girafe pour mieux nous faire comprendre les comportements que nous devons éviter ou imiter. Comme vous le savez sans doute, le chacal est un charognard instinctivement porté sur les carcasses de toutes sortes. Disons que sa personnalité et son entregent pourraient supporter quelques améliorations locales. Vous vous doutez donc que le chacal représente la personne qui, lorsqu'elle a quelque chose à dire, choisit toujours d'attaquer, de juger ou de blesser. Pas très positif tout ça. Par contre, la girafe, reconnue comme ayant le coeur le plus gros au sein de l'espèce animale, symbolise la personne qui entre en relation avec ses congénères avec la ferme intention d'être ouverte aux points de vue des autres et d'encourager l'expression de leurs émotions. Son long cou lui permet également de prendre du recul au besoin pour mieux analyser la situation et ainsi être en mesure de clarifier son intention avant de formuler sa demande.

Je m'arrête là pour ne pas poursuivre en disant des inepties. J'ai donné mon nom pour faire partie d'un groupe qui se réunira pour mettre la technique en pratique. Je vous en redonne des nouvelles éventuellement. Entre-temps, pensez au regard doux de la girafe et à son calme débonnaire avant de livrer une communication que vous ne pourrez plus jamais reprendre. Les mots sont puissants... il faut savoir les utiliser à bon escient!
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Notes pédestres : Il m'a fallu un courage surhumain pour mettre la machine en branle aujourd'hui. J'étais fatiguée et j'avais mal au pied. J'ai décidé de marcher uniquement pour le plaisir. La musique était bonne et l'entrain a été finalement au rendez-vous!

lundi 4 mai 2009

Eh! c'était lundi aujourd'hui :)

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Heureusement!

Levée de meilleure humeur que je ne l'étais au coucher, j'ai entrepris ma journée toute guillerette à l'idée de raccourcir ma semaine pour travailler au jardin. J'ai été obligée toutefois de bien vite déchanter étant donné que, ce matin du moins, on annonçait uniquement de la pluie pour le reste de la semaine. Voilà qui risquait d'amener des nuages au-dessus de ma tête. "On verra bien", me suis-je dit, sans me laisser abattre pour autant. La météo, science exacte s'il en est une (il est permis de rire ici), n'arrive qu'à prédire la saison où l'on se trouve. Et encore. J'ai déjà entendu des experts intemporels se contredire sur l'heure et la date exactes de l'arrivée d'une nouvelle saison. Comme si cela m'intéressait de savoir qu'à partir de 22 h 46, ce n'est plus l'hiver mais le printemps. Alors dites-moi donc, Messieurs les Intemporels, pourquoi est-ce que je continue à voir plein de neige et aucune hirondelle?

Bref, je me suis rendue au bureau. J'ai assisté à une réunion de fonctionnaires. Et je suis revenue à la maison.

Durant la journée, j'avais eu le temps quand même de prendre connaissance du commentaire du Pusher sur mon blog d'hier. Et je me suis réjouie car j'ai appris qu'il avait vécu à peu près les mêmes frustrations ménagères que moi en fin de semaine. Du coup, mon fardeau m'a semblé plus léger. Je me suis dit que si le Pusher lui-même est obligé de se nettoyer, alors qui suis-je pour me plaindre? Je ne sais pas pourquoi mais j'ai de la difficulté à l'imaginer avec un plumeau à la main. Bon, bon, je vous entends tous me crier "Préjugé! Préjugé!". Je me tais, mais je souris quand même dans ma tête.

Après le travail, j'ai été marcher doublement pour compenser ma frustration d'hier. Il faisait beau. J'ai croisé une vieille dame, toute de mauve vêtue, qui tondait sa pelouse. Elle apportait une tache si éclatante de couleur à côté du vert de l'herbe que je me suis retournée pour mieux la contempler. J'ai ensuite filé protégée par ma bulle de metal et totalement imprégnée du bien-être qui m'habitait. Justement, dans La Presse en fin de semaine, on interrogeait des coureurs pour leur demander les avantages qu'ils retiraient de pratiquer cette activité sportive. Et je me suis réjouie de lire que Pierre Foglia, notamment, mentionnait qu'il était beaucoup plus créatif après avoir couru. Je vous le cite : "Courir, c'est pour moi aller toujours au même carrefour de l'effort et du rêve et en revenir fébrile, avec une formidable envie d'écrire. À relire mes vieilles chroniques je pourrais vous dire celles que j'ai écrites en revenant de courir, et, hélas, les nombreuses autres où je n'avais pas couru depuis longtemps." Je ressens exactement la même chose après avoir marché même si je ne m'appelle pas Foglia.

