vendredi 22 mai 2009

Le temps de passer de la parole aux actes

À la Fille

Je n'ai rien affiché hier. J'étais percluse de fatigue après plusieurs heures de jardinage intensif. Je ne me sentais plus. Et, aujourd'hui, malgré toutes les boîtes de fleurs qui traînent encore dans la cour, j'ai plutôt opté pour la farniente. Plus ou moins contre mon gré cependant. En effet, même si je me suis levée vers 7 h, je ne me suis pas vraiment réveillée avant 19 h! On aurait dit que j'étais dans un état second. Ce doit être parce que j'avais trop sniffé de pollen...

Mais peut-être aussi que j'étais encore sous le choc de l'annonce du plus récent projet de la Fille : aller cueillir des fruits en Colombie-Britannique. Ce sera son emploi d'été. ll paraît qu'il y a beaucoup d'argent à faire dans ce secteur de l'agro-alimentaire qui attire, bon an mal an, un nombre considérable de jeunes Québécois selon la conseillère de Carrefour Jeunesse Emploi qui a aimablement fourni à la Fille tous les renseignements dont elle avait besoin pour se conforter dans son idée. Comme j'aime les conseillères bien informées!!

Évidemment que je m'inquiète. J'ai peur qu'elle idéalise l'image bucolique du champ de cerises. C'est une chose de remplir deux ou trois paniers en se bourrant la face pendant une heure en admirant le paysage, c'en est une autre d'être payée pour le nombre de paniers ramassés sous le soleil ardent de cette région où, selon la Fille, il ne pleut à peu près jamais.

La tente constituera son logement. C'est drôle mais je me rappelle d'une petite fille qui détestait faire du camping. Elle n'aimait ni les bibittes, ni le manque de confort, ni la propreté douteuse des toilettes. C'est sûr que bien de l'eau a coulé sous les ponts depuis cette lointaine, très lointaine, époque. La Fille, à qui je faisais remarquer qu'il serait peut-être difficile de prendre des douches d'une heure, m'a rétorqué qu'elle était prête à me prouver que cela ne lui poserait pas de problème en commençant dès maintenant à ne plus se laver. Je lui ai répondu que je la croyais sur parole.

L'autobus représentera son moyen de transport pour arriver à destination. Trois jours sans arrêt. C'est drôle mais j'ai encore en mémoire les protestations véhémentes de la Fille toutes les fois que nous devons aller à Québec : "Cinq heures de route, on n'en finit plus. Et il y a trop de courbes, cela me donne mal au coeur". C'est vrai que voyager en autobus Greyhound, c'est beaucoup plus confortable... à condition de ne pas perdre la tête inopinément!

En plus, la Fille a la propension de tout perdre : son cellulaire, son portefeuille, ses clés. Comme je lui recommandais fortement de se procurer un genre de sac ceinture pour trimballer ses papiers importants et son argent, la Fille a esquissé une moue en disant dédaigneusement : "Un sac banane? Tu n'y penses pas. C'est quétaine et laid". J'ai alors tenté de lui expliquer que c'était surtout pratique et sécuritaire. Vaine tentative de ma part puisque la conseillère avisée lui avait déjà suggéré de tout simplement coudre des poches supplémentaires sous ses vêtements. Non, mais, il fallait y penser. Merci une fois de plus conseillère expérimentée!

Force m'est d'admettre, depuis deux jours que je jase avec la Fille de son projet, qu'elle a quand même réfléchi à ce qu'elle veut faire. Elle répond à toutes mes questions et sans hésitation. Elle affiche son air résolu que je connais trop bien. En fait, il ne reste qu'une seule question à laquelle il faut répondre. Et ce n'est pas la Fille qui doit le faire, c'est moi. Suis-je capable de reconnaître qu'il est maintenant temps pour elle d'ouvrir ses ailes?

4 commentaires:

  1. Wow, vraiment bien écrit ce post!! Le rythme est génial et le résultat est trop drôle!!
    Parle à ma maman de laisser le bébé fille ouvrir ses ailes, elle a une certaine expérience... (Cuba, Japon et Paris pour ne pas les nommer... Quoi que Cuba ne te rassurera pas!)
    Combien de temps y restera-t-elle? En tout cas, si tu t'inquiètes de sa délicatesse, dis-toi qu'elle va simplement revenir plus "toff"... On s'habitue à tout dans la vie!
    En tout cas, bon voyage à la Cousine! Faire 'freaker' ta mère a des résultats très artistiques!

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  2. Eh! Marf, quel plaisir d'avoir tes commentaires. J'ai tellement hâte à notre prochaine rencontre pour que l'on discute littérature et francitude!

    Pour ce qui est du projet de la Fille, je crois qu'elle vise un minimum d'un mois mais qu'elle aimerait idéalement prolonger son séjour d'un autre trois semaines. Elle va suivre les fruits : de la cerise à la poire, il n'y a apparemment qu'un pas à faire en levant le pouce vert!!!

    La Marcheuse pas si freak que ça!!! :)

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  3. Je suis convaincu qu'elle va tres bien s'en sortir, c'est une expérience que même moi j'aimerais vivre, dit toi qu'en la laissant vivre ceci elle va avoir des tonnes de choses a te conter par apres et que tu va l'avoir donner une opportunité d'or de vivre librement et de voir la vie ailleurs.

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  4. Il n'y a rien de tels que la liberté et l'autonomie paraît-il. Les jeunes doivent vivre leurs expériences et nous, les vieux, les regarder en souriant béatement devant leurs exploits! Il n'y a qu'une chose qui cloche, comment empêcher un coeur( ou une imagination) de mère de s'inquiéter pour tous les risques possibles qui n'arrivent jamais mais qui pourraient arriver à notre progéniture bien-aimé! Mais cela dit, j'encourage ma filleule et sa mère à vivre pleinement cette expérience qui sera sûrement enrichissante! Bisous xx

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