Et pour finir ce début de semaine, l'Homme a eu l'inhabituelle, mais alors là très inhabituelle idée, de m'inviter au resto pour le souper. Je n'ai pas dit non. Je n'ai pas mangé de dessert. Mais j'ai pris une bière. À la bonne vôtre!

dimanche 3 mai 2009

Eh! demain c'est lundi :(

Dimanche soir. Ça veut dire retour au travail demain matin. Ça veut dire aussi que j'aurais bien pris une journée de plus pour me faire plaisir. Maintenant que le lavage est fait, que le ménage est fait, que la cuisine est faite, il me semble que la prochaine chose à faire devrait être pour moi uniquement.

Vous sentez une légère amertume dans mes propos? Quelle perspicacité! Je suis en effet un peu frustrée de mes deux derniers jours. J'ai choisi de nettoyer la maison plutôt que de nettoyer mon intérieur. Inévitablement je suis enragée. Le ménage, je le répète encore une fois, constitue pour moi une jouissance ô combien fugace. M'occuper de moi me donne tellement plus de plaisir, un plaisir durable. Mais, pour me choisir, encore faut-il que je fasse abstraction de la poussière et du linge sale et des repas tout frais cuisinés. Je n'y arrive pas toujours. De toute façon, même si je voulais y arriver, je me retrouverais dans une maison insalubre. Alors? Je cède... une part de moi-même.

Heureusement que j'ai pris le temps samedi soir d'aller siroter un café avec la Fille. C'était tellement agréable. J'aime l'endroit où nous allons nous injecter notre dose de caféine. C'est urbain. Et c'est très fréquenté. On se sent parmi le monde.

Et, aujourd'hui, avec l'Homme, ce fut encore autour d'un café que j'ai passé un bon moment. Cette fois c'était au marché à Ottawa. La température était agréable. Le fond de l'air était encore froid, mais le soleil était fantastique. On pouvait presque, je dis presque, prendre le café sur la terrasse.

Cette semaine, c'est sûr, je fais l'école buissonnière et je travaille dans mes plantes. Car la Marcheuse metalleuse est aussi une grande amoureuse du jardinage. Allez, si vous êtes sage, je vous conterai fleurette très bientôt!

samedi 2 mai 2009

Le trou noir

J'ai un trou en-dedans de moi. Personne ne peut le voir. Même pas moi. Mais je peux le sentir par exemple. Surtout lors de journées comme aujourd'hui où, tel un volcan endormi, il se met soudainement à gronder et à rappeler sa présence. C'est dérangeant parce que ça me fait mal au coeur.

Quand le trou se réveille, il me ramène sur des rivages sombres que je n'aime pas particulièrement fréquenter. À cause de la souffrance qu'ils évoquent. Je traîne alors un malaise que je n'arrive pas toujours bien à identifier. Habituellement, je me sens vraiment triste. J'ai moins d'énergie. Je deviens super sensible à tout. Une parole de trop. Une légère contrariété. Un contretemps anodin. Qu'importe. Tout et rien me dérange et fait jaillir mes larmes.

J'ai pensé longtemps le remplir en mangeant. Je sais comme c'est tellement un cliché de dire qu'on mange ses émotions. Quand j'entendais des gens raconter ce genre d'histoire, je m'arrêtais pour m'introspecter un peu et je ne voyais pas quelle émotion j'aurais bien pu manger. Je me disais que ce ne devait pas être facile de vivre ainsi et mon questionnement s'arrêtait là. Et je continuais à manger et à tout jeter dans un abîme sans fond.

Puis, j'ai commencé à visiter le Sondeur d'âme. Il m'a permis de réaliser des choses et de mieux comprendre la nature du trou. Cela ne l'a pas fait disparaître pour autant mais, au moins, je savais d'où il venait. Je savais surtout que la nourriture ne pouvait pas le remplir.

Quand j'ai commencé à marcher et que j'ai été moins dans ma tête et plus dans mon corps, j'ai compris que j'avais mangé mes émotions pendant de trop longues années. J'ai aussi trouvé, par la même occasion, un autre moyen d'apprendre à vivre avec le trou. Cet après-midi, donc, pendant que je marchais branchée sur mon metal plus que jamais, il m'est venu l'image d'un grillage. C'est la première fois que j'envisage la possibilité de vivre avec le trou sans tomber dedans. Il me semble que voilà un pas dans la bonne direction, non?

They locked the door
Give me the strength to break it down
Yeah we've always faced this world as one
And I know there's nothing different now
Because this heart is true
It's true, it's true!

So tell me
Tell me that I'm not all alone
And everything's alright
So tell me
Tell me that I'm not all alone
And everything's alright now!

(Story of the Year, Tell Me